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Durant ces années 1950, le district de Pyuthān figurait donc parmi les régions du Népal où les revendications d’inspiration communiste étaient les plus importantes. Toutefois, ces nombreuses actions passèrent quasi-inaperçues aux yeux des observateurs internationaux.

Des révoltes anonymes

Nous avons étudié précédemment l’écho qu’eut la fondation du PCN auprès des puissances étrangères, et plus particulièrement de l’Inde et de la Grande-Bretagne (les archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères français ne couvrant le Népal qu’à partir du milieu des années 1950). Or, et comme nous l’avions déjà remarqué, les notes des archives des Affaires étrangères de ces deux états révèlent que les diplomates passèrent les événements de Narikot et ceux qui suivirent sous silence, participant ainsi à l’opacité qui entoure les mouvements sociaux népalais observés par l’historien Krishna Ghimire575. Il est révélateur que la boîte d’archives consacrée à la situation du communisme au Népal en 1954

573 Entretiens. Pyuthān : février-avril 2006 et mai-juin 2007. 574 KUNOR, Bam Bahadur. Entretiens. Bijuli : mars 2006.

575 GHIMIRE, Krishna. Forest or Farm? The Politics of Poverty and Land Hunger in Nepal. Delhi : Oxford

169 du Foreign Office britannique ne les mentionne aucunement576. Si nous n’avons pas eu le loisir de dépouiller l’ensemble des archives du ministère des Affaires étrangères indien et que nous ne pouvons donc pas tirer des conclusions générales sur l’intérêt que leur portaient les diplomates indiens à l’époque, les quelques sources mises à notre disposition traduisent toutefois une méconnaissance totale de New Delhi des mouvements de contestation de l’ouest du Népal.

Par ailleurs, l’absence d’informations sur cette question dans les notes du Foreign Office laisse supposer que le gouvernement de Delhi n’était pas plus au fait de la situation dans les districts de l’ouest du royaume. En effet, les Britanniques possédaient de solides relais d’information dans le royaume, que l’ancienneté de leur présence diplomatique dans le pays, d’une part, et les intérêts qu’ils y avaient, d’autre part, leur avaient permis de bâtir. Dès lors, il nous paraît peu probable que de telles actions aient pu attirer l’attention de Nehru sans que Londres ne réagisse, et ce d’autant plus que les recrutements de soldats gurkha destinés à alimenter les régiments de l’armée britannique se faisaient essentiellement dans les populations magars et gurungs577 situées dans les régions de l’ouest, autour du district de Pyuthān (qui comprenait encore à l’époque l’actuel district de Rolpa), de Rukum ou de Baglung578. Les nombreux vétérans, à l’image de Balbir Thapa579 qui combattit au sein des troupes britanniques et gagna une médaille lors de la Première Guerre mondiale580, ainsi que les camps d’entraînement gérés par l’armée de la Grande-Bretagne au nord du Pyuthān, attestent de la forte implication de Londres dans la région depuis des décennies.

Il serait néanmoins erroné d’affirmer que, sur l’ensemble de leurs archives, les Britanniques n’évoquèrent à aucun moment la situation politique du Népal occidental. Ainsi, à la fin de l’année 1954, l’ambassade envoya au ministère des Affaires étrangères à Londres une note composée de coupures de presse faisant état de rébellions dans l’ouest du royaume himalayen. Nous apprenons ainsi dans un article du Observer daté du 21 novembre 1954 que l’armée royale du Népal envoya des troupes afin de mater une rébellion armée dans les districts de l’ouest (sans toutefois préciser lesquels, l’auteur se bornant à rappeler que

576 National Archives, Londres (Kew), Référence : FO 371/112228. « Communism in Nepal in 1954 ». 1954. 577 Voir notamment CAPLAN, Lionel. Warrior Gentlemen: “Gurkhas” in the Western Imagination. Providence :

Berghahn Books, 1995, p. 96.

578 Voir précédemment sur l’importance de la question gurkha pour les Britanniques. 579 THAPA, Gyan Bahadur. Entretiens. Bijuli : février 2006.

