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1. Marc A

1.2. Sommaire de l’histoire psychosociale et cheminement délictuel

Monsieur A. est originaire de Verchère et rapporte avoir grandi à Montréal. À notre connaissance, le sujet est le troisième d‟une famille de quatre enfants. Ses parents se séparent alors qu‟il est âgé d‟environ 9 ans. Sa mère, éprouvant apparemment des troubles psychotiques chroniques (schizophrénie), demeure hospitalisée pendant près de 12 ans. C‟est donc le père qui obtient la garde des enfants suite à la séparation. Ne sachant pas comment se débrouiller avec quatre enfants, il les envoie en foyers nourriciers. Ainsi, monsieur A. est séparé de ses deux frères et élevé avec sa sœur par une mère nourricière. En plus d‟être séparé de sa mère, il a le sentiment d‟être rejeté par son père. Suite à cela, Marc A. développe un sentiment de colère, une difficulté certaine à respecter l‟autorité et les limites, une faible estime de lui-même ainsi que des carences affectives importantes.

À l‟âge de 14 ans, étant toujours en foyer nourricier, le sujet, qui commence dès lors à présenter certains comportements agressifs et passablement violents, fraude sa mère nourricière en lui volant un chèque de quelques milliers de dollars. Bien que le but de ce délit demeure vague, notons que c‟est à cette époque qu‟il commence à consommer alcool et drogues (haschich, marijuana, colle, speed). Il en abuse régulièrement à partir de 15-16 ans. Dans les années 1965-66 (vers les 21-22 ans), après sa première sortie du pénitencier, la documentation institutionnelle rapporte ceci : « ... il mène une vie d‟abus et de luxe en faisant un usage excessif d‟alcool et en fréquentant les courses de chevaux, les escortes et les boîtes de nuit sur une base régulière. Son style de vie exigeant des revenus financiers importants et monsieur ne pouvant se résoudre à intégrer le marché du travail, le sujet décide de se tourner vers la criminalité pour répondre à ses besoins ». C‟est à partir de ce moment que la criminalité de Marc A. prendra une courbe ascendante en termes de violence.

Ensuite, à 17 ans, mécontent de son travail dans l‟aviation (selon lui trop sévère), il commet un vol pour démontrer sa révolte contre l‟autorité. Bien qu‟il occupe quelques emplois honnêtes, il choisit de vivre de la criminalité, ce qui le délivre de la monotonie quotidienne et lui permet d‟entretenir un mode de vie oisif et confortable. Rapidement, il met son sentiment de rébellion et de colère au profit de sa criminalité en effectuant des vols à main armée avec violence. Notons que, tout au long de sa carrière criminelle, et bien qu‟il

eut quelques problèmes avec la consommation de drogues et d‟alcool, sa prise de substances ne fut généralement pas directement liée à ses délits. Néanmoins, il est possible de croire qu‟elle ait facilité certains passages à l‟acte du sujet, surtout au début de l‟âge adulte où les délits étaient nombreux et fréquents. Quoi qu'il en soit, Marc A. entame bientôt une carrière criminelle empreinte de violence de nature autant acquisitive que vindicative.

Les signes visibles de la détérioration de sa santé mentale apparurent lors de son deuxième terme fédéral, vers 1983 (diagnostic de schizophrénie). Toutefois, il est possible de penser que le prodrome de la maladie a contribué à sa violence, le rendant impulsif, imprévisible et réellement instable. C‟est d‟ailleurs cette violence qui le garde emprisonné pendant de nombreuses années en raison de gestes commis lors de ses incarcérations et d‟une récidive suite à sa première libération conditionnelle. Nous pouvons croire que sa criminalité avait pour buts premiers de répondre à ses besoins immédiats, d‟entretenir son mode de vie, de le valoriser et de lui permettre de décharger sa colère. Après ses longues années d‟incarcération, le sujet se met à commettre des méfaits. Puis, durant les années qui suivent et probablement en raison de sa maladie, une apparente accalmie délictuelle se produit (selon les informations disponibles). Son dossier psychiatrique a été ouvert en 1972.

Les présents délits, survenus à environ un mois de sa dernière peine d‟emprisonnement provinciale pour méfaits, illustrent un certain retour à l‟utilisation de la violence pour obtenir ce qu‟il désire. Même si les moyens employés sont beaucoup moins inquiétants que ceux pris en début de carrière (armes chargées), ils demeurent empreints d‟agressivité et de violence. Ils ont été commis sous l‟influence délirante de sa problématique de santé mentale, contrairement à ses tout premiers délits. D‟ailleurs, les notes évolutives du dossier psychiatrique du CRSM (où il a séjourné avant d‟intégrer la population régulière de l‟Établissement Archambault, en septembre 2008), rapportent à plusieurs reprises que le sujet résiste au traitement et qu‟il peut se montrer hostile. Il nie également avoir une problématique de santé mentale. La seule période de stabilité qu‟il aurait connue dans la communauté (vers 1992-1995) coïncidait avec le fait qu‟il prenait sa médication de façon assidue et acceptait de rencontrer le psychiatre sur une base régulière. Entre 1997 et 2007,

lorsqu‟il se trouvait en société, il vivait dans la rue et en situation d‟itinérance, selon la documentation.

En résumé, le sujet présente une criminalité persistante et continue. Principalement de nature acquisitive, dirigée contre les biens et contre les personnes, elle peut être également vindicative. La schizophrénie, dans ce contexte, a pu servir d‟amplificateur à sa violence, à son agressivité et à l‟expression de ses émotions négatives, qu‟il a clairement évacuées lors de ses délits passés et surtout en début de carrière (perceptions délirantes de la réalité en lien avec le jeu). Au moment de ses deux premiers termes, la criminalité lui servait à financer son style de vie oisif, à satisfaire son attrait pour le gain facile et rapide et à se valoriser auprès d‟autrui. Presque trente ans plus tard, sa problématique de santé mentale ayant pris le dessus sur l‟antisocialité, sa motivation ne semble plus économique, même si ses récents délits furent commis dans le but d‟obtenir de l‟argent, mais plutôt dictés avant tout par ses idées délirantes et sa perception erronée de la réalité.