• Aucun résultat trouvé

Le concept d’espace ne fait pas l’unanimité, il semble qu’il en existe plusieurs.

Mazeau (1999) cite plusieurs auteurs dont Wallon qui définit 6 espaces opposables deux à deux :

- espace moteur / espace mental - espace postural / espace ambiant - espace réel / espace symbolique.

Bullinger, cité par Mazeau, voit, lui, un espace de préhension visuel / manuel / buccal. Mais la plupart des neuropsychologues font état de quatre espaces opposables :

- espace corporel / extracorporel - espace concret / abstrait (Fig. 17)

Figure 17. Modélisation des espaces Concret et Abstrait et leurs rôles, d’après Bullinger tiré de Mazeau (1999) Les notions spatiales sont fondamentales car elles interviennent dans toutes les réalisations motrices, le langage, la pensée spatiale (notamment dans les rotations mentales et les trajectoires), et la mémoire visuo-spatiale.

Nous nous intéresserons donc dans le paragraphe suivant, aux éléments nécessaires à la structuration des notions spatiales.

2. Éléments nécessaires à la structuration spatiale

Nous construisons la notion d’espace grâce à diverses perceptions, et à nos activités quotidiennes. C’est d’ailleurs par l’association du regard et de la vision, du mouvement, des perceptions tactilo-kinesthésiques, du langage, de l’attention sélective et du niveau cognitif normal qu’elle se construit.

Plus précisément, la vision nous permet d’appréhender le mouvement et donc les directions. Mazeau (1999) liste ainsi les perceptions essentielles à la construction de l’espace :

« - les éléments de l’environnement

- la vision 3 D donc la profondeur

- l’agencement des éléments, leur mouvement, les directions. »

Nos perceptions tactilo-kinesthésiques nous permettent d’embrasser le monde spatial par le mouvement et l’analyse de la proprioception en lien avec la vision.

Le langage quant à lui, apporte le vocabulaire permettant, de se représenter l’espace par rapport à soi et, de situer les objets dans l’espace.

Le tout nécessite un minimum d’attention et est supervisé, analysé par le système cognitif global.

Pour apporter une vision plus psychomotricienne, Vaivre-Douret (2009) déclare que « la

capacité de représentation du corps, ainsi que l’intégration de cette dernière constituent une étape importante dans la perception de soi comme un tout, qui permettront par la suite la mise en place des repères spatiaux autour de l’axe médian du corps. »

Ces considérations théoriques posées, nous avons tenu à explorer, de façon précise, l’acquisition des concepts présents dans le test que nous nous sommes proposés de réétalonner.

3. Acquisition des concepts topologiques

a) Les étapes théoriques du développement

Piaget et Inhelder (1948), cité par Deltour (1981), et Laurendeau et Pinard (1968) ont montré que la manipulation des objets, leur perception (que ce soit dans un espace fixe ou lors de déplacement) permettent à l’enfant de créer un espace pratique (ou préopératoire) à l’origine de la représentation de l’espace. Ce qui est d’ailleurs appuyé par les observations d’Inhelder (1972)

cité par Deltour. L’enfant, entre 14 et 18 mois, superpose, met dans, aligne. À 19 mois, il recherche les premières expériences d’équilibre dans l’espace en posant divers objets sur sa tête et son corps.

Henri et Wallon cités par Deltour, résument de manière pertinente les plans qui permettent la communication d’un individu avec le monde extérieur :

« - le plan sensori-moteur où les gestes se déploient dans un espace donné.

- le plan opératoire où les objets s’organisent par rapport à nos actes. - le plan mental où de l’acte, on passe à la représentation et au langage. »

Il existe néanmoins trois théories explicatives de la construction des notions spatiales.  La position psycho-linguistique

Clark (1973) cité par Deltour (1981) développe sa théorie de « surextension » : l’enfant généralise les marqueurs topologiques grâce aux caractéristiques communes à la situation amenant l’acquis du premier terme, face à toutes les autres. Dans cette optique, l’enfant acquiert les termes les moins porteurs de sens différents, c’est-à-dire les plus simples en premier. Dans cette théorie, l’aspect perceptif joue un rôle prépondérant.

