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Suisse : élargissement des activités de « private banking »

2.2 A UTRES PLACES OCCIDENTALES : UN POSITIONNEMENT EN COURS

2.2.1 Suisse : élargissement des activités de « private banking »

Alors que la Suisse gère 20 à 30% des quelques 1 000 milliards d’avoirs de la clientèle musulmane à l’échelle mondiale, les principales banques de gestion ne sont que rarement en mesure de répondre aux attentes spécifiques d’une grande partie de cette clientèle. Cependant, elle conserve ses avantages spécifiques : le savoir-faire, le secret bancaire, ainsi que des liens historiquement forts avec une partie de cette clientèle.

2.2.2 Luxembourg: élargissement des activités d’émission/cotation

Les activités d’émission/cotation de sukuk au Luxembourg profitent des mêmes atouts que pour la Finance Conventionnelle :

- la renommée mondiale des fonds luxembourgeois;

- la simplicité du passporting : commercialisable dans tous les pays avec le visa luxembourgeois;

- la distribution efficace via des accords de partenariat pour le détail et le placement direct auprès des institutionnels.

En conséquence, le Luxembourg est devenu le principal centre de cotation de sukuk en Europe aux côtés de Londres (cf. Graphiques 21 et 22) :

- 14 sukuk vifs cotés a Luxembourg, soit un encours de près de 6 000 milliards d’euros : ces titres correspondent à des émissions du Moyen-Orient et de la Malaisie, mais

aussi du sukuk émis par le land de Saxe-Anhalt. (Contre 16 sukuk cotés à Londres pour un encours d’environ 11 milliards en 2008);

- Les investissements sous-jacents des sukuk cotés à la Bourse du Luxembourg sont essentiellement orientés vers le financement de projets d’infrastructure (bâtiments, usines, autoroutes, installations d’aéroport).

Tableau 7 : Comparaison des places de cotation de sukuk (2007) Luxembourg stock exchange London stock exchange Bahreïn stock exchange Labuan International financial exchange Numbers of active sukuk listed 14 14 15 8 Amounts of active sukuk listed (billions of Euros) 5,9 5 1,9 2,7 Minimum period of business operation

Not applicable More than 2 years More than 2 years More than 2 years Minimum paid up capital (millions of Euros)

Not applicable Not applicable 6,4 Not applicable

Initial fee (euros) 2 100 5 000 3 300-8 400 8 600

Annual Fee

(Euros)

440-800 4 200 3 300 640

Graphique 21 : Valeur des sukuk cotés par place boursière (millions de dollars) 16 470 11 347 6 793 4 950 3 961 4 233 1 600 1 200 349 300 166 100

Source: DIFX, Données Février 2008, inclus émissions domestiques et internationales (avec doublons)

Graphique 22 : Nombre de sukuk cotés par place boursière

19 16 14 9 18 3 2 2 20 1 1 1

Source: DIFX, Données février 2008, inclus émissions domestiques et internationales (avec doublons)

2.2.3 Autres places occidentales

2.2.3.1 Allemagne: de timides tentatives souvent opérées depuis l’étranger

Le Land allemand de Saxe-Anhalt a été le premier emprunteur souverain non-musulman à solliciter le marché international de la dette islamique en 2004, levant quelques 100 millions d’euros par une émission de sukuk. Cette initiative était motivée par la volonté des autorités

d’innover mais, aussi et surtout, de toucher une gamme plus large d’investisseurs. Point significatif, cependant : la cotation de ces titres est organisée via Luxembourg.

Du même, la plupart des grandes banques commerciales allemandes, comme la Deutsche Bank, sont d’ores et déjà présentes sur le marché de la Finance Islamique. Cependant, comme beaucoup d’autres opérateurs continentaux, elles préfèrent opérer depuis Londres et non Francfort.

Enfin, les grands réassureurs allemands, Zurich Re et Hannover Re, proposent des produits

retakaful, mais la compagnie la plus importante sur ce marché est la FWU, basée à Munich,

avec une filiale à Luxembourg.

Le secteur financier allemand est ainsi, en dépit de quelques initiatives timides, encore très peu ouvert aux produits islamiques et les opérateurs ayant acquis quelques compétences dans ce domaine choisissent d’opérer depuis l’étranger, essentiellement les grandes places financières musulmanes et Londres. Un des principaux obstacles évoqués pour expliquer cette situation est la difficulté de rendre conformes les produits financiers islamiques aux standards de reporting et de supervision allemands.

2.2.3.2 Pays asiatiques : Japon, Singapour, Hong-Kong

Les économies asiatiques portent un intérêt croissant pour les produits de la Finance Islamique. Leurs motivations sont diverses, même si l’objectif d’attirer les excédents de liquidités du Golfe reste un dénominateur commun.

Le gouvernement du Japon envisage d’envoyer un signal fort envers les investisseurs islamiques en préparant une émission de sukuk, pour un montant compris entre 300 millions et 500 millions de dollars, en 2008. La Thaïlande et Singapour lui emboîteront le pas sous peu.

L’autorité monétaire singapourienne a annoncé envisager des initiatives législatives, réglementaires et fiscales afin de permettre un traitement équitable des institutions financières islamiques. Elle a déjà pris des mesures afin d’harmoniser le traitement fiscal des obligations conventionnelles et des sukuk et d’éliminer la double taxation sur les financements immobiliers islamiques. Un certain nombre de banques à Singapour ont, d’ores et déjà,

clairement manifesté leur intérêt pour ce marché et, en Mai 2007, a été créée la première banque islamique à Singapour (Islamic bank of Asia, filiale de DBS Bank).

De son côté, Hong-Kong entend se positionner comme intermédiaire entre le monde musulman et la Chine, en particulier dans le domaine du financement de projets. En Novembre 2007, la Securities and Futures Commission de Hong-Kong a autorisé le lancement du premier fonds d’investissement islamique (Hang Seng Islamic China Index Fund) ouvert aux clients particuliers. En Janvier 2008, l’Autorité Monétaire de Hong-Kong a annoncé son intention de postuler pour devenir membre de l’IFSB (Islamic Financial Services Board).

2.3 F

ORCES ET FAIBLESSES DE LA

F

RANCE

Face à une concurrence européenne, et surtout britannique, qui se dynamise, comment est positionnée la Place Financière de Paris pour accueillir des produits islamiques ? Le marché financier français dispose en réalité de nombreux atouts, valables autant pour la Finance Islamique que pour la finance conventionnelle. Par ailleurs, il n’existe aucun véritable obstacle juridique ou institutionnel à l’ouverture du marché français à ce type de produits. Au contraire, il existe de nombreux points de convergence entre les principes de la Charia et l’esprit du droit français.

Cet optimisme doit, toutefois, être nuancé. Il existe un certain nombre de handicaps qui pourraient empêcher Paris de tirer pleinement profit de ce nouveau marché. Aux autorités compétentes d’en faire l’inventaire et d’engager les initiatives qui permettraient à la France de s’imposer face à ses concurrents.

2.3.1 Les atouts classiques du marché financier français par rapport à