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par province 2002–2003

E.5 Sommaire et lacunes des connaissances

Notre revue des coûts de l’éducation dans les sections E.2 et E.3 montre que les droits de

scolarité et les frais connexes ont connu leur augmentation la plus spectaculaire dans la première moitié des années 1990, mais ont diminué depuis à un niveau qui dépasse tout juste l’inflation.

Les variations entre les provinces sont assez substantielles pour permettre de conclure que les travaux sur l’abordabilité des études postsecondaires doivent en tenir compte. Il n’existe pas de données similaires pour les collèges, ce qui montre que les collèges et autres établissements non universitaires ne sont pas pris en compte dans les études sur l’abordabilité. Nous en savons très peu sur l’évolution des autres coûts de l’éducation dans le temps et sur les coûts propres à chaque établissement. Comme le soulignent Looker et Lowe (2001), nous n’avons que peu ou pas de renseignements sur les coûts particuliers que supportent certains groupes d’étudiantes et

18 Il faut noter que l’étude porte sur des données de 2002 au plus tard et que, comme l’ont fait remarquer Berger, Motte et Parkin (2006), la politique canadienne des prêts d’études a été récemment modifiée pour que les étudiantes et étudiants de familles ayant un revenu moyen accèdent plus facilement aux études postsecondaires.

26 étudiants comme les personnes qui ont un handicap, qui sont parents seuls et qui vivent en milieu rural. Il n’existe pas non plus d’études sur les coûts que doivent assumer les étudiantes et

étudiants étrangers, pour qui les droits de scolarité sont à eux seuls beaucoup plus élevés et qui doivent déménager.

L’étude de la relation entre l’augmentation des droits de scolarité et la participation aux études postsecondaires présentée à la section E.4 montre que, à l’exception des travaux de Rivard et Raymond (2004), les recherches fondées sur les méthodes les plus rigoureuses concluent à une relation significative quoique décroissante avec le temps tandis que les études qui reposent sur quelques variables tout au plus ne cernent aucun lien ou concluent à la nécessité d’approfondir la recherche.

Par ailleurs, presque toutes les chercheuses et tous les chercheurs, peu importe leurs conclusions, suggèrent que l’augmentation simultanée de la participation des étudiantes et étudiants aux programmes de prêts explique l’absence ou l’affaiblissement des résultats. En d’autres termes, le rehaussement du plafond des prêts d’études pendant la même période pourrait avoir

contrebalancé les effets de l’augmentation des droits de scolarité. Les jeunes peuvent donc s’être adaptés aux coûts supérieurs des études postsecondaires en s’endettant davantage. Nous

étudierons de plus près les prêts et autres formes d’aide aux études à la section F. Une autre explication courante de l’augmentation de la participation aux études postsecondaires en dépit de l’augmentation des droits de scolarité est la sensibilité croissante aux avantages éventuels d’un diplôme d’études postsecondaires sur les plans professionnel et financier. Dans un cas comme dans l’autre, la plupart des chercheuses et chercheurs ne concluent pas à l’absence de relation entre les coûts et la participation, mais seulement à la possibilité que celle-ci soit masquée par des incidences compensatrices (aide aux études) ou combinées (rendement croissant de l’investissement en éducation) qui brouillent les résultats19.

Il importe de comprendre que cette revue du lien coût-participation ne signifie pas que la participation aux études postsecondaires des groupes ayant un plus faible revenu soit en déclin, mais que le coût seul n’a pas l’effet puissant qu’on lui prête parfois. L’analyse des résultats doit passer par une étude comparative, dont le but est de rendre les études postsecondaires plus abordables pour toutes les personnes. Puisque les jeunes ou les adultes dont le revenu est plus faible ne participent pas dans les mêmes proportions que les autres aux études postsecondaires (comme le montre la section D), force est de conclure que, en intégrant la capacité et d’autres facteurs, l’objectif n’est pas atteint, en dépit des progrès accomplis.

Comme le montre la présente revue, les mystères de la relation entre les coûts de l’éducation et l’égalité d’accès ne sont pas tous percés. Nous avons montré seulement la nécessité de faire des analyses à multiples variables des populations à risque, qui tiennent compte des coûts que représentent les droits de scolarité et du statut socioéconomique (le revenu, de préférence, mais

19Il existe une troisième possibilité, à savoir que les personnes dont le revenu est faible perçoivent différemment le rendement de l’investissement en éducation et les coûts, deux facteurs examinés à la section H.5.

27 le niveau d’instruction pourrait convenir) et de vérifier l’effet d’un certain nombre de variables intermédiaires. Seul Frenette (2005) tient compte des variations croissantes des droits de scolarité entre provinces et des courbes de l’évolution des droits de scolarité. Seules quelques études vérifient l’effet de la capacité (MPC ou récompenses au mérite) des étudiantes et étudiants; seule une étude tente de tenir compte de la possibilité que le nombre de places augmente par suite de l’augmentation des droits de scolarité et seule une étude tient compte des effets du rendement croissant de l’investissement en éducation, sur les plans financier et autres.

Enfin, comme nous l’avons déjà souligné, aucune des études recensées ne tient compte de l’effet compensateur potentiel de l’aide aux études sur l’augmentation des coûts. Ces lacunes

témoignent amplement de l’insuffisance de la qualité et de la disponibilité des données sur les tendances en ce domaine.

28 F. CONTRIBUTIONS PRIVÉES ET PUBLIQUES AUX COÛTS