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Introduction

La lecture du Londres contemporain repose sur le corpus théorique des processus liés à la métropolisation. Nous changeons donc de registre, en glissant d’une démarche rétrospective à une lecture fondée sur les réflexions contemporaines sur la ville, sa structure et son fonctionnement.

Nous souhaitons montrer qu’à travers le processus de métropolisation, la structure et les fonctions de Londres ont connu des mutations significatives. La métropolisation n’a pas été une rupture, mais une nouvelle phase de développement pour la région de Londres. La transformation de la base économique de la ville et du reste de la région s’est ainsi traduite par un renforcement des polarisations socio-spatiales, des espacements, une fragmentation socio- spatiale, un renforcement de l’interdépendance des sous-espaces de la région et une dépendance accrue aux réseaux de transport. Si le squelette de la région métropolitaine était constitué dès la fin des années 1960, la métropolisation lui donne une enveloppe charnelle. L’analogie au corps humain est tentante dans la mesure où la région est devenue une entité économique solidarisée par Londres, récepteur, moteur et diffuseur de la globalisation en cours. L’intégration économique de la région passe par l’avènement du fonctionnement en réseau, modifiant le contenu de la proximité.

1. Mutations socio-économiques liées aux fonctions « globales » de Londres

1.1. Londres, ville mondiale

Les dynamiques socio-économiques à l’œuvre dans le monde, le nouveau contexte d’ouverture des marchés, de concurrence exacerbée et les innovations technologiques congruentes ont conduit à l’actuelle « économie d’archipels » (Veltz, 1997), dans laquelle les « îles » métropolitaines, telles que Londres, New York et Tokyo, fonctionnent en réseau pour encadrer l’économie mondiale (Sassen, 1991 ; Taylor, 2004).

Partie 1 – Structuration et fonctionnement d’une région métropolitaine dépendante des réseaux

1.1.1. Un nœud majeur du réseau des métropoles mondiales

Londres figure aux premiers rangs des îles à vocation de commandement mondial, rôle qu’elle esquissait dès le 18e siècle et que les récentes mutations économiques n’ont fait que conforter. Ces villes mondiales remodèlent la hiérarchie urbaine, nationale et internationale (Sassen, 1991). D'une part, elles accentuent le déclin relatif des métropoles secondaires dépendantes des industries traditionnelles. D'autre part, elles s'inscrivent dans un même réseau planétaire qui transcende les frontières. La connectivité des centres de décision est essentielle pour le fonctionnement de l’économie mondiale comme pour les métropoles, en position de concurrence/complémentarité dans les réseaux. Selon divers travaux menés par P.J. Taylor (2002, 2004) et d’autres chercheurs du G.a.W.C.130 Les entreprises londoniennes sont les plus connectées, ce qui révèle le degré d’internationalisation et de puissance de la métropole à l’échelle mondiale (tab.7).

Tableau 7 – La connectivité de Londres en 2002 Connectivité globale Rang Score Londres 1 1 New York 2 0,976 Hong-Kong 3 0,707 Paris 4 0,699 Tokyo 5 0,691 Singapour 6 0,645 Source : Taylor, 2002

1.1.2. Londres encadre l’économie mondiale

Depuis les années 1970, la mondialisation et la mise en concurrence des pays ont accéléré la désindustrialisation des villes des Pays Industrialisés. La nouvelle division internationale du travail s’est traduite par la délocalisation des activités à faible valeur ajoutée vers les N.P.I. et les P.V.D. alors même que les fonctions de commandement et de contrôle restaient localisées dans les pays du Nord. A mesure que l'économie s'internationalise, les fonctions de contrôle des grandes firmes s'agglomèrent dans un petit nombre de sites, niches au coeur des pays les plus avancés, puisque c'est sur ces derniers que l'investissement transnational s'est recentré depuis la fin des accords de Bretton Woods (Sassen, 1991). Les plus grandes métropoles des

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pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique ont ainsi pu, par l’accumulation des compétences, des infrastructures et d’une taille critique, concentrer ces activités d’encadrement de l’économie mondialisée. Les savoir-faire dans les domaines du commerce, du négoce et de l’assurance assurent à Londres un rôle de marché mondial outre son rôle de commandement économique (sièges sociaux), d’innovation culturelle, scientifique (London School of Economics et universités : University College London, Cambridge et Oxford) et d’administration nationale. Londres est une ville-capitale de rang global selon S. Sassen au même titre que New York et Tokyo, avec pour hinterland le monde et non plus l’économie intérieure du Royaume-Uni.

