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Les bienfaits du jeûne sur la digestion :

Dans le document IMPACT DU RAMADAN SUR LA MALADIE DE CROHN (Page 85-91)

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B. Les bienfaits du jeûne sur la digestion :

Les musulmans ne sont pas les seuls à se préoccuper de leur jeûne. Car pour différentes raisons, spirituelles, diététiques, militantes, voire thérapeutiques, cette pratique ancestrale connaît un retour en vogue.

En Allemagne, en Russie et en Espagne, des cliniques proposent différents types de jeûnes thérapeutiques médicalisés : le jeûne type Buchinger ou le jeûne hydrique. Dans les structures officielles proposant des jeûnes, on propose le plus couramment le jeûne préventif non médicalisé de type Buchinger.

Otto Buchinger (1878-1966) est un médecin de la marine allemande du XXe siècle. Il fonde en 1953 sa première clinique dédiée au jeûne : un jeûne modifié à base de bouillon de légumes, de jus de fruits et de légumes pressés, avec un peu de miel et une abondance de tisanes et d’eau (1,5 à 2 L/jour minimum), soit un apport calorique de 250 kcal/jour, qui permet d’éviter les carences en vitamines et minéraux et de limiter la perte protéique (l’apport de glucides permettant de préserver les protéines) [78].

De nos jours le jeûne type Buchinger a pour caractéristique de s’inscrire dans une démarche de médecine intégrative, c’est à dire d’allier médecine conventionnelle et traditionnelle, dans le but de prendre en charge le patient dans sa globalité, et d’équilibrer son mode de vie, en tenant compte de son corps et de son esprit. C’est pour cette raison que sont proposés, en association au jeûne, des exercices physiques, de la physiothérapie, de la relaxation, une éducation nutritionnelle, une psychothérapie. La durée d’un jeûne Buchinger est en moyenne de 8 à 10 jours. Le jeûne est précédé d’une phase préparatoire d’une semaine (diminution progressive de l’apport calorique) et est suivi d’une phase de réalimentation de 4 jours (régime ovolactovégétarien) Dans les cliniques

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proposant un suivi médical (en Allemagne, en Russie, aux Etats‐ Unis...), on effectue certains examens médicaux avant, pendant et après le jeûne Un prélèvement sanguin à l’arrivé pour détecter d’éventuelles anomalies des valeurs biologique (glycémie, cholestérol…) ainsi que l’analyse médicale de suivi par un médecin formé à la pratique du jeûne :

- Un électrocardiogramme

- La mesure quotidienne du taux d’acidité dans les urines, - La mesure quotidienne de la tension artérielle

- Un lavement intestinal quotidien [78]

Docteur Françoise Wilhelmi de Toledo, directrice de la clinique Buchinger à Uberlingen et spécialiste du jeûne et auteure de L’Art de jeûner affirme que la démarche doit être réfléchie et surtout accompagnée médicalement. Le jeûne doit être planifié, pratiqué à l'abri du stress, rythmé par des pauses, des activités physiques, des lectures », pratiqué sérieusement, il procure des bienfaits que l'organisme ressent rapidement. Le système digestif est mis en repos : «Le foie et les parois intestinales se régénèrent, le pancréas et l’estomac sont mis au repos et la flore intestinale se rééquilibre », en favorisant l'élimination de toutes les toxines de l'organisme, le jeûne se transforme ainsi en véritable moyen de détoxification.

Cette réparation digestive s’impose à nous lorsque nous souffrons de troubles digestifs quotidiens et invalidants. Il s’agit le plus souvent de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), de maladies auto-immunes responsables d’une hyperperméabilité ou porosité intestinale, ou bien de dysfonctionnements du foie ou du pancréas. Cette restauration de l’efficacité

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digestive demande une approche individuelle et personnalisée. C’est toute une stratégie qui doit être mise en place qui ne se limite pas à rectifier l’alimentation, calmer les ballonnements ou améliorer le transit. Le jeûne holistique à visée thérapeutique prend alors une place royale dans ce programme de remise en santé et en énergie du système digestif.

1. Les bienfaits du jeûne sur la digestion au niveau de l’estomac Le jeûne permet de rétablir un fonctionnement normal de l’estomac. Sa mise au repos améliore grandement la réparation et la régénération des cellules de l’estomac. En effet, à chaque fois que l’on mange, l’estomac sécrète une grande quantité d’acide chlorhydrique. Le pH du suc gastrique est très acide, environ 1,5 à 2 ce qui gêne fortement la cicatrisation de la muqueuse stomachale.

Lorsque la muqueuse de l’estomac est affaiblie, à chaque repas elle est corrodée par ses propres sécrétions. Dans les premières 24 à 48 heures, jeûner peut aggraver les crampes, douleurs ou brûlures qui ne sont plus calmées par les apports d’aliments. Mais, dans un deuxième temps, les sécrétions de suc gastrique s’arrêtant, les symptômes s’atténuent puis disparaissent témoignant d’une cicatrisation de la muqueuse.

Paradoxalement à cette hypothèse ; il y’a l’étude de Hakkou et al.[79] qu’on va détailler par la suite et qui avait montré une augmentation de la sécrétion d’acide et de pepsine pendant le ramadan avec un retour à la normale après le mois de ramadan ainsi que celle de Iraki et al.[80] qui avait objectivé une augmentation de l’activité de H+ de 45% au 10éme jour par rapport à celle enregistré avant le ramadan. D’autres études complémentaires sont nécessaires pour apporter plus de lumière à cet égard.

