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Introduction

Dans ce deuxième chapitre, nous allons aborder la question de l’analyse et la construction du discours par des apprenants adultes (le cas de nos enquêtés). Nous survolons aussi le modèle d’analyse du discours adopté par le projet ESF, à savoir le modèle de la Quastio ainsi que toutes ses perspectives. Nous verrons par la suite le récit et ses caractéristiques, du point de vue de plusieurs chercheurs et selon plusieurs modèles.

Nous aborderons après les problèmes de référence au temps par des apprenants du français LE. On fera aussi une brève présentation du système temporo-aspectuel des deux langues en contact (l’arabe et le français).

Nous exposerons à la fin le bilan exhaustif du projet ESF concernant la référence temporelle ainsi que le modèle théorique adopté pour notre recherche.

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1- La construction du discours

Cette étude porte sur l'acquisition du français par des locuteurs arabophones, à travers l’analyse de productions écrites de ces locuteurs apprenants du français. Pour tout apprenant de langue, maternelle ou étrangère, résoudre le problème de production revient à« développer des principes lui permettant de combiner, de façon compréhensible pour ses interlocuteurs, les unités de signification dont il dispose en unités plus larges (mots, syntagmes, énoncés, textes) » (Perdue 1995)36.

Tout apprenant dispose d'un répertoire linguistique, plus ou moins riche et développé selon son niveau de maîtrise de la langue cible, répertoire qu'il utilise pour communiquer dans cette langue à travers des actes de parole plus ou moins complexes : pour rapporter par exemple des faits personnels et des événements passés, raconter une histoire, décrire, expliquer où se trouve un lieu, une personne ou un objet,… En adoptant une approche fonctionnelle du langage, nous nous intéressons à la façon dont ce répertoire est mis en œuvre par le locuteur pour pouvoir répondre à ses intentions de communication, face à une tâche verbale à réaliser en LE. Notre objectif est de voir comment ce répertoire est appliqué à des fins communicatives au niveau du discours, et quels types de connaissances sont mobilisés dans le processus de production langagière.

2- Construction du discours par des apprenants de langues adultes

Au cours de la production de tout discours, le locuteur doit faire appel à deux types de connaissances qui relèvent de deux niveaux d’organisation linguistique :

 Un niveau phrastique qui correspond à la structure interne des constituants de l’énoncé.

 Un niveau discursif qui détermine le développement de l’information à travers l’énoncé pour pouvoir former un discours cohérent.

Notre travail s’inscrit dans une approche théorique fonctionnaliste du langage qui conçoit le langage comme un outil de communication.

L’approche fonctionnaliste s’intéresse à deux propriétés fondamentales du langage :  La plurifonctionnalité.

 L’ancrage dans un contexte.

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Une même forme linguistique peut avoir une ou plusieurs fonctions. De même, une fonction peut être codée dans la langue de plusieurs façons. En effet, la langue est un système qui se caractérise par des relations complexes entre formes et fonctions.

En ce qui concerne l’ancrage du langage dans un contexte, il faut noter que tout langage dépend d’un contexte. Toutes les langues ont des structures dont la signification dépend du contexte.

Si on veut étudier une langue dans cette optique, on serait contraint d’aborder les emplois de la langue, leur traitement par l’adulte et leur acquisition tout en considérant toutes les relations entre les structures, les fonctions et les contextes.

Notre analyse des productions écrites tient compte des deux niveaux d’organisation linguistiques déjà mentionnés.

Un locuteur maitrise la capacité discursive, s’il sait utiliser les deux niveaux de compétences linguistiques (phrastique et discursif) en rapport avec un contexte qui définit le but de communication. S’il maitrise tout cela, son discours est donc cohérent et cohésif.

3- Analyse du discours

Lorsqu'on s'intéresse à la façon dont des locuteurs s'expriment ou produisent oralement en langue étrangère, dans une situation donnée, cela implique de prendre en compte non pas des phrases isolées et hors contexte, mais une suite d'énoncés organisés dans un ensemble plus ou moins cohérent, une unité que représente le discours.

Notre présent travail s'inscrit par conséquent dans une perspective discursive : la "conversion individuelle de la langue en discours" (Benveniste 1966)37 par un sujet adulte, qui sous-tend l'énonciation, impose, nous le verrons, un certain nombre de contraintes de différente nature. Etudier le discours (récit), c'est donc étudier la manière dont ces contraintes interagissent au niveau de la phrase ou de l'énoncé comme au niveau du texte, afin d'aboutir à une certaine cohérence.

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4- Cohérence et cohésion

Un discours doit être cohérent, sinon il ne s'agit que d'une simple juxtaposition d'énoncés. Sa cohérence provient du fait que « ses éléments successifs peuvent être intégrés en une représentation unitaire » (Caron 1989)38.

Mais cette unité ne se manifeste pas seulement au niveau du contenu, elle se manifeste aussi au niveau de la forme : la mise en relation des différents éléments successifs qui constituent le discours est assurée par des procédés linguistiques. La construction d'un discours passe donc par la mise en place d'une cohérence ainsi que d'une cohésion textuelle. La cohésion est un phénomène intra-textuel de connexion qui permet de relier les énoncés entre eux et d'aboutir à une certaine harmonie. Elle consiste en plusieurs types de relations de dépendance à l'intérieur du contexte linguistique.

L'interprétation efficace du contenu du discours par l'interlocuteur dépend donc en partie des marques textuelles de cohésion. A travers celles-ci, le locuteur s'efforce de rattacher chaque élément nouveau d'un énoncé (l'information « nouvelle ») à un élément déjà apparu dans le contexte linguistique (l'information « ancienne »), afin de guider le lecteur dans son processus de compréhension du discours.

5- Intégration au contexte

Prendre le discours (récit) comme unité d'analyse implique nécessairement de prendre en compte la relation entre le discours et le contexte. Des types de dépendance contextuelle, linguistique (anaphore), se manifestent dans le discours, et se retrouvent dans l'expression de domaines notionnels de base comme ceux de la personne, du temps et de l'espace.

D’autres auteurs font remarquer que dans ces domaines, ce sont les mêmes types de moyens qui doivent être acquis par l'apprenant d'une langue, à savoir des moyens linguistiques contribuant à l'organisation de l'information au niveau du discours et de la phrase.

6- Pragmatique du discours

En effet, lorsqu'un locuteur construit un discours, c'est pour un interlocuteur et en fonction d'un but communicatif précis. Ce but a été assigné aux locuteurs apprenants de notre étude par l'intermédiaire d'une tâche linguistique relativement complexe, à savoir un récit de

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film réalisé sous forme de productions écrites. Ceci a permis d'obtenir un corpus de données constitué de textes narratifs.

7- Un cadre d'analyse du discours

Dans la construction de textes écrits narratifs, le locuteur doit résoudre des problèmes de référence –à des personnages, des lieux, des moments– au niveau global (texte) et local (énoncé). L'analyse de tels textes, complexes du point de vue linguistique, permet d'aborder le fonctionnement des lectes d'apprenants en considérant les principes qui le régissent au niveau de l'énoncé d'une part et au niveau discursif d'autre part.

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