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Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [25] (Page 96-103)

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exhalaifons ; & nous avons adopté ce m ot Y a -t-il parmi ces exhalaifons continuelles une autre efpèce de matière qui ait des propriétés différentes ?

Les philofophes qui ont nié l ’exiftence de l’a ir, di- fent qu’il eft inutile d’admettre un être qu’on ne voit jamais & dont tous les effets s’expliquent fi aifément par les vapeurs qui fortent du fein de la terre,

'Newton a démontré que le corps le plus dur a moins de matière que de pores. Des exhalaifons continuelles s’échappent en foule de toutes les parties de notre globe. Un cheval jeune & vigoureux , ramené tout en fueur dans fon ecurie en tems d’hyver , eft entouré d’ un at- mofphère mille fois moins confidérable que notre globe n’efî pénétré & environné de la matière de fa propre tranfpiration.

Cette tranfpiration , ces exhalaifons, ces vapeurs in­ nombrables s’ échappent fans ceffe par des pores innom­ brables , & ont elles-mêmes des pores. C’eft ce mouve­ ment continu en tout fens , qui forme & qui détruit fans ceffe végétaux, minéraux , métaux , animaux.

C’eft ce qui a fait penfer à plufieurs que le mouve­ ment eft effentiel à la matière ; puifqu’il n’y a pas une particule dans laquelle il p’y ait un mouvement con­ tinu. Et fi la puiffance formatrice éternelle qui pré- ftde à tous les globes, eft fauteur de tout mouvement, elle a voulu du moins que ce mouvement ne périt jamais. Or ce qui eft toujours indeftructible a pu pa­ raître effentiel , comme l’étendue & la folidité ont paru effentielles. Si cette idée eft une erreur , elle eft pardonnable ; car il n’y a que l’erreur malicieufe & de mauvaife foi qui ne mérite pas d’indulgence.

Mais qu’on regarde le mouvement comme effentiel ou non , il eft indubitable que les exhalaifons de notre globe s’élèvent & retombent fans aucun relâche à un

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m ille, à deux milles , à trois milles au-deffus de nos têtes. Du mont Atlas à l'extrémité du Taurus , tout homme peut voir tous les jours les nuages fe former fous fes pieds. Il eft arrivé mille fois à des voyageurs d’être au - deflus de l’arc - en - c ie l, des éclairs & du tonnerre.

Le feu répandu dans l’intérieur du g lo b e , ce feu caché dans l’eau & dans la glace même , eft proba­ blement la fource impériffable de ces exhalaifons, de ces vapeurs, dont nous fommes continuellement en­ vironnés. Elles forment un ciel bleu dans un tems ferein, quand elles font affez hautes & allez atténuées pour ne nous envoyer que des rayons bleus ; comme les feuilles de l’or amincies , expofées aux rayons du foleil dans la chambre obfcure. Ces vapeurs impré­ gnées de foufre forment les tonnerres & les éclairs. \ Comprimées & enfuite dilatées par cette comprelfion dans les entrailles de la terre, elles s’échappent en vol- ii ^ cans, forment & détruifent de petites montagnes, ren- L verfent des villes , ébranlent quelquefois une grande ^ partie du globe.

Cette mer de vapeurs dans laquelle nous nageons, qui nous menace fans ceffe , & fans iaquelle nous ne pourrions vivre , comprime de tous côtés notre globe & fes habitans avec la même force que fi nous avions fur notre tête un océan de trente - deux pieds de hau­ teur : & chaque homme en porte environ vingt mille livres.

