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Spectres biologique et phytogéographique des groupements

CHAPITRE IV. ETUDE DES FACTEURS DE DISTRIBUTION SPATIALE DES

4.4 Spectres biologique et phytogéographique des groupements

L’analyse du spectre biologique des groupements végétaux révèle dans l’ensemble une forte prédominance des Phanérophytes au sens large et plus particulièrement des microphanérophytes et mésophanérophytes. Ces résultats sont semblables à ceux obtenus par Rakotozafy et al. (2013) dans une formation forestière à l’Ouest de

al. (2017) en zone soudano-guinéenne au Bénin. Pour les îlots forestiers étudiés au sud du Togo par Kokou et Caballé (2000), les microphanérophytes, type prépondérant, sont suivies des nanophanérophytes. Dans la composition floristique des végétations étudiées à Kankan, la forte proportion des thérophytes est observée dans les groupements correspondant aux formations végétales environnant les îlots forestiers. Ces formations sont les plus ouvertes et les plus dégradées par l’anthropisation.

Les résultats de l’analyse phytogéographique de la flore des différents groupements végétaux révèlent une forte proportion d’espèces afro-tropicales, guinéo-congolaises, soudaniennes et pantropicales. Les fortes proportions d’espèces guinéo-congolaises sont observées dans les forêts galeries (35% en moyenne). Elles sont relativement moins représentées dans les forêts de terre ferme (24% en moyenne) et très peu retrouvées dans les milieux plus ouverts ou plus anthropisés où leur proportion en moyenne est de 10%. Les espèces pantropicales et les espèces soudaniennes avec des proportions respectives de 24 et 21% sont par contre plus représentées dans les milieux ouverts et plus anthropisés. Ces résultats sont comparables à ceux de Kokou et al. (1999) et d’Ali et al. (2014) qui ont été respectivement obtenus au Sud du Togo et au Benin. Les plus fortes proportions des espèces à affinité guinéo-congolaise sont situées dans les groupements forestiers, contrairement aux formations périphériques dégradées. Par ailleurs ces résultats sont différents de ceux d’Ali et al. (2017) obtenus dans les végétations naturelles en zone de Sahel au Niger où les espèces paléotropicales, pantropicales et soudano-zambéziennes dominent respectivement. En zone de savanes soudano-guinéennes, la présence d’espèces à affinité guinéenne pourrait s’expliquer par l’humidité édaphique relativement forte (Aubréville, 1957 ;

Adjanohoun, 1964 ; Devineau, 1984). Ces espèces profitent de l’humidité édaphique

locale qui mime les effets liés à la forte pluviométrie de la région guinéo-congolaise où

ces espèces atteignent leur distribution maximale (Oumorou et al., 2013).

Les plus fortes proportions d’espèces soudaniennes et pantropicales dans les

végétations étudiées semblent être liées à l’anthropisation de ces formations. La flore des systèmes anthropiques est essentiellement composée des espèces indigènes et des espèces introduites, à affinité savanicole ou rudérale.

L’importante proportion des espèces soudaniennes et guinéo-congolaises, après les espèces afro-tropicales, témoigne que les végétations étudiées se situent dans la zone de transition soudano-guinéenne.

IV.5 CONCLUSION

A l’échelle de la zone couvrant les sites d’observation, la variation climatique générale ne pourrait être considérée comme facteur principal de discrimination des groupements végétaux. Les résultats de cette analyse montrent que dans les paysages étudiés, les conditions édaphiques (la texture et le régime hydrique du sol) et la géomorphologie régionale, influencent en premier lieu la distribution spatiale des groupements végétaux. En second lieu, cette distribution est expliquée par les facteurs anthropiques.

L’étude met en évidence, la diversité écologique et floristique des îlots forestiers de la zone. Cinq groupements ont été identifiés dans ces îlots dont trois dans les forêts galeries et deux dans les forêts de terre ferme. Au sein de la forêt galerie de Diankana, qui apparait plus diversifiée, deux groupements ont été identifiés. Dans les végétations environnantes des îlots forestiers, sept groupements végétaux ont été identifiés. Ils correspondent aux agrosystèmes et aux végétations rudérales dans la dynamique desquels l’homme et ses animaux jouent un rôle important.

