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Survol de la littérature scientifique et des principaux résultats

CHAPITRE 3: CONCLUSION GÉNÉRALE

3.1 Survol de la littérature scientifique et des principaux résultats

La première partie de ce mémoire a d’abord dressé un état des connaissances sur la collaboration entre l’école et la famille, la victimisation par les pairs au primaire et les liens unissant ces deux variables. Ainsi, plusieurs chercheurs voulant prévenir le phénomène de la violence soulignent l’importance de la collaboration entre la famille et le milieu scolaire comme moyen de prévention (Fan et Chen, 2001). En fait, la collaboration école-famille a des effets positifs sur toutes les personnes impliquées (élèves, enseignants et parents). Les

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recherches sur la collaboration école-famille rapportent que les élèves dont les parents collaborent avec l'école ont de meilleurs rendements scolaires (Fan et Chen, 2001; Jeynes, 2005), ont une plus grande motivation scolaire (Paquin et Drolet, 2006), moins de problèmes de comportement (Algozzine et Kay, 2002; Burke et al., 2002), et sont plus portés à aimer l’école. La littérature scientifique révèle aussi que les parents qui ont un meilleur lien avec le personnel de l'école comprennent davantage le programme scolaire de leur enfant (Epstein, 1986; Bardsley, 2000). C'est sur la base des recherches antérieures que la présente étude a voulu vérifier la perception des parents lorsque ceux-ci sont aux prises avec une situation difficile, soit celle de la victimisation de leur enfant par ses camarades d'école, considérant que cette collaboration s'avère d’autant plus importante pour trouver des solutions et faire cesser la situation.

Le second chapitre de ce mémoire comporte un article scientifique intitulé: « La perception de la collaboration école-famille des parents d'élèves en situation de victimisation au primaire » qui constitue le corps de ce mémoire. Les résultats de la présente étude sont rapportés en détail dans cet article. Brièvement les résultats ont d'abord révélé que de manière générale, les parents québécois ayant un enfant à l’école primaire ont une perception positive de la collaboration école-famille. Ceux du préscolaire perçoivent plus positivement la collaboration école-famille que ceux ayant des enfants plus vieux (4e, 5e, 6e année). Ces résultats rejoignent ceux relevés préalablement dans la littérature par Deslandes (1999) et Epstein (2011) qui rapportaient également que les parents collaborent davantage avec l’école lorsque leur enfant débute son parcours scolaire, alors que cette collaboration a tendance à baisser en fonction de son avancement dans les niveaux scolaires.

L’article contient aussi des réponses concernant le deuxième objectif de l’étude voulant vérifier si le fait d’avoir ou non un enfant victimisé par ses pairs à l’école ainsi que les variables propres au parent (âge, sexe, revenu familial) et à son enfant (sexe, niveau scolaire) contribuent à la perception de la collaboration école-famille des parents. Comme il était attendu, la régression linéaire multiple a permis d’établir qu’effectivement la victimisation amène chez le parent une perception plus négative de la collaboration école-

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famille comparativement au groupe de parents dont l’enfant n’est pas victimisé. À notre connaissance, la littérature scientifique apporte peu de connaissances sur le sujet et ces résultats semblent les premiers à traiter aussi précisément de la question. Les résultats de la présente étude illustrent qu’une perception plus négative de la collaboration école-famille existe bien chez les parents qui croient leur enfant victimisé à l’école. Certaines hypothèses pourraient expliquer ces résultats, par exemple un manque ou une perte de confiance du parent envers l’école. Les parents peuvent douter de la capacité de l’école à résoudre la situation et leurs échanges antérieurs non fructueux dans d’autres contextes peuvent avoir contribué à développer ce sentiment. Comme mentionné par Stoner et al. (2005), cette perte de confiance peut être due aux nombreuses interactions négatives avec le personnel scolaire, les laissant dans un état de doute envers les compétences des adultes de l’école.

Le troisième objectif de ce mémoire voulait tester la relation entre le fait d’avoir signalé ou non la victimisation de son enfant à l’école, le nombre de signalements faits par le parent et son niveau de satisfaction face à l’accueil et l’aide reçus de l’école. Les résultats précisés dans l’article inséré au chapitre 2 soulignent qu’environ un parent sur cinq (19 %) a déjà signalé la victimisation de son enfant à l’école pendant l’année scolaire. De plus, le niveau de satisfaction de l’accueil et de l’aide reçus de l’école est associé au nombre de signalements effectués par le parent. Plus le nombre de signalements est élevé, plus le niveau de satisfaction des parents diminue. Comme attendu, le nombre de parents satisfaits de l'aide et l'accueil reçus diminue aussi avec le nombre de signalements faits à l’école. Toutefois, les résultats rapportent que certains parents (40 %) arrivent à obtenir satisfaction après avoir signalé la victimisation de leur enfant même après quatre fois pendant l'année scolaire. Ces résultats ont été mis en perspectives avec ceux de Paquin et Drolet (2006) qui ont conclu qu'il était possible pour certains parents d’enfants auteurs de violence à l’école, de maintenir un partenariat positif, malgré les difficultés vécues par leur enfant.

La dernière question à l’étude visait finalement à vérifier si le nombre de fois que les parents ont signalé à l’école la victimisation de leur enfant s’associe à leur perception de la collaboration parent-école. Comme anticipé, la perception de la collaboration école-

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famille s'est avérée plus positive chez les parents n’ayant jamais avisé l’école d’une telle situation comparativement à ceux qui ont effectué au moins un signalement. La perception de la collaboration école-famille variant de façon linéaire avec le nombre de signalements faits par les parents.

Ainsi, le fait que les parents croient leur enfant victime de la violence, qu’ils l’aient signalé ou non à l’école est associé à une moins bonne perception de la collaboration école- famille. Chez eux ayant qui ont avisé l’école, leur perception de cette collaboration s’effrite avec le nombre de signalements faits par les parents. Rappelons aussi que le niveau de satisfaction de l’accueil et de l’aide reçus par les parents lorsqu’ils ont signalé la victimisation de leur enfant fluctue aussi à la baisse selon la répétition des signalements. Putnam et Poole (1987) mentionnaient que plus les communications sont fréquentes entre l’école et la famille, plus le risque de malentendus provoquant des conflits est élevé. Dans ce cas-ci, les résultats semblent rejoindre ceux de ces chercheurs, mais plus particulièrement lorsqu’il s’agit de contacts liés à des situations négatives vécues par les élèves. Si la fréquence des échanges augmente les risques de mésententes, l’absence de communication et le manque de suivi des parents ou du personnel scolaire sont aussi des facteurs qui intensifient les conflits entre la famille et l’école (Lake et Billingsley, 2000).

Ce mémoire fournit de nouvelles connaissances permettant de pousser plus loin les réflexions sur le fait que la collaboration école-famille en contexte de victimisation par les pairs pose un réel défi. Les perceptions des parents et du personnel scolaire quant à leur partenariat méritent qu’on continue à s’y intéresser pour le plus grand bien des enfants.

3.2 Liens entre les résultats de la présente étude et les modèles

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