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Ra i s o n s d e c e u x q.u i n i e n t l'a i k. Tout ceci pofé , les philofophes qui nient l’air di- fent , pourquoi attribuerons - nous à un élément in­ connu & invifible , des effets que l’on voit continuel­ lement produits par ces exhalaifons vifibles & palpa­

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Je vois au coucher du foleil s’élever du pied des montagnes , & du fond des prairies , un nuage blanc qui couvre toute l’étendue du terrain , autant que ma vue peut porter. Ce nuage s’epaiffit peu - à -p e u , cache infenfiblement les montagnes , & s’élève au - deffus d’elles. Com ment, fi l’air exiftait, cet air dont cha­ que colonne équivaut à trente - deux pieds d’eau, ne ferait - il pas rentrer ce nuage dans le fein de la terre dont il eft forti ? Chaque pied cube de ce nuage eft preffé par trente - deux pieds cubes ; donc il ne pour­ rait jamais fortir de terre que par un effort prodi­ gieux , & beaucoup plus grand que celui des vents qui foulèvent. les niers ; puifque ces mers ne mon­ tent jamais à la trentième partie de la hauteur de ces nuages dans la plus grande effervefcence des tem­ pêtes.

L ’air eft élaftique, nous-dit - on : mais les vapeurs i de l’eau feule le font fouvent bien davantage. Ce que vous appelle?, l’élément de l'air preffé dans une canne à ve n t, ne porte une balle qu’à une très petite dis­ tance mais dans la pompe à feu des bâtimens d’Yorck à Londres, les vapeurs font un effet cent fois plus violent.

On ne dit rien de l’air, continuent - ils , qu’on ne puiffe dire de même des vapeurs du globe; elles pè- ! fent comme lui , s’infinuent comme lui , allument le feu par leur fouffle , fe dilatent , fe condenfent de même.

Ce fyftême femble avoir un grand avantage fur celui de l’a ir , en ce qu’il rend parfaitement raifon de ce que l’atmofphère ne s’étend qu’environ à trois ou qua­ tre milles tout au plus ; au-lieu que fi on admet l’air, on ne trouve nulle raifon pour laquelle il ne s’éten- i drait pas beaucoup plus loin , & n’embrafferait pas •

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S La plus grande objedion que l ’on fafie contre les fyftêmes des exhalaifons du globe, eft , qu’elles per­ dent leur élafticité dans la pompe à feu quand elles font refroidies, au-lieu que l’air eft, dit-on , toujours élaftique ; mais premièrement il n’eft pas vrai que Félafticité de l ’air agiffe toujours ; fon élafticité eft: nulle quand on le fuppofe en équilibre , & fans cela il n’y a point de végétaux & d’animaux qui ne cre- vaflent & n’éclataffent en cent m orceaux, 11 cet t ir qu’on fuppofe être dans eux , confervait fon élafticité. Les vapeurs n’agiffent point quand elles font en équi­ libre ;c ’eft leur dilatation qui fait leurs grmds «fkts. En un m ot, tout ce qu’on attribue à l’air femble ap­ partenir fenfîb'ement, félon ces philofophes , aux ex­ halaifons de notre globe.

Si on leur fait voir que le feu s’éteint quand il n’eft pas entretenu par l’a ir , ils répondent qu’on fe mé­ prend , qu’il faut à un flambeau des vapeurs fiches <& élaftiques pour nourrir fa flamme , qu’elle s’eteint fans leur fecours , ou quand ces .vapeurs font trop grades , trop fulfureufes, trop grollières & fins rrft fort. Si on leur objecte que l ’air eft quelquefois pelii- lentiel, c’ eft bien plutôt des exhalaifons qu’on doit le dire; Elles portent avec elles des parties de foufre , de vitriol, d’arfenic & de toutes les plantes nuifibles. On dit : P air eft pur dam ce canton , cela lignifie : ce canton n'ejl point marécageux ; il n’a ni plantes ni mi­ nières pernicîeufes dont les parties s’exhalent conti­ nuellement dans les corps des animaux. Ce n’eft point l’élément prétendu de Fair qui rend la campagne de Rome fi mal faine , ce font les eaux croupiftantes, ce font les anciens canaux, qui creufés fous terre de tous côtes, font devenus le réceptacle de toutes les bêtes vénimeufes. C’eft de là que s’exhale continuelle­ ment un poîfon mortel. Allez à Frefcati, ce n’eft plus le même terrain, ce ne font plus les mêmes exhalaifons.

