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Perception de la superviseure de l’apprenante comme future professionnelle

Chapitre 5 : Description des résultats

5.6 Perception des superviseures du cheminement professionnel et personnel des apprenantes

5.6.1. Indicateurs permettant de percevoir l’évolution de l’identité professionnelle et personnelle

5.6.1.2. Perception de la superviseure de l’apprenante comme future professionnelle

Lors des entrevues avec les superviseures, la question suivante était posée : Comment l’apprenante se décrit-elle comme future professionnelle ?  Cette question permettait de savoir si l’image professionnelle que l’apprenante projetait correspondait à la perception qu’avait la superviseure. Au temps I, ce thème n’avait pas été abordé comme tel, lors des rencontres de supervision. Les discours des superviseures reflètent davantage des échanges sur la conscientisation des apprenantes par rapport à la profession que leur perception d’elles-mêmes comme futures professionnelles. Deux d’entre elles témoignent qu’à la suite des conversations, lors des supervisions, les apprenantes étaient déjà

95 « Elle n’a pas nécessairement parlé. Elle me disait qu’elle se voyait dans un milieu

scolaire. Elle aime bien ça jusqu’à date, mais elle n’a pas nécessairement dit où elle se voyait. Je sais qu’elle est moins du style centre jeunesse où, c’est ça plus loin, même si elle est une fille de procédure. Elle est plus une fille qui prend cela comme ça vient puis qui va s’arranger. Je crois qu’un milieu trop rigide ne ferait pas. » (S2, TI)

Selon trois superviseures, les apprenantes manifestent une belle écoute et de l’empathie, et sont impliquées et proactives dans leurs milieux de stage :

« Je la regarde aller avec les jeunes, elle est à l’aise, puis elle aime ça, elle s’implique. Elle a le goût d’être avec eux autres, elle fait des activités. Même au niveau collectif, elle a des idées. Elle est une fille proactive, qui a plusieurs qualités du travail social. » (S3, TI)

Toutefois, aux dires d’une des superviseures, son apprenante doit apprendre à mettre ses limites, car elle a tendance à en prendre trop. Elle ajoute que l’apprenante en est consciente, et qu’elle prend les moyens pour s’ajuster :

« Mais, c’est une fille qui a beaucoup de leadership, qui a du dynamisme, qui n’a pas peur d’avancer, une fille qui en prend trop, qui a de la misère à mettre ses limites. Elle est en train de se placer et de voir là-dedans comment elle va agir autrement. Elle se rend compte que quand elle déborde, cela n’a plus de bon sens. Elle se structure dans son travail, elle se donne des moyens pour être capable de se reposer, de bien manger, de faire des choix qui ont du bon sens, presque toujours. » (S1, TI)

Concernant le temps II, toutes les superviseures sont d’avis que la perception des apprenantes comme futures professionnelles s’est précisée et se définit plus facilement qu’au temps I. À ce sujet, elles indiquent que cela amène les apprenantes à s’interroger sur leur trajectoire de carrière et provoque une certaine insécurité, particulièrement quant à leur avenir comme professionnelles, où elles se situent et où elles se voient :

« Oui, elle a des craintes, même si elle atteint les objectifs. Elle est stressée avec ça. Elle se demande est-ce que je vais travailler, où est-ce que je vais travailler, jusqu’où, au Saguenay. Est-ce que je vais donner mon CV dans plusieurs CIUSS ? C’est plus de l’anxiété. » (S3, TII)

La comparaison entre les discours des superviseures et des apprenantes (duos) permet d’établir qu’un lien de confiance s’est créé entre les apprenantes et les superviseures, ce qui facilite les échanges, les rétroactions et l’accompagnement dans la construction de leur identité tant professionnelle que

personnelle. Les tableaux suivants se veulent une synthèse des éléments et des indicateurs d’influence considérés les plus importants dans la construction de l’identité professionnelle et personnelle de l’apprenante, selon les duos rencontrés lors des deux stages. Il rapporte également les similarités et les différences dans les forces acquises, et les défis rencontrés par les apprenantes et les superviseures (voir tableaux 6 et 7).

Tableau 6

La perception des duos de l’apprenante comme future professionnelle : élément d’influence dans la construction de

l’identité professionnelle et personnelle de l’apprenante

Acquis des apprenantes Défis des apprenantes

Plus grande confiance S’en mettre trop sur les épaules. en ses compétences.

professionnelles, telles que Difficulté, au temps I, à se projeter l’analyse et la capacité de respect. comme future professionnelle.

Agent de changement. Souci de confidentialité.

Précision de leurs identités professionnelles, au temps II.

