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Que pensent les Européens des biotechnologies? Apporter une réponse précise à cette question n'est pas chose facile et ce pour plusieurs raisons, des raisons qui tiennent à la fois à l'objet de la question et aux méthodes disponibles pour y répondre. Nous allons tenter ici d'expliquer la difficulté -et néanmoins d'apporter des réponses. Dans un premier temps, nous examinerons les données quantitatives récentes concernant "l'opinion publique" sur les biotechnologies -la réponse la plus souvent invoquée- puis nous nous interrogerons sur les problèmes que posent l’interprétation ces données.

Un premier outil: l'Eurobaromètre

Comme beaucoup de gouvernements nationaux, la Commission européenne cherche à connaître l'opinion publique à l'égard des biotechnologies, et ce, depuis longtemps. Pour cela, elle a mise en oeuvre un instrument de mesure régulier, l'Eurobaromètre, constitué de sondages effectués au même moment et avec le même questionnaire dans tous les pays de l'Union Européenne. A l'origine, il s'agissait d'enquêtes sur l'image de l'Europe, mais certains Eurobaromètres ont été réalisés sur des sujets spécifiques. Ainsi, plusieurs enquêtes ont porté sur le thème général de la science et des techniques et les biotechnologies à proprement parler ont fait l'objet d'une série d’Eurobaromètres en 1991, 1993, 1996, 1999135 et, le plus récent, en 2002136.

135 Voir pour plus de détails: de Cheveigné, S., Boy, D., Galloux, J.-C., Les

Les premiers résultats ayant posé de sérieux problèmes d'interprétation, dès 1995 un projet de recherche européen, soutenu par la Commission européenne, a réuni des chercheurs d'une quinzaine de pays, pour examiner divers aspects sociaux des biotechnologies137. Cette recherche (qui s'est prolongée jusqu'en 2003) a comporté des études des politiques publiques et des discours médiatiques ainsi que la mise au point, entre autres au moyen d'un important travail d’enquêtes qualitatives, de nouveaux questionnaires de sondage qui ont été administrés dans les 15 pays de l'Union Européenne en 1996, 1999 puis 2002. La comparaison a été étendue à d'autres pays européens, dont la Suisse138 et la Norvège et outre-Atlantique, aux Etats-Unis et au Canada.

Le rapport de notre groupe sur ce dernier Eurobaromètre est disponible sur le Web139; aussi je ne commenterai ici que quelques __________________

Biotechnologies en débat, Paris, Balland, 2002; Durant, J., Bauer, M., Gaskell, G.

(Ed.), Biotechnology in the Public Sphere: A European Sourcebook, Londres, Science Museum, 1998; Gaskell, G., Bauer, M. (dir.), Biotechnologie 1996-2000:

The years of Controversy, Londres, Science Museum, 2001; Bauer, M., Gaskell, G.

(dir.), Biotechnologie: the making of a global controversy, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.

136 Gaskell, G., Allum, N., Stares, S., «Europeans and Biotechnology in 2002.

Eurobarometer 58.0: a report to the EC Directorate General for Research from the project 'Life Sciences in European Society' (QLG7-CT-1999-00286)» disponible à:

europa.eu.int/comm/public_opinion/ archives/eb/ebs_177_en.pdf

137 Le projet européen a été financé par les Actions concertées de la DGXII

"Biotechnology and the European Public", B104-CT95-0043, "European Debates on Biotechnology: Dimensions of Public Concern", BI04-CT98-0488, direction J.

Durant, puis dans le cinquième programme cadre, "Life Sciences in European Society", QLG7-CT-1999-00286, direction G. Gaskell, London School of Economics, Londres.

138 L'équipe suisse est actuellement composée de Heinz Bonfadelli, Urs Dahinden et Martina Leonarz (Université de Zurich). Je conseille vivement au lecteur de se reporter à leurs travaux (et en particulier dans les publications communes du groupe, voir note 135) pour avoir une vision précise de la situation suisse.

139 Voir note 136.

résultats importants, avant de me focaliser sur une réflexion méthodologique. Une des premières questions de cette série d'Eurobaromètres porte sur l'évaluation de l'impact de toute une série de technologies (télécommunications, internet, énergie solaire, énergie nucléaire, nanotechnologies, etc.) sur les conditions de vie des personnes interrogées. Les biotechnologies140 ne sont perçues comme susceptibles d'apporter une amélioration que par moins de la moitié de l'échantillon pondéré européen (43 %) et seule l'énergie nucléaire suscite davantage de réponses négatives. Cependant, et c'est une importante nouveauté du dernier sondage, l'évolution de cette opinion s'est infléchie, pour la première fois depuis 1991, comme le montre la figure suivante141.

