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En passant par la structuration nominale, les apprenants acquièrent des éléments permettant d'expliciter des relations entre événements. Il s'agit principalement d'une structuration verbale.

La variété de base se compose d'un nombre réduit de formes verbales. En outre, cette variété des stades intermédiaires se caractérise par trois phénomènes : l'absence de flexion verbale, l'absence de subordination.

L'apprenant qui maîtrise ce système a les moyens de raconter une histoire simple en respectant l'ordre chronologique des événements, ou de faire la description d'une image en localisant les objets de manière plus ou moins explicite, autrement dit, il est en mesure

42 Ibid. 43 Ibid.

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d'apporter une réponse minimale en effectuant un "traitement prototypique de la tâche" (Watorek 1996)44. Il fait alors appel à des principes discursifs relevant des ordres naturels, tels que la chronologie pour la succession des événements.

9- Caractéristiques du discours narratif

Un texte narratif peut être personnel ou fictif. Dans le premier cas, il implique le locuteur en tant que protagoniste de l'histoire, basé sur des faits authentiques, dans le deuxième cas, le locuteur est extérieur à l'histoire et le protagoniste est l'un des personnages qui interviennent dans une histoire fictive, comme dans un film, ou un conte.

Donc la Quæstio peut spécifier ou pas un protagoniste et réfère à l'intervalle temporel suivant : « après ». Les actions de la trame se suivent donc dans l'ordre chronologique. Ce type de Quæstio est caractéristique des récits de film, où il s'agit de raconter une histoire fictive.

La narration joue un rôle, non seulement dans la vie quotidienne des êtres humains, mais aussi dans l’acquisition du langage. Le terme de narration sera utilisé pour faire référence à l’acte lui-même (de narrer, raconter) et le terme de récit au produit de la narration. Genette (1972)45 distingue « le récit », oral ou écrit, à « une histoire » qui comprend l’ensemble des événements racontés. Les définitions du récit ont varié quelque peu dans la littérature sur la question, l’essentiel étant que le récit ne renvoie pas au réel mais « à une représentation qui en constitue une reconstruction » (Fayol 1985)46. Le récit ne peut être défini de façon immuable, D’ailleurs, un événement unique suffit, selon certains, à créer une histoire (Genette 1983)47.

Selon Revaz (1997)48 un récit est une suite d’actions, successives dans le temps, et une mise en intrigue : il n’existe pas de modèle unique de récit.

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Watorek, M. (1996) : Conceptualisation et représentation linguistique de l’espace en italien et en français,

langue maternelle et langue étrangère, Thèse de Doctorat, Université Paris VIII.

45 GENETTE, G. (1972), Figures III, Paris, Seuil.

46 FAYOL, M. (1985), Le récit et sa construction, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé. 47 GENETTE, G. (1983), Nouveau discours du récit, Paris, Seuil.

48 REVAZ, F. (1997), Les textes d’action, Recherches textuelles 1, Université de Metz, Paris, Librairie Klincksieck.

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Selon l’acception la plus connue, un récit est composé d’événements reliés entre eux par des liaisons chronologico-causales. Les expérimentations attestent de l’existence d’un schéma cognitif du récit, chez les adultes, variable selon les individus, plus que d’une compétence textuelle.

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Domaines de référence et mouvement référentiel

Quand il produit un énoncé, le locuteur exprime un contenu propositionnel, comportant un verbe qui exprime une action. L’action est contextualisée de différentes façons, en étant notamment repéré par rapport à un contexte spatio-temporel. En produisant un texte cohérent, un locuteur doit donc organiser l'information à transmettre selon des domaines notionnels ou conceptuels (temps, lieu, …)

Selon la Quæstio, certains ou tous les domaines référentiels notionnels vont être impliqués et s'ordonner dans le texte. La Quæstio détermine quels sont les domaines pertinents pour l'organisation de la structure principale dans un type de texte donné. Elle impose également des contraintes locales en ce qui concerne la façon dont l'information se développe d'un énoncé à l'autre. Le déroulement de l'information dans les domaines référentiels concernés, à travers le texte, correspond à ce que Klein & Von Stutterheim (1991)49 appellent le « mouvement référentiel ».

