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3. TROISIÈME CHAPITRE : MÉTHODOLOGIE

3.2. Stratégie de recherche

Afin de répondre à notre question de recherche, nous avons opté pour une stratégie de recherche qualitative exploratoire utilisant l’étude de cas inductive pour permettre l’exploration en profondeur du phénomène. Notre recherche est exploratoire puisqu’elle tente de préciser les contours d’un phénomène encore peu exploré, soit les

effets anticipés d’une cohabitation future sur la créativité et l’innovation des utilisateurs d’un lieu de travail partagé.

3.2.1. Recherche qualitative

L’approche qualitative convient à une recherche dont le phénomène social est complexe et qui a un caractère exploratoire (Fortin, 2010). En effet, la recherche qualitative permet une construction progressive et une approche ajustée aux caractéristiques et à la complexité des phénomènes humains et sociaux (Anadón et Guillemette, 2007). Elle aborde les phénomènes étudiés dans leur contexte naturel (Nguyên-Duy et Luckerhoff, 2007). De plus, comme le stipule Pires (1997, p. 7) « le propre de la recherche qualitative est d'être souple et de découvrir - construire ses objets au fur et à mesure que la recherche progresse ». Puisque les objectifs de notre recherche consistent à décrire, comprendre et expliquer, l’utilisation de l’approche qualitative est justifiée (Mbengue et Vandangeon-Derumez, 2007). Elle offre aussi la latitude nécessaire à l’approfondissement de certaines situations vécues par le sujet tout en permettant de mettre en lumière le contexte associé à ces situations (Fortin, 2010). De plus, dans le cas présent, l’approche qualitative permet de recueillir des données personnalisées de l’expérience des participants et de leurs besoins, qui sont considérés comme les principaux informateurs de cette recherche. Par ailleurs, les données qualitatives sont considérées comme étant « riches » de sens; elles produisent des descriptions « englobantes », détaillées et en contexte réel (Miles et Huberman, 2003) où elles deviennent la composante centrale de la compréhension et de l’analyse de la réalité humaine (Anadón et Guillemette, 2007).

Selon Anadón et Guillemette (2007, p. 28),

dans ces perspectives propres aux recherches dites qualitatives (perspectives interprétatives, critiques, constructivistes ou dialogiques), la connaissance est une construction partagée à partir de l’interaction

chercheur/participants interaction traversée par des valeurs qui ont un impact sur la connaissance produite et sur le processus de production.

En effet, la réalité est comprise à travers les yeux, les propos et les perceptions des participants et du ou des chercheurs. Il est alors important de faire preuve de rigueur tout au long de la recherche. Comme le mentionnent Baumard, Donada, Ibert et Xuereb (2007), la vraie difficulté d’une recherche qualitative n’est pas l’abstraction du chercheur, mais bien la qualité et la maîtrise de la présence du chercheur sur le terrain. Selon Prévost et Roy (2015), ce type de recherche se mène dans le « feu de l’action », soit en contexte réel.

Pour cette recherche, la production de connaissances est orientée par un « design émergeant » par opposition à un design de recherche fixe et préétabli. Tel que défini par Anadón et Guillemette (2007), un design émergeant se structure à partir des découvertes consécutives qui sont faites pendant le processus de recherche, c’est-à-dire pendant sa réalisation. L’acceptation de ces découvertes est faite à travers le dialogue, la négociation, la réflexion critique, la recherche d’une lecture reposant sur le consensus de la réalité étudiée, l’interaction entre le vécu du chercheur et celui des participants.

3.2.2. Étude de cas unique

Comme décrit par Prévost et Roy (2012, p. 70), l’étude de cas sert à « décrire un phénomène, à en développer une visée compréhensive et conceptualisée à partir des perceptions, actions, interactions et processus des différents acteurs en présence (interprétativisme) ou à générer une nouvelle théorie à partir d’observations et de descriptions obtenues sur le terrain (constructivisme). ». De plus, le cas unique peut représenter une contribution importante à la construction de connaissances et de théories (Yin, 1994) dues notamment à la profondeur de la collecte des données. Les études de cas sont donc des stratégies de recherche populaires qui constituent la base

d’études pertinentes (Eisenhardt et Graebner, 2007). La définition la plus souvent citée dans la littérature est la suivante : « Une étude de cas est une investigation empirique qui examine un phénomène contemporain en contexte réel lorsque les frontières entre phénomène et contexte ne sont pas clairement évidentes. » (Yin, 1994, p. 13). Par ailleurs, l’étude de cas est tout à propos lorsque l’on dispose de peu de données sur l’événement ou le phénomène à l’étude (Fortin, 2010) et dont l’état des connaissances actuel est insuffisant et ne permet pas une compréhension en profondeur du phénomène dans son contexte (Nguyên-Duy et Luckerhoff, 2007).

Pour David (2004, p. 5), il est clair qu’« un cas est une manifestation empirique supposée ou réelle. Étudier un cas, c’est donc étudier une situation particulière. » L’étude de cas est donc utilisée dans la présente recherche, car elle est pertinente pour étudier un phénomène présentant un caractère particulier, inhabituel, rare ou inusité (Yin, 1994), et ce dans un contexte unique (Eisenhardt, 1989). À cet égard, chaque cas est inscrit dans un contexte essentiel à sa compréhension (Prévost et Roy, 2015), ce qui permet une compréhension profonde des phénomènes, des processus les composant et des personnes impliquées dans ce contexte. Bien entendu, l’étude de cas comporte aussi des désavantages, par exemple, elle prend du temps, elle peut difficilement être reproduite par un autre chercheur et la généralisation est plus difficile (Gagnon, 2012). Dans notre recherche, nous tentons de mieux comprendre les effets possibles de la future cohabitation sur la créativité et l’innovation. Ainsi, bien qu’il existe de la littérature concernant les environnements de travail en général, il n’existe que très peu d’études portant sur les environnements physiques de travail à l’égard de la créativité et l’innovation, et encore moins à l’égard de la cohabitation d’utilisateurs différents. Tel que mentionné au Chapitre 2 du présent mémoire, le contexte de cohabitation pourrait avoir des effets sur la créativité et l’innovation. Le cas qui a servi à construire cette recherche est un projet qui implique la construction d’un bâtiment qui réunirait sous un même toit des organismes de développement économique, des partenaires et

des établissements d’enseignement, ainsi que des entrepreneurs. Nous avons également procédé à une revue de la littérature sur les environnements physiques favorisant la créativité et l’innovation afin de déterminer les situations qui seraient utiles à la collecte de données. Cette revue nous a permis de construire les guides d’entrevues semi- dirigées et d’observation et d’aborder le terrain avec un regard éclairé.