140 Dans chaque pays une moitié de l’échantillon a été interrogée sur "les biotechnologies" l’autre sur "le génie génétique".

141 Extraite du rapport. L'indice est construit comme la différence entre le pourcentage d'optimistes et, celui de pessimistes, rapportée à la somme des pourcentages d'optimistes, pessimistes et réponses "sans effet". Les "ne sait pas"

sont exclus du calcul.

On y observe une évolution sur la dernière période nettement différente pour les biotechnologies comparées à d’autres technologies. L’indice d’optimisme reste cependant relativement faible comparé aux technologies de l’information.

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1

1991 1993 1996 1999 2002

Year

Telecommunications Computers and IT Space exploration Biotechnology

Bien entendu, il est important de distinguer les différentes applications des biotechnologies modernes. L’Eurobaromètre a abordé différentes applications142, demandant aux personnes interrogées si elles les considéraient utiles pour la société, risquées pour la société, moralement acceptables et enfin à encourager et, comme on pouvait s'y attendre, les opinions varient selon le domaine. La figure qui suit, extraite aussi du rapport de notre groupe, l'illustre143. Les applications médicales (tests génétiques et clonage de cellules humaines) arrivent en tête aussi bien pour l'utilité perçue que pour l'acceptabilité morale. Le facteur risque, cependant, n'est pas négligeable. L'appréciation portée sur les enzymes à lessive, les xénogreffes et les cultures transgéniques est moins positive, en particulier en ce qui concerne le risque.

Cependant, c’est le dernier domaine, celui des produits alimentaires, qui est de loin le plus contesté: l'utilité même de ces applications paraît douteuse, alors que le facteur risque est perçu

142 "Genetic test": utiliser des tests génétiques pour détecter des maladies que nous pourrions avoir héritées de nos parents, comme la mucoviscidose.

"Clone human cells": Cloner des cellules ou des tissus humains pour remplacer chez un patient des cellules malades qui ne fonctionnent pas bien, par exemple pour la maladie de Parkinson ou des formes de diabète ou de maladies cardio-vasculaires.

"Enzymes": Utiliser des organismes génétiquement modifiés pour produire des enzymes comme additifs pour les savons et détergents qui sont moins nuisibles pour l’environnement.

"Xénotransplants": introduire des gènes humains dans des animaux pour produire des organes pour les transplantations d’organes humains, comme par exemple dans des cochons pour des greffes de cœur humain.

"Crops": prendre des gènes de certaines plantes et les transférer à des plantes de culture pour les rendre plus résistantes aux insectes nuisibles.

"Food": utiliser la biotechnologie moderne dans la production de nourritures par exemple pour augmenter leur teneur en protéines, pour qu'elles se conservent plus longtemps ou pour en changer le goût.

143 Ici encore, un indice a été construit pour représenter le poids relatif des réponses positives et négatives. Les premières l'emportent tant que l'indice est positif. Attention au facteur risque où une réponse "positive" indique qu'on pense que l'application est risquée –c'est à dire qu'on a une opinion négative de l'application en question.

comme le plus élevé. La note d'acceptabilité morale est légèrement positive mais dans le bilan final, les jugements négatifs l'emportent.

On voit donc une très nette distinction faite entre ces différentes applications: leur substrat scientifique est similaire mais les perceptions qu'en a le public sont très différentes, selon qu'elles touchent à sa santé ou son alimentation.

