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Structure des peuplements de Pin pignon dans la région de Djebel Ouahch…

CHAPITRE III. MATERIEL ET METHODES

1. Caractéristiques dendrométriques des placettes-échantillons de pin pignon

1.3. Discussion

1.3.1. Structure des peuplements de Pin pignon dans la région de Djebel Ouahch…

Les peuplements de pin pignon dans la région de Djebel Ouahch occupent une superficie de 2278ha, avec un âge moyen de 40 ans, caractérise par un stade haut perchis et jeune futaie. C’est un peuplement équienne.

L’utilisation du diamètre comme critère de détermination d’état de développement a plutôt une finalité économique puisque la grosseur des arbres est liée aux assortiments de produits. A l’état de développement des jeunes futaie, la taille des arbres augmente leur valeur économique. Le principal risque est le vol de bois ou branches qui rendent le peuplement plus sensible aux perturbations climatiques comme le tempête. Les chablis sont alors fréquents dans le peuplement ayant subi de tel dommage.

Dans les différentes stations étudiées, le diamètre moyen minimum obtenu est comprise entre 28,5- 29,87cm, cela signifie que ces peuplements de pin pignon sont très denses et qu’ils n’ont pas encore atteint un bon développement. En effet, plus la densité est forte, plus la croissance en diamètre est faible et inversement pour la surface terrière et le taux de recouvrement ce qui est le cas de station de Ben yaakoub et El hambli.

Cependant, si cette densité est plus faible, la croissance en diamètre augmente alors que celle en surface terrière et en recouvrement diminue et c’est le cas de la station de Kef lekhel. Ces résultats sont en accordance avec ceux de Adili, (2012) pour l’évolution de diamètre, densité et surface terrière.

Une faible densité des individus favorise l’interception de la lumière et la croissance des arbres en diamètre comme c’est le cas des peuplements à Kef lekhel, El haddadj et El bier, alors qu’une forte densité des individus, accentue le phénomène de compétition et freine la croissance en diamètre des arbres.

Afin de comprendre la structure et la dynamique des peuplements forestiers, l’étude des relations entre certains paramètres dendrométriques tels que HBF, la hauteur ou la surface de projection du houppier (Shugart et al. 1981 cité par O’Brien et al. 1995) semble nécessaire. Les relations concernant ces paramètres pris deux à deux constituent de bons indicateurs des conditions écologiques de croissance de l’espèce (Gnangle 2005).

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L’état de développement des peuplements qui détermine la surface terrières dépend de la répartition des tiges à travers les classes de diamètres (Andriamahazo, 2003).

Les relations établies dans notre étude entre l’âge des pins pignons et leur diamètre du tronc à 1.30m, d’une part, et leur hauteur totale, d’autre part, attestent que l’âge est une variable hautement prédictive de la croissance en diamètre ainsi qu’en hauteur, comme c’est souvent le cas des peuplements équiens où la croissance des arbres est assez homogène tout au long de leur vie. C’est pour cette raison qu’il a été toujours considéré comme un critère important utilisé dans l’aménagement et la sylviculture de ce type de peuplement (Chabaud et Nicolas, 2009).

Garchi et Ben Mansoura, (1999) ont confirmé également cette relation à travers un ajustement linéaire pour un peuplement de pin d’Alep à Jbel Mansour.

Nous avons également souligné une forte liaison entre la densité et le diamètre 1.30cm attestant que la première variable peut être estimée par la seconde suivant une relation de type non linéaire. Une régression de type polynomial a été enregistrée sur un peuplement de Pin maritime de la forêt de Rimel (Shaiek, 2005) et sur des chênes lièges de Kroumirie (Sebei et al. 2001). En effet plus le peuplement est âgé et moins dense et plus le développement du houppier est important et inversement.

Il est admis que la croissance et l’expansion du houppier est soumise à une compétition, de plus en plus importante suivant la densité des arbres voisins, pour l’espace et donc pour la lumière (Zhang et Chauret, 2001).

La stabilité du peuplement dépend à la fois de la densité et de l’élancement des arbres. L’étude de l’élancement des arbres vise à déterminer les facteurs de variation de sa valeur et ses relations avec la stabilité du peuplement. Cette constatation permet de supposer que le coefficient d’élancement est fonction du diamètre moyen donc de l’âge du peuplement.

