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PARTIE 1 : ASPECT THEORIQUE

B. Deuil pathologique

1. Syndrome psychiatrique

a) Trouble panique et trouble anxieux généralisé

Le deuil est un facteur précipitant du trouble panique et du trouble anxieux généralisé. La présence de troubles anxieux est fréquente au cours du deuil avec toutes les conséquences sur la santé mentale et physique qu’accompagnent ces troubles. Pour y faire face les patients peuvent avoir recours à une aide psychologique. Malheureusement ils peuvent également recourir aux anxiolytiques, somnifères, alcool, tabac ou toutes autres substances psychoactives.

b) Syndrome de stress post traumatique

Le syndrome de stress post traumatique survient le plus souvent lorsque le sujet a assisté au décès d’un ou de plusieurs de ses proches dans des situations traumatiques (accident, homicide, suicide etc.).

c) Episode dépressif majeur

Avant 1980, date de publication du DSM 3, le deuil ne faisait pas partie de la nomenclature officielle de la psychiatrie.

Le DSM3 a introduit le deuil comme critère d’exclusion pour un EDM et comme code V (autres affections qui peuvent faire l’objet d’un examen clinique mais qui ne sont pas elles-mêmes des exemples de troubles mentaux). Le diagnostic d’EDM pouvait être posé seulement deux mois après la perte d’un être cher.

Selon le DSM 4, si un individu présente une constellation de symptômes typique de l’EDM mais est récemment endeuillé (moins de deux mois), le diagnostic ne peut être posé. Si un individu non endeuillé présente la même constellation de symptômes, alors ce patient présente un EDM. La CIM 10 quant à elle n’exclut pas le diagnostic d’EDM fondé sur le deuil récent et classe le deuil dans la catégorie Z qui désigne les cas où des circonstances, autres qu’une maladie ou une blessure, entraînent une rencontre et où elles sont enregistrées, par les prestataires de soins, comme des problèmes ou des facteurs qui influencent les soins.

Qu’il existe des différences dans la manière dont le DSM 4 et la CIM 10 le deuil était synonyme d’incertitude, de désaccord entre les

experts et de difficultés pour guider les décisions diagnostiques et de traitements dans le contexte de deuil.

Plusieurs études (16) (17) (18) ont montré qu’il n’existe pas de différence entre dépression majeure liée au deuil et dépression majeure non lié au deuil. Que ce soit en termes de caractéristiques cliniques, biologiques, d’évolution, de réponses au traitement et de récidives, aucune de ces études ne soutenaient le traitement spécial accordé à l’EDM lié au deuil. Certaines ont également montré que la durée d’un EDM lié au deuil était plus longue.

Ceci a abouti à la suppression du critère d’exclusion (moins de deux mois) dans le DSM V. Le code V a été supprimé et le concept du trouble du deuil complexe persistant introduit.

Les recommandations du DSM 4 témoignaient de l’inquiétude quant au risque de surdiagnostic de « complication du deuil » (le critère d’exclusion, en lien avec la crainte d’un surdiagnostic d’EDM ; et le code V, en lien avec une non-reconnaissance que le deuil puisse se prolonger et devenir lui-même pathologique).

La principale source de confusion diagnostique est la présence fréquente de l’humeur triste et du repli sur soi dans le deuil et dans l’EDM. La dépression clinique au cours deuil est un diagnostic difficile car les symptômes de l’EDM et de la phase dépressive, naturellement présente dans le deuil, se chevauchent. Il existe pourtant des différences cliniques (que nous avons déjà exposées plus haut). L’apparition d’une dépression caractérisée au cours du deuil est fréquente, les études montrent qu’environ un tiers des veufs ou des veuves présente un EDM un mois après le décès et environ un quart à sept mois (19).

De nombreux cliniciens sont déconcertés par la relation entre deuil et dépression et ne savent pas quand établir le diagnostic chez les endeuillés. Par crainte de surdiagnostic, il est possible que les symptômes d’un EDM soient normalisés par le clinicien et le patient lui-même, exposant la personne endeuillée au fardeau de la dépression.

Il est probable que la dépression majeure non reconnue et non traitée représente au moins une partie de la mortalité accrue observée chez les populations endeuillées. Les causes de décès varient selon les études mais incluent presque toujours le suicide et les accidents (20).

Il est donc recommandé de considérer et de traiter un EDM (même dans les 2 premiers mois suivant la perte) aussi sérieusement qu’un EDM non lié au deuil.

d) Episode maniaque

Le tableau clinique de la manie du deuil ne diffère pas fondamentalement de celui d’un accès maniaque typique, mais il présente quelques particularités.

Tout d’abord il existe une phase de latence, de durée variable, entre le décès et l’accès maniaque. Pendant ce temps l’endeuillé fait face à la situation. Le décès agirait comme facteur psycho-environnemental déclenchant un épisode thymique sur un trouble bipolaire sous-jacent. Ce décès serait surtout responsable d’un important stress émotionnel et d’une privation de sommeil favorisant le déclenchement d’un épisode maniaque (21).

Lorsque celui survient, il est marqué par l’importance du déni de la mort et l’intensité des symptômes de puissance et de triomphe. Le déni peut porter sur la réalité de la mort, avec un délire dans lequel le défunt est donné pour vivant. Délire auquel le sujet adhère plus ou moins.

e) Trouble psychotique

Les deuils psychotiques peuvent revêtir des formes aigües et des formes chroniques.

Les états aigus sont généralement accompagnés d’une note confusionnelle. Dans le cadre des délires chroniques, le deuil peut inaugurer la maladie ou révéler un état mental qui évoluait déjà depuis quelque temps.