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SPECIFICITE DE LA DIFFERENCIATION PEDOLOGIQUE DES TROIS DOMAINES

Dans le document le titre (Page 104-109)

La différenciation pédologique est spécifique à chacun des trois domaines.

2'.1- DOMAINE ROUGE.

Trois traits majeurs caractérisent la différenciation pédologique du domaine rouge

a- La plus grande partie de l'al téroplasma subit une pédoplasmation importante, avant que l'altération monosial-litique secondaire n ' ait atteint son terme. Les micas blancs ainsi préservés, se plasmifient alors très progressivement. Le squelette quartzeux de ce fond matriciel présente une forte corrosion qui indique que le quartz est solubilisé. Les figures de corrosion favorisent la fragmentation des grains, entrainant ainsi un affinement progressif du squelette vers le sommet du profil. Il faut souligner que cette pédoplasmation ne s'accompagne pas de la mise en place d'orientations nettes des argiles. On peut en déduire que ce matériau n'est pas soumis à des contraintes mécaniques importantes, soit parce que les minéraux argileux ne possèdent pas de propriétés suffisamment nettes de retrait et de gonflement, soit parce que l'humectation du milieu ne varie pas de façon significative au cours de l'année. Le caractère "sec au toucher", que présente ces matériaux quelle que soit la saison, corrobore plutôt la seconde hypothèse.

b- Des domaines présentant une organisation pétrogra-phique équivalente à celle de l'altéroplasma secondaire, peuvent être conservés par suite d'une impréganation locale d'oxydes de fer. Ces nodules lithorelictuels s'indurent alors progressivement et se concentrent vers le sommet du profil du fait de l'élimination du fond matriciel meuble.

c- Une forte macroporosité est associée à la base de cet horizon nodulaire. Celle-ci permet le développement d'une circulation latérale des flux hydriques qui élimine ainsi une partie de plus en plus importante du fond matriciel meuble.

L'absence de cutane amène à penser que cette élimination consiste en une solubilisation du fond matriciel meuble, plutôt qu'à un entrainement mécanique de particules mises en suspension.

Ces traits permettent, en prem~ere approche, d'établir que l'évolution pédogénétique du domaine rouge est avant tout déterminée par une érosion géochimique sub-superficielle, siégeant à la base de l'horizon nodulaire.

Au sein de ce domaine, il est toutefois possible de distinguer deux zones

a- Une zone sommitale, où la différenciation pédologique correspond à l'association des trois traits.

b- Une zone de versant, où seuls les traits -a- et -c- se conjuguent.

On peut donc penser qu'au niveau de la première zone, l'érosion géochimique sub-superficielle élimine les produits de la pédoplasmation plus rapidement que ces derniers ne se forment, alors que les volumes relictuels sont "protégés" par leur ferruginisation importante. Cependant, la remontée relative du toit du manteau d'altération par rapport à la surface topographique qui en résulte, favoriserait une reprise de la pédoplasmation, sans que les oxydes de fer ne puissent alors se concentrer localement et préserver des volumes relictuels; conduisant ainsi à la différenciation de l'horizon "r CS".

Tout ceci conduit dés à présent à concevoir que la succession de ces deux zones de différenciation pédologique ne correspond pas à une réelle transformation latérale, mais au développement progressif d'une nouvelle pédogénèse verticale.

2.2- LE DOMAINE INTERMEDIAIRE.

Les traits maj eurs de la différenciation pédologique du domaine intermédiaire sont les suivants :

a- La pédoplasmation de l'altéroplasma s'effectue ici aussi avant que l'altération monosiallitique n'ait atteint son terme. Cependant, les muscovites saines qui sont ainsi préservées ne se plasmifient plus, se maintenant pratiquement jusqu'au sommet du sol. Par ailleurs, dans les horizons profonds, de fortes orientations plasmiques apparaissent (organisation bimasépique). Cette différenciation ne correspondrait pas à une modification des constituants ( qui restent similaires à ceux de la seconde zone du domaine Fouge), mais plutôt à une dynamique hydrique différente, où alternent des périodes de dessiccation et d'humectation. Dans 1.es horizons médians, l'organisation du plasma devient progressivement faiblement insépique, mais de fortes orientations squelsépiques se maintiennent, suggérant que la dynamique hydrique reste similaire. Enfin, le squelette quartzeux s'affine progressivement vers le sommet du sol selon les' mêmes modalités que dans le domaine précédent.

b- A partir de la base de l'horizon nodulaire, des taches dérubéfiées (brunes puis brun-jaunes) appaissent, puis s'étendent aux dépens du fond matriciel rouge. Les analyses à la microsonde nous montrent que le développement de cette différenciation correspond à une déferrification de l'ensemble du fond matriciel, qui s'accentue toutefois au niveau des zones les plus dérubéfiées.

