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II. Pistes d’action visant l’amélioration de la prise en charge des adolescents sur un plan

5. Synthèse de l’analyse

Arrivée au terme de l’analyse des données, voici une petite synthèse des nombreuses informations recueillies sous un regard plus global et distancé.

5.1. Adolescents

Concernant cette première partie centrée sur les jeunes particulièrement difficiles, j’ai observé tout d’abord qu’il existait peu de littérature sur ce type d’adolescents. En effet, lors de la recherche de données scientifiques, j’ai rapidement constaté que les ouvrages francophones n’étaient pas abondants. Ces circonstances découlent peut-être du fait que leurs caractéristiques n’appartiennent pas à un seul domaine mais en regroupent plusieurs, comme par exemple le médical (psychopathologie, psychologie,...), le social (exclusion, marginalisation, le groupe,...), le pénal (délinquance, maltraitances,…), l’éducatif, etc. De plus, le caractère « particulièrement difficile » du pensionnaire dépend de multiples facteurs et de différentes conditions qui, s’influençant mutuellement et qui, à un moment donné, vont entraîner des répercussions problématiques. Toutefois, sur le terrain, les personnes interrogées connaissaient bien ce type de jeunes et leur définition était quasi similaire. Par ailleurs, en comparant les critères de définition de la théorie avec ceux des professionnels, je remarque qu’ils se rejoignent sur de nombreux points et vont dans le même sens. De ce fait, les données scientifiques et professionnelles portent, en général, un regard semblable sur les symptômes des adolescents particulièrement difficiles et les problématiques inhérentes.

Ensuite, de manière plus ciblée, ces critères ont certes une part de subjectivité car chaque personne possède sa propre vision sur ces jeunes, cependant, étant donné une certaine homogénéité des symptômes décrits tant au niveau théorique que sur le terrain, j’estime que ces caractéristiques sont valides et assez précises.

À propos de l’étendue et du nombre d’adolescents particulièrement difficiles dans les institutions, la moyenne de ce type d’usagers dans les établissements éducatifs interviewés est de 4 par année. Ce chiffre ne semble pas élevé mais l’ampleur des problématiques et des débordements d’un tel résident provoque de grandes perturbations au sein de l’institution. C’est pourquoi, je pense que le nombre est relativement haut en prenant en compte les impacts qui en découlent. Mais encore, la présence de ce type de jeunes dans les structures éducatives est régulière car tous les centres interrogés sont touchés par cette problématique et les réponses des professionnels rapportent que beaucoup d’autres institutions le sont également. Par conséquent, son étendue est grande et se retrouve dans le canton du Valais et de Vaud. Par rapport à son évolution, les opinions des répondants divergent en deux courants : la constance du nombre de situations particulièrement difficiles et l’augmentation de celles-ci. Enfin, à ma connaissance, il n’existe pas de chiffres empiriques sur ce sujet.

En se penchant sur l’étiologie, nous pouvons constater qu’une multitude de facteurs interagissant entre eux peuvent être à l’origine des comportements de ces adolescents. De ses causes, j’attirerais l’attention sur l’importance de l’environnement familial pour le bon développement de l’enfant. Car, il s’agit du milieu premier et principal où l’enfant grandit, apprend, se socialise, tisse des relations, etc.

Dans un ouvrage sur les jeunes dits « incasables », Jean-Pierre Chartier s’arrête aussi sur le poids du contexte familial dans l’évolution de ces adolescents. Ses recherches montrent par exemple, que les carences, le climat de violence ou incestueux et/ou l’absence, les difficultés du père favorisent l’apparition des caractéristiques attribuées aux jeunes traités dans ce mémoire.

Pour terminer, l’analyse met en lumière les particularités des adolescents souffrant de troubles psychiques qui se retrouvent fréquemment à la frontière entre le milieu médical et éducatif. Globalement, les données révèlent que pour les professionnels du social ou de la santé, la collaboration et la compréhension entre les deux mondes n'est pas toujours évidente, à l’exemple des discordances pour la révélation ou non du diagnostic aux éducateurs ou pour le phénomène de la « patate chaude ».