1.1.3. Place financière puissante et internationalisée

Londres est la première place bancaire (C.O.L., 2001), siège de plus de 550 banques étrangères (Francfort : 280, Paris : 270 et New York : 250). La capitalisation boursière du marché des actions de la métropole est équivalente à celle des principales bourses européennes combinées. Le London Stock Exchange est la bourse la plus internationalisée au monde bénéficiant des accumulations historiques et des liens que le Royaume-Uni a tissés au cours des deux derniers siècles (fig. 5).

Figure 5 - Part de Londres dans les marchés financiers internationaux en 2001

Part en %

0 10 20 30 40 50 60 70 80 Prêt inter-bancaire

Capitalisation boursière étrangère Marché des changes Premier marché obligataire Second marché obligataire Marchés des dérivés

Source : London Development Agency

Le marché des dérivés se classe également en tête (en volume) et le LIFFE reste le premier marché européen. La prise de contrôle du LIFFE par les bourses européennes devait signaler le déclin de Londres. Au contraire, les avantages liés à l’agglomération d’une main d’œuvre très qualifiée et de savoir-faire renouvelés ont conduit les places européennes à déplacer leurs marchés dérivés respectifs à Londres. La métropole est par ailleurs, de très loin, le premier marché des changes, avec un chiffre d’affaires équivalent à 460 milliards d’euros échangés

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quotidiennement, plus que New York et Tokyo réunies. Premier marché pour les métaux (Metal Exchange) et l’affrètement maritime (Baltic Exchange), la métropole est enfin le marché de l’assurance et de la réassurance le plus important au monde en termes de revenus (40 milliards d’euros).

Même si le Royaume-Uni n’est plus une grande puissance, l’accumulation capitaliste lui a permis de conserver de grands groupes à l’échelle mondiale (B.P., Diageo,…) lesquels disposent d’un quartier général dans la métropole. Ils sont loin d’être isolés, puisque près du tiers des plus grandes compagnies européennes a élu domicile à Londres (fig. 6).

Figure 6 - Localisation des sièges européens des sociétés classées dans

Fortune Global 500 en 2000 (%) 0 5 10 15 20 25 30 35 Greater London Ile de France Bruxelles capitale

Dusseldorf Franckfort Amsterdam

Pa

rt

e

n

%

Source : London Development Agency

Londres n'est pas un simple pôle de décision stratégique ou de marché. La métropole est aussi « un site de production » (Sassen, 1991) très particulier, intimement lié à la présence de grands groupes internationaux. En effet, les « marchandises » qui s'y fabriquent sont constituées des services spécialisés nécessaires aux entreprises multinationales (assurances, droit, comptabilité et fiscalité, conception, publicité et relations publiques) et des nouveaux instruments financiers indispensables au management planétarisé. La présence des grands groupes a été centrale dans la mutation de la base économique de la ville et du reste de la région par diffusion.

1.2. Les mutations de l’économie londonienne

La confirmation du rôle global de Londres a relancé le dynamisme de la région et a précipité une restructuration économique interne. Espace de production de services sophistiqués (advanced producer services), Londres a vu la nature de ses emplois changer et son organisation interne se modifier par une concentration et une diffusion simultanées de ses activités à différentes échelles.

1.2.1. Le dynamisme de la métropole

Si la fin du précédent cycle économique s’est soldée par une récession profonde (1992-1993), la période 1985-1990 révélait déjà les premiers signes de l’attraction et du dynamisme de la métropole. Le dernier cycle économique (1993-2003) a confirmé la nouvelle dynamique de la région liée à la métropolisation.

1.2.1.1. Une croissance soutenue

La croissance du Produit Urbain Brut de Greater London, qui dépassait rarement 2%, a connu une accélération rapide à la fin des années 1980 (jusqu’à +6% par an) et au cours des années 1990 (jusqu’à +4 à +5% par an). La ville de Londres se classe désormais parmi les métropoles les plus dynamiques des pays du Nord.

D’un point de vue relatif, la croissance londonienne est restée supérieure à celle du Royaume- Uni durant la quasi-totalité des deux derniers cycles économiques. Davantage spécialisée dans les activités à forte valeur ajoutée (fig.7), l’économie de Londres est devenue plus performante que celle du pays dans sa totalité (fig.8). Ceci marque la fin d’un long déclin relatif que révèle les performances systématiquement plus médiocres de Greater London par rapport au Royaume-Uni de 1971 à 1985.

