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Chapitre 5 : Description des résultats

5.2. Perception de la capacité des apprenantes et des superviseures de réfléchir sur leur pratique

5.2.3. Modes d’apprentissage pour susciter la réflexion chez les apprenantes ainsi que leur apport

5.2.3.2 La supervision

La supervision est la deuxième stratégie la plus nommée par les apprenantes, et ce, tout au long des deux stages, durant lesquels des rencontres de supervision hebdomadaires de trois heures ont lieu. Ces rencontres sont considérées essentielles, par la majorité des apprenantes, au soutien du développement de leurs compétences professionnelles. Il est important de préciser que même si ces rencontres de trois heures par semaine sont obligatoires ou fortement suggérées par l’UQAC, elles ont été nommées par l’ensemble des apprenantes comme étant une stratégie. Lors de la supervision, l’apprenante discute de ses interventions, des impasses rencontrées ainsi que des questionnements concernant la situation rencontrée avec un client. Ces rencontres amènent des rétroactions de la part de la superviseure ainsi que des questionnements qui les amènent à réfléchir, et contribuent à leur apprentissage :

« Oui, les rétroactions, je prends des notes, je lui demande tout le temps... Ne te gêne pas. Je les prends en note, je les mets en application. Souvent, je vais affronter ce qui me fait peur. Je ne cache rien à ma superviseure. Je lui dis qu’est-ce qui en est parce que ce n’est pas en cachant ses faiblesses que tu vas avoir appris. C’est en les affrontant que tu vas être capable d’apprendre. » (A1, TI)

À cet égard, mis à part les discussions lors des supervisions, deux d’entre elles mentionnent également que l’observation de l’intervention faite par la superviseure est également propice à la réflexion, puisqu’en la regardant intervenir, elles se demandent comment elles, elles seraient intervenues :

« Oui, c’est sûr, c’est surtout que veut, veut pas, lorsque tu fais de l’observation d’une intervention, tu t’imagines un peu que c’est toi qui fait l’intervention. Afin de savoir toi, comment tu réagirais par rapport à ce que la personne dit. Oui, oui, j’ai beaucoup de réflexions qui ressortent quand les personnes parlent. » (A2, TI)

Enfin, le dernier moyen utilisé en supervision pour susciter la réflexion est l’enregistrement. Selon les apprenantes, cette stratégie n’est prônée qu’à une ou deux reprises, dépendamment des exigences du professeur de stage, c’est-à-dire une fois au temps I et une autre fois au temps II. Aucun commentaire positif ou négatif sur cet outil n’a été évoqué comme stratégie facilitant la réflexion. Toutefois, une des apprenantes souligne que l’enregistrement utilisé de façon régulière, plus particulièrement lors du stage II, suscite beaucoup de questions qui facilitent la réflexion et l’apprentissage :

« Moi, je m’enregistre. C’est sûr dans le contexte de stage, c’est ça qui est le fun. On a l’opportunité de pouvoir analyser et de regarder ce qui aurait pu être fait autrement, avec notre superviseur. » (A1, TII)

Comme mentionné précédemment, la supervision est considérée par toutes les apprenantes comme ayant un impact important dans le développement professionnel et la construction des savoirs, et ce, au cours des deux stages. Tout d’abord parce que la rétroaction des superviseures est une façon, selon les cinq apprenantes, de prendre conscience de sa démarche mentale tant au temps I qu’au temps II. En effet, elles estiment que la discussion avec leurs superviseures permet d’avoir une vision différente de la situation d’intervention. Elles se disent davantage en mesure de s’arrêter, de prendre conscience de leurs pensées et des émotions sous-jacentes, de leurs actions professionnelles ainsi que des répercussions de celles-ci, comme en témoigne cet extrait :

63 Ainsi, grâce aux rétroactions de la superviseure, des liens entre la perception de l’apprenante de la situation du client et sa perception d’elle-même comme intervenante sont établis, ce qui permet à l’apprenante de réfléchir et d’analyser la situation :

« Oui, énormément ; aussi, les supervisions, on discute beaucoup. J’ai une question, je rentre dans le bureau, elle est toujours là pour m’accueillir pour réfléchir. J’ai fait ça comme ça, est-ce correct ? J’essaie de décrire un peu la situation, comment je l’ai faite. Puis, bon moi j’aurais fait ça comme ça. J’aime beaucoup aller chercher aussi comment elle aurait fait. » (A1, TII)

De plus, selon les apprenantes (n=5), la supervision a également une influence sur l’identité tant professionnelle que personnelle, et ce, au temps I comme au temps II. En effet, les apprenantes estiment que les échanges, lors des rencontres de supervision, les amènent à développer leur capacité d’introspection et à reconnaître leurs forces et leurs limites pour se réajuster et trouver des moyens de travailler sur celles-ci :

« Bien, ça m’amène à m’ajuster, puis d’être capable, peut-être, de voir plus les points forts et les points à améliorer. Aussi, je n’analyse pas toutes mes interventions, mais oui des fois, ça m’amène à me réajuster. » (A3, TII)

De plus, deux d’entre elles ajoutent que pour elles, ce réajustement et cette autorégulation vont davantage les amener à voir autrement leurs actions et à trouver leurs propres réponses :

« Après ma rétroaction avec ma superviseure, beaucoup de discussion sur comment je me suis réajustée, plus de temps d’écoute. C’était pratiquement moi qui, 75 % du temps, qui parlais, et 25 % elle qui répondait. Ce n’est pas ça l’intervention, ma superviseure est bonne pour me ramener. » (A1, TI)

« Bien des fois, en intervention, ça se sent un petit peu. Des fois ça coule, puis un moment donné, ça coule moins bien souvent à ce moment-là, je ne suis pas capable de prendre du recul. C’est après que je vais regarder en supervision. Cela m’aide vraiment, tout ce qui est aspect conscience de soi, que je suis restée dans ma perception, je ne suis pas allée dans le regard de l’autre. » (A4, TII)

En résumé, pour les deux temps de cette étude, les cinq apprenantes estiment que les discussions lors des supervisions et les rétroactions des superviseures les amènent à comprendre leur démarche

mentale. Ces discussions leur permettent également de mieux comprendre leurs actions et pourquoi elles les font, et ont une influence sur la construction de leur identité professionnelle et personnelle.