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II. Les cellules myéloïdes immunosuppressives (MDSC)

6. Stratégies thérapeutiques permettant de cibler les MDSC

Les recherches menées en oncologie ces dernières années montrent que le succès des th apies a ti a euses epose fo te e t su l i hi itio de l i u osupp essio . C est pou ette aiso ue l i hi itio des fo tio s i u osupp essi es des MDSC est u e st at gie intéressante pour restaurer une réponse immunitaire anti-tumorale et induire une régression tumorale. Grâce à une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires permettant l e pa sio et l a ti atio des fo tio s i u osupp essi es des MDSC, il a t possi le d e isage et de tester plusieu s st at gies d inhibition (détails dans le tableau 4) :

 Inhiber la génération et l e pa sio des MDSC

 Inhiber la circulation des MDSC de la moelle osseuse vers les organes lymphoïdes et la tumeur  Inhiber les fonctions immunosuppressives

 Induire la maturation en macrophages de type 1 ou en cellules dendritiques fonctionnelles  Inhiber la polarisation en macrophages de type 2 ou en cellules dendritiques tolérogènes

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Nous ne détaillerons pas tous les mécanismes moléculaires liés à ces stratégies (indiqué dans le tableau 4). Nous allons focaliser notre propos su les st at gies d li i atio des MDSC pa des agents pharmacologiques et en particulier par les agents chimiothérapeutiques. Nous verrons que certai s d entre eux peuvent éliminer les cellules MDSC et ainsi restaurer une immunité antitumorale. Nous verrons également quels sont les effets inattendus et/ou délétères de ces stratégies.

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C est pou la p e i e fois e ue l équipe de Steven Albelda mo t e u u e chimiothérapie utilisée habituellement pour sa capacité à cibler directement les cellules tumorales, induit une diminution des MDSC (Suzuki et al, 2005). Cette chimiothérapie, la gemcitabine, fait partie de la classe des anti- ta olites. Elle est utilis e da s le t aite e t d u g a d o e de a e s : bronchique non à petites cellules, pancréas, sein, vessie, ovaire. L équipe de Steven Albelda montre effectivement que la gemcitabine permet de réduire le nombre de cellules MDSC dans la rate de souris porteuses de tumeur. Cette observation a été faite dans cinq modèles de cancers différents : TC1, LLC, AE17 dans la souris C57bl/6, AB12 et L1C2 dans la souris BALB/c. Au u effet a epe da t été mesuré sur les autres sous-types leucocytaires tels que les lymphocytes T-CD4+, T-CD8+ ou encore les lymphocytes B, ce qui suggère que la gemcitabine est capable de cibler spécifiquement les MDSC. Les auteurs de ette tude o t o t ue l e positio des MDSC à la gemcitabine entraînait leur mort par apoptose et par nécrose en utilisant un marquage Annexine-V/Iodure de propidium sans pour autant en expliquer le mécanisme. La déplétion en MDSC induite par la gemcitabine permet de restaurer une activité anti-tumorale des cellules NK présentes da s la ate et s a o pag e d u e di i utio de la asse tu o ale. E , est e olla o atio a e Suza e Ost a d-Rosenberg ue l uipe de Ste e Albelda confirme cet effet de la gemcitabine et montre également que cette chimiothérapie permet de limiter la polarisation des macrophages de type 2 par les MDSC. La gemcitabine permet également u e i hi itio de la p odu tio d IL-10 et un maintien de la p odu tio d IL-12 (Sinha et al, 2008). Des résultats identiques ont été observés pa l uipe de Bea HD en 2009 (Le et al, 2009).