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2. Les bienfaits du jeûne sur la digestion au niveau des intestins

L’intérêt des purges et lavements au cours du jeûne

La digestion du dernier repas précédant le jeûne est d’autant plus rapide que les derniers repas sont à base de légumes et de fruits uniquement, mixés ou en jus à l’extracteur. La mise au repos des intestins peut prendre 3 à 4 jours ce qui peut parfois inciter à accélérer la vidange par des lavements ou des purges.

Notre organisme, pour faire retour à l’équilibre, a besoin de douceur et de pouvoir fonctionner à son propre rythme. Donc la meilleure solution est de laisser les intestins se vider naturellement en prenant simplement la précaution de boire fréquemment de l’eau pure et de ne consommer dans les deux derniers jours avant le jeûne que des produits, essentiellement légumes verts ou fruits, favorisant transit et vidange de l’intestin.

L’activité de l’intestin cesse plus ou moins rapidement pendant le jeûne. Rien n’est prévisible : il peut y avoir deux ou trois selles dans un jeûne d’une semaine comme il peut ne pas y en avoir pendant un jeûne plus long. A rappeler que :

- Toute intervention extérieure, surtout si elle est brutale et agressive est néfaste au principe d’homéostasie. En l’occurrence, qu’il s’agisse d’un lavement ou d’une purge, elle va agresser les cellules de la muqueuse intestinale qui vont subir un stress supplémentaire.

- L’hyperperméabilité ou porosité intestinale est très fréquente, environ une personne sur deux. En effet, il s’agit d’une « maladie de civilisation », liée à l’alimentation industrielle transformée, les pesticides, perturbateurs hormonaux, conservateurs, colorants, exhausteurs de goût et aux facteurs de stress répétitifs.

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Les intolérances alimentaires, cause principale de la porosité intestinale sont très fréquentes :

 le lait de vache est mal toléré dans 40% des cas  les céréales modernes, blé en tête dans 50%  le fructose industriel dans 30% de la population.

La muqueuse de l’intestin est déjà fragile et affaiblie par ces aliments et stress quotidiens. Provoquer des expulsions forcées sur cette muqueuse va susciter des réactions de défense qui ne vont que s’ajouter aux différents facteurs de stress déjà présents. Shelton insistait sur le fait que les jeûneurs, auxquels on ne donnait pas de lavement, guérissaient plus vite et plus profondément que ceux à qui on en donnait.

La pratique du jeûne contribue largement à la récupération de la muqueuse intestinale dans l’intestin irritable.

En 2006, une équipe, en milieu hospitalier, a réalisé une étude publiée dans International Journal of Behavioral Medicine « Effects of fasting therapy on irritable bowel syndrome ». Cette étude a testé l’efficacité du jeûne par rapport à un traitement alliant prise de médicaments et psychothérapie, chez 58 patients qui ne répondaient au traitement pharmacologique classique du syndrome de l’intestin irritable. Deux groupes ont été étudiés :

 Groupe témoin recevant douze semaines de traitement médicamenteux et psychothérapie.

 Groupe expérimental recevant le même traitement avec un jeûne de dix jours consécutifs au sein des douze semaines.

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Le groupe ayant jeûné a obtenu une diminution de sept sur les dix symptômes évalués par l’étude alors que le groupe témoin n’a obtenu de résultats que sur trois symptômes [81].

3. Les bienfaits du jeûne sur le pancréas

Le pancréas a deux fonctions importantes en rapport avec la digestion, une fonction exocrine avec sécrétion de nombreux enzymes digestifs et une fonction endocrine qui permet grâce à deux hormones l’insuline et le glucagon de réguler en permanence le taux de sucre circulant dans le sang. Plus l’alimentation est volumineuse, déséquilibrée et anarchique sur les horaires et plus le travail du pancréas est important.

Ne pas respecter d’habitudes et d’horaires rend le travail du pancréas plus délicat, consommer beaucoup de sucres ou de glucides à index glycémique élevé nécessite une sécrétion accrue d’insuline, créant le lit de l’inflammation et de la résistance tissulaire à l’insuline qui mène inéluctablement au diabète.

Autrement dit, le pancréas bénéficie grandement du jeûne, quel qu’en soit la longueur et le type. Des jeûnes de trois jours ou plus sont très intéressants pour arrêter le cercle vicieux du grignotage : la consommation de glucides à index glycémique élevé mène à une hypoglycémie réactionnelle qui induit une nouvelle consommation de produit sucré et ainsi de suite.

Une étude clinique a été réalisée en 1984 sur 88 patients souffrant de pancréatite aiguë pour comparer l’efficacité du jeûne par rapport à l’utilisation de médicaments allopathiques et de l’aspiration des sécrétions acides de l’estomac par sonde nasale. Trois groupes ont été testés jusqu’à obtention de

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l’arrêt des douleurs : jeûne complet seul, association jeûne et médicaments, aspiration nasogastrique. Il a été mis en évidence que le jeûne seul était le plus efficace et le plus rapide pour calmer les douleurs. De plus, c’était, parmi les trois propositions, la méthode la plus simple, la plus économique et celle qui était plus dénuée d’effets indésirables [82].

Ces résultats mettent bien en évidence les bienfaits du jeûne sur le pancréas qui non seulement est totalement au repos mais qui a une meilleure capacité d’autorégénération du fait de l’énergie mise à disposition par l’arrêt complet des fonctions digestives.

Dans le document IMPACT DU RAMADAN SUR LA MALADIE DE CROHN (Page 85-91)

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