Progressivement, cette dérubéfaction gagne le manteau

d.'al tération, où elle forme un réseau de glosses qui devient latéralement de plus en plus dense et anastomosé. Il faut souligner que dans ces horizons, la dérubéfaction n'affecte en aucune façon l'organisation bimasépique du fond matriciel.

c- C'est au sein de ce nouveau fond matriciel déferrifié que l'horizon nodulaire se disloque, puis disparaît, entrainant ainsi la disparition de la macroporosité en larges chenaux horizontaux qui parcourait sa base sur le versant de la colline. Cette différenciation coïncide avec la néoformation de gibbsite secondaire au coeur des nodules.

d- Enfin, à la partie supérieure du sol, i l apparaît un ensemble d'horizons sub-superficiels qui se maintient au niveau du domaine brun-jaune. Il est caractérisé par une différenciation, qui correspond à une migration des oxydes de

f~r vers les vides et par des zones fortement poreuses où le squelette quartzeux est pratiquement exclusif.

L'ensemble de ces observations conduit à penser que nous sommes ici en présence d'un réel système de transformation qui gagne latéralement les organisations de la seconde zone du domaine rouge. Il correspond à une déferrification et semble résulter d'une modification de la dynamique hydrique, les écoulements latéraux ne pouvant plus s'effectuer de façon aussi efficace que sur le versant de la colline du fait de la disparition de la macroporosité que présentait l'horizon nodulaire.

2.3- LE DOMAINE BRUN-JAUNE.

Par rapport aux horizons déferrifiés du domaine intermédiaire, deux traits majeurs caractérisent la différenciation pédologique du domaine brun-jaune :

a- La pédoplasmation du domaine intermédiaire se caractérisait verticalement par une diminution progressive de la taille de domaines orientés qui apparaissaient au sommet du manteau d'altération. Ici, le fond matriciel pédoturbé qui se développe au sein de l ' isal téri te présente dés son apparition un plasma d'organisation faiblement insépique, qui se maintient jusqu'au sommet du sol. Il faut souligner que ce type d'organisation se· développe aux dépens des fonds matriciels dérubéfiés d'organisation bimassépique observés au niveau de la limite entre ces deux domaines.

Ceci nous amène à penser que la pédoplasmation se caractérise ici, d'une part p-ar la différenciation d'un plasma dont les particules élémentaires sont fines et, d'autre part, par l'absence de contraintes mécaniques.

b- Le squelette quartzeux devient nettement plus abondant et présente localement des zones de concentration de grains grossiers. Ces zones de départ du plasma coïncident avec la différenciation d'un plasma plus translucide d'organisation silasépique. L'élimination de plasma se poursuivant, les grains de quartz viennent au contact, puis une importante macroporosité correspondant à leur assemblage se développe.

Ces organisations caractéristiques de l ' horizon "2 bj P" se retrouvaient déjà dans les horizons sub-superficiels communs au domaine intermédiaire et au domaine brun-jaune. A mesure que l'on s'engage dans ce dernier, elles apparaissent toutefois de plus en plus profondement et l'on peut suivre verticalement leur différenciation progressive.

Il semble donc que les processus qui gouvernent la différenciation du domaine brun-jaune correspondent d'une part, à une diminution de la taille des cristallites d'argile constituant le plasma et d'autre part, à une élimination

considérable de ce plasma, importante macroporosité squelette quartzeux.

qui conduit à l' apparition d'une par concentration relative du L'enfoncement progressif des organisations caractéris-tiques de l'horizon brun-jaune macroporeux, nous amène à penser que l'orientation de l'élimination de matière est verticale, cette élimination verticale conduisant néanmoins à un développement latéral de ce domaine aux dépens du précédent, comme cela est schématisé sur la figure 22.

Progression latérale du front

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Elimination verticale .:::: :::: :: : ..::..: ~~ (en solution)

Figure 22 Prog~ession latérale d'un processus pédogénétique d'orientation verticale se développant à partir du sommet du sol.

En outre, l'épaisseur de l'horizon macroporeux caractéristique du domaine brun-jaune et l'apparition d'une pédoplasmation du sommet du manteau d'altération de nature différente de celle du domaine intermédaire , nous conduisent à formuler 1 'hypothèse que ce domaine ne correspond que pro parte à la transformation des horizons pédologiques du domaine intermédiaire. En effet, cette différenciation correspondrait aussi à une nouvelle pédogénèse qui s'enfonce au sein du manteau d'altération lorsque l'ensemble des horizons du domaine intermédiaire a été transformé.

Dans le document le titre (Page 104-109)