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2. 1. 1 - Taxonomie et caractéristiques du genre Lupinus

Le genre Lupinus comprend plus de 300 espèces (Cowling et al., 1998). L’aire de répartition géographique de ces espèces comprend la région méditerranéenne, l’Asie et le continent américain (Gladstones, 1998). Au siècle dernier, différentes espèces de lupin ont été introduites en Afrique du Sud ainsi qu’en Australie (Kass et Wink, 1997).

En 1974, Gladstones a proposé une distinction taxonomique des lupins sur la base de l’aspect des graines : un groupe d’espèces à graines rugueuses et un autre groupe à graines lisses. Les lupins ont été communément considérés comme des herbes annuelles, mais l’existence d’espèces vivaces, arbrisseaux et sous-arbrisseaux dans le continent américain a permis la répartition des espèces en 1984 en deux grands groupes géographiquement séparés :

- Les espèces du monde ancien, au nombre de douze espèces, toutes annuelles et à larges graines (Plitman and Heyn, 1984).

- Les espèces du nouveau monde qui s’étendent de l’Alaska jusqu’en Argentine et qui comprennent des plantes annuelles et vivaces à petites graines (Dunn, 1984).

Dans la même année, il a été proposé qu’une espèce à feuille simple originaire du Brésil pourrait être un ancêtre primitif des lupins, mais cette proposition a été rejetée par Monteiro et Gibbs (1986).

Une nouvelle espèce : L. anatolicus a été récemment proposée par Swiecicki et al. (1996). Toutefois, Clements et al. (1996) ont montré qu’il s’agit d’une nouvelle accession de L.

pilosus à graines lisses.

La classification initiale du lupin subdivisait le genre en deux sous genre Eulupinus et

Platycarpos (Ascherson et Graebner, 1907).Jusqu’à nos jours, la répartition établie en 1984

est retenue, avec cependant une subdivision du genre en deux nouveaux sous genres : Le premier est d’origine méditerranéenne (Subgenus Lupinus) et le second est natif de l’Amérique (Subgenus Platycarpos) (Kurlovick et al., 1995 cité par Cowling et al., 1998).

Parmi toutes les espèces de lupin, quatre seulement sont actuellement cultivées : L. luteus, L.

albus, L. angustifolius et L. mutabilis (Gladstones, 1998).

Les lupins sont classés de point de vue taxonomique dans le genre Lupinus, la tribu des Génistées, la sous Famille des Papilionacées, la famille des légumineuses (ou Fabaceae), l’ordre des Fabales (anciennement Rosales), la sous-classe des Rosidae, la classe des Dicotylédones, le sous embranchement des Angiospermes, l’embranchement des Spermaphytes, le phylum des Trachéophytes, le sous règne des Trachéobiontes et le règne du Plantae.

Le genre Lupinus est distingué des autres genres de Papilionacées par la forme des feuilles. Celles-ci sont composées habituellement de feuillets velus qui rayonnent pour former une feuille palmée ou digitée à disposition en forme d’éventail.

Plusieurs espèces de lupin sont riches en différents types d’alcaloïdes toxiques (lupanine, hydroxylupanine, sparteine, etc.) donnant un goût amer aux graines et au fourrage (Wink, 1993). Mais on dispose actuellement de variétés sélectionnées, d’hiver ou de printemps, dépourvues ou à faible teneur en alcaloïdes qu’on nomme les lupins doux.

Depuis les temps anciens le lupin a été utilisé pour enrichir le sol et dans les cultures en rotation avec d’autres légumineuses ou céréales (Gladstones, 1998). Les romains ont cultivé le lupin annuel (principalement L. albus) comme nourriture pour les humains et les animaux. De nos jours, les graines hautement protéiques de quelques espèces sont utilisées pour la consommation humaine (lupin en conserve, lupin rôtis, etc.).

Le lupin est aussi utilisé comme fleur de jardin, plante ornementale (Gladstones, 1998) et comme plante de couvert pour l’amélioration et la conservation de la stabilité du sol (Williams, 1993).

D’après le rapport du Février (2000) de l’Union Nationale Interprofessionnelle des plantes riches en Protéines (UNIP), le premier producteur mondial de lupin est l’Australie qui assure 86% de la production mondiale (1786000 tonnes). L’Australie est aussi le premier exportateur mondial de lupin. En Europe, le premier producteur de lupin est l’Allemagne avec 71% de la production européenne (108000 tonnes).

2. 1. 2 - Le lupin au Maroc

2. 1. 2. 1 - Caractéristiques botaniques

Le genre lupinus est représenté au Maroc par six espèces : L. luteus, L. albus, L. angustifolius,

L. atlanticus et L. cosentinii. Toutes les espèces sont annuelles avec un système racinaire très

robuste et une hauteur comprise entre 30 et 70 cm, cette dernière peut atteindre les 150 cm de long dans le cas de L. albus. Les fleurs sont unicolorées et la durée de végétation est de l’ordre de cent trente à cent cinquante jours (Birouk, 1990 ; Gladstones, 1998).