Cette évolution du contenu informationnel d'un énoncé est rendue visible à travers des marques textuelles de cohésion, telles que les connecteurs, les anaphores, l'ordre des mots,…

Les domaines représentés dans le récit sont ceux du temps et de l'espace, ainsi que ceux des personnages, mais le temps constitue normalement le domaine constitutif de ce type de tâche. Un texte narratif a en effet une structure discursive temporelle bien caractéristique et constitue un type de discours privilégié pour l'étude de la temporalité. Dans le cadre de notre étude sur la production d’apprenants arabophones, nous allons traiter la référence temporelle.

11- Structure du récit : modèle de Labov

Labov (1972)50, qui a travaillé sur la langue vernaculaire dans les ghettos noirs américains, a été le premier linguiste à mettre en exergue la structure générale du récit (dont la distinction avant-plan/arrière-plan) à travers son analyse de récits oraux d'expériences personnelles. Labov définit le récit (personnel) comme « une méthode de récapitulation de

49 Ibid. 50 Ibid.

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l'expérience passée consistant à faire correspondre à une suite d'événements (supposés) réels une suite identique de propositions verbales». La caractéristique première en est que les propositions y sont ordonnées temporellement : ces "propositions narratives" constituent le squelette du récit.

Un récit pleinement élaboré peut comporter les parties suivantes: 1) résumé 4) évaluation

2) indications 5) résultat ou conclusion 3) développement

Le résumé est la phase de démarrage du récit, elle le précède en quelque sorte en résumant toute l'histoire.

Dans les indications, le narrateur précise plus ou moins le moment, le lieu, les personnes concernées et leur situation. Elles peuvent être concentrées au début du récit mais aussi être insérées à l'intérieur de celui-ci.

Le développement constitue le récit par excellence, son « squelette ». Il est constitué de propositions indépendantes dont l'ordre correspond à celui, chronologique, des événements.

A n'importe quel moment du récit, le narrateur peut employer des procédés d'évaluation pour indiquer le propos de son histoire, sa raison d'être, pour montrer à l'auditeur que son récit est digne d'être raconté. L'évaluation peut être externe au récit(en l'interrompant), ou enchâssée à l'intérieur du récit, par des commentaires sous forme de discours rapporté, rapportant les sentiments du locuteur au moment des événements. Elle peut encore se réaliser en enchâssant un fait, une action réalisée par un actant et traduisant les sentiments de ce dernier.

La conclusion marque la fin de la série d'événements que décrit le récit.

Labov signale qu'on peut considérer le récit comme autant de réponses à des questions sous-jacentes (nous retrouvons là le principe de la Quæstio et celui de la dialogisation intérieure du discours) :

a) Résumé : de quoi s'agit-il ?

b) Indications : qui, quand, quoi, où ?

c) Développement : et après, qu'est-ce qui s'est passé ? d) Evaluation : et alors ?

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Seul c, le développement, est essentiel pour identifier un récit. Notons que la question qui le détermine coïncide avec le type de Quæstio que nous avons présenté dans le cadre d'un texte narratif.

12- Production langagière

En construisant un discours spontané et cohérent en temps réel, tout locuteur s'emploie à produire du sens avec les moyens dont il dispose. Les moyens d'un apprenant sont plus ou moins limités selon son niveau de maîtrise de la langue cible. En tout cas, ce locuteur se trouve face à un ensemble d'informations qu'il lui faut traiter en fonction de son ou ses but(s) communicatif(s), du contexte, et des connaissances partagées avec son interlocuteur. Cette tâche est d'autant plus complexe en langue étrangère, car le locuteur ne peut traiter ces informations qu'en fonction de ses moyens disponibles.

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