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Structure des peuplements de Pin pignon dans les trois forêts (Mekna III, Ouchtata

CHAPITRE IV : Discussions et perspectives

IV.1 Structure des peuplements de Pin pignon dans les trois forêts (Mekna III, Ouchtata

Les peuplements de Pin pignon dans les trois forêts sont classés comme des futaies jeunes dont les classes de DBH dominantes sont celles inférieures ou égales à 35 cm (80,6 % à Mekna III, 93,6% à Ouchtata II, 98,8% à Bechateur). Cependant, le peuplement de Mekna III est plus âgé (35 ans) et moins dense (462 arbres ha-1) que les deux autres d’où un DBH moyen et une hauteur totale moyenne plus élevés : 29,6 cm et 12,8 m, respectivement, cependant une surface terrière et un taux de recouvrement plus faibles de l’ordre de 25,6 m².ha-1 et 83% respectivement.

En regardant l’évolution des mêmes paramètres dendrométriques des peuplements de Pin pignon dans les deux forêts d’Ouchtata II et Bechateur, dont l’âge moyen est très proche 29 et 28 ans respectivement, on constate certaines différences en faveur d’Ouchtata II. En effet, le DBH moyen enregistré à Ouchtata II est de l’ordre de 26,4 cm contre seulement 20,2 cm à Bechateur, ceci est également vrai pour la hauteur totale moyenne, 12m à Ouchtata II et seulement 9 m à Bechateur. Néanmoins, la surface terrière et le taux de recouvrement sont plus important à Bechateur (31,7 m².ha-1 et 140,8%) par rapport à Ouchtata II (24,8 m².ha-1 et 101,2%).

Malgré, l’âge égal des deux peuplements, l’évolution des paramètres dendrométriques cités ci-dessus n’est pas la même, ce qui s’explique par la variabilité du facteur densité. En effet, plus la densité est forte, plus la croissance en diamètre et en hauteur est faible et inversement pour la surface terrière et le taux de recouvrement ce qui est le cas de Bechateur. Cependant, si cette densité est plus faible, la croissance en diamètre ainsi qu’en hauteur augmente alors que celle en surface terrière et en recouvrement diminue et c’est le cas de la forêt d’Ouchtata II. Ces résultats sont en accordance avec ceux de Harms et al. (2000) pour l’évolution de la surface terrière et Chen et al. (2000) pour l’évolution du taux de recouvrement, qui augmente avec des densités de plus en plus fortes.

Une faible densité des individus favorise l’interception de la lumière et la croissance des arbres en diamètre comme c’est le cas des peuplements à Ouchtata II et Mekna III, alors qu’une forte densité des individus, accentue le phénomène de compétition et freine la croissance en diamètre des arbres.

Afin de comprendre la structure et la dynamique des peuplements forestiers, l’étude des relations (allométriques) entre certains paramètres dendrométriques tels que le DBH, la hauteur ou la surface de projection du houppier (Shugart et al. 1981 cité par O’Brien et al. 1995) semble nécessaire. Les relations concernant ces paramètres pris deux à deux constituent de bons indicateurs des conditions écologiques de croissance de l’espèce (Gnangle 2005). Les relations établies dans notre étude entre l’âge des pins pignons et leur diamètre à la base (Db) ainsi que leur diamètre du tronc à 1.30m, d’une part, et leur hauteur totale, d’autre part, attestent que l’âge est une variable hautement prédictive de la croissance en diamètre ainsi qu’en hauteur, comme c’est souvent le cas des peuplements équiens où la croissance des arbres est assez homogène tout au long de leur vie. C’est pour cette raison qu’il a été toujours considéré comme un critère important utilisé dans l’aménagement et la sylviculture de ce type de peuplement (Chabaud et Nicolas 2009). Outre l’âge, le DBH est explicatif de la croissance en hauteur des peuplements de Pin pignon. Garchi et Ben Mansoura (1999) ont confirmé également cette relation à travers un ajustement linéaire pour un peuplement de Pin d’Alep à Jbel Mansour. Dans le même contexte, des modèles de régression de type polynomial de second degré ont été obtenus dans une étude sur des Pins de Calabre en Turquie (Avsar, 2004).

