Observation YII (Due à M. le DrFréche.)
Acnéhypertrophique dunez.
M. X.., soixante ans, a toujours eu la peau de la face grasse, huileuse et grossière avec dilatation très marquée des orifices glandulaires. Vers l'âge de seizeans environ, boutons d'acné sur le front, lenez, le menton, les épaules et le dos où il existe
encore actuellement de nombreuses cicatrices étoilées,blanches et quelques lésions d'acné enévolution. La forte poussée d'acné
Figure 5.
Observation Vil. — Malade avant,l'opération.
du visage et du tronc s'est atténuée vers l'âge de trente ans
environ.
C'est vers l'âge de quarante ans que le nez a commencé a augmenter de volume dans toutes ses parties àpeu près
unifor-mément. Il existait aussi une rougeur diffuse mais modérée, quelques dilatations vasculaires arborescentes ainsi que quel¬
ques boutons d'acné detrès petit volume.
Quelques
annéesplus
tardl'hypertrophie semble se localiseraux ailes et surtout au lobule qui prend ladéformation caractéristique.
A cinquante ans le malade subit une intervention chirurgicale qui consiste en l'ablation d'un lambeau ovalaire (côte de
melon)
de 1 centimètre de large sur.3centimètres de long. Après l'abla¬
tion de ce lambeau on pratique la suture des deux lèvres de la plaie. La guérison de laplaie est obtenue au bout de 13 jours
Cette intervention donne lieu à une diminution immédiate du volume du nez mais la maladie continuant son évolution au
Figure 6.
ObservationVII. — Maladetrois mois aprèsl'opération.
niveaudes portions cutanées nontouchées, la
déformation
repa¬raîtcomme auparavant.
Actuellement (1erjuillet 1900) le malade présente sur
le
nezunetumeur lobulée du volume d'un abricot. Les lobules sontau
thèsele goaon. 3
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nombre detrois, deux àgauche plus petits, de la grosseurd'une noisette, un seul à droite leplus volumineux. Ces lobules sont séparés entre eux par des sillons de 3 à 5 millimètres. Les ailesdu nez sont lisses, triplées de volume environ. Cha¬
cun de ces lobules forme des tumeurs fermes au toucher, indolores, arrondies à leur surface avec une tendance à la pédiculisation. Lapeau qui les recouvre a à peu près la colo¬
ration normale mais les orifices glandulaires sont très dilatés
et la pression fait sourdre à leur niveau des filaments
vermi-formes dematière sébacée un peu odorante. Les ailes du nez sont hypertrophiées en masse, un peu hémisphériques, leur base, large sans pédiculisation. Les orifices glandulaires y sont
aussi très dilatés; on voità la surface de lapeaude fines arbori¬
sations vasculaires. Les tumeurs du lobule remontent jusque
vers le milieu du dos du nez; audessus d'elles lapeau est forte¬
ment épaissie bourrée de glandes dilatées mais il n'ypas forma¬
tion de tumeurs. Les narines sontaplaties dans le sens antéro-postérieur mais elles sont très larges et admettent facilement
l'index. La charpente cartilagineuse est peu perceptible au toucher; elle setrouve noyée et déformée, comme ramollie par le tissuglandulaire qui l'englobe. Larespiration nasale est diffi¬
cile du côté droitpar suite de l'affaissement plus grand de la
narine.
Toute la peau du visage est grossière (peau d'orange)
luisante
et grasse. Quelques boutons d'acné sur lesjoues etsurledos du
nez.
Le malade a bu beaucoup de vingt à trente-cinq ans. Il
est
depuissemoment d'une sobriété relative.
Opération. — La décortication est pratiquée le 7 août
1900.
Notre intention étaitd'enlever au bistouri toutes les portions hypertrophiées en suivant le plus près possible, mais sans
la
perforer, la charpente cartilagineuse. Une première
incision
longitudinale médiane, étendue jusqu'à la sous-cloison,
fut
d'abordfaite; maisl'abondance de l'hémorragie, sa persistance^
nous engageaàrecourir à un autre procédé. La lame plate
du
thermocautère fut promenée dans le sillage de cette
incision
pour obtenir l'hémostase et la décortication pratiquée avec
le
thermocautère. Tout ce qu'on put enlever du lobule et des
ailes
sans entamer lacharpente cartilagineuse fut disséqué. Les
aspé-rites furent rabotées ensuite au bistouri, le thermocautère assurant toujours l'hémostase lorsqu'il se produisait une petite hémorragie. La surface fut ensuite entièrement saupoudrée
avec de l'aristol, recouverte d'une compresse de gaze stérilisée
etd'une couche de coton. Le pansement restaenplace quarante-huit heures et les jours suivants on fit deux lavages à l'eau boriquee pourdétacherles escharres et nettoyer la surface un peu suppurante. Chaque lavage était suivi d'une application de poudre d'aristol avec pansement sec. Au bout d'une quinzaine
dejours onvoyaitsous les escharres soulevées des îlots
d'épi-dermisation disséminés. Un mois et demi plus tard la cicatrisa¬
tion était complète sur tous les points. L'épiderme de nouvelle formation était lisse, souple quoique cicatriciel, et neprésentait
en certainspoints que quelques très légères dépressions comme aurait pu le faire unevarioletrès discrète. Une grossedilatation veineuse qui traversait obliquement le lobule de 1/2 milimètre delarge sur2 centimètres de long fut détruite par l'électrolyse.
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CHAPITRE V
Pansement consécutif.
Hhinoplastie.
Le pansementconsécutif à l'opération est des plus
simples.
Il varieavec lesauteurs : Kirmisson emploie la vaseline bori-quée, Lucas Championnière une pommade
antiseptique,
Schwartz la gaze iodoformée.
Comme la plaie est infectée, à la clinique des
maladies
cutanées de Bordeaux, on fait des pansements boriqués
humides pendant quelques jours; le
premier malade opéré
a présenté, en effet, un peu de suppuration aprèsl'application
d'un pansement sec.
On laisse le premier pansement en place pendant
quatre
jours, si le suintement sanguin n'oblige pas à le changer; onn'enlève les morceaux de gaze adhérents à la plaie que
s'ils
se détachent presqued'eux-mêmes. L'escharre
disparaît
versle cinquième jour, puis commence, dans quelques
points,
un bourgeonnement si actifque bientôt onestobligé decautériser
fréquemment au nitrate d'argent. A partir de ce
moment,
on panse en alternant avec une poudre inerte
telle
quele
bismuth ou l'aristol.
Les points blancs nombreux aperçus pendant
l'opération,
qui sont des culs de sacs glandulaires, donnent
rapidement
une peau normale; les endroits qui bourgeonnent sont ceux dépourvus deculsde sacsetdonnent du tissu
cicatriciel; cette
cicatrisation marche d'unefaçonrégulière pourêtre
complète
au bout d'un mois environ.
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Rhinoplastie. —