-0.5 0 0.5 1

Genetic test Clone human cells Enzymes Xenotransplantation Crops Food

Useful Risky Morally acceptable Should be encouraged

Un autre type de comparaison intéressante que permettent ces données quantitatives se situe au niveau des pays. Le tableau suivant l'illustre pour les pays européens intra-communautaires:

Genetic tests

Clone human

cells Enzymes Xeno Crops Food

Spain ++ ++ ++ + ++ +

Portugal ++ ++ + + + +

Ireland ++ + + + + +

Belgium ++ + + + +

-Sweden ++ ++ + + -

-Denmark ++ + + + -

-UK ++ + + + +

-Finland ++ + + - + +

Lux. ++ ++ + + -

--Germany + + + + +

-Italy ++ ++ + + -

-Netherlands + + + + +

-France ++ + - + -

--Greece ++ + + - -

--Austria + + + - -

-++ Soutien fort + Soutien faible - Opposition faible -- Opposition forte

Il n'y a pas d'interprétation simple de ces données (telle que Europe du Nord vs Europe du Sud, par exemple). Les positions

relatives évoluent d'ailleurs d’un sondage au suivant, en fonction de l'histoire récente (débats ou évènements locaux). L'histoire plus ancienne, en particulier celle de l'industrialisation des différents pays, joue très probablement un rôle. Poursuivre l’exploitation des données très riches de ces sondages pour tenter de mieux comprendre les différents facteurs qui interviennent (données sociodémographiques, degré de savoir, opinions sur les différents acteurs dans le domaine, etc.) permet bien entendu de mieux comprendre. Je renvoie, pour cela, le lecteur aux publications du groupe car je souhaite m’arrêter plus longuement sur la méthodologie.

Fondamentalement, l'intérêt principal d'une telle méthode de sondage est la réduction de la complexité: des pays et des époques se trouvent réduits à des tableaux de chiffres, certes de grande dimension, mais faciles à manipuler avec des outils informatiques adéquats. Cette réduction permet de comparer d'un seul coup d'œil la Finlande et la Grèce, 1991 et 2002, les femmes et les hommes, les éduqués et les ignorants, les jeunes et les vieux. La puissance de la méthode est impressionnante. Il est cependant important de résister à la fascination et de garder présent à l'esprit les faiblesses inhérentes à l’approche, que ce soit pour chercher à les compenser ou pour simplement en tenir compte dans l'interprétation des résultats. Ces limites ont d'ailleurs été soulignées depuis longtemps et par différents auteurs, comme Aaron Cicourel144 ou Pierre Bourdieu145 mais l'attrait du chiffre, d'apparence si précis, reste fort.

Parmi les difficultés spécifiques rencontrées lors de la mise en œuvre de ces sondages à l'échelle européenne, nous pourrions en distinguer de trois ordres, relevant de la rédaction et de traduction des questions, de leur interprétation, enfin des techniques de traitement de données. La rédaction des questions n'est pas neutre,

144 Cicourel, A. A., Method and Measurement in Sociology, Londres, Free Press of Glencoe, 1964.

145 Bourdieu, P., «L’opinion publique n’existe pas», Les Temps modernes, 318, janvier 1973, pp. 1292-1309, reproduit dans Questions de sociologie, Paris, Editions de Minuit, 1984.

et leur traduction met la chose en évidence avec acuité. Dans la mesure du possible, on conserve la rédaction des questions d'un sondage au suivant, afin que les réponses soient comparables. C’est le cas de la question sur l’effet des biotechnologies sur notre vie, et c’est pour cette raison que l’on peut raisonnablement tracer les courbes représentées plus haut. Mais ce n'est pas toujours possible, soit qu'il faille corriger un défaut dans la rédaction d’une question, soit que l'objet, une application médicale par exemple, ait changé de nature avec l'évolution de la science. Les comparaisons temporelles deviennent alors plus hasardeuses.

Plus grave, sans doute, car toujours présent, le problème de la traduction. Pour sonder les différentes communautés linguistiques européennes, il faut évidemment traduire les questions. Mais, d’une langue à une autre, les expressions sont-elles équivalentes?

L’expression "génie génétique" équivaut-elle à "genetic engineering", sachant les multiples sens en français du mot "génie"?

"The media are doing a good job", expression très usitée en anglais, équivaut-elle à "les médias font bien leur travail", qui paraît plus emprunté en français? Si ces différences de rédaction suscitent l'inquiétude, c'est que nous ne sommes pas certains de la manière dont elles seront interprétées. La question est bien plus vaste, et concerne même les expressions les plus simples: que peut signifier, pour la personne interrogée, "utile", "risqué", ou plus encore

"moralement acceptable"? Qu'avaient-elles en tête en répondant

"tout à fait d'accord" ou "plutôt pas d'accord"?