E , l uipe de Julie Djeu a o t ue le do ta el poss de gale e t des apa it s anti-tu o ales da s le od le de a i o e a ai e T pa l i te diai e de l li i atio des cellules MDSC. De façon t s i t essa te, ette tude o t e gale e t u e plus d li i e les MDSC, le do ta el pe et d i dui e la atu atio de es ellules. Da s e od le, les ellules CD11b+ Gr1+ expriment largement le marqueur CD206 et faiblement le marqueur CCR7, un phénotype plutôt caractéristique des macrophages de type 2 aux propriétés pro-tumorales. Le traitement des souris porteuses de tumeurs 4T1 par le docétaxel modifier le phénotype de ces cellules (CD206+, CCR7-, CMH-II-, CD86-, CD11c-) en cellules mature de type 1 (CD206-, CCR7+, CMH-II+, CD86+, CD11c+). Cette modification est fortement associée à une réactivation des cellules T-CD8+ qui pou o t p odui e de l IFN . Selo les auteu s de ette tude, le a is e ol ulai e sous-jacent à ces modifications i pli ue l i hi itio de STAT (Kodumudi et al, 2010).

La même année, mon uipe de e he he a pu o t e u u e hi ioth apie de la e classe thérapeutique que la gemcitabine, le 5-Fluorouracile (5-FU), favorise la déplétion des MDSC dans un modèle de lymphome T murin (EL4). Nous avons également confirmé l effet déplétant de la

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gemcitabine et o t ue toutes les hi ioth apies e pe ette t pas d li i e les MDSC dans ce modèle (doxorubicine, cyclophosphamide, oxaliplatine, paclitaxel, raltitrexed). Comme dans l tude de Ste e Al elda, o uipe a observé un effet sélectif du 5-FU sur les MDSC (aucun effet significatif sur les autres populations leucocytaires T, NKT, NK, B, DC). La déplétion des MDSC est i duite suite à l activation de la caspase-3 et de la caspase- ui pe ette t d i dui e u e o t pa apoptose à la fois sur les MDSC de type granulocytaire et de type monocytaire (Ly-6Cint Ly-6G+ et Ly-6Chigh Ly-6G-). De manière intéressante, il se le ue l effet i u o-modulateur du 5-FU passe exclusivement par la déplétion des MDSC. En effet, le 5-FU a pas la apa it d i dui e u e d pl tio des Treg, i duit pas la maturation des cellules dendritiques (expression du CD86 et du CD40) et ne provoque pas une mort immunogène des cellules tumorales (exposition de la calréticuline, relargage d HMGB ). La suppression des MDSC permet néanmoins de restaurer la capacité des lymphocytes T-CD4+ et T-CD8 + à produi e de l IFN . L a ti it a ti-tumorale du 5-FU ne passe donc pas uniquement pa u e toto i it di e te e e s les ellules tu o ales ais aussi pa la estau atio d u e réponse immunitaire anti-tumorale pa l i te diai e d u e déplétion des MDSC (Vincent et al, 2010).

En 2014, une nouvelle étude a permis de montrer dans le modèle 4T1 un effet pro-apoptotique de la doxorubicine sur les MDSC et u elle diminuait les fonctions immunosuppressives des MDSC su i a tes hute de l e p essio de l a gi ase-1 et de la NO synthase inductible). Il en résulte bien évidement une stimulation de la réponse immunitaire anti-tumorale, notamment par une induction du nombre de cellules T effectrices CD4+ et CD8+ et des NK dans le sang et la rate et par u e aug e tatio de la p odu tio d IFN , de granzyme B et de perforine par ces cellules (Alizadeh

et al, 2014). Ces résultats sont contradictoires avec les données publiées par ot e uipe su l effet de la do o u i i e. La dose et la oie d ad i ist atio de la doxorubicine sont identiques entre les deux études (5 mg/kg, i.v). Le od le d tude est a oi s diff e t e t e l tude d Alizadeh D et

al, (4T1) et de Vincent J et al, EL . Cette diff e e est i po ta te d auta t ue ous a o s u ue le microenvironnement tumoral joue u ôle ajeu da s l e pa sio et la su ie de ces cellules. De plus, les effets biologiques induits par les traitements chimiothérapeutiques peuvent conduire à des réponses ambivalentes associant déplétion des MDSC et stimulation de leur expansion. Les mécanismes permettant la déplétion des MDSC peuve t aussi fa o ise l a ti atio d aut es

a is es d happe e t.

