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Chez le sujet sain :

Dans le document IMPACT DU RAMADAN SUR LA MALADIE DE CROHN (Page 92-97)

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C. Impact digestif du jeûne de ramadan :

1. Chez le sujet sain :

 Sécrétion de l’acide gastrique :

Les travaux concernant les modifications sécrétoires gastriques durant le mois de Ramadan sont relativement rares. En 1994, Hakkou et al. [79] avaient étudié les variations de la sécrétion de l’acide basale et après une stimulation maximale par la pentagastrine, chez 13 volontaires sains avant, pendant et après le Ramadan. Cette étude a montré une augmentation significative de la sécrétion d’acide et de pepsine (+159 %, p = 0,002) sans modification de la gastrinémie pendant le Ramadan. Cette sécrétion basale revenait à la normale après le mois de Ramadan. Mais cette étude ne prenait en compte qu’une valeur ponctuelle de la sécrétion acide. La pH-métrie gastrique des 24 heures constitue une approche plus fidèle et plus physiologique. Elle a été pratiquée par Iraki et al.[80] chez 9 volontaires sains avant (j–7), pendant (j10 et j24) et après le Ramadan (j + 30).Cette étude a montré une augmentation de l’activité H+ de 45 % au 10éme jour par rapport à celle enregistrée avant le Ramadan. Cette augmentation portait essentiellement sur la phase diurne (+122 %) et restait stable au cours du mois. Le retour à l’activité basale se faisait lentement et l’activité H+ restait supérieure de 23 % par rapport aux valeurs précédant le début du jeûne, jusqu’à un mois après la fin du Ramadan. Dans cette étude, il existait des fluctuations du pH intragastrique et la fin de l’après midi apparaissait comme la tranche horaire la plus acide du nycthémère. D’autre part, cette augmentation nécessitait une dizaine de jours de jeûne pour être évidente. De plus, la gastrinémie intégrée

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n’était pas modifiée par le jeûne et elle augmentait surtout en phase nocturne c’est-à-dire en réponse à la prise alimentaire ; ce qui suppose que l’hyperacidité n’était pas en rapport avec une hypergastrinémie, mais probablement avec une augmentation de la sensibilité des cellules pariétales au stimuli physiologiques[1]. Toutefois, le mécanisme de cette hypersensibilité n’est pas clair d’autant plus que le rôle de H. pylori dans ces études n’a pas été pris en compte. Certains auteurs ont tenté de prédire le taux de gastrine sérique du sujet jeûneur afin de préconiser des mesures médicamenteuses et diététiques pour éviter une forte acidité gastrique pendant le jeûne.

 Manifestations digestives :

Les conséquences digestives du jeûne de Ramadan ont fait l’objet d’une étude épidémiologique descriptive portant sur 1923 sujets sains, qui a montré qu’environ 10% des personnes interrogées avaient des troubles dyspeptiques[86]. Husseiny et al.[19], ont cherché à évaluer indirectement cet impact par une étude rétrospective de cohorte comparant le nombre de malades consultant aux urgences de chirurgie durant le mois de Ramadan par rapport au mois précédent et au mois suivant, pendant cinq années successives (2000 à 2004). Le nombre de consultations parmi les sujets musulmans était significativement plus bas au cours du mois de Ramadan et celui d’après par rapport au mois précédent le Ramadan : 10 396, 9902 et 10 968 respectivement, p = 0,015. Les auteurs suggèrent que le jeûne de Ramadan pourrait avoir un effet bénéfique sur la santé de l’individu. Cependant, cette étude ne tient compte que du nombre de consultants tout motif confondu sachant que pendant le mois de Ramadan, plusieurs activités et consultations sont différées par les musulmans pour s’occuper des exigences quotidiennes du mois sacré.

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2. Sur le sujet ulcéreux :

 Recrudescence de la maladie :

Lors d’une étude publié par Iraki et al.[87], l’enregistrement du pH intragastrique et la gastrinémie ont été étudiés chez 6 patients atteints d’UD cicatrisés (depuis au moins 3 mois) et observant le jeûne de Ramadan. L’analyse est faite à j17 et à 6 semaines après la fin du Ramadan. Les mêmes données que celles des sujets sains [80] ont été révélées par l’étude, avec néanmoins une période passée sous pH acide plus prolongée durant la journée (8 h 00 à16 h 00) ce qui constituait d’après les auteurs, une augmentation du risque de rechute de la maladie. En comparaison avec les sujets sains, les malades atteints d’ulcère avaient eu de manière inattendue des valeurs de gastrinémie plus élevées durant la période du jeûne. Selon les auteurs, ces conditions seraient favorables à une recrudescence de la maladie. . Aux Emirats Arabes Unis, Bener et al.[88], dans une étude rétrospective descriptive ont cherché le nombre de malades consultant pour une maladie ulcéreuse gastroduodénale (MUGD) ou ses complications, notamment la perforation, sur 10 ans (1992 à 2002) et ce pendant le mois de Ramadan de chaque année et le mois suivant. Le nombre de patients traités pour MUGD était plus important pendant le mois suivant le Ramadan (n = 255) que pendant le Ramadan (n = 215) sans que la différence ne soit significative. Les auteurs ont conclu que le jeûne de Ramadan n’augmentait pas le risque de survenue ou de récidive de la MUGD. Cette conclusion nous paraît inadaptée puisque la fréquence n’a pas été comparée aux autres mois de l’année en particulier avant le jeûne et au mois suivant alors qu’il a été démontré que l’hypersécrétion persistait et mettait du temps pour revenir aux valeurs d’avant le mois de Ramadan [80].