Une fois recueillies ces réponses, reste à les traiter. Parmi les difficultés rencontrées: que faire des réponses du type "je ne sais pas"? Comment tenir compte dans la construction de ce qu'on appellera "l'opinion publique" sur les biotechnologies des personnes qui déclarent ne pas savoir de quoi il s'agit ? Le problème n'est pas simple, d'autant plus que sur le thème des biotechnologies, ces personnes sont nombreuses (de l'ordre du tiers de la population interrogée). Dans le traitement des résultats du sondage présenté ici, les différents indices ont été calculés à partir des réponses des personnes exprimant une opinion, écartant donc les "ne sait pas".

Cette position est longuement discutée dans le rapport et les divers degrés d'"engagement" des répondants ont été analysés, mais on reste frustré de ne pas mieux tenir compte de cette population qui affirme ne pas savoir.

Des méthodes qualitatives

Il faut souligner à quel point ces difficultés, illustrées ici dans le cas des biotechnologies, sont communes à toute approche par sondage. Il ne faudrait cependant pas oublier l'intérêt de séries temporelles de réponses à des questions identiques ou la représentativité statistique d'enquêtes faites sur de grands échantillons. Rares sont les méthodes parfaites; seule leur conjonction permet de réduire les zones d'ombre.146 C’est ce que nous avons voulu réaliser dans le cadre de ce projet européen. En plus des données quantitatives, c'est-à-dire des résultats de sondage utilisant des questions "fermées" qui donnent aux interviewés le choix entre une série limitée de réactions possibles à une affirmation ou une question pré-rédigée, nous disposions du résultat d'une question "ouverte" incluse dans l'Eurobaromètre de 1996. Elle était exprimée ainsi: «Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit quand vous pensez à la biotechnologie moderne au sens large, c'est-à-dire incluant le génie génétique?» et la personne interrogée était invitée à répondre, en deux ou trois phrases, utilisant donc ses propres termes. Il est évident que c'est peu pour exprimer toute une pensée, mais, nous allons le voir, l'analyse des réponses est fort intéressante.

Nous sommes allés plus loin, avec, en France, une série d'entretiens semi-directifs147 réalisés en 1997 puis, dans la plupart des pays

146 L'opposition entres méthodes qualitatives et quantitatives est parfois porté à un niveau caricatural. Voir par exemple le rapport, fort intéressant au demeurant, du projet PABE (restreinte aux biotechnologies végétales, dites "OGM" dans 5 pays européens). Les méthodes quantitatives sont quelque peu diabolisées et seules des approches qualitatives, réduites d'ailleurs aux seuls "focus groups", sont exploitées.

147 Dans ce type d'entretien, la personne interrogée parle autour à partir d'un nombre limité de thèmes évoqués par l'enquêteur.

participant au projet, une série d'entretiens de groupes menés au cours de l'année 2000.

Prenons à titre d'exemple la notion de "risque" autour des OGM telle qu'elle est perçue par la population française: nous disposons de réponses à des questions fermées, à une question ouverte, d'éléments d'entretiens semi-directifs individuels et de discussions en petits groupes dits focus-groups (en plus d'un corpus cohérent de textes médiatiques sur le thème148). La conjonction de ces différents matériaux permet une vision complexe de la notion de "risque". Les sondages Eurobaromètre comportaient donc des questions évoquant explicitement le risque associé à différentes applications, alimentaires ou médicales. La question était ainsi rédigée: «Etes-vous d'accord avec l'idée que cette application comporte des risques pour la société?». Le mot "risque" y apparaissait donc dans un sens familier et non technique, synonyme de "danger", sans référence à la probabilité de survenue de ce danger. Prenons le cas de l'application alimentaire (utiliser la biotechnologie moderne dans la production de nourritures par exemple pour augmenter leur teneur en protéines, pour qu'elles se conservent plus longtemps ou pour en changer le goût). Les Français ont été 30,5% à être tout à fait d'accord que l'application comporte des risques, 20,6% plutôt d'accord, 7,4% plutôt pas d'accord, 10,5% pas du tout d'accord, enfin 31,1% ne savaient pas: une nette perception de risque, avec une forte ignorance déclarée.

