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A la suite de ces expériences, les anguillettes passent progressivement d’une nourriture vivante à une nourriture inerte (œufs de merlu congelés, recommandé par Rodriguez et al. 2005), puis à une nourriture pressée (granulés) spécialement mise au point pour les anguilles (DAN-EX AAL, Biomar). Pendant l’élevage, les individus sont nourris à hauteur de 2.3% de leur poids frais, avec des granulés de taille croissante (1.2 mm, puis 1.5 mm, et enfin 2 mm). La composition de la nourriture varie entre :

48-50% de protéines, 26-28% de lipides, 11-13% de carbohydrates, 0.3-0.6% de fibres, 6.6-7.1% de cendres et 1.2-1.3% de phosphore. L’énergie brute de la nourriture était de 23.7-24.1

Le comportement animal et la Personnalité

L’étude du comportement animal a considérablement évolué ces dernières décennies. En effet, la plupart des études réalisées au début du XX ème siècle se focalisaient sur la moyenne observée au sein d’une population. Les variations autour de cette moyenne étaient alors considérées comme des artéfacts. Cette tendance générale fut décriée notamment par Bennett (1987) : la Tyrannie de la moyenne d’or. Dès lors, de nombreuses études se sont concentrées sur les variations comportementales observées au sein d’une population ou d’un groupe d’individus dans le but de s’adapter aux variations environnementales. Mais la vision selon laquelle certains traits de caractère (propres à chaque individu) seraient peut-être fixés dans le temps, a depuis fait son chemin. Cette évolution est surtout liée à la quantité d’études récentes reportant une très faible plasticité comportementale chez certains individus (revue de Schuett

et al. 2010) reflétant une possible « Personnalité ».

La notion de « Personnalité » n’a été mise en avant que très récemment chez des vertébrés inférieurs tels que les poissons. On lui préféra longtemps les termes traits de caractère, tempérament ou syndrome comportemental pour ne pas faire d’anthropomorphisme. La personnalité fut en effet associée à l’homme ou autres primates durant de nombreuses années pour décrire des traits de caractères complexes. De plus la personnalisé n’est, à l’heure actuelle, pas décrite de la même manière chez l’homme et chez les autres animaux puisqu’elle est généralement décomposée selon 5 axes pour l’homme : ouverture, conscience, extraversion, amabilité et névrosisme (FFM, John et Srivastava 1999, McCrae et Costa, 1999). Néanmoins, un des principaux freins à l’expansion de ce domaine porte sur l’observation des comportements et l’attribution de certains traits de caractères qui peuvent s’avérer très subjectifs en fonction de l’observateur : « ratings take form from the judges » Secord et Backman (1974). D’où la nécessité de mettre en place des protocoles clairs et concis de façon à ce qu’ils puissent êtres reproductibles.

Concernant les vertébrés inférieurs, 3 termes sont actuellement employés de façons analogues, bien qu’ils réfèrent à des situations particulières : Syndrome comportemental, « coping style » et personnalité. Tous trois sont décrits comme des différences comportementales entre individus consistantes dans le temps et/ou dans différents contextes (Bergmüller et Taborsky, 2010).

Le syndrome comportemental consiste à placer les individus d’une espèce ou d’une population au sein d’un continuum comportemental (e.g. timide vs téméraire, producteur vs chapardeur, agressif vs non agressif …). A la différence des deux autres termes (coping style et personnalité), il décrit des différences comportementales entre individus consistantes dans le temps ou dans différents contextes (Stamps et Groothuis, 2010) ; bien que selon Dingemanse et al. (2009) le temps puisse également être traité comme contexte, permettant d’évaluer le comportement d’un individu au cours de son ontogénèse. Certains de ces comportements pouvent être auto-corrélés chez les individus et ne seraient que très peu plastiques en fonction des situations.