 La position cognitive

C’est Pierart (1978) cité par Deltour (1981) qui soutient cette théorie en se basant sur les travaux de Piaget. Sa théorie consiste à dire que l’acquisition des marqueurs topologiques se construit au cours du développement, selon 4 étapes bien définies. La première étape débute avec une compréhension inférieure à 50% du terme pour aboutir à une production adéquate avec une différenciation de termes approchants.

 La position environnementaliste

Selon Sabeau-Jouannet (1977), il semble que l’acquisition des concepts spatiaux, au niveau expressif, fasse appel à plusieurs facteurs. D’une part, les concepts seront plus facilement intégrés s’ils correspondent à des structures familières employées par l’adulte. D’autre, part, il semble que l’enfant intègre mieux les structures langagières référant à une notion d’espace, s’il peut percevoir immédiatement dans l’espace ce dont on parle. Nous pouvons ajouter aussi que la direction du mouvement et l’enfant comme point de repère central permettent à celui-ci d’acquérir les notions spatiales.

b) L’âge d’acquisition et l’ordre d’acquisition.

Sabeau-Jouannet (1977), a suivi pendant 3 ans une cohorte de dix enfants entre l’âge de 2 ans et 5 ans. Chaque enfant était enregistré toutes les semaines pendant ces trois ans. Elle relate alors que l’enfant se repère d’abord en fonction de l’opposition : intérieur / extérieur. Dans cette opposition, c’est la position intérieure qui est acquise en premier. Il apparaît que dès l’âge de 1 an et 8 mois chez certains enfants, la préposition « dans » fait partie du lexique expressif. La préposition « sur » suit dans le développement avec une première apparition entre 2 ans 9 mois et 2 ans 11 mois. La préposition « sous » n’apparaît qu’ensuite.

L’antériorité de ces termes les uns par rapport aux autres en compréhension a été confirmée par une étude sur deux enfants de 3 et 4 ans. Le terme « sous » fait référence, pour eux, à quelque chose de caché, non visible.

Bloch (1924) puis Brown (1973) cités par Deltour (1981) situent l’acquisition des premières prépositions « à, dans, sur, sous, près de, par terre » au cours de la troisième année de vie de l’enfant. Deltour, affirme que la plupart des marqueurs de relations spatiales sont acquis dès 4 ans.

Rondal (1978) cité par Deltour, différencie les âges d’acquisition selon que ce sont des adverbes ou des prépositions. En effet, pour lui, les adverbes de lieu tels « dedans, dessus, devant… » sont acquis vers 30-36 mois. Les prépositions (à, dans, sur, sous…) sont quant à elles, acquises vers 38-42 mois. Pierart (1978) cité par Deltour nuance ces acquisitions. L’enfant apprend un sens global puis acquiert la finesse sémantique plus tardivement. Par exemple, ce n’est qu’environ vers 6 ans que les enfants reconnaissent la différence entre ces deux expressions : à côté de, près de.

Selon Bertrand (2009), l’acquisition des concepts topologiques suit un ordre bien déterminé, répertorié ici, des premiers acquis aux derniers :

1. Haut / Bas 2. Sur / Dans 3. Devant / Derrière 4. À côté de 5. Entre 6. À gauche / à droite 7. Au-dessus de / au dessous de

8. Contre / autour / au milieu / À travers / Au bord Si nous entrevoyons désormais, le développement de la compréhension des termes topologiques chez l’enfant non pathologique, il nous semble important d’étudier les problèmes rencontrés dans ce domaine par les enfants ayant une pathologie du langage. En effet, cela explique pourquoi les orthophonistes ont besoin de tests capables d’évaluer ces concepts.

B. Difficultés de structuration spatiale dans la pathologie chez l’enfant