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Comme nous l’avons mentionné dans le chapitre « revue exploratoire », le vieillissement de la population engendre une augmentation des maladies chroniques. Ces dernières sont caractérisées par une multitude de symptômes qui sont omniprésents et difficiles à vivre pour la personne, particulièrement dans l’insuffisance cardiaque. De plus, nous avons vu plus haut dans ce travail, que les symptômes influencent énormément la qualité de vie des patients et impactent sur leurs activités de la vie quotidienne. Au vue des conséquences engendrées par les symptômes sur la vie du patient sur les plans bio-psycho et sociaux, il semble pertinent pour la pratique infirmière de se pencher sur la gestion de ceux-ci.

Pour commencer, les termes de « symptômes » et de « signes » vont être définit selon Dodd, Janson et al. (2001) qui sont les auteurs de la théorie de la gestion des Symptômes. Cette dernière est utilisée comme cadre théorique de ce travail de Bachelor. Les auteurs définissent un symptôme ainsi qu’un signe comme :

Une expérience individuelle reflétant des changements dans le fonctionnement bio-psycho-social, dans les perceptions ou dans la cognition d’une personne. A contrario, un signe se définit comme une manifestation objective de la maladie, identifiée par la personne elle-même ou par d’autres (Eicher, Delmas, Cohen, Baeriswyl, & Viens Python, 2013).

Afin d’avoir différents points de vue, une définition a été reprise depuis l’ouvrage « Le Larousse médicale » qui dit :

Toute manifestation d'une affection ou d'une maladie contribuant au diagnostic, et plus particulièrement tout phénomène perçu comme tel par le malade. Les symptômes subjectifs, ou signes fonctionnels, sont couramment appelés symptômes. Il s'agit de phénomènes perçus par le malade, qui révèlent une lésion ou un trouble fonctionnel (Larousse médical, 2018).

L’importance accordée aux symptômes a déjà été abordée par Nightingale qui dit :

[…] les symptômes ou souffrances, généralement considérés comme des effets inéluctables et des incidents de la maladie, ne sont très souvent pas du tout des symptômes de maladie, mais de quelque chose de bien différent – de la volonté d’avoir de l’air frais, ou de la lumière, ou de la chaleur, ou de la tranquillité, ou de la propreté, ou de la ponctualité et des soins dans l’administration de la nourriture, d’avoir tout cela. » Traduction de l’anglais (Nightingale, 1860)

La façon dont Nightingale parle des symptômes démontre que ces derniers se manifestent par les incapacités qu’ils engendrent.

Les deux premières définitions permettent de faire la différence entre les symptômes et les signes. Cependant, dans ce travail, les deux termes ne seront pas différenciés et seront repris sous le terme de symptômes. La raison est que la classification fonctionnelle des cardiomyopathies selon la New York Heart Association (NYHA) (Russell et al., 2009) utilise le terme de symptôme pour différencier les stades de la pathologie. De plus, la définition de « symptôme » de l’ouvrage « Larousse Médical » mentionne que : « les symptômes subjectifs, ou signes fonctionnels, sont couramment appelés symptômes » (Larousse médical, 2018).

Humphreys, Lee, et al.,(2008) disent que les symptômes sont des éléments essentiels, car ils démontrent les perturbations internes que vit la personne et ils permettent d’avoir une meilleure évaluation clinique de l’état de santé. Les perturbations peuvent être d’origine physique, psychique ou sociale.

Dans notre revue littéraire, les symptômes sont principalement dus à une perturbation physique puisqu’il s’agit du cœur. Ces déséquilibres se manifestent le plus couramment sous forme de fatigue, de dyspnée ou encore par des œdèmes principalement localisés au niveau des membres inférieurs (OMS, 2006). Il faut savoir que les symptômes sont les premières manifestations de la maladie. De plus, ils permettent de suivre l’évolution de la pathologie. Ce sont également ces derniers qui vont amener la personne à

consulter un médecin. Cependant, les personnes ont tendance à minimiser les symptômes ressentis, soit par peur soit parce qu’ils attendent que les symptômes disparaissent soit enfin par un manque de connaissances de l’IC et donc une incapacité à les interpréter adéquatement (Lloyd-Williams et al., 2005).

En plus des symptômes causés par la pathologie, il y a aussi les symptômes induits par la médication et les effets secondaires de cette dernière. Par exemple, l’OMS recommande de prescrire un traitement bêtabloquant lors d’insuffisance cardiaque pour son effet chronotrope et inotrope négatif (OMS, 2006). Cependant, les médicaments bêtabloquants peuvent induire des étourdissements, des sensations de faiblesse, des somnolence/insomnie, des refroidissements des extrémités ou encore des troubles digestifs ce qui peut être mal supporté par le patient en plus des symptômes de l’IC. De plus, ces effets secondaires sont très perturbateurs pour le patient, car il ne sait pas toujours comment les interpréter ; c’est-à-dire savoir s’il s’agit d’effets secondaires du traitement, d’une légère aggravation dû à la fatigue ou alors d’une décompensation de la maladie (Legalery, 2001).

Dans l’insuffisance cardiaque, les symptômes sont nombreux et impactent de manière plus ou moins conséquente les activités de la vie quotidienne et domestique de la personne souffrante. Le niveau de gravité des symptômes est en lien direct avec l’évolution de l’insuffisance cardiaque. En effet, plus

l’insuffisance cardiaque va évoluer, plus la symptomatologie va s’accentuer et va de ce fait impacter davantage sur la vie de la personne malade.

Comme cité dans le paragraphe précédent, l’IC a une palette de symptômes assez large ce qui en rend le diagnostic difficile surtout dans les premiers stades de la maladie car beaucoup de symptômes ne sont pas spécifiques. De plus, au début de l’insuffisance cardiaque, les symptômes ne sont pas perceptibles durant un certain temps ce qui retarde aussi le diagnostic. Afin de représenter les différents symptômes spécifiques et non spécifiques de façon synthétique, un tableau a été repris d’un article sur l’insuffisance cardiaque chronique des Hôpitaux Universitaires Genevois (Keta, 2017) (voir Annexe A) dans ce tableau, il est aussi mis en évidence les symptômes typiques et atypiques de l’IC. Le tableau clinique n’est pas forcément présent chez une personne souffrant d’insuffisance cardiaque. Cependant, la majorité des patients cumule plusieurs symptômes en même temps (Keta, 2017).

Afin d’identifier les différents stades de l’insuffisance cardiaque, il existe une classification internationale, la classification NYHA. Cette classification a défini quatre stades allant de « pas de limitation même lors d’effort physique » à « l’impossibilité d’effort physique totale avec une symptomatologie présente même au repos ». Le tableau de cette classification qui est repris depuis le site « American Heart Association » (American Heart Association, 2017) se trouve en annexe (voir Annexe B)

En regard des différents points exposés dans ce concept, il semble pertinent d’axer l’éducation thérapeutique infirmière sur la gestion des symptômes. De plus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise :

Le développement des compétences des professionnels de santé concernant les soins centrés sur l’individu qui prennent en compte ses valeurs, ses préférences et ses besoins et qui lui permettent de développer sa capacité d’autogestion des problèmes de santé chroniques auxquels il doit faire face (Pruitt & Epping-Jordan, 2005). Cette recommandation de l’OMS renforce notre volonté d’axer l’intervention infirmière sur l’éducation thérapeutique afin de permettre au patient de développer des autosoins et son empowerment.

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