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Perceptions des populations sur les mesures de gestion future

CHAPITRE III. ANALYSE DES MENACES ET PRESSIONS ANTHROPIQUES SUR

3.3 Perceptions des populations sur les mesures de gestion future

Dans le souci de faire participer les populations locales à la fois au diagnostic et à l’amélioration de la gestion locale des forêts sacrées, leur avis sur les mesures de la gestion future a été recueilli à partir des interviews organisées à cet effet. La grande majorité des populations estiment que les la création des pare-feux et la mise en clôture des forêts sacrées mettraient mieux à l’abri les espaces sacralisés (Figure 19).

Figure 19. Propositions des mesures de la gestion future des forêts sacrées selon les populations locales

Ceci montre que les communautés sont conscientes des menaces pesant sur ces écosystèmes et sont en mesure de faire des propositions qui rejoignent une démarche « moderne ».

III.4 DISCUSSION

La gestion traditionnelle dans les localités étudiées a longtemps été efficace et a favorisé le maintien et la protection de ces forêts sacrées. Toutefois, la gestion des forêts a changé. Ces dernières années, les menaces se multiplient. Les religieux musulmans continuent à prêcher contre les pratiques animistes. Le modernisme et la croissance démographique affectent la gestion traditionnelle par l’abandon des

pratiques ancestrales et l’accroissement de la demande en espaces vitaux et en ressources naturelles d’origine forestière.

L’impact du feu est encore présent dans les lisières des forêts sacrées. Ces incendies apparaissent comme le facteur le plus craint par les populations pour la surveillance des forêts sacrées. Les prélèvements clandestins, l’agriculture et l’urbanisation viennent s’ajouter aux feux en tant que menaces pesant sur les sites. L’ouverture des carrières de briques cuites dans les lisières des forêts sacrées constituent également une menace. Plusieurs auteurs ont signalé les problèmes assez similaires dans

d’autres pays, tels qu’au Togo (Kokou et al., 2005 ; Kokou et Sokpon, 2006), en Côte

d’Ivoire (Malan Djah, 2009), au Burkina (Savadogo et al., 2011), au Bénin (Hunyet, 2013 ; Ali et al., 2014) et au Cameroun (Hounto et al., 2016).

Pour Salpeteur (2010) les principaux problèmes autour des bois sacrés sont la diminution de leur superficie provoquée par la forte pression sur les terres et la surexploitation des ressources de ces forêts. Dans le cas des forêts sacrées étudiées, les ressources ne sont pas a priori dans un état de surexploitation. Cet état peut s’expliquer soit par la disponibilité des ressources courantes dans d’autres formations végétales, librement accessibles dans le terroir, soit par l’efficacité du système de gestion local. Mais, la disparition des jachères, liée au développement de la culture d’anacardier, peut entrainer dans un proche futur une surexploitation des ces îlots. Au Niger, Hountondji (2008) a souligné l’enjeu que représente la culture d’anacardier (en raison de ses rendements économiques) sur l’occupation des terres en jachère. La plupart des bosquets sacrés dans la région du Kerala en Inde sont entourés par des terres cultivées (Chandrashekara, 2011). Pour Hunyet (2013), les forêts sacrées ne sont pas gérées sur des bases durables malgré leur importance sur le plan socioculturel et écologique. L’anthropisation de la végétation de la région de Kankan se poursuit actuellement. En l’absence de mesures de gestion plus adaptées, les dernières reliques forestières de la zone (forêts sacrées) risquent fortement de disparaitre. Tous ces constats confirment celui de Kokou et Sokpon (2006), selon qui, l’absence de repères clairs et tangibles des limites des forêts sacrées facilite leur érosion.

Les forêts sacrées sont menacées de dégradations même si l’ampleur de celles-ci varie en fonction des lieux et des communautés. La comparaison des « gestions

comprendre les changements dans les modes de gestion et d’entrevoir la nécessité d’un renforcement afin de pouvoir assurer une préservation de ces îlots. Car comme le soulignent Kokou et al. (2005), les problèmes qui concourent au déclin des forêts

sacrées vont s’accentuer. Les recommandations en matière de conservation de la

biodiversité visent à utiliser les éléments positifs de la gestion « traditionnelle ». Ces éléments doivent être considérés par les différents acteurs travaillant sur l’élaboration de stratégies de gestion durable ou d’adaptation du système au contexte culturel actuel.

Les populations locales, responsables de la dégradation des forêts sacrées, doivent être consultées en vue de bâtir des stratégies adaptées aux préoccupations environnementales locales (Fairhead et Leach, 1997 ; Condé, 1997). Cette étude montre que malgré les menaces, les populations ont la volonté de préserver ces forêts. Les propositions faites pour une gestion future et durable de ces forêts sacrées rejoignent les démarches « modernes ».

III.5 CONCLUSION

Bien que les chefs traditionnels des villages œuvrent pour la préservation des forêts sacrées, en renforçant mythes et sanctions traditionnelles, les pressions et les menaces s’accentuent sur ces îlots. Dernièrement, les interdits sont souvent violés, faute de rigueur dans la surveillance. Les pressions sociales, religieuses et économiques augmentent et affaiblissent tout dispositif de gestion. Les feux, les prélèvements clandestins, les activités agricoles et l’extension des habitations sont les principales menaces pesant sur ces forêts périvillageoises. Au regard des modes d’occupation des terres et des principales sources de subsistance dans les terroirs villageois, il apparait que les forêts sacrées sont les seules structures conservées en dehors des aires protégées.

Pour mieux sécuriser ou améliorer la gestion de ces forêts, les populations ont fait des propositions qui rejoignent les recommandations scientifiques. Des propositions qui pourraient être prises en compte dans une stratégie de gestion participative (populations, services publics, partenaires et scientifiques), sans laquelle, la conservation des forêts sacrées deviendrait impossible.

CHAPITRE IV. ETUDE DES FACTEURS DE DISTRIBUTION SPATIALE DES