580 Les Britanniques avaient fait appel aux gurkhas notamment pour qu’ils puissent veiller sur leur empire

pendant que leurs propres soldats étaient envoyés sur les fronts européens. À ce propos, voir RAI-ZIMMDAR, G.L. The Legend of the Gurkhas. Lulu.com, 2005, p. 272-273.

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l’infiltration communiste y était importante)581. Un deuxième article, tiré du Manchester Guardian et en date du 23 novembre 1954, confirma ces premières informations et alla jusqu’à prédire une possible perte de contrôle de certains districts de l’ouest du royaume (là encore, sans que l’auteur ne détaille ces districts)582. Or, nous avons pu voir que si les révoltes menées par Mohan Bikram Singh et Khagulal Gurung avaient pour objectif d’améliorer les conditions de vie des paysans et qu’elles eurent un impact certain sur la politique locale, en aucun cas elles ne s’étaient fixées comme but la prise du pouvoir et ne menacèrent donc pas de manière significative le gouvernement local. Enfin, un troisième article que les diplomates britanniques transmirent à leurs supérieurs nous donne des informations capitales semblent exclure totalement Mohan Bikram Singh et ses partisans des insurrections dont il était question ici. Ainsi, cet article du Times en date du 27 novembre 1954 laissait paraître que les mouvements de rébellion pouvaient être le fruit de rebelles inspirés par K.I. Singh583. Dès lors, deux possibilités s’offrent à nous : soit les événements dont il est fait mention dans ces trois articles ne pouvaient être liés aux mouvements du Pyuthān et de ses environs immédiats ; soit les journalistes, par manque d’information et dans un contexte de guerre froide, exagérèrent l’ampleur des rébellions de l’ouest. Dans tous les cas, le Pyuthān et Mohan Bikram Singh ne sont jamais cités de manière explicite.

Cette série d’articles, l’unique allusion aux rébellions occidentales (à notre connaissance) qui apparaisse dans les archives des Britanniques en poste au Népal dans les années 1950, est une nouvelle fois révélatrice de la perception qu’avait la Grande-Bretagne (et, par extension, les puissances régionales) du mouvement communiste népalais. Ainsi, K.I. Singh demeure pour ces observateurs l’un des personnages centraux du communisme radical au Népal alors même qu’il n’adhérait pas à l’idéologie marxiste et léniniste, comme nous l’avons montré précédemment584. Dès lors, seules les actions qu’il était censé avoir inspirées semblaient mériter, pour les diplomates, d’être rapportées.

581 « Armed Rebellion in Nepal ». Observer. 21 novembre 1954. In : National Archives, Londres (Kew);

Références : FO 371/112227, sous-cote DN 1015/28(a). « Political trends in Nepal 1954 ». 1954.

582 « Nepal ». Manchester Guardian. 23 novembre 1954. In : National Archives, Londres (Kew); Références :

FO 371/112227, sous-cote DN 1015/28(b). « Political trends in Nepal 1954 ». 1954.

583 « More Troubles in West Nepal ». The Times. 27 novembre 1954. In : National Archives, Londres (Kew);

Références : FO 371/112227, sous-cote DN 1015/28. « Political trends in Nepal 1954 ». 1954. Les articles sélectionnés par les diplomates britanniques et décrits ci-dessus avouent néanmoins ne pas pouvoir définir avec certitude les motivations derrière les rébellions des districts occidentaux et n’excluent pas qu’elles soient le fait de bandits mus par le seul appât du gain.

584 Les observateurs occidentaux de l’époque contribuaient à véhiculer l’idée que K.I. Singh était l’un des fers de

lance du mouvement communiste népalais. Voir par exemple LEVI, Werner. « Political Rivalries in Nepal ». Far

Eastern Economic Survey. 1954, vol. 23, n° 7, p. 107. Il est également fait allusion à cette rébellion dans ROWLAND, John. A History of Sino-Indian Relations: hostile co-existence. Princeton : Van Nostrand, 1967, p. 147.

171 Le silence des diplomates britanniques sur les mouvements paysans de Pyuthān est d’autant plus assourdissant que les hommes politiques de la scène nationale ne manquèrent pas d’en relever l’importance.