L'accroissement moyen annuel du volume de bois est généralement de 3 à 4 m³/ha ; Dans des conditions écologiques très favorables, et lorsque priorité est donnée à la production de bois, (peuplements denses), on peut arriver à des accroissements de 7 à 8 m³/ha/an.

Le potentiel exploitable des peuplements est affecté par la qualité de bois. Dans cette étude, le seuil d’exploitabilité est le diamètre strictement supérieur à 30cm. Ainsi, plus les peuplements sont riches en individus de gros diamètre, plus ils sont à fort potentiel, et plus leur qualité est meilleure (Robisoa et al. 2008).

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On peut dire que nos peuplements ont un moyen potentiel exploitable. Cela est dû à la moyenne de densité (nombre de tiges /ha) et aussi à l’état de leur développement en hauteur pour chercher la lumière (cas de station de el hambli et ben yakoub) ; a des sujets présentent un auteur de 11- 12 m avec des diamètres moyens de 25-26 cm.

La mortalité représente la mort naturelle des sujets, elle est plus élevée chez les jeunes tiges. Toutefois, elle est de l’ordre de 1% pour tout diamètre confondu (Robisoa et al. 2008).

Le taux de mortalité dans la station de ben yakoub est de 5.81%, avec un potentiel d’avenir faible car il y a une forte densité et concurrence entre les pieds. Pour la station de Kef lekhel et el haddage, il est plus au moins élevé car la biomasse perdue par la mortalité de certains arbres est compensée en partie par l’accroissement des diamètres des arbres encore en vie (32.35cm et 38.15 cm).

La régénération naturelle du pin pignon, pose également un problème majeur, liée au vol des cônes à cause de leur valeur économique, rendant ainsi toute possibilité de régénération même après incendie, difficile voir impossible.

En se référant à l’échelle de Rothe (1964), ce taux est inférieur à 100%, ce qui signifie que l’ensemble des peuplements de pin pignon présentent des difficultés de régénération.

La station de Tassenga et Ben yakoub se présentent des taux de régénération nuls ; Cela d’où l’incapacité de ces peuplements à régénérer convenablement, car la concurrence intraspécifique est très rude. Un peuplement ayant un taux de régénération inférieur à 5% est voué à disparaitre (Ramalanjaona, 2013).

Les relations obtenues sont forcément limitées d’où la nécessité de les confirmer sur des peuplements plus âgés. Cependant notre étude servira comme une base pour aider les forestiers à établir une meilleure gestion, notamment des éclaircies, aussi en vue de l’amélioration de la croissance de ces peuplements.

1.3.2. Production des cônes et de pignes des peuplements de pin pignon

Au niveau national, les cônes ne sont récoltés que dans 50% des pinèdes, caractérisées par des clairières, des arbres improductifs, les arbres difficiles à escalader, et sur ceux qui ont peu de cônes (Catalan Bacchiller, 1989).

Afin d’avoir une idée sur le rendement actuel en cônes et en graines des peuplements de pin pignon, nous avons essayé d’estimer la production fructifère au niveau des stations étudiées.

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Nos résultats ont montré que le nombre moyen de cônes de 3ème et 4 ème année est de 154935 cônes d’où un rendement moyen en cônes de 51645 kg pour des arbres dont l’âge moyen est de 40ans.

En Tunisie, Adili (2012), montre que le nombre moyen de cônes de 3ème année à Mekna III est de 1964 cônes.ha-1 d’où un rendement moyen en cônes de 426 kg.ha-1 auquel correspond un rendement en graines de 121 kg ha-1 pour des arbres dont l’âge moyen est de 35ans, cependant, le nombre moyen de cônes de 2ème année ne dépasse pas les 1381 cônes.ha-1 (un rendement de 235 kg.ha-1) pour le même âge. Belkhouja (2001) a montré, dans une étude sur l’évaluation et la modélisation de la fructification du Pin pignon au nord de la Tunisie, que le nombre de cônes de 2ème année dans la région de Nefza-Tabarka (âge moyen inférieur ou égal à 40 ans), est de 2703.ha-1 avec un rendement de 647 kg.ha-1.

Cependant, un rendement maximal en cônes de 84316 kg est observé dans la station d’El hambli, et un rendement minimale en cône (9825kg) dans la station d’El haddadj.

