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CHAPITRE I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

6. Sylviculture et amélioration de Pin pignon

6.1. La structure des peuplements

Les types structuraux les plus fréquents et les plus caractéristiques des pinèdes de pin pignon sont les trois suivants:

1) peuplements équiennes : peuplements destinés à la production de pignes; plantations réalisées pour améliorer les facteurs édaphiques; plantations de protection et de production; 2) peuplements inéquiennes (jardinés): peuplements pluri-stratifiés et avec des classes d'âges différentes sur des petites ou très petites surfaces;

3) peuplements mixtes: mélanges de plusieurs espèces, dont la structure est influencée par le tempérament de chacune d'elles.

C'est uniquement par l'analyse de la structure du peuplement, et surtout en accord avec l'écosystème, que l'on peut choisir des objectifs valables (production de pignes, production de

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bois, production mixte: pigne, bois, fourrage; protection du sol; tourisme), et partant, définir les règles de gestion (Ciancio, 1991).

Les peuplements les plus récents, dont la production intensive (pignes, bois,.. etc.) est l'objectif principal, sont uniquement équiennes. Cette structure peut être maintenue ou modifiée par les interventions sylvicoles.

La structure régulière se retrouve dans des pinèdes anciennes du fait des incendies répétés, du pâturage non contrôlé, de la récolte des pignes ou parce que le peuplement est en limite d'aire écologique. Ces différents facteurs sont de nature à causer des déséquilibres irréversibles qui empêchent la régénération naturelle. Dans les peuplements irréguliers, au contraire, la structure est complexe: elle présente un profil pluri-stratifié dans lequel des groupes d'arbres d'âge et de dimensions différentes sont répartis dans l'espace d'une manière aléatoire (Ciancio et al. 1986).

D'autre part, il arrive qu'à la suite d'un traitement prolongé déterminé, certaines pinèdes, même d'origine artificielle, perdent leur caractère équienne. Dans ces cas, la distinction schématique entre peuplement régulier et irrégulier est insuffisante et souvent incorrecte pour définir une pareille structure: les peuplements sont devenus stratifiés et irréguliers du fait de la façon dont ils ont été utilisés ou traités: coupes illégales, coupes phytosanitaires, etc. La régénération naturelle de certaines pinèdes est exclusivement due à de telles circonstances (Pavari, 1955; Ciancio et al. 1986).

Pavari (1955) écrivait que les pinèdes de Pin pignon existant dans le Bassin méditerranéen sont, en majorité, jardinées plutôt que régulières. Et dans tous les Pays méditerranéens où le Pin pignon a une importance considérable, c'est-à-dire en Italie, en Espagne et en Anatolie, on remarque de nombreux cas de pinèdes se régénérant naturellement; cela est d'ailleurs la règle dans ces deux derniers pays.

 Les peuplements mixtes

En Espagne, Pinus pinea L. qui tend à former des peuplements purs, est parfois mélangé à des peuplements de chêne vert et de chêne liège, ou à d'autres pins, le Pin d'Alep et à moindre échelle le Pin maritime (Montero et Gomez, 1989).

En Tunisie le Pin pignon a été introduit dans les peuplements de chêne liège dégradés et dans du maquis, dans le but d'augmenter la valeur de ce dernier par la production de pignes (Aloui, 1988).

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En Turquie, le Pin pignon forme des peuplements mixtes avec Pinus brutia, le Cyprès et les chênes du Lauretum (Dogan, 1991). P.pinea a été planté avec succès en mélange avec

Acacia cyanophylla sur des dunes sableuses des côtes méridionales afin de les fixer.

L'écartement entre les lignes d'Acacia doit être inférieur à 6 mètres de façon à permettre aux pins de tirer le plus grand bénéfice possible de la fixation d'azote par les Acacia (Zech et Çepel, 1973).

En Grèce, dans la forêt de Strofilia, l'écosystème comprend, entre autres, les espèces d'arbres suivantes: Pinus halepensis, Pinus pinea, Quercus macrolepis, dominant un sous-bois où on trouve Myrtus communis, Pistacia lentiscus, Quercus coccifera, Cistus salvifolius,

Aristella bromoides, Dactylis glomerata, Brachypodium sylvaticum, Dasypyrum villosum,

etc.... En analysant les unités phytosociologiques dont le Pin pignon fait partie, Papamichos et alii 1986, ont identifié cinq unités phytosociologiques forestières:

- forêts de P.pinea sur dunes basses;

- forêts mixtes de P.pinea et de feuillus sempervirents dominés; - forêts de P.pinea avec Aristella bromoides;

- forêts de P.pinea avec P. halepensis;

Les peuplements mixtes d'origine artificielle forment aussi des entités très différenciées: les exigences sylvicoles et de gestion sont propres à chaque situation.

Le sous-bois est dominé par Ampelodesmos mauritanicus, la bruyère à balais, la bruyère arborescente, la bruyère multiflore et le calycotome. La stabilisation de ces peuplements est obtenue par une élimination progressive des conifères et le contrôle de la végétation herbacée et arbustive, afin de permettre aux feuillus de se développer aussi vigoureusement que possible dans l'étage dominé, avec le minimum de concurrence. Avec ce traitement, ces peuplements pourront, à terme, remplacer intégralement les conifères plantés (Cavalli et Corsi, 1987).

En 1976, Cantiani a observé que "...le Pin pignon se développe vigoureusement, se régénère naturellement et tend à se propager rapidement dans les taillis d'Eucalyptus".

 Les pinèdes à structure complexe

La structure de ces peuplements est variée: depuis plusieurs siècles, en effet, ces pinèdes ont été exploitées plus ou moins intensément, sans critères sylviculturaux bien définis. Les incendies, le pâturage, la mise en culture, les élagages, dans le seul but de récolter du bois de chauffage, ont profondément modifié les peuplements, en les rendant presque équiennes.

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Un autre facteur de perturbation de la même importance est constitué par la récolte des cônes qui peut soustraire tout ou partie des graines au processus biologique. Cette structure - qui ne peut pas être rigoureusement qualifiée de régulière ou jardinée, puisque si le peuplement est équienne sur de petites surfaces, il montre, néanmoins, dans son ensemble, des caractères inéquiennes - est le résultat d'opérations conduites selon les nécessités du moment, donc hors aménagement, telles qu'exploitations diverses, coupes illicites, interventions phytosanitaires, etc...Ces coupes ont provoqué des taches de régénération naturelle des pinèdes (Ciancio et al. 1986).