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 Hémorragie digestive :

L’augmentation de la prévalence des complications ulcéreuse hémorragiques et surtout perforatives a été rapportée de longue date et de plus en plus de publications sont publiées à ce sujet. Dans une étude rétrospective turque revoyant tous les dossiers de patients hospitalisés pour MUGD entre 1987 et 1992 , la fréquence des complications était statistiquement plus élevée pendant le mois de Ramadan que dans le mois d’avant ou d’après [89] . Ozcan et al.[90], ont mené une étude prospective comparant les caractéristiques épidémiologiques des patients consultant pour une hémorragie digestive haute durant le mois de Ramadan de l’année 2007, à ceux consultant lors d’un mois « non Ramadan » de la même année. Le nombre de patients était significativement plus élevé au cours du mois de Ramadan qu’au cours du « non Ramadan » (43 VS 28 , P<0.05). Parmi les lésions trouvées à l’endoscopie, l’ulcère gastrique et la gastrite érosive étaient significativement plus élevés au cours du Ramadan qu’au cours du « non Ramadan » : 30,2 % et 11,6 % vs 21,4 % et 3,6 %respectivement. En revanche, l’UD était moins fréquent au cours du Ramadan (11,6 % vs 25 %, p < 0,005) et les auteurs expliquent ce résultat par le faible effectif des patients. Il est à noter par ailleurs, que la consommation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et d’aspirine était plus élevée dans le groupe non Ramadan (57,1 %) que dans le groupe Ramadan (48,8 %) sans que la différence soit significative. Une autre étude de cohorte historique iranienne étalée sur 3ans (2002 à 2004),a inclus tous les patients admis pour hémorragie digestive haute survenue du 10éme jour du mois de Ramadan jusqu’à un mois après le Ramadan de chaque année [91]. Les malades étaient répartis en 2 groupes :les sujets jeûneurs (n = 108) et les non jeûneurs (n=128).Parmi toutes

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les lésions en cause pour l’hémorragie, seul l’UD était trouvé de façon significativement plus fréquente chez les jeûneurs (38 % vs 19,5 %, p = 0,002). De même, les troubles dyspeptiques précédant l’hémorragie étaient plus fréquents dans le groupe des sujets jeûneurs (38 % vs 18,9 %, p = 0,001). Ceux-ci doivent donc, d’après les auteurs, être considérés comme des signes d’alarme pour les sujets qui veulent observer le jeûne de Ramadan.

 Perforation ulcéreuse :

Kucuk et al. [92], ont mené une étude rétrospective analysant et comparant les fréquences des perforations d’UD survenues sur 5 ans (1998 à 2003) au cours du mois de Ramadan (groupe 1) et au cours des autres mois des années (groupe 2,55 mois). Le nombre de perforations par mois était significativement plus élevé au cours du Ramadan (10 vs 3,8, p = 0,018). Comme pour la complication hémorragique, les troubles dyspeptiques étaient le seul facteur prédictif de la perforation. Les auteurs n’avaient pas noté de différence entre les 2 groupes quant à la consommation d’AINS ( 24 % vs 32 %) et à l’infection par H. pylori (90 %vs 85,2 %), p > 0,005.Par ailleurs, Torab et al. [93] ont analysé de façon rétrospective les facteurs de risque de survenue d’une perforation d’UD chez 116 patients opérés entre janvier 2000 et mars 2004. Outre, le tabagisme, l’antécédent de MUGD et la consommation d’AINS, le jeûne diurne de Ramadan était fortement corrélé à la survenue d’une perforation (22 vs 10, p = 0,002).Par ailleurs, les auteurs soulignent une augmentation de la fréquence des perforations pendant l’hiver ( de novembre à février, période connue pour la recrudescence des poussées de la MUGD et parallèlement le nombre le plus important des perforations survenait pendant le mois de Ramadan qui coïncidait

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avec l’hiver. Il est aussi important de noter que l’éradication systématique de l’H. pylori ne semble pas modifier la fréquence des perforations des UD.

D. Impact de la nutrition sur l’inflammation intestinale et la

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