De Dankhakwadi au Comité central du Parti

La personnalité de Mohan Bikram Singh et son influence grandissante dans l’ouest du royaume n’étaient pas passées inaperçues aux yeux des leaders politiques nationaux et son aptitude à mener des luttes qui furent, pour la plupart, couronnées d’un certain succès, le mena rapidement sur les devants de la scène communiste nationale.

Le roi Tribhuvan fut le premier à marquer son intérêt pour le jeune leader. À partir du mois d’août 1952, alors que le gouvernement mené par le Nepali Congress n’avait cessé de se quereller, entraînant la démission de Matrika Prasad Koirala de son poste de Premier ministre, Tribhuvan décida, sous la pression insistante du gouvernement de Nehru, de prendre la direction provisoire du royaume avec l’aide d’un Conseil dont il devait nommer les membres585. Parmi les nombreuses personnes sélectionnées par le monarque au fur et à mesure des remaniements de son Conseil figurait Mohan Bikram Singh. Cette proposition aurait fait de Mohan Bikram Singh le plus jeune membre du Conseil royal et dénotait l’importance que ce dernier revêtait pour le souverain, mais le futur leader communiste refusa le poste qui lui était offert, car contraire aux principes fondamentaux de son idéologie : « Je ne pouvais pas accepter un tel poste de la part du roi puisque j’étais contre la royauté et tout ce qui y était attaché »586.

L’offre que le roi Tribhuvan fit à Mohan Bikram Singh aurait eu lieu au mois d’avril 1954. Pourtant, il nous semble difficile de l’attribuer aux combats menés par Mohan Bikram Singh et qui lui auraient permis de se faire connaître jusque dans la capitale du royaume. En effet, les convictions démocratiques du roi Tribhuvan, qu’il avait démontré lors de son combat contre les Rana aux côtés du Nepali Congress, ne doivent pas être surestimées : si le souverain semblait être partisan d’une coopération avec les partis modérés, il n’avait en revanche pas manqué de souligner son opposition au Parti communiste et l’interdiction qui

585 WHELPTON, John. A History of Nepal. op. cit., p. 90. 586 SINGH, Mohan Bikram. Entretiens. Katmandou : mai 2007.

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avait frappé le PCN en février 1952 en fut l’exemple le plus probant. De plus, profitant des luttes intestines qui déchiraient les partis politiques au pouvoir, la politique du roi à la fin de son règne fut marquée par un durcissement de ses positions vis-à-vis de la démocratie parlementaire. Le roi Tribhuvan accrut ses prérogatives à mesure que les partis se déchirèrent et, grâce au soutien qu’il avait dans l’armée, promulgua une loi d’urgence en septembre 1952 qui lui permettait de choisir ses conseillers et mettait en suspens une partie de la Constitution intérimaire587. Aussi, loin d’être le démocrate qu’il prétendait être, Tribhuvan profita du capital de sympathie qu’il avait auprès de la population – qui voyait en lui, outre le symbole traditionnel de l’unité de la nation, la figure de proue de la lutte anti-rana –, pour progressivement saper les fondations de la démocratie népalaise qu’il avait pourtant contribué à instaurer. La déclaration qu’il fit en janvier 1954 témoigne de ses nouvelles dispositions d’esprit : « le pouvoir suprême, dans toutes ses sphères, repose désormais uniquement sur nous »588. Il paraît dès lors hautement improbable que le roi Tribhuvan ait pu proposer ce poste à Mohan Bikram Singh au vu de ses engagements politiques, y compris dans un éventuel souci d’ouverture.