2. 1.2. 2 - Ecologie

Les lupins exigent des sols aérés et se développent mieux sur les sols grossiers ou moyennement grossiers de texture sableuse ou de type terreux et peu fertiles. Ils sont ainsi dénommés « les plantes d’or des sables ». Au Maroc, ces plantes sont rencontrées à l’état spontané principalement sur les terrains accidentés secs, les falaises ou sur les sables côtiers. La plupart des espèces sont sensibles aux sels solubles. La température optimale de la croissance est d’environ 20 à 25°C (Dracup, 1993).

La distribution spontanée des six espèces est variable et dépend principalement de l’altitude, la pluviométrie et des caractéristiques liées au sol telles que la nature de la roche mère et le pH (Gladstones, 1973 ; 1980).

- L. luteus est adaptée aux basses altitudes (< 500 m), aux terres sablonneuses acides et aux pluviométries variant de 300 à 1000 mm. L’espèce est sensible au froid et la floraison est influencée par la photopériode.

- L. albus est adaptée aux sites de basse altitude, aux sols sablonneux ou sablo - limoneux acides ou voisins de la neutralité. L’espèce existe dans des régions à pluviométrie allant de 400 à 1200 mm.

- L. angustifolius est l’espèce la plus précoce et la plus résistante au froid. L’aire de répartition est plus large. Elle abonde dans les zones littorales ainsi qu’en hautes altitudes mais reste toutefois limitée dans la région Nord du pays. Elle peut s’installer sur des sols pauvres et peu fertiles sous des pluviométries comprises entre 100 et 1400 mm.

- L. atlanticus qui est une espèce endémique du Maroc, est adaptée aux altitudes élevées des chaînes de l’Atlas, aux sols lourds et alcalins et aux pluviométries variant de 100 à 700 mm.

- L. pilosus est adaptée aux altitudes élevées, aux sols alcalins à texture fine et aux

pluviométries variant de 300 à 2000 mm.

- L. cosentinii abonde surtout dans les zones littorales dans des sites sableux. Toutefois, on peut rencontrer des populations isolées dans les chaînes de l’Atlas à des altitudes d’environ 1000 m et à pluviométrie abondante.

2. 1.2. 3 - Exploitation

Au Maroc, deux espèces sont actuellement exploitées : L. albus ou le lupin blanc avec la variété douce et précoce Multolupa et L. luteus ou le lupin jaune avec une population ancienne du Gharb. Ces espèces sont principalement utilisées comme fourrage, comme engrais vert et pour la production des graines (Thami-Alami et Bounejmate, 1997).

Selon une étude établie sur une vingtaine d’années dans la région du Gharb par l’Office Régional de la Mise en Valeur du Gharb (ORMVAG) (1999), on peut noter que la superficie de la culture de lupin est passée d’un chiffre de 120 ha en 1982/83 pour atteindre un maximum de 3225 ha en 1991/92 puis à 676 ha en 1997/98. Toutefois, la superficie notée pour 2000/2005 est de l’ordre de 4000 ha (MADR, 2005 DPV).

Le lupin est essentiellement exploité en culture dans la zone côtière du Gharb avec une superficie de 700 ha, la région de Khémisset (500 ha), le Loukkos (464 ha), la région de Rabat-Salé (250 ha) et enfin la région de Benslimane (12 ha) (DPV-DREF, 2000). Cependant, la production du lupin au titre de la campagne 1999/2000 (DPV-DREF, 2000) ne dépassait guère les 31.9 milliers de tonnes de matière verte. Selon l’organisation mondiale FAO (Food & Agricultural Organization), la production marocaine en lupin pour la campagne 2003/2004 est de l’ordre de 14000 tonnes.

La réduction notable de la superficie de culture et de la production du lupin était due au déficit hydrique, au retard des pluies qu’a connu le pays durant les dernières années, mais essentiellement à la non disponibilité des semences sélectionnées et à la politique qui favorisait d’autres cultures céréalières et fourragères notamment la luzerne, le trèfle d’Alexandrie et le maïs fourrager.

L’introduction de la culture du lupin dans d’autres zones sableuses et marginalisées du pays pourrait avoir un effet bénéfique sur le plan agricole vu la contribution de cette légumineuse dans l’approvisionnement du sol en azote ainsi que le développement de l’élevage. Mais la qualité du rendement d’une espèce donnée de lupin dépend de la variété utilisée, des conditions de l’environnement et surtout de la formation de nodosités par des souches indigènes spécifiques appartenant au groupe des rhizobia qui assurent la nutrition azotée de la plante hôte (Birouk, 1990).