1 Introduction générale :
1.3 Caractéristiques physiques du lac :
1.3.3 Structure du lac volcanique :
Le lac volcanique, d’un volume de 1 km^ et d’une surface de 11 km^, présentait. Jusqu’à
l’éruption de mai 2009, une composition très homogène en profondeur, en surface et dans
le temps. En effet, des échantillons ont été récoltés en 2004 et 2005 à plusieurs endroits et
plusieurs profondeurs. Ces échantillons ne montrent pas de différence de composition
dépassant les limites de l’erreur analytique. De plus, les variations de composition depuis
2004 sont très faibles. La composition chimique mesurée en 1996 par Aguilera est aussi
Chapitre 1
page : 20/265Les profils CTD (conductivity, température, depth) réalisés à l’aide d’une sonde Seabird
Seacat 19plus en 2006, 2007 et 2008 montrent que la structure du lac est particulièrement
homogène (figure 1.13 et 1.14), tant en température qu’en conductivité, avec des
différences de température inférieures au degré et des différences de conductivité
inférieures à 50 ps.
Conductivité spécifique (pS/cm)
La comparaison avec le profil CTD du Batur, situé à 130 km à l’ouest du Rinjani, à la
même latitude mais à une altitude inférieure (1031m), montre un lac présentant une très
forte différence de température entre la surface et la profondeur (plus de 3°C) (figure 1.15
et 1.16) ; de plus, la différence de conductivité est de l’ordre de lOOps, ce qui montre la
présence d’une stratification au moins transitoire avec un éventuel mélange entre les eaux
de surface et les eaux profondes, espacé dans le temps pour permettre à la stratification de
Chapitre 1
page : 22/265Une étude de plus de 30 lacs indonésiens, réalisée par Lehmusluoto et Machbub (1997), a
montré, pour les lacs volcaniques du Manijau et du Toba le même type de variation. La
quasi absence de stratification au Rinjani indique que le lac est bien mélangé et que le
mélange a lieu plusieurs fois par an, ce qui classe le Rinjani parmi les lacs polymictiques.
--- //
_____J>BE Seacat 19plus
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17 3 O c O Q. d en d TC onn Z___ CUi/O 20/ /
00 22CIB100 36Conductivité spécifique (pS/cm)
Figure 1.16 : comparaison de l’évolution de la conductivité avec la profondeur pour les laes Rinjani et Batur.
L’homogénéité de l’eau de surface du Rinjani s’explique assez facilement par mélange
mécanique dû au vent. En effet, la présence de traînées d’hydroxyde de fer à la surface du
lac, s’étalant dans la direction du vent, indique un mélange de l’eau de surface pour tout
Chapitre 1
page : 24/265Figure 1.17 : photo montrant les traînées de dépôts, dues au vent, à la surface du lac.
L’absence de stratification s’explique quant à elle par la bonne homogénéité en
température du lac. Cette bonne homogénéité aide les phénomènes de mélange, car la
différence de densité entre les eaux de surface et les eaux profondes est très faible. Pour
comprendre que les eaux profondes ne sont pas plus froides que les eaux de surface, il
faut faire intervenir un apport d’eau thermale dans le lac. C’est cet apport hydrothermal
qui, en créant des cellules de convection, permet le mélange des eaux du lac ; ces cellules
étant aidées, lors d’épisodes météorologiques exceptionnels, par un refroidissement des
eaux de surface par le vent. Ce refroidissement augmente la densité de l’eau de surface
Le mélange irrégulier entre la profondeur et la surface a été mis en évidence de façon
encore plus flagrante avec un profil CTD réalisé en septembre 2009 (figure 1-13 et 1.14).
Ce profil montre clairement que la composition chimique de l’eau en-dessous de 50 m
n’a pas changé depuis le dernier profil, réalisé en avril de la même année, à une exception
près : l’oxygène dissous qui a diminué (figure 1.18). Le fait que les eaux ne se soient pas
mélangées durant cette période apporte deux informations.
Figure 1.18 : oxygène dissous en fonction de la profondeur.
Premièrement, la source principale des fluides hydrothermaux qui se décharge dans le lac
Chapitre 1
page ; 26/265de carbone car, dans le cas contraire, il devrait s’accumuler en profondeur et changer la
conductivité et le pH (figure 1.19) de l’eau profonde.
pH
Figure 1.19 : pH en fonction de la profondeur.
Deuxièmement, l’eau du lac a vu sa composition évoluer légèrement en surface, suite à
l’éruption. L’absence de mélange des eaux de surface avec les eaux profondes est une
conséquence de la diminution de densité de l’eau de surface, due à son réchauffement par
l’intrusion d’une coulée de lave dans le lac (figure 1.14). Comme le mélange régulier n’a
plus lieu, l’oxygène de l’eau profonde est consommé par l’oxydation de la matière
La composition plus diluée des eaux de surface en avril 2009, par rapport aux eaux
profondes (figure 1.13), s’explique, car ce profil a été effectué à la fin de la saison des
pluies. Le mélange des eaux profondes avec les eaux de surface, qui ont été diluées par
les précipitations, n’a pas encore pu se faire.
En septembre 2009, le pic négatif de conductivité (figure 1.13) est probablement lui aussi
dû à de l’eau de pluie qui ne s’est pas mélangée avec le reste du lac. Le pic positif de
conductivité et de température proche de la surface est dû à l’apport des sources
thermales pour la conductivité et à l’arrivée d’une coulée de lave dans le lac pour le pic