Les plus fortes proportions des espèces guinéo-congolaises ont été observées dans les groupements forestiers des stations humides. Les espèces soudaniennes sont par contre plus importantes dans les végétations périphériques anthropisées. L’évolution des conditions stationnelles et de la physionomie des groupements présents dans les îlots forestiers démontre qu’une protection accrue ferait de ceux-ci des niches écologiques pour de nombreuses espèces végétales et animales dans un contexte d’anthropisation. Une analyse plus approfondie de la structure et de la diversité floristique de ces systèmes protégés par rapport aux végétations anthropisées semble nécessaire dans une optique de gestion plus durable.

CHAPITRE V. CARACTERISTIQUES STRUCTURALES ET DIVERSITE FLORISTIQUE DES SITES ETUDIES

---V.1 INTRODUCTION

Parmi les caractéristiques peu connues des forêts sacrées étudiées figurent la structure des peuplements et la diversité floristique. Pourtant ces études sont dignes d’intérêt dans la conservation des espèces végétales et la gestion des écosystèmes forestiers dans leur ensemble (Franklin, 1997 ; Toke Ngutulu, 2013). La densité, la surface terrière, le diamètre et la hauteur sont par exemple des critères quantitatifs très utilisés pour non seulement caractériser les peuplements, mais aussi pour estimer les potentialités stationnelles (Gaudin, 1996). Les forêts à caractère sacré ne sont pas des systèmes destinés à une exploitation sylvicole, mais une meilleure connaissance des paramètres structuraux peut avoir des implications dans d'autres domaines (Bouchon, 1979), notamment le suivi écologique. La distribution spatiale des secteurs de régénération est un critère plus important que le simple taux de régénération, une grandeur le plus souvent insuffisante pour décider d’une intervention (Bouchon, 1979). Il serait particulièrement intéressant de repérer les secteurs plus ou moins dynamiques au sein des forêts (Olivier, 2001). La prise en compte des systèmes d’exploitation autour des systèmes forestiers protégés peut également fournir des connaissances sur les potentialités des espaces hors forêt, car celles-ci sont en termes de ressources disponibles (nature, quantité et répartition) mal évaluées en milieu rural africain (Hubert de Foresta, 2015).

De nombreux travaux (Guinko, 1985 ; Tchouamo, 1998, Kokou et al., 1999 ; Swamy et

al., 2003 ; Sen and Bhakat, 2012 ; Adou et al., 2013), ont prouvé que ces aires de culte sont riches en diversité biologique. Cependant, la nature des forêts sacrées ne reflètent pas toujours la biodiversité locale (Malan Djah, 2009). D’où la nécessité de l’étude floristique de chaque forêt sacrée dans un but de conservation.

Dans le contexte guinéen, très peu de données sont disponibles sur la dynamique structurale et la diversité floristique des forêts sacrées. Les forêts qui font l’objet de cette étude sont apparemment bien conservées pour assurer une dynamique naturelle favorable à une biodiversité forestière, rare en savanes, mais aucune référence disponible ne permet d’apprécier ces écosystèmes. Ces informations sont pourtant d’un intérêt aussi bien théorique et pratique pour la conservation. Dans ce travail, on

se pose donc la question sur la structure en état des peuplements ligneux et de la diversité floristique totale de ces forêts par rapport aux formations environnantes ? Une série de questionnement découle en conséquence du principal, à savoir : 1) quelles sont les caractéristiques structurales actuelles de ces forêts sacrées par rapport aux formations environnantes ? 2) Quelle est l’état de la diversité floristique de ces forêts sacrées ? ; 3) comment ces forêts contribuent-elles à la conservation de la biodiversité végétale ?

L’hypothèse principale de travail est que les caractéristiques structurales et floristiques des îlots forestiers sont différentes de celles des formations environnantes. Les hypothèses secondaires prédisent que les caractéristiques écologiques et l’état de conservation de ces formations forestières est favorable : 1) à la régénération naturelle des peuplements ligneux ; 2) à la diversité floristique et 3) à la présence d’espèces menacées, rares ou inconnues dans la zone, ce qui représente une contribution majeure de ces forêts à la conservation de la biodiversité locale.

L’objectif principal de cette étude est d’évaluer la structure et la diversité floristique des forêts sacrées en lien avec les formations environnantes. Spécifiquement, il s’agit : 1) de caractériser la structure des peuplements ligneux ; 2) d’évaluer la diversité floristique totale (herbacées et ligneux confondus) ; 3) de connaître la contribution des forêts sacrées à la conservation de la biodiversité locale.