A âge égal, la croissance annuelle radiale et en hauteur a montré une certaine variabilité entre les trois sites d’étude. En effet, cette croissance demeure plus importante dans les peuplements de Mekna III et au-delà d’un âge de 20 ans, elle devient de plus en plus importante dans les peuplements d’Ouchtata II et Bechateur.

Cette différence de croissance annuelle entre ces peuplements pourrait être attribuée à la fertilité des sols. Cependant, les analyses de sols des sites considérés ont montré qu’ils sont tous les trois de type basique très pauvre (C/N élevé, faible taux de matière organique, faible capacité d’échange cationique…). Si l’on considère les conditions climatiques, et en particulier la pluviométrie, on remarque qu’elle est plus importante à Mekna III (934,1mm) en comparaison avec Bechateur (725,3 mm), cependant la croissance annuelle (radiale ou en hauteur) enregistrée dans ce dernier site est étonnement plus importante. Cela pourrait résulter d’une compétition accrue pour l’eau et les nutriments exercée par une forte abondance d’arbustes à Mekna III, avec une biomasse de 7097 kg/ha contre seulement 3174 kg/ha pour Bechateur. Cette compétition expliquerait aussi la différence de croissance annuelle entre les deux sites de Mekna III (7097 kg/ha) et ouchtata II (4842,4 kg/ha) auquel se rajouterait un

climat plus favorable à Ouchtata II (une pluviométrie annuelle de 1078 mm supérieure à celle de Mekna : 934 mm).

Nous avons également souligné une forte liaison entre la surface de projection du houppier (SPH) et le DBH attestant que la première variable peut être estimée par la seconde suivant une relation de type non linéaire. Une régression de type polynomial a été enregistrée sur un peuplement de Pin maritime de la forêt de Rimel (Shaiek, 2005) et sur des chênes lièges de Kroumirie (Sebei et al. 2001). A DBH égal, la valeur maximale de la surface de projection du houppier est plus élevée au niveau de la forêt de Bechateur, bien qu’il s’agisse de la forêt la plus jeune et la plus dense. Ceci pourrait être expliqué par la moindre abondance du couvert arbustif au niveau de cette dernière en comparaison avec la forêt de Mekna III, où le couvert arbustif représente une source de compétition pour l’eau et les nutriments pouvant empêcher la croissance et l’expansion de la cime des arbres d’où une forte sensibilité à la compétition pour la lumière.

Cependant, si on considère les valeurs des surfaces moyennes de projection de houppier calculées pour les trois peuplements (25m²/arbre, 21,2 m²/arbre et 17,4 m²/arbre respectivement à Mekna III, Ouchtata II et Bechateur) on constate des différences en faveur de Mekna III qui est le peuplement le plus âgé et le moins dense. En effet plus le peuplement est âgé et moins dense et plus le développement du houppier est important et inversement. Une relation établie entre la densité des arbres des trois peuplements combinés et la variation de la surface moyenne de projection de houppier (figure 29) confirme l’effet négatif de la densité sur le développement du houppier. En effet, il est admis que la croissance et l’expansion du houppier est soumise à une compétition, de plus en plus importante suivant la densité des arbres voisins, pour l’espace et donc pour la lumière (Zhang et Chauret 2001).

Les peuplements de Pin pignon choisis ayant un âge moyen de 35 ans, les relations obtenues sont forcément limitées d’où la nécessité de les confirmer sur des peuplements plus âgés. Notre étude servira cependant comme première base pour aider les forestiers à établir une meilleure gestion, notamment des éclaircies, en vue de l’amélioration de la croissance de ces peuplements.