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4. Le Festival Des Frontières et des Hommes de Thionville

4.4. Les spectateurs du festival

Le public est un enjeu pour les organisateurs et les élus. Pour les organisateurs, car il est le gage de la justesse de la conception et l’organisation de l’événement ; pour les élus car il témoigne de la popularité de la manifestation et donne une image dynamique de la ville. Le festival 2011 a connu selon Fatiha, la responsable municipale, une « moyenne de 150 personnes par manifestation au Magic Mirror, et 30 à 60 personnes par conférence ». Le public de l’édition 2011 est apprécié différemment par les organisateurs ou les élus :

— Les organisateurs sont particulièrement contents de la participation aux conférences qu’ils ont organisées. Nicolas Auzanneau relève en particulier le nombre important de spectateurs aux conférences, qui vérifie le fait que : « Thionville est une ville à conférences ». Il a observé, en effet, une trentaine de personnes en moyenne, une conférence avec près de 150 auditeurs, essentiellement thionvillois, alors que Thionville n’est pas une ville universitaire.

— Les élus sont plus sensibles à la présence d’un public familial, que l’on a pu voir, pendant le festival, assister aux spectacles de contes ou de danse. C’est ce que Nicolas Auzanneau souligne lorsqu’il affirme que « la ville exerce une pression pour rendre le festival plus populaire ».

Cette préoccupation, jointe à la volonté d’attester du professionnalisme de l’organisation par l’attention à l’évaluation de l’efficacité de l’action engagée, explique la mise en place d’une action de dénombrement et d’identification des spectateurs de la manifestation

a) Les caractéristiques de la fréquentation

Une enquête a été réalisée bénévolement par les étudiants d’une classe de l’IUT de Thionville, à titre d’exercice pédagogique proposé et évalué par leur professeur. Un questionnaire conventionnel a été passé auprès de 149 participants. Il était systématiquement proposé par deux étudiants à l’entrée des différents lieux de manifestations, sauf lors de la soirée d’ouverture. Les points saillants qui se dégagent l’exploitation de ce questionnaire sont les suivants.

b) Un public plutôt local

Les festivaliers ayant répondu sont, dans leur majorité, des habitants de la commune : 56.8% d’entre eux viennent de Thionville (57100). Par ailleurs 15 % d’entre eux résident dans des communes proches: 3,4% viennent de Terville (57180), 2,7 % de Hayange, 2 % de Mondelange, 2 % Guénange, 5.4% de Yutz (57970). De ce point de vue, le pourcentage supérieur de festivaliers venant des deux grandes villes les plus proches — 4.7% de Metz (57000) et 5% de Luxembourg — est significatif et confirme l’attraction que le festival exerce sur un public intellectuel (cf. infra l’origine sociale des festivaliers). La comparaison avec l’enquête récente sur le public du CDN de Thionville — messin à 39 % et thionvillois seulement à 16% — est à cet égard intéressante. Il nous confirme que le CDN a un rayonnement plus large que le festival qui touche majoritairement un public de proximité.

c) Un public plutôt jeune.

En effet, 47% des festivaliers ont moins de trente ans et 64 % moins de quarante ans. Seuls 14% des festivaliers ont plus de soixante ans. Á titre de comparaison, le public du NEST, lors d’une enquête réalisée en 2008 est, au contraire, un public vieillissant. S’il compte 52% spectateurs de moins de quarante ans, cette importance du public “jeune” est un effet d’optique résultant de l’importance des publics scolaires et étudiants. On observe au NEST une véritable chute statistique de la fréquentation à partir de 30 ans et 24 % de ses spectateurs ont plus de 60 ans. Dans le cas du festival, l’importance du nombre d’étudiants dans la fréquentation explique également le résultat final, compte tenu d’une possible surreprésentation provoquée par le mode de passation. L’interconnaissance entre étudiants a pu, par exemple, facilité le remplissage des questionnaires, puisque ceux-ci étaient distribués par des étudiants. Cette forte fréquentation des lycéens et étudiants (33,6 % des festivaliers) ne suffit pas, cependant à expliquer le nombre important de moins de 40 ans. Compte tenu du contenu de la programmation, le caractère plutôt jeune du public s’explique certainement par l’organisation temporelle, beaucoup de conférences et de spectacles tout public sont proposés pendant les week-ends, un moment où les individus sont dégagés de leurs obligations professionnelles, ce qui favorise la sortie en famille et permet aussi à l’un des deux parents de garder les enfants. Un dernier indice de la relative jeunesse du public est la sous-représentation des retraités (10 %) par rapport à la structure sociodémographique de la population lorraine (24, 6 %).

d) Un public plutôt intellectuel

L’identification des situations professionnelles des festivaliers confirme l’idée qu’il s’agit plutôt d’un public intellectuel, au sens d’un public diplômé ou en voie de l’être. On compte ainsi 8,1 % de membres des professions intermédiaires et 12, 1 % de membres des professions intellectuelles supérieurs, soit 22, 2 %, auquel on doit rajouter sans aucun doute un grand nombre d’étudiants, puisqu’on relève 33, 6 % de lycéens et d’étudiants (le mode d’exploitation ne permettant pas de distinguer ces derniers des lycéens).

Pour rappel, les résultats de l’enquête emploi 2008 par région étaient, pour ce qui concerne la Lorraine, les suivants87 :

PCS Part relative

Agriculteurs exploitants - de 1 % Artisans, commerçants, chefs d'entreprise - de 3 % Cadres et professions intellectuelles supérieures 5,5 % Professions intermédiaires 12,1 %

Employés 16,9 %

Ouvriers 16,1 %

Retraités 24,9 %

Autres sans activité 19,2 %

On voit qu’à l’opposé de la forte surreprésentation des professions intellectuelles supérieures (12,1 alors qu’elles ne représentent que 5,5 % de la population lorraine), on note une forte sous-représentation des ouvriers (3,4 % alors qu’ils ne représentent 16,9 % de la population lorraine). La moindre présence des professions intermédiaires et la légère surreprésentation des employés ne modifie pas fondamentalement le diagnostic statistique, qui confirme le fait que le Festival intéresse plus des individus très diplômés. La comparaison avec le public régulier du NEST, qui ne compte que 7 % de professions intellectuelles supérieures nous renforce ce diagnostic, en interdisant d’attribuer leur surreprésentation dans la fréquentation du festival à un effet mécanique de leur domination démographique au centre ville, par

87

http://www.statistiques-locales.insee.fr/carto

Fréquentation en 2011 du Festival Des frontières et des

hommes

Agriculteurs exploitants / Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 3,4 Cadres et professions intellectuelles supérieures 12, 1 Professions intermédiaires 8, 1

Employés 18, 8

Ouvriers 3,4

Retraités 10%

opposition aux employés et aux ouvriers résidant dans les quartiers périphériques. Par contre, cette inscription géographique favorise certainement la forte présence des commerçants et chef d’entreprise qui représentent 3% des festivaliers alors qu’ils ne font pas partie des spectateurs du CDN

On peut qualifier les spectateurs du festival comme appartenant d’avantage à la catégorie des intellectuels, ce que l’on peut expliquer par l’importance des propositions universitaires comme les conférences et les tables rondes.

4.5. Les types de participation