En effet, des effets biologiques ambivalents liés à la déplétion des MDSC par la gemcitabine et le 5-FU ont été observés pa o uipe de e he he. L effet th apeuti ue de la gemcitabine et du 5-FU est très puissant dans le modèle de thymome EL-4 et nous avons vu que cet effet passait en pa ti ulie pa u e estau atio de l i u it a ti-tumorale en lien avec une déplétion des MDSC.

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Cet effet reste néanmoins très transitoire et comme dans la réalité clinique, la tumeur finit par d eloppe de ou eau a is es d happe e t. C est e d tailla t les a is es o duisa t à la mort des MDSC que mon équipe de recherche a pu mieux comprendre les mécanismes liés à l happe e t tu o al qui suit un traitement par la gemcitabine et le 5-FU. Ces deux hi ioth apies o t toutes deu u poi t o u , elui de p o o ue l a ti atio de l inflamasome NLRP3 (Figure 15).

Figure 15 : M a is es ol ulai es i pli ua t les MDSC et e pli ua t l’effet ambivalent de la gemcitabine et du 5-FU sur la réponse immunitaire Shurin et al, 2013

Cette activation passe par une perturbation et une dégradation de la membrane du lysosome via la protéine Bax, ce qui conduit au relargage de la protéase cathepsine B. Mon équipe a pu observer une interaction entre cette enzyme et un complexe multi-protéique, l inflamasome, composé de NLRP3, ASC et de la procaspase-1. En se liant à l inflamasome NLRP3, la cathepsine B permet son activation et le clivage de la procaspase-1 en caspase-1 active. La maturation de la caspase-1 a deux conséquences ui so t d ailleu s li es l u e à l aut e. Premièrement, elle permet d i dui e la o t pa pyroptose des cellules MDSC. Deuxièmement, elle favorise la maturation de la pro-IL-1β et de la p o-IL-18 en IL-1β et e IL-18 qui sont les formes biologiquement actives de ces deu toki es. L effet a i ale t de la gemcitabine et du 5-FU est fortement lié à ces deux

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o s ue es. La o t des ellules MDSC est u e o s ue e fi ue puis u elle pe et de lever u a is e d i u osupp essio . N a oi s, cette mort dépend complétement de l a ti atio de la aspase-1 qui conduit au relargage de l IL-1β. Or, cette cytokine pro-inflammatoire joue un rôle crucial dans la polarisation des cellules Thelper et en particulier des cellules Th17. Dans les modèles de cancer murins étudiés dans notre équipe, ces cellules jouent un rôle délétère sur la croissance tumo ale e sti ula t l a gioge se et les a is es de sista e à la o t ellulai e. Ainsi, l ad i ist atio de -FU aux souris caspase1-/-, caspase1-/-, nlrp3-/-, il17a-/- ou traitées par de l IL- ‘a, pe et de li ite l e pa sio des Th tout e ai tenant une déplétion des cellules MDSC et do u ai tie de l effet th apeuti ue du -FU. Chez l ho e, l effet d pl ta t su les MDSC et l i du tio des Th par la Gemcitabine et le 5-FU a pas t tudi . Not e uipe a a oi s pu o t e ue l ad i ist atio d u e hi ioth apie o po ta t du -FU a des patients porteurs d u a e oli ue conduisait : i à l a ti atio de la athepsi e B et de la aspase-1 dans les leucocytes circulants ii à l aug e tatio s i ue de l IL- β (Bruchard et al, 2013). Ces observations ont permis de mettre en place un essai thérapeutique multicentrique de phase 1 associant anti-IL- β et le protocole LV5-FU2 + bevacizumab chez des patients porteurs de cancers colorectaux en situatio d he th apeuti ue. Cet essai th apeuti ue au a aussi pou ut de lier le profil immunitaire périphérique (taux de MDSC, Th17) à l i pa t th rapeutique de cette association.

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