Chapitre 3 - Influence de l'eau sur les performances électriques : engorgement des
2.2. Surtensions d'activation et de concentration à la cathode
Pour une réaction d'oxydo-réduction telle que :
Oxn e
−
Red (3.22)
la densité de courant locale j (dit courant faradique) est égale à la différence entre le courant
correspondant à l'oxydation et celui correspondant à la réduction. Elle est donnée par l'équation de
Butler-Volmer [78] :
j=j
0[C
RedC
Red*exp
on F
RT −C
OxC
Ox*exp−
rnF
RT ] (3.23)
où, est la perte de tension, n le nombre d'électrons échangés, C
Redet C
Oxles concentrations
sur la surface réactionnelle et j
0est la densité de courant d'échange, mesurée aux concentrations
de référence C
Red*et C
Ox*(concentration en oxydant et en réducteur loin de la surface
réactionnelle).
oet
rsont les coefficients de transfert de charges. Ils sont tels que
o
r=1. A
l'équilibre, la densité de courant est nulle car la densité de courant d'oxydation et égale à la densité
de courant de réduction. La surtension est nulle et les concentrations en oxydant et en réducteur sur
la surface réactionnelle sont telles que : C
Red,Ox=C
*Red,Ox.
Lorsque la surtension est grande, la réaction ne peut plus être considérée comme réversible car une
des demi-réactions (l'oxydation ou la réduction) a une vitesse négligeable devant l'autre. Le courant
Figure 3.1: Évolution de la tension thermodynamique aux bornes de la pile en fonction de la
température et de la pression pour des fraction molaire de réactif fixés ( x
H20
=1 et x
O20
correspondant à l'oxydation ou à la réduction tend vers le courant global car l'un des termes de la loi
de Butler-Volmer devient négligeable.
Pour une réaction d'oxydation ( ROe
−), la surtension et la densité de courant sont positives et
on peut donc écrire :
j≈j
0C
RedC
*Redexp
on F
RT (3.24)
Pour une réaction de réduction ( Oe
−R), la surtension et la densité de courant sont négatives et
on a :
j≈−j
0C
OxC
Ox*exp−
rnF
RT (3.25)
Ces relations sont identiques aux relations établies de façon empirique par Tafel [79].
Dans une pile à combustible, la réduction de l'oxygène est beaucoup plus lente que l'oxydation de
l'hydrogène. Il en résulte d'une part que la surtension à l'anode est négligeable par rapport à la
surtension cathodique, et d'autre part, qu'on peut utiliser la loi de Tafel [79] :
∣j∣=j
0CC
O2C
O 2 *exp
CnF
RT∣
C∣ (3.26)
C
O 2 *est la concentration en oxygène de référence à laquelle la densité de courant d'échange j
0Cest
mesurée [65], et C
O2
est la concentration en oxygène au niveau des sites réactionnels au cours du
fonctionnement.
Cest le coefficient de transfert de charge pour la réaction de réduction de
l'oxygène. Sa valeur varie entre 0,1 et 0,5 et est souvent prise égale à 0,5. Au sein du laboratoire J.
Mainka a mesuré ce coefficient en utilisant la spectroscopie d'impédance et ses valeurs varient entre
0,1 et 0,2. Dans cette étude, nous utilisons
C=0,4 comme indiqué dans le Tableau 4.1.
j
0Cest la densité de courant d'échange pour la réduction cathodique de l'oxygène. Sa valeur dépend
beaucoup de la température. Elle est donnée par [65] sous la forme :
j
0CT=j
0*exp−164561
T− 1
353 (3.27)
j
0*est la densité de courant d'échange mesurée à 353K et relevée dans la littérature.
Dans la suite, on calculera la valeur absolue de la densité de courant et on comptera positivement la
surtension
C.
La relation (3.20) peut également se mettre sous la forme suivante :
C= RT
CnF ln j
j
0C RT
CnF lnC
O 2 *C
O 2 (3.28)
Le premier terme dans l'expression de
Cest appelé surtension d'activation et le second terme
surtension de concentration.
Puisque l'électrode est volumique, sa surface géométrique ne correspond pas à sa surface
réactionnelle. La réaction se produit au point de contact triple entre le carbone, l'électrolyte et le
catalyseur. Les particules de catalyseur sont les éléments ayant la plus petite taille. C'est donc leur
taille qui détermine la surface active maximale disponible pour la réaction. La surface active réelle
dans l'électrode dépend donc de la taille des particules de platine, de leur nombre et de leur
accessibilité.
Le facteur , appelé rugosité, est définit comme le rapport entre la surface réelle de réaction S
Ret
la surface géométrique de l'électrode S
G: =S
R/S
G.
Lors de la fabrication des électrodes, la quantité de platine m
Ptutilisée est connue et elle est
donnée par les fabricants en mg.cm
−2. Dans les électrodes, le rayon des particules de platine a été
mesuré et varie entre 2 et 5 nm [80]. Connaissant la masse volumique
Ptdu platine et le rayon
R
Ptd'une particule, il est aisé d'estimer combien de particules de platines ont été insérées dans
l'électrode (par unité de surface géométrique) :
Nb Particules Platine= m
Pt4
3R
3Pt
Pt(3.29)
La surface totale de ces particules de platine S
Ptdans l'électrode est donc :
S
Pt=Nb Particules Platine.4R
2Pt (3.30)
En remplaçant le nombre de particules de platine par son expression (28) on obtient :
S
Pt= 3m
Pt
PtR
Pt(3.31)
La surface S
Ptest la surface de réaction maximum. Cependant, comme on le verra dans la suite
(3.1.), l'organisation des particules de platine en agglomérats réactionnels est complexe et la surface
totale des particules de platine n'est pas accessible aux gaz réactifs. En notant
Ptla proportion du
platine participant effectivement à la réaction, la surface réactionnelle est donnée par :
S
R=
Pt3m
Pt
PtR
Pt(3.32)
La charge de platine étant rapportée à l'unité de surface géométrique, la surface S
Rcalculée
ci-dessus est égale à la surface de platine participant à la réaction par unité de surface géométrique des
électrodes, c'est à dire à la rugosité :
=
Pt3m
Pt
PtR
Pt(3.33)
Les charges de platine varient actuellement entre 0,1 et 0,5 mg.cm
−2selon la méthode de
fabrication utilisée [60]. La proportion de platine participant aux réactions varie elle aussi selon la
méthode de fabrication utilisée. Les valeurs de
Ptreportées dans la littérature sont généralement
comprises entre 45 et 75% [81]-[65]. La masse volumique du platine est de 21,45 g.cm
−3à 20°C et
est supposée ne pas varier significativement avec la température entre 20 et 90°C.
Pour des particules de platine de 3nm, une charge de platine de 0,4mg.cm
−2et une proportion de
platine utile de 50%, la rugosité de l'électrode est =93. Dans les simulations présentées Chapitre
4 - , sera pris égal à 100.
Le courant local j correspond à la densité de courant moyenne I rapportée à la surface
réactionnelle S
R. Alors :
j=I/ (3.34)
Afin de pouvoir calculer les surtensions de concentration et d'activation dans la cathode, il est
nécessaire de connaître le rapport C
O
Dans le document
Comportement local et performances électriques d'une pile à combustible à membrane : vers un outil de diagnostic
(Page 93-96)