L'Eurobaromètre de 1996 avait fourni un second élément de réflexion sur la notion de risque grâce à une question ouverte149 -nommée ainsi par opposition aux questions fermées où l'on ne peut qu'exprimer son accord ou son désaccord avec une affirmation déjà rédigée. Les personnes interrogées pouvaient, en quelques phrases

148 Voir de Cheveigné, S., Boy, D., Galloux, J.-C., op. cit..

149 Il s'agit ici de l'Eurobaromètre de 1996. Les réponses à celui de 1999 ont été "codées" par les instituts de sondage et ont donc perdu tout intérêt –la résistance à la quantification est un combat de tous les instants. La question ouverte était posée au début du questionnaire, avant l'évocation des différentes applications.

et en leurs propres termes, exprimer «ce qui [leur] vient à l'esprit quand [ils] pense[nt] à la biotechnologie moderne au sens large, c'est à dire incluant le génie génétique». Bien que brèves150, ces réponses apportent un matériel intéressant, qui, puis qu'il a été obtenu sur un échantillon représentatif de taille suffisante, a l'avantage d'être quantifiable et de pouvoir être relié aux caractéristiques sociodémographiques des répondants. Ces réponses ont été traitées à l'aide d'un logiciel d'analyse de discours, Alceste151, qui repère les co-occurrences de termes les plus fréquentes, dégageant ainsi des classes de vocabulaire que l'on peut ensuite interpréter en termes d'«univers sémantiques» auxquels s'attachent les différentes réponses. Environ un tiers des réponses exprimaient une grande méconnaissance du sujet, d'autres étaient favorables, citant souvent des applications agricoles ou médicales152. D'autres enfin -auxquelles nous nous attacherons ici-exprimaient divers degrés de préoccupation face aux biotechnologies.

Si l'on s'attache dans un premier temps à l'utilisation spontanée du mot "risque" dans les réponses, on constate qu'elle est peu fréquente -16 occurrences du mot pour 1004 personnes interrogées153. Le terme intervient comme élément dans des réponses relativement élaborées, comme celle-ci:

«Danger de manipulation. Eugénisme. Risque de faire resurgir de vieux fantômes comme la sélection des êtres ayant le droit de vivre et les autres pas».

Le mot "danger", en revanche, est davantage présent avec 63 occurrences. Comme dans l'exemple cité, il n'est apparemment pas

150 Elles sont également susceptibles d'être abrégées lors de la transcription par les enquêteurs.

151 Développé par un ingénieur du CNRS, Max Reinhart, et commercialisé par la société Image à Toulouse.

152 Pour une analyse de l'ensemble des réponses voir de Cheveigné, S., Boy, D., Galloux, J.-C., op. cit..

153 Une réponse peut comporter plus d'une occurrence du mot.

fait de distinction entre "risque" et "danger". Ces deux termes forment le cœur d'une des classes dégagées par le logiciel Alceste.

Dans les regroupements de mots fréquemment observés, problème risque vache folle ou danger manipuler mauvais arriver -monde ou encore danger - artificiel - risque - vache folle, o n constate que les types de risque/danger le plus fréquemment évoqués se réfèrent à la sécurité alimentaire, à l'eugénisme, enfin de façon plus abstraite à l'artificialité. Le discours associé à cette classe est évaluatif et met en jeu de grandes catégories tels que

"l'humanité", "l'homme", "l'éthique". Les référents sont relativement larges, au Meilleur des mondes, l'Apprenti sorcier ou la maladie de la vache folle. Le vocabulaire est plus sophistiqué, avec davantage d'opérateurs logiques et de verbes au subjonctif que dans la moyenne des réponses. Voici quelques exemples encore, où l'on remarquera l'ambivalence souvent exprimée, les répondants effectuant une pondération entre risque et bénéfice.

«Risques pour la population du style vache folle».

«Avec ça on pourra cultiver des produits dans les endroits très froids ou très chaud. On pourra lutter contre la faim dans le monde, mais le risque c'est que ça n'est pas naturel. A la fin on en arrivera à se nourrir à l'aide de cachets».

«Il peut s'agir d'une avance extraordinaire pour l'humanité si c'est utilisé intelligemment. On pourrait régler les problèmes de faim dans le monde. On pourrait aussi chercher à manipuler les êtres humains. Gros danger».

«Danger de manipulation, eugénisme, risque de faire resurgir de vieux fantômes comme la sélection des êtres ayant le droit de vivre et les autres pas».

Cette catégorie est assez peu nombreuse, environ 6% des

Cette catégorie est assez peu nombreuse, environ 6% des