La date à laquelle le roi Tribhuvan aurait proposé à Mohan Bikram Singh d’intégrer son Conseil soulève également quelques interrogations. Ainsi, le leader communiste comme les quelques sources qui relatent cette proposition situent l’offre royale au début de l’année 1954. La Nepal Gazette fait par exemple apparaître que les nominations des membres du nouveau Conseil du roi eurent lieu le 1er baisakh 2011 BS [soit le 13 avril 1954]589. L’offre du roi Tribhuvan fut donc postérieure à la révolte menée contre les grands propriétaires terriens de Narikot. Pourtant, et pour les raisons déjà évoquées précédemment, il nous paraît peu probable que le roi ait pu proposer au leader de la rébellion pyuthanaise un poste dans son Conseil, compte tenu de ses idéaux politiques. Est-ce à dire que la teneur des engagements politiques de Mohan Bikram Singh n’avait pas encore eu le temps de parvenir jusqu’au Palais ? C’est la thèse que défend l’auteur de cette courte biographie de Mohan Bikram Singh590. Mais que le roi ait été au courant ou non de la participation marquée du jeune

587 LEVI, Werner. « Government and Politics in Nepal: II ». Far Eastern Survey. 1953, vol. 22, n° 1, p. 10. 588 Nous traduisons : « the supreme power in every sphere now vests solely in us ». Cité dans BROWN, T. Louise.

The Challenge to Democracy in Nepal: a political history. op. cit., p. 29.

589 « The 1954 Advisory Assembly ». Regmi Research Series. 1984, vol. 16, n° 3, p. 33. Il est intéressant de

noter que Mohan Bikram Singh avait été compté officiellement parmi les membres de l’assemblée alors qu’il avait décliné l’offre royale. Ibid., p. 35. Pourtant, le refus de Mohan Bikram Singh fut corroboré par diverses sources, tant orales (des membres du PCN(Masāl) ou du PCN(M), mais également des membres du Nepali Congress) qu’écrites (voir par exemple Mercy Corps. « Mohan Bikram Singh ». Western Nepal Conflict Assessment. op. cit., p. 24).

173 communiste aux mouvements de révolte, l’hypothèse de l’influence de ces derniers sur la décision du monarque ne nous semble pas pouvoir être retenue.

Les raisons de cette sollicitation seraient donc à chercher ailleurs. Ainsi, seraient-elles le fruit des relations que Tribhuvan avait tissées avec Khim Bikram Gharti Chhetri591 ? Mohan Bikram Singh aurait bénéficié d’un contexte familial favorable, étant issu, comme nous l’avons montré précédemment, d’une famille aisée et dont les relations avec le pouvoir étaient puissantes, qui lui aurait permis d’obtenir cette proposition flatteuse. Par ailleurs, la participation de Mohan Bikram Singh au mouvement contre les Rana, aux côtés de son père, dans les rangs du Nepali Congress, a pu contribuer à accroître son prestige et faire valoir sa valeur aux yeux du roi lorsqu’il prit sa décision. Néanmoins, les relations entre le roi et Khim Bikram Gharti Chhetri ne nous paraissent pas avoir été aussi importantes que certaines sources l’avancent. Certes, ce dernier bénéficiait de relations haut placées et sa participation à la chute des Rana a pu le rapprocher du monarque. Toutefois, nous nous souvenons que le père de Mohan Bikram Singh fut poursuivi et mit en prison en 1952 sous la pression du Nepali Congress. Si ses rapports avec le monarque avaient été aussi importants, nous ne povons que nous étonner qu’ils ne lui aient pas permis d’obtenir l’appui du roi dans son différend avec le Nepali Congress et lui épargner ainsi de la prison. Si cela ne remet pas en cause la réalité des liens entre le Palais et Khim Bikram Gharti Chhetri, cela tempère nettement l’influence dont le cacique du Pyuthān bénéficiait auprès du roi.

L’intéressé nous livre quant à lui une dernière hypothèse qui expliquerait la proposition royale et dans laquelle transparaît le rôle indirect que Khim Bikram Gharti Chhetri y aurait joué592. Comme nous l’avions décrit précédemment, lorsque ce dernier fut mis en prison en 1952, le leader communiste du Pyuthān s’employa pleinement à le faire libérer. Pour ce faire, il s’adressa notamment au Nepali Congress, auquel il avait appartenu, afin que ces derniers usent de leur influence auprès du gouvernement, mais ceux-ci lui firent comprendre qu’ils ne pourraient rien faire pour lui, ayant rendu sa carte d’adhérent au parti quelques mois plus tôt. Or, à la même époque, le Nepali Congress était en proie à de solides dissensions qui opposaient B.P. Koirala à son frère, M.P. Koirala, qui bénéficiait d’une plus grande influence auprès du monarque et qui avait fondé le Rāṣtriya Prajā Pārti [Parti national démocratique] en avril 1953. Mettant à profit ces divisions et afin de ne pas céder au Nepali Congress, Mohan Bikram Singh rejoignit le Rāṣtriya Prajā Pārti en 1953 dans l’espoir que

591 Sur les relations entre Khim Bikram Gharti Chhetri et Tribhuvan, voir WHELPTON, John. A History of Nepal.

op. cit., p. 250.

