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IV. Intérêts du toucher thérapeutique

4. Soutien psychocorporel

Cette approche psychocorporelle permet un travail de conscience, d’intéroception et de mise en place de représentations qui sont importantes pour la structuration psychique.

C’est pourquoi, il est donc fondamental de maintenir ce travail en Psychomotricité.

Le toucher-thérapeutique permet de toucher à tous les pans de l’image du corps. Le phénomène de régression est au premier plan, le monde se restreint à des sensations et à une voix.

La régression consiste en un retour du sujet à des étapes dépassées de son développement.

Le travail est axé sur une structuration du schéma corporel et permet de contenir d’éventuelles angoisses. « Elle offre au patient l’opportunité d’une expérience où pourrait se constituer, par ce mécanisme d’étayage et l’introjection de la fonction contenante du thérapeute, une enveloppe psychique » (Anzieu).

Cette attention particulière du thérapeute pour le corps du patient, affective, conduit le malade vers un état de mieux-être. Cela contribue à le renarcissiser et donc à maintenir son élan vital dans le cas de la SLA.

Il ne s’agit pas de comprendre ce que ressent l’autre mais de partager ses émotions et de lui faire verbaliser pour qu’il puisse établir une représentation de ces dernières et ainsi lui permettre de les intégrer à son identité.

Le toucher est le meilleur moyen pour se sentir exister !

Le toucher-thérapeutique se base sur la notion d’enveloppement et du « corps plaisir ». Il peut-être réparateur, antalgique et il favorise la communication non verbale.

Ce qui est intéressant pour les patients atteints de la SLA qui ont la parole très entravée, tout particulièrement chez Madame O. qui a besoin d’un tableau de lettres pour échanger avec autrui.

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Il me paraît important de signifier au patient le déroulement de la séance afin qu’il puisse s’en faire une représentation. La répétition de cette trame résonne alors comme un rituel.

Cela est sécurisant à la fois pour le patient qui sait à quoi s’attendre et pour le thérapeute car cela lui donne une conduite à suivre.

Cependant, attention de ne pas tomber dans l’extrême et de rendre les séances trop rigides qui ne permettraient pas au patient de s’exprimer quant à des souhaits ou désirs relatifs.

Le projet thérapeutique est une construction conjointe en constant remaniement.

Pour certains patients, il est intéressant de se concentrer sur la respiration, je pense ici tout particulièrement à Monsieur J. qui a besoin de la VNI en permanence.

Lorsqu’on suit les mouvements respiratoires du patient en appuyant légèrement sur son ventre sur l’inspiration et en allégeant le poids de ma main sur l’expiration.

Cela permet au patient de se focaliser dessus, ainsi la perception du volume d’air a un effet apaisant. Sentir sa respiration c’est se sentir exister, vivre… Par le biais de l’abaissement tonique et de la vigilance, la respiration devient plus ample et facilitée.

Il est fondamental de respecter les zones intimes du patient lors des mobilisations. Un comportement de bienveillance et d’écoute est primordial afin que des liens entre le thérapeute et son patient se tissent.

A la fin des mobilisations, il est intéressant de finir par un toucher globalisant des différentes parties du corps afin de terminer sur une sensation d’un corps unifié.

Le travail d’adaptation est constant en psychomotricité, en fonction des demandes et des besoins du patient nous pouvons voir ensemble pour ajuster ou réaménager les séances.

Pour Madame B. par exemple, il a été nécessaire de changer l’horaire de la prise en charge car le matin elle était trop fatiguée suite aux soins d’hygiène.

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Aucune contrainte n’est imposée au patient, c’est un espace pour lui donc de liberté, si le patient ne souhaite pas d’emblée fermer les yeux ce n’est pas grave.

Le regard transmet de la chaleur et de l’amour aux acteurs de la relation, ainsi une reconnaissance identitaire se réalise.

Lorsque la confiance s’installe, le patient sort de cette hypervigilance et se laisse porter par nos soins. La fermeture des yeux est intéressante car elle permet un réel travail d’introspection et d’écoute de soi.

Une attention conjointe est nécessaire pour que les deux partenaires travaillent ensemble vers un même projet. Cette liaison psychocorporelle entre le patient et le thérapeute permet de maintenir un échange de bonne qualité.

Ainsi, dans ce respect mutuel et cette écoute, la progression de la prise en charge est rendue possible.

De cette manière, le soignant peut proposer son propre corps comme contenant dans les expériences relationnelles et du toucher pour un effet miroir, ainsi l’estime de soi s’en retrouve améliorée.

Derrière le toucher se trouve toujours une intentionnalité qui est perçue par le patient. C’est pourquoi, un toucher timide, tremblotant et du bout des doigts n’est pas très adapté.

Un toucher franc et à pleine paume apporte de la contenance et de la sécurité, ce qui est primordial chez les patients fragilisés dont l’image du corps est fortement atteinte.

L’utilisation d’un médiateur peut-être pertinente pour éviter un contact trop direct peau à peau. Ainsi, le médiateur fait office de tiers dans la relation le temps que s’établisse un climat de confiance.

Avec Madame B., nous avons utilisé un ballon mou car il permet une certaine contenance.

Le temps de verbalisation, tant au début qu’en fin de séance, permet d’apprendre à se connaitre et une mise en mots et en sens des ressentis.

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Elle fait appel au vécu psychocorporel du patient qui est quelque chose d’ancré en soi.

L’inconscient devient conscient et plus élaboré car compris par le biais de la relation. Une écoute attentive est primordiale pour rebondir sur les dires du patient pour l’encourager à aller plus loin dans sa prise de conscience psychocorporelle.

La répétition des dires du patient par le thérapeute vient apporter une sorte de validation des sensations du patient ce qui est valorisant et structurant pour le patient fragilisé narcissiquement.

Selon Lesage B., il existe sept piliers de la structuration psychocorporelle : les flux, le poids et les appuis, l’axialité, sentir/nommer/symboliser, l’usage du corps, la qualification du geste et le dedans-dehors54. A travers le toucher thérapeutique, nous pouvons aborder l’ensemble de ces aspects.

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