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ra it.il de nature à Frefcati? Il fe chargera, d it-o n , dans la campagne de Rome de ces exhalaifons funef- tes , & n’en trouvant pas à Frefcati il deviendra plus falutaire. Mais encore une fo is, puifque ces exhalai­ fons exiftent , puifqu’on les voit s’élever le foir en nuages, quelle néceffité de les attribuer à une autre çaufe? Elles montent dans l’atmofphère,elles s’ydiffi- p e n t, elles changent de forme ; le vent dont elles font la première caufe, les emporte, les fépare ; elles s’at­ ténuent , elles deviennent falutaires , de mortelles qu’elles étaient.

Une autre objection, c’efi; que ces vapeurs, ces ex­ halaifons renfermées dans un vafe de verre s’attachent aux parois & tom bent, Ce qui n’arrive jamais à l’air. Mais qui vous a dit que fi les exhalaifons humides tombent au fond de ce cryftal , il n’y a pas incom­ parablement plus de vapeurs féches & élaitiques qui fe foutiennent dans l’intérieur de ce v a fe ? L ’air, dites- vous , eft purifié après une pluie. Mais nous fommes en droit de vous foutenir que ce font les exhalaifons terreftres qui fe font purifiées , que les plus groffiè- res, les plus aqueufes rendues à la terre , laiffent les plus féches & les plus fines au-defius de nos têtes, & que c’eft cette afcenfion & cette defcente alterna­ tive qui entretient le jeu continuel de la nature.

Voilà' une partie des raifons qu’on peut alléguer en faveur de l’opinion que l’élément de l’air n’exifte pas. Il y en a de très fpécieufes & qui peuvent au moins faire naître des doutes ; mais ces doutes céderont tou­ jours à l’opinion commune. On n’a déjà pas trop de quatre éiémens. Si on nous réduifait à trois , nous nous croirions trop pauvres. On dira toujours l’élé­ ment de F air. Les oifeaux voleront toujours dans les airs , & jamais dans les vapeurs. On dira toujours , Pair eji doux , Pair eft ferein , & jamais les vapeurs font douces fereines,

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A I R . S e c t i o n s e c o n d e . . Vapeurs, Exhalaisons.

Je fuis comme certains hérétiques ; ils commencent par propofer modeftement quelques difficultés ; ils finif- fenc par nier hardiment de grands dogmes.

J’ai d’abord rapporté avec candeur , les fcrupules de ceux qui doutent que l’air exifte. Je m’enhardis au­ jourd’hui ; j’ofe regarder l’exiftence de l’air comme une chofe peu probable.

i p. Depuis que je rendis compte de l’opinion qui n’admet que des vapeurs , j’ai fait ce que j’ai pu pour voir de l’air ; & je n’ai jamais vu que des vapeurs gri- fes, blanchâtres, bleues, noirâtres , qui couvrent tout mon horizon. Jamais on ne m’a montré d’air pur. J’ai toujours demandé pourquoi on admettait une matière j invifible, impalpable dont on n’avait aucune connaif.

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2°. On m’a toujours répondu que l’air eft élaftique. Mais qu’eft-ce que l’ élafticité ? c’eft la propriété d’un corps fibreux de fe remettre dans l ’état dont vous l’a­ vez tiré avec force. Vous avez courbé cette branche d’arbre , elle fe relève ; ce reffort d’acier que vous avez roulé fe détend de lui-même ; propriété auffi commune que l’attraction & la direétion de l’aimant, & aulïi inconnue. Mais votre élément de l’air eft élaf­ tique , félon vo u s, d’une toute autre façon. Il occupe un efpace prodigieufement plus grand que celui dans lequel vous l’enfermiez , dont il s’échappe. Des phy- ficiens ont prétendu que l’air peut fe dilater dans la proportion d’un à quatre mille (a) ; d’autres ont voulu qu’une bulle d’air pût s’étendre quarante-fix milliards de fois,

( « ) Voyez Mushembroek chapitre de VAir.