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les rapports que M.P. Koirala entretenait avec le roi Tribhuvan faciliteraient la libération de son père. Ce serait à cette occasion que, découvrant la forte personnalité du jeune politicien, M.P. Koirala aurait suggéré au monarque de l’intégrer à son Conseil.

Quelles qu’aient été les véritables raisons derrière la proposition faite par le roi Tribhuvan à Mohan Bikram Singh, elle n’en atteste pas moins de la reconnaissance du leader communiste du Pyuthān sur la scène nationale. Cette empreinte progressive dans la vie politique du royaume fut confirmée par son ascension au sein de l’appareil politique du PCN quelques années plus tard.

Lorsque Mohan Bikram Singh fonda le Parti communiste du Pyuthān, nous avons vu qu’il s’était démarqué de ses prédécesseurs en s’attachant à faire suivre à ses premiers cadres une formation à l’idéologie marxiste-léniniste. Alors qu’il n’était encore âgé que de 18 ans, il prit la tête de vastes mouvements de contestations à travers toute la région qui lui valurent plusieurs mois de prison et une notoriété grandissante auprès de la population locale.

L’engagement politique du jeune leader pyuthanais, qui bravait l’interdiction dont le Parti communiste avait été frappé par le gouvernement depuis le 25 février 1952, ne pouvait demeurer longtemps inaperçu aux yeux des autres membres du PCN, et ce d’autant plus qu’à partir de mai/juin 1956, période à laquelle Mohan Bikram Singh et Khagulal Gurung furent libérés de prison, il poursuivit son travail de diffusion de l’idéologie communiste dans la région. Ainsi, il forma aux préceptes de Marx, Lénine et Mao, Barma Budha, un jeune agriculteur de 26 ans originaire du village de Thabang, dans l’actuel district du Rolpa593 (nous

reviendrons sur cette initiation, fondamentale dans l’histoire du mouvement maoïste népalais, ultérieurement), et organisa de nouvelles sessions d’enseignement qu’il dispensa dans les coins reculés du district afin d’empêcher toutes représailles de la part du gouvernement. Outre ces actions dans l’ouest du Népal, Mohan Bikram Singh multiplia les voyages à Katmandou (et ailleurs) afin d’y rencontrer les principaux membres du Parti et de continuer la lutte sur un plan national. Il rencontra ainsi pour la première fois le Secrétaire général du Parti, Pushpa Lal Shrestha, lors d’une conférence du Akhil Nepāl Kisān Sangh qui se tint à Janakpur en 1954 et à laquelle Mohan Bikram Singh assistait en tant que délégué de Pyuthān594.

Progressivement, la notoriété de Mohan Bikram Singh crût au sein du Comité central du Parti. Conscients du rôle que ce chef local pouvait être amené à jouer à l’avenir dans le mouvement communiste du royaume, eu égard à son influence dans l’ouest du pays, les

593 BUDHA, Barman. Entretiens. Katmandou : mai 2008. 594 SINGH, Mohan Bikram. Entretiens : avril 2009.

175 membres du Comité central intégrèrent le jeune leader du Pyuthān lors des élections au Comité central qui eurent lieu au cours du deuxième congrès du PCN, qui débuta le 27 mai 1957 [14 jestha 2014 BS]595.

En faisant partie à l’âge de vingt-deux ans des dix-sept élus au comité central du parti communiste népalais sur les cinquante-quatre candidats qui briguèrent le poste596, Mohan Bikram Singh démontra qu’il comptait désormais parmi les membres influents du PCN à l’heure où ce dernier était plus que jamais en proie à des querelles internes.