Coping slyle fait référence aux traits de caractère qui permettent de s’adapter à une

nouvelle situation. Ainsi les animaux sont placés dans 2 catégories différentes : proactif et réactif dans le sens où leur réponse (comportementale et/ou physiologique) au stress diffère en fonction de leur appartenance à tel ou tel groupe. Les individus proactifs sont à la fois agressifs et téméraires. Au contraire les individus réactifs sont moins spontanés et plus précautionneux dans leurs comportements, s’adaptant progressivement à leurs environnements. Les individus diffèrent également du point de vue physiologique. Le système sympathique-surrénale est préférentiellement activé chez les individus proactifs. A contrario, le système hypophyso-corticosurrénalien est préférentiellement activé chez les individus réactifs (Von Holst, 1985 ; Bohus et al. 1987). De façon générale, les individus proactifs auront une meilleure fitness lorsque la compétition est intense et que le milieu est stable, alors que les individus réactifs auront une meilleure fitness lorsque la compétition est faible et que le milieu varie.

La personnalité regroupe l’ensemble des traits de caractère attribuables à un individu (Dingemanse et al. 2009). Cette « personnalité » doit par conséquent rester stable ou évoluer de façon linéaire au cours du temps et en fonction des situations. Par définition, la personnalité n’étant pas plastique, elle peut permettre d’expliquer des comportements non-optimums.

L’origine de ces « personnalités » peut être liée à des déplacements graduels, autour d’un comportement médian et commun à une population, dû aux interactions avec des conspécifiques pour le partage d’une niche écologique par exemple (Bergmüller et Taborsky,

2010). Différents rôles sociaux sont alors adoptés par les individus. Néanmoins, certains comportements semblent montrer une faible plasticité et ne seraient pas liés à de l’apprentissage notamment chez les espèces sociales telles que les fourmis, car inscrits dans le patrimoine génétique de certains individus.

Une des premières expériences mise au point sur le sujet fut menée par le Dr Dmitry K. Belyaev (Généticien Russe) à partir de 1959. Il entreprit de tester si certains caractères propres à la domestication des renards pouvaient être transmissibles. A partir d’une population initiale de 30 mâles et 100 femelles et d’expériences sur le comportement des jeunes obtenus à partir de croisements, le Dr Belyaev constata qu’après 10 générations, 18% des jeunes renards avaient des traits de caractères d’individus domesticables (i.e. peu agressifs envers l’homme). Après 20 générations, 35 % des jeunes obtenus avaient ces traits de caractères. Après le décès du Dr Belyaev, les expériences se sont poursuivies, et en 2000 (après 30 à 35 générations), 80% des jeunes possédaient des traits comportementaux d’individus domesticables (voir Trut, 1999). De façon très intéressante les changements comportementaux se sont accompagnés de changements morphologiques, notamment une progressive perte de la pigmentation et une diminution du taux de corticostéroïdes produits. Il s’agit sûrement de la plus longue expérience menée sur l’héritabilité de traits comportementaux (si l’on omet la sélection qui a accompagné pendant plusieurs millénaires la domestication de nos animaux d’élevage). Cette expérience se poursuit encore à l’heure actuelle.

Plus récemment, la transmission héréditaire de certains traits comportementaux a été mise en évidence chez les mésanges sélectionnées sur 4 générations en fonction du comportement des premiers géniteurs. Cette sélection a permis d’obtenir deux catégories d’oiseaux : rapides, téméraires et proactifs versus lents, timides et réactifs (Drent et al. 2003). De fait, il conviendrait de bien différencier « personnalité » acquise par l’expérience lors d’une génération et « traits de caractères » mis en place au cours de l’évolution (composante héréditaire).

Une des premières expériences menée sur le syndrome comportemental (même s’il n’en portait alors pas le nom) chez les poissons fut mise au point par Felicity Huntingford (1976a). L’auteur mit en évidence des différences comportementales inter-individuelles d’agression et de témérité cohérentes dans le temps chez l’épinoche Gasterosteus aculeatus. De plus, lorsqu’un intrus était placé dans l’aquarium (dans une cage en verre à 5 ou 30 cm du nid) pendant le cycle de reproduction de l’épinoche mâle (qui construit un nid), la réponse de ce

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