Queft.fur l’Encycl. Tjpm. I.

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Je demanderais alors ce qu’il deviendrait ? à quoi il ferait bon ? quelle force aurait cette particule d’air au milieu des milliards de particules de vapeurs qui s’exhalent de la terre, & des milliards d’intervalles qui les leparent ?

5°. S’il exifte de l’air , il faut qu’il nage dans la mer immenfe de vapeurs qui nous environne, & que nous touchons au doigt & à l’œil. Or les parties d’un air ainfi interceptées , ainfi plongées & errantes dans cette atmofphère, pouraient - elles avoir le moindre e ffe t, le moindre ufage ?

4°. Vous entendezunemufiquedans un fallon éclairé de cent bougies ; il n’y a pas un point de cet efpace qui ne foit rempli de ces atomes de cire, de lumière & de fumée légère. Brûlez-y des parfums , il n’ y aura pas encor un point de cet efpace où les atomes de ces parfums ne pénètrent. Les exhalaifons continuelles du corps des Ipeélateurs & des muficiens, & du par­ quet , & des fenêtres, & des plafonds, occupent en­ cor ce fallon. Que reliera - 1 - il pour votre prétendu élément de l’air ?

S°. Comment cet air prétendu , difperfé dans ce fallon , poura - 1 - il vous faire entendre & diftinguer à la fois les différens fons ? faudra - 1 - il que la tierce , la quinte, l’oétave &c. aillent frapper des parties d’air qui foient elles - mêmes à la tierce , à la quinte , à l’octave ? chaque note exprimée par les voix & par les inftrumens tro u ve-t - elle des parties d’air notées qui les renvoyent à votre oreille ? C’eft la feule ma­ nière d’expliquer la mécanique de l ’ouïe par le moyen de l’air. Mais quelle fuppolition ! de bonne foi doit- on croire que l’air contienne une infinité d’u t , re , m i, fa , f o l , la , il , u t, & nous les envoyé fans fe tromper ? en ce cas ne faudrait - il pas que chaque , particule d’air frappée à la fois par tous les fonsr ne i; • . fût propre qu’à répéter un feul fo n , & à le renvoyer J »

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à l’oreille ? Mais où renverrait - elle tops les autres qui l’auraient également frappée ?

Il n’y a donc pas moyen d’attribuer à l’air la me. canique qui opère les fons. Il faut donc chercher quel, que autre caufe , & on peut parier qu’on ne la trou­ vera jamais.

6°. A quoi fut réduit Newton ? il fuppofa à la fin dç fon optique , que les particules d’une jubjlance , denfe , compare & fixe , adhérentes par attraction , raréfiées difficilement par une extrême chaleur ^fe trtinfir forment en un air élajlique.

De telles hypothèfes qu’il femblait fe permettre pour fe délafier, ne valaient pas fes calculs & fes ex. périences. Comment des fubftances dures fe changent- elles en un élément ? comment du fer e ft. il changé en air ? avouons notre ignorance fur les principes des chofes.

7°. De toutes les preuves qu’on apporte en faveur de l’a ir , c’eft que fi on vous l’ôte , vous mourez. Mais cette preuve n’eft autre ehofe qu’une fuppofition de ce qui eft en queftion. Vous dites qu’on meurt quand on eft privé d’air , & nous difons qu’on meurt par la privation des vapeurs falutaires de la terre & des eaux. Vous calculez la pefanteur de l’a ir , & nous la pefanteur des vapeurs. Vous donnez de l’elaftj'cité à un être que vous ne voyez pas, & nous à des vapeurs que nous voyons diftinélement dans la pompe à feu. Vous rafraîchiflez vos poumons avec de l’air, & nous avec des exhalaifons des corps qui nous environnent, &e. & C.

Permettez - nous donc de croire aux vapeurs ; nous

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