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La première chose que nous ne pouvons manquer de noter est la quasi-absence de lien entre la schizophrénie et la personnalité antisociale : ce sont deux troubles de santé mentale distincts qui semblent sous-traités par la littérature. Il s‟avérait donc logiquement essentiel de traiter séparément des deux troubles. Malgré des descriptions cliniques différentes, mais qui toutes deux notent un manque de capacité d‟introspection, les modalités thérapeutiques se rejoignent dans une certaine mesure. Surtout, les détenus antisociaux représentent une grande partie de la clientèle carcérale, un défi de taille pour tous les intervenants. Quand un trouble à l‟axe I s‟ajoute au portrait clinique, il devient ardu de cerner les motivations, la

criminalité et les besoins criminogènes et psychiatriques de l‟individu. Notons que nous faisons face ici au risque qu‟un détenu nouvellement admis dans les services correctionnels passe quelque temps sans soins même s‟il en a besoin. Sans antécédents disponibles et sans marque manifeste de la maladie, une schizophrénie peut longtemps demeurer invisible. C‟est ici que l‟intuition humaine, la capacité d‟analyse et d‟écoute et les compétences diagnostiques prendront toute leur importance, autant pour comprendre que pour envisager les solutions d‟intervention les plus efficaces.

Par exemple, l‟American Psychiatric Association (2004) recommande des traitements psychosociaux bien précis pour les schizophrènes : thérapie familiale, enseignement d‟habiletés psychosociales, réhabilitation et thérapie cognitivo-comportementale. Le traitement du TPA exclut uniquement, ici, la thérapie familiale : tel que discuté, les groupes de thérapie doivent être constitués de personnes semblables, donc toutes antisociales. La famille peut néanmoins demeurer un soutien secondaire, malheureusement peu commun chez les détenus. Par contre, la clientèle étant homogène à plusieurs points de vue, il peut être assez aisé de mettre en place des groupes d‟entraide. Il suffirait seulement de mobiliser les ressources adéquates, humaines et techniques, à une telle entreprise.

De la sorte, dans ce contexte, la psychoéducation reste une intervention de choix. Tant l‟individu schizophrène qu‟antisocial peine à vivre en société d‟une façon appropriée. Par là même, l‟attention doit se porter sur la transformation des schèmes de pensée déficients et, concurremment, sur les comportements problématiques. La pharmacothérapie est essentielle chez le schizophrène, mais ne peut que s‟attaquer à des symptômes concomitants chez l‟antisocial, tel que l‟alcoolisme, l‟impulsivité ou la psychose. Si le thérapeute du schizophrène doit afficher une plus grande ouverture, celui de l‟antisocial se verra mis à l‟épreuve et devra faire preuve de patience. Néanmoins, l‟établissement de limites est nécessaire avec les deux clientèles. Enfin, le thérapeute doit croire que le client peut changer et s‟améliorer. Nous pourrions donc conclure tout ceci en soutenant que si une personne présente une schizophrénie et une personnalité antisociale, elle aura besoin d‟encadrement, de structure, de soutien et de fermeté, en plus de recevoir une aide au niveau cognitif et émotif (identifier les pensées et les émotions et savoir les gérer), pour enfin apprendre adéquatement à vivre avec autrui, dans une perspective de réinsertion sociale et de socialisation.

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ESCRIPTION ET JUSTIFICATION DES ACTIVITÉS RÉALISÉES DURANT LE STAGE AU

S

ERVICE CORRECTIONNEL DU

C

ANADA

Le stage au SCC m‟aura permis d‟accéder à diverses sources de connaissances, autant humaines que matérielles et didactiques. J‟ai fait plusieurs lectures, particulièrement celles de rapports psychologiques et médicaux à partir du Système de Gestion des Délinquants (SGD). Ces lectures m‟auront permis de sélectionner six individus atteints d‟une schizophrénie paranoïde et d‟un trouble de la personnalité limite / ou antisociale / ou narcissique. J‟ai également effectué plusieurs recherches documentaires sur certains moteurs scientifiques ou sur le site même du Service correctionnel du Canada. Par exemple, à la demande de ma superviseure, j‟ai produit un document sur la prévention du suicide par les pairs aidants en contexte pénitentiaire.

Par ailleurs, la rédaction a fait partie de mon quotidien. J‟ai produit plus de cinquante rapports (suite à des rencontres cliniques et des courts suivis d‟une dizaine de détenus) ainsi que des synthèses psychocriminologiques sur certains individus incarcérés à la demande de co-superviseurs.

Il fut intéressant pour moi d‟avoir accès à certaines formations, donc celles sur l‟évaluation du risque, sur les Initiatives en Santé Mentale en Communauté et en Établissement (ISMC et ISM), sur la délinquance sexuelle et sur la sensibilisation en santé mentale, en plus de participer à un « focus group » portant sur les deux initiatives, à des comités de santé mentale et à plusieurs réunions cliniques de discussions de cas au CCC Martineau, au CFF et à l‟ÉMSF. J‟ai observé certaines rencontres criminologiques (ALC) et médicales (infirmière) entre un membre du personnel et un détenu. Les discussions entreprises avec plusieurs professionnels du SCC m‟ont considérablement appris. Une certaine collaboration s‟est installée entre des infirmières, des psychologues, des agents de libération conditionnelle, un travailleur social et moi-même. En effet, j‟ai pu leur venir en aide, que ce soit pour de la recherche documentaire, de la rédaction ou des impressions cliniques.

Enfin, ma participation au 34e Congrès de la Société de criminologie du Québec en tant que représentante de la revue Criminologie a fait partie de mes apprentissages concomitants

au stage. J‟ai pu assister à plusieurs conférences portant sur la justice, les données probantes, la transformation du système correctionnel, l‟exploitation sexuelle des enfants sur Internet, le programme Parcours du Ministère de la Sécurité Publique et, finalement, au sujet du stress et du travail.