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Figure 7 - Part des services financiers et aux entreprises dans la valeur ajoutée

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Greater London Royaume-Uni

P a rt en % 1993 1998 Source : O.N.S. 2003

Figure 8 - La croissance économique de Londres par rapport à celle du Royaume-Uni, 1971-2001 (R-U = 0) -4 -3 -2 -1 0 1 2 3

Source : G.L.A. economics, 2002.

L’évolution de la ventilation de la croissance entre les différentes régions administratives qui composent la métropole montre que si Greater London bénéficie d’une croissance relativement forte, le South East et l’East sont encore plus performantes. Ces deux dernières régions combinent en effet une dynamique propre et partagent les retombées (par diffusion) de la croissance de Greater London.

1.2.1.2. L’ attraction internationale confirmée

L’accumulation des compétences, la souplesse de marchés très peu régulés, la connectivité (aérienne et interne) et la langue anglaise sont autant de facteurs qui assurent à Greater

London une attractivité inégalée en Europe selon les différentes études comparatives du très couru benchmarking urbain (Cushman & Wakefield ou Ernst & Young).

Figure 9 - Localisation des projets d’investissement en 2002

0 20 40 60 80 100 120 140 Grea ter L ondon Ile de Fran ce Catal ogne Stoc khol m Mos cou Madr id Buda pest Am ster dam Anve rs Fran ckfor t Ista nbul Berlin Vienne Buch ares t Source : L.D.A., 2003

Plus sûres sont les données concernant l’investissement direct. Depuis les années 1990, Greater London reste, année après année, en tête des villes réceptrices d’investissements directs étrangers. En 2002 (fig.9), Greater London accueillait deux fois plus de projets que les ensembles Barcelone/Catalogne et Paris/Ile-de-France. Un processus d’accumulation semble donc confirmer et pérenniser (pour quelque temps au moins) la prééminence de Londres en Europe. Le dynamisme de la région révèle l’adaptation rapide de l’économie métropolitaine aux exigences de l’encadrement de l’économie mondiale et au contexte de concurrence exacerbée entre les métropoles mondiales.

1.2.2. Une économie hautement tertiarisée

Comme pour d’autres métropoles, le rôle de ville globale fait de Londres un cas à part dans son économie nationale. Il est possible de le quantifier par les quotients de localisation, qui mesurent la concentration d’un secteur dans Greater London par rapport à la concentration de ce secteur en Grande-Bretagne. Un quotient de 1 signifie que ce secteur est aussi important dans l’économie londonienne qu’il l’est dans le pays. Il est plus élevé si ce secteur est plus important en termes relatifs à Londres que dans le pays.

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Figure 10 - Quotients de localisation des secteurs d’activité dans Greater London en 2000 : les secteurs sur-représentés

1 1.2 1.4 1.6 1.8 2 2.2 Services financiers

Services aux entreprises Industries créatives Immobilier Transport et logistique TIC Environnement Tourisme et loisirs

Source : London Development Agency

La spécialisation relative de Greater London dans les secteurs de la finance, des services aux entreprises et de la création est confirmée par leurs quotients élevés (fig.10). Les services les plus sophistiqués y sont ainsi de 1,6 à deux fois mieux représentés que dans le reste du pays. La sur-représentation du secteur touristique confirme la dimension culturelle de la métropole qui a accueilli 28,4 millions de visiteurs en 2001 (L.D.A., 2002), soit à peu près autant que l’agglomération parisienne. Mécaniquement, plusieurs secteurs sont sous-représentés du fait de la « sélection naturelle » induite par la concurrence pour l’espace central (fig.11).

Figure 11 - Quotients de localisation des secteurs d’activité dans Greater London en 2000 : les secteurs sous-représentés

0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 Commerce recherche Œuvres caritatives Secteur social Sciences de la vie Santé Construction Industrie Gaz, électricité

Source : London Development Agency

Les secteurs de la construction et de l’industrie sont relativement peu présents dans la ville (0,55 et 0,6), reflétant sa désindustrialisation massive et, au moins partiellement, la délocalisation des activités consommatrices d’espace hors de son périmètre. Les activités de

recherche et développement ont aussi eu tendance à quitter Greater London pour un environnement plus agréable, sans s’éloigner des nœuds très connectés des réseaux de transport de la région (Surrey, Hertfordshire).