Différence selon les apprenantes Différence selon les superviseures Difficulté à respecter la Cheminement des apprenantes quant à la confidentialité dans certains capacité d’introspection et de réflexion

milieux de stage. (acquis).

Difficulté à prendre conscience de leurs attitudes et des valeurs touchées lors de l’intervention.

En somme, le tableau 6 présente un résumé des acquis ainsi que des défis recensés par les duos, au sujet de la perception de l’apprenante comme future travailleuse sociale ainsi que l’influence de celle-ci dans la construction de son identité personnelle et professionnelle. Quant au tableau suivant, il expose les mêmes éléments, mais concernant la perception de l’apprenante de la relation d’aide et son

97 Tableau 7

La perception des duos de la relation d’aide et de la profession : élément d’influence dans la construction de l’identité

professionnelle et personnelle de l’apprenante

Acquis des apprenantes Défis des apprenantes

Clarification la définition de la Aucun défi n’a été nommé par les duos. profession et de la relation

d’aide.

Confirmation de leur choix d’exercer la profession de travailleuse sociale.

Cheminement dans la capacité d’établir des liens entre la théorie et la pratique dans leur analyse écrite.

Meilleure compréhension de la relation d’aide.

Différence selon les apprenantes Différence selon les superviseures

Déception quant au temps de rédaction, Difficulté, pour les apprenantes, à exprimer

moins de temps avec la clientèle. verbalement les liens entre la théorie et la pratique. Manque de reconnaissance de la Beau cheminement entre les deux temps

profession. de stage.

Pour conclure, comme souligné par les apprenantes et les superviseures, la perception de l’apprenante comme future professionnelle ainsi que la perception de la relation d’aide et de la profession sont deux des facteurs ayant une influence dans la construction de leur identité professionnelle et personnelle, tout au long du baccalauréat, et plus particulièrement pendant les deux stages. Concernant ces deux perceptions, certains aspects ont été nommés comme étant les plus significatifs par les duos rencontrés, d’abord parce que leur perception d’elles-mêmes comme futures professionnelles leur a permis d’acquérir une confiance en leurs aptitudes professionnelles. Leur sens de l’empathie, leur capacité d’analyse et d’écoute ainsi que le respect de la confidentialité se retrouvent

parmi les caractéristiques les plus nommées, tant du côté des apprenantes que de celui des superviseures. De plus, la justice sociale, la défense des droits et le respect de la confidentialité sont les trois valeurs du travail social qui sont les plus fondamentales et significatives pour les apprenantes. Au sujet de leur perception d’elles-mêmes comme futures professionnelles, toutes les apprenantes se décrivent comme des agentes de changement, de soutien et d’accompagnement ayant une habileté à créer des liens avec la clientèle rencontrée.

De plus, la perception de la relation d’aide et de la profession a permis de confirmer, chez toutes les apprenantes, leur choix d’exercer la profession, et pour certaines (n=2), de cibler les milieux d’emplois où elles seraient les plus à l’aise. Les apprenantes indiquent également que le stage leur permet d’expérimenter un élément concret de la profession, dont elles estiment avoir une vision plus objective. De plus, selon les duos rencontrés (n=5), comme les apprenantes sont mieux capables de transposer la théorie dans l’action, elles ont pu acquérir cette compétence, et bien comprendre la situation d’intervention pour l’utiliser lors des interventions. Toutefois, à ce sujet, l’ensemble des superviseures témoigne qu’il demeure plus facile pour les apprenantes d’exprimer cette analyse de façon écrite que dans l’action. De plus, les apprenantes évoquent avoir certaines déceptions par rapport à la profession. Elles ont réalisé que celle-ci est souvent peu reconnue par les autres professionnels, qu’elle se révèle complexe à définir, que le temps de rédaction apparaît trop long comparativement au temps passé avec la clientèle et qu’il y a beaucoup de choses à apprendre pour être apte à exercer cette profession.

En somme, à la lumière des données recueillies, la construction de l’identité professionnelle et personnelle des apprenantes est influencée par leur perception d’elles-mêmes comme futures travailleuses sociales, de la relation d’aide ainsi que de la profession. À cet égard, les rencontres de supervision permettent aux apprenantes de faire un retour sur leurs actions, de dresser un portrait des compétences acquises, d’acquérir de la confiance et de l’assurance dans leurs aptitudes professionnelles, et de mieux comprendre la profession. De plus, les échanges lors des rencontres de supervision permettent aux superviseures de constater le cheminement quant à l’image professionnelle que les apprenantes ont d’elles-mêmes. D’ailleurs, elles mentionnent également que l’image professionnelle semble se construire et se confirmer tout au long des deux stages. Enfin, le portrait dressé par l’apprenante de son cheminement et de ses apprentissages est similaire à la vision que la