5.2. Institution

Cette deuxième partie apporte des informations sur des aspects de l’institution, de l’équipe éducative et des interventions réalisées. À travers elles, nous pouvons avoir un aperçu et mieux comprendre l’impact de cette problématique sur le système institutionnel, les professionnels et le groupe de jeunes. Mais aussi, voir le grand investissement et l’énergie qu’elle demande en vue de toutes les actions entreprises par les éducateurs pour tenter d’améliorer la situation.

L’analyse sur les limites institutionnelles démontre que de manière générale, la structure et les collaborateurs atteignent leurs limites quand le jeune particulièrement difficile engendre des répercussions néfastes sur les autres que ce soit sur les éducateurs ou sur les autres pensionnaires, comme par exemple la violence. Ou aussi, lorsque toutes les tentatives des professionnels ont échoué, c’est-à-dire le manque de solutions et la non-évolution de l’adolescent.

Pour les ressentis de l’équipe éducative face à ces situations, il ressort que ces derniers sont peinés quand ils sont enrayés dans leur action. Pour les interrogés, ils peuvent alors avoir une impression d’inachevé lors d’un arrêt de placement, un sentiment d’impuissance ou d’épuisement.

Au sujet des interventions éducatives menées auprès de ce type d’adolescents, les actions que les éducateurs effectuent habituellement dans leur centre sont explicitées. Plusieurs démarches principales apparaissent et certaines révèlent des notions intéressantes telles le travail éducatif axé sur les besoins primordiaux et immédiats du jeune ainsi que les notions de souplesse, de surprise, d’accessibilité et enfin d’accueil. Ensuite, les interventions réalisées spécifiquement pour accompagner un usager particulièrement difficile, sont aussi développées. Celles-ci ont été exercées auprès de jeunes, avec par exemple des actions hors-murs (montagne, séjours, retour au pays, milieu professionnel, etc.), sur le groupe de résidents à travers des médiations, sur l’équipe éducative, dont entre autre des supervisions, et au niveau institutionnel, car des modifications dans son fonctionnement ont vu le jour.

5.3. Pistes d’action

Et enfin, la troisième partie du mémoire propose des idées d’action érigées par les personnes interviewées pour améliorer l’accompagnement éducatif des adolescents particulièrement difficiles. Dans les pistes d’action liées directement à la problématique de ce type de jeunes, trois catégories d’intervention ressortent :

1. La mise en place de structures spécifiques, comme par exemple une institution pluridisciplinaire avec un psychiatre en interne, un établissement avec un programme d’observation et d’aiguillage des usagers ou une structure d’accueil d’urgence.

2. La mise en place d’interventions spécifiques, telles le développement de thérapies paramédicales (art-thérapie, équithérapie, sport, etc.), des séjours de rupture ou l’action sur le système familial.

3. Les améliorations dans le fonctionnement institutionnel, avec une augmentation du temps éducatif individuel et une collaboration mieux définie avec le service de psychiatrie.

Pour les pistes qui visent l’amélioration de la prise en charge des adolescents sur un plan général, la première catégorie comprend des actions d’amélioration au niveau cantonal. Les idées amenées sont une collaboration pratique interinstitutionnelle, des réponses plus marquées des autorités auprès des jeunes, l’intervention des éducateurs sociaux en dehors des institutions ainsi qu’une mise en place d’actions éducatives avant et après le placement institutionnel. La deuxième catégorie regroupe des actions au niveau du système institutionnel avec une augmentation de la dotation en personnel et du nombre de places dans les structures éducatives et psychiatriques.

Mais encore, les moyens et les freins dans la prise en charge des jeunes en difficulté et dans la concrétisation de pistes d’action sont exposés. L’analyse montre que les cantons du Valais et de Vaud ont dans l’ensemble les moyens d’accompagner les adolescents institutionnalisés. Cependant, des besoins d’amélioration se font sentir pour certaines populations ou problématiques comme les jeunes particulièrement difficiles. Pour terminer, les trois principales contraintes pour les professionnels interrogés sont : les moyens en personnel, les moyens financiers, les autorités étatiques et politiques.