1.3. Les mutations sociales et démographiques

Les fonctions globales de Londres sont venues se surimposer à sa fonction de capitale nationale. Si Londres révélait déjà une orientation internationale au moment de la colonisation et de la diffusion du capitalisme victorien, la mondialisation l’a consacrée capitale économique et financière globale, au même titre que New York. Les fonctions internationales exercées par la métropole ont eu des implications majeures sur la structure des activités qui à son tour modifie le profil des emplois et la démographie régionale.

1.3.1. Les mutations de l’emploi

Le nombre d’emplois augmente dans la région métropolitaine y compris à Greater London. Les emplois sont de plus en plus qualifiés mais une fraction des actifs reste au chômage.

1.3.1.1. L’accroissement rapide du nombre d’emplois

En moyenne, au cours du dernier cycle économique (1993-2003), la croissance de Greater London a atteint 3,1% alors que celle de la région dans son ensemble atteignait 3,4% et celle du Royaume-Uni, 2,6%. Compte tenu de la durée de la période de comparaison, on ne peut encore affirmer qu’il s’agit d’une tendance lourde, même si la sophistication des activités financières du centre de Londres tend à maintenir le différentiel de croissance entre la ville et le reste du pays. En conséquence, le nombre d’emplois de Greater London s’est accru de 6,8% entre 1990 et 2001 (tab.8) et même de 20% pour l’ensemble de la région entre 1993 et 2003. Comparativement, entre 1990 et 2000, la ville de Paris perdait 11,8% de ses emplois alors que les effectifs pour l’ensemble de l’Ile-de-France stagnaient.

Tableau 8 - Evolution comparée de l’emploi 1980-2001 Cycle 1980-1990 Cycle 1990-2001

Greater London - 0,7% + 6,8%

Reste de la région métropolitaine +10,5% +14

Royaume-Uni + 6,8% + 0,6 %

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Si la croissance de l’emploi n’a fait que s’accélérer dans le reste de la région métropolitaine (au sens de Metropolitan Area), un reversement de tendance s’est opéré dans Greater London, marquant la fin du déclin absolu du cœur de la métropole en termes d’emplois. L’accroissement du nombre de postes offerts s’est accompagné d’un essor de la population comme nous le verrons dans la partie 1.3.3 de ce chapitre. L’évolution positive que connaît la région ne signale pas pour autant le retour du plein emploi, plus particulièrement dans Greater London.

1.3.1.2. La persistance du chômage dans Greater London

Greater London présente un taux de chômage persistant par rapport au pays (tab.9). La capitale est d’une part quelque peu victime de son succès. En effet, la croissance démographique (immigration) semble trop importante par rapport à la dynamique de création d’emplois. D’autre part, Londres souffre comme de nombreuses métropoles des pays développés de ce que les analystes anglo-saxons nomment le spatial mismatch (Ghorra- Gobin, 2003). Cela signifie qu’une partie des populations résidentes ne dispose pas des qualifications nécessaires pour occuper les emplois très qualifiés qu’offre le C.B.D. Il s’ensuit un chômage structurel, lié à la brutalité des mutations économiques.

Tableau 9 - Taux de chômage des 16-59/64 ans Taux de chômage (B.I.T.)

Greater London Royaume-Uni

1997 9,5 7,3

2000 7,4 5,8

2002 6,9 5,3

2004 7,1 4,8

Source: O.N.S., 2003, 2005

De fortes disparités touchent la région. Inner London et l’estuaire de la Tamise sont les espaces les plus concernés par le chômage. A l’inverse, dans le reste de la région métropolitaine et particulièrement à l’Ouest, la part des actifs sans emploi est souvent inférieure à 4%, seuil de chômage quasi incompressible qui révèle des tensions marquées sur le marché du travail. Dans l’hypercentre et dans les comtés de la vallée de la Tamise, il y aurait même pénurie d’emplois.

1.3.1.3. La tertiarisation de l’emploi

Les modifications de la base économique se sont accompagnées d’une transformation de la structure de l’emploi. La croissance globale du nombre de postes occupés masque une « professionnalisation » de cette structure (Hamnett, 1994). Si globalement le nombre d’emplois a augmenté dans la même proportion dans la région métropolitaine que dans le pays, tant le déclin de l’industrie que l’essor des services y ont été largement plus marqués.