Si on compare le nombre de cônes dans notre étude (38 cônes en moyenne/arbre, âge moyen du peuplement de 40 ans) à celui de l’étude réalisée par Ganatsas et al. (2008) sur des peuplements matures de Pin pignon dont l’âge moyen dépasse les 120 ans (9,8 cônes/arbre pour un peuplement mature fermé et 62,7 cônes/arbre pour un peuplement mature ouvert), âge correspondant à la baisse de la production fructifère qui commence à partir de 80 ans, on constate que la production au niveau de notre peuplement est moyenne avec son âge (40 ans) qui correspond à la bonne période de productivité de l’espèce.

En outre, Si on compare le nombre de cônes dans notre étude celui de l’étude réalisée par Adili, (2012), montre que, en Tunisie, (5,6 cônes en moyenne/arbre de 2ème année, âge moyen du peuplement de 35 ans), on constate que la production des peuplements de Pin pignon dans la région de Djebel Ouahch est élevée.

En Tunisie, dans les peuplements âgés de 20 à 50 ans, la production de pignes varie de 50 à 250 kg/ha, et la production totale est estimée à 200 tonne. Presque la moitié de cette production est utilisée par les populations locales; 10% seulement en moyenne sont consacrés à la propagation de l'espèce (Aloui, 1988). Dans notre étude, dans la région de Djebel Ouach, la production des pignes en coque est varie de 4 à 524 tonnes.

SelonCastellani, 1989, dans de bonnes conditions, la quantité de cônes récoltés varie entre 1,0 et 4,0 tonne/ha, l’équivalant de 0,2 - 0,8 tonne de pignes en coque.

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La production moyenne des pinèdes portugaises en cônes/arbre par an y est comprise entre 250 et 1000-2000. Presque 95% de la production nationale de pignes sont destinés à l'exportation (Vacas De Carvalho et Pinto Berkemeier, 1991).

Pour la production des pinèdes espagnoles, la meilleure récolte a été obtenue en 1979-80, avec une moyenne provinciale de 167 kg/ha de pignes en coque. Dans la province de Badajoz, pour les récoltes de 1971-72 à 1988-89, la production moyenne par ha de pignes en coque a été de 125 kg ; les meilleures récoltes ont eu lieu en 1979-80 et en 1987-88, avec 279 et 364 kg respectivement (Catalan Bacchiller, 1989).

Généralement un accroissement moyen compris entre 0,5 et 2 m³/ha par an en France; néanmoins, la production des peuplements situés sur les sables littoraux, en milieu favorable, dépassent 10 m³ par hectare d'accroissement courant (Labadie, 1983).

En Grèce, dans des plantations de 22 et de 40 ans, l’accroissement respectivement de 5,1 et 2,2 m³/ha/an, suivant les conditions de milieu.

L’âge des arbres est considéré comme un facteur important contrôlant la fructification. Cette fructification débute à l’âge de 20 ans et augmente jusqu’à l’âge de 50 ans. Les corrélations entre les différents paramètres (volume du houppier, âge, densité..) et la production fructifère ont montré que ces variables sont explicatives, avec le volume du houppier comme facteur principal qui est à son tour dépendant de la densité du peuplement. En effet, la production fructifère évolue dans le même sens que le développement du houppier mais elle est inversement proportionnelle à la densité des arbres.

Le succès de la régénération naturelle du pin pignon demeure sous la dépendance du cycle de fructification, sa fréquence et son abondance, ce qui conditionne par la suite la disponibilité en semences au niveau du sol. Cependant, pour le Pin pignon, cette disponibilité en graines est variable d’une année à l’autre en fonction du nombre, de la taille des cônes et de la viabilité des graines en elles-mêmes (Calma et al. 2007).

L’échec de la régénération naturelle peut aussi être relié à la qualité et au pouvoir germinatif des graines. Nos résultats ont enregistré un pouvoir germinatif maximal ne dépassant pas 11,25 %.

Pour l’orientation des forêts de Pin pignon vers une meilleure production fructifère, des suggestions proposées dans les pinèdes italiennes sont les suivantes (Djaziri, 1971) :

• éclaircie entre 15 et 20 ans ; laissant 3000 pieds/ha

• éclaircie et élagages entre 20 et 25 ans ; en laissant 2000 pieds/ha • éclaircie entre 25 et 30 ans ; laissant 1000 pieds/ha

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• éclaircie et élagage entre 35 et 40 ans ; laissant 600 tiges/ha

Belkhouja (2001) propose les mêmes types de gestion pour les régions de Sedjnane et Nefza- Tabarka où l’âge moyen des peuplements n’a pas dépassé 40 ans.

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