Tableau 10 - Evolution de l’emploi par secteur de 1981 à 2001

Greater London Reste de la région métropolitaine Région métropolitaine G.B.

Secteur d’activité milliers % milliers % milliers % %

Industrie - 66 - 61 - 218 - 43 - 586 - 53 - 37

Autres secteurs manuels - 149 - 20 + 100 + 22 - 50 - 4 + 11

Services aux entreprises + 511 + 66 + 342 + 132 + 852 + 82 + 68

Santé, éducation, gouvernement - 49 - 6 + 55 + 13 + 9 + 2 + 24

Services aux personnes + 210 + 33 + 181 + 52 + 389 + 39 + 33

Total + 156 + 5 + 456 + 23 + 612 + 12 + 12

Source : Coll., 2003, p.21

L’emploi industriel est désormais résiduel dans Greater London. Seules résistent l’industrie du luxe et celles dont la composante technologique est forte. Après l’industrie lourde, ce fut au tour de l’industrie manufacturière de s’effondrer dans les années 1970-1990. Au total, entre 1981 et 2001, l’emploi industriel a reculé de 61% à Greater London et de 43% dans le reste de la région (tab.10). 1999 a été une année particulièrement marquante dans ce processus puisque la dernière usine de production automobile a fermé ses portes (Ford à Dagenham). Ces dernières années, la désindustrialisation a également touché le reste de la région métropolitaine, comme en témoigne la fermeture en 2002 de l’usine de General Motors à Luton. Cependant, grâce à son orientation technologique, l’industrie du Greater South East résisterait mieux que celle du reste de la Grande-Bretagne.

A l’inverse, le secteur des services a plus que compensé les pertes d’emplois industriels. Au total, près de 1,2 millions d’emplois ont été créés dans la région, qui compensent largement la contraction des emplois industriels (-586 000). Parmi les secteurs les plus dynamiques figurent les services aux entreprises, reflet du rôle de ville mondiale. Le gain d’emplois dans les services aux entreprises enregistré par Greater London représente 65% du gain total de la région dans ce secteur. Greater London est donc le principal bénéficiaire du statut de ville globale. Cependant, la dynamique semble plus importante dans les périphéries métropolitaines (+132%) que dans Greater London, dans la mesure où elles bénéficient des

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délocalisations londoniennes et d’atouts propres. Globalement, Londres et sa région présentent une structure socio-professionnelle plus qualifiée que la moyenne nationale. Cependant, tous les sous-espaces de la région ne participent au même degré à cette tertiarisation sophistiquée.

Carte 8 – Part des emplois hautement qualifiés par Local Authority Part des emplois

hautement qualifié (%)

Fait avec Philcarto

http://perso.club-internet.fr/philgeo Manuel Appert, 2005 N 0 50km 8,4 10,5 14,6 17,7 22,5 34,6 60,1

La classification entre emplois qualifiés, intermédiaires et peu qualifiés est définie par l’Office

for National Statistics à partir du recensement de 2001 et de la Labour Force Survey (enquête

continue). La cartographie des emplois hautement qualifiés révèle la prééminence d’Inner London et l’opposition désormais classique entre l’Ouest et l’Est (carte 8). Le croissant des technologies et des back offices de la City est clairement identifiable depuis le Sussex au sud jusqu’au Cambridgeshire au nord, en passant par le Surrey et le Berkshire à l’ouest, et enfin le Hertfordshire. A l’inverse, la part des emplois qualifiés est plus faible dans les comtés de Norfolk et dans ceux qui bordent l’estuaire de la Tamise. Cela souligne le manque d’attractivité de ces espaces pour les délocalisations londoniennes.

1.3.2. Richesse globale et disparités locales

1.3.2.1. Des revenus plus élevés et plus inégaux

Au bas de l’échelle des revenus, la part des ménages britanniques et londoniens qui percevaient moins de 150 Livres (225 euros) par semaine est très similaire (fig.12). 17% des ménages londoniens disposaient de moins de 150 Livres contre 18% des Britanniques. Les

ménages à revenu moyen (250-600 Livres soit 350-900 euros) sont sous-représentés dans Greater London. Cela résulte d’un effet mécanique, puisque la part des ménages gagnant plus de 750 Livres par semaine (1150 euros) est très nettement supérieure dans Greater London (33% contre 20%). Ce graphique confirme que la polarisation sociale exprimée par le revenu n’est pas perceptible à Londres contrairement à la théorie de S. Sassen (1991). Selon cette

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