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I.6 Conclusion

II.1.3 De l’agilité des processus

II.1.3.2 Solutions existantes

Depuis une dizaine d’années, plusieurs solutions commerciales et projets de recherche tentent de proposer des fonctionnalités de conception et d’orchestration des workflows collaboratifs ainsi que la possibilité de rendre ces workflows agiles. Ce sont les WFMSs (Workflow Management Systems) [van der Aalst et al., 2009]. Du côté des solutions com- merciales, les produits phares du secteur sont Bonita, les outils ARIS (Architecture of Integrated Information Systems) et TIBCO Business Studio.

Bonita Open Solution, qui est développé par Bonitasoft [Bonitasoft, 2013], offre

une suite d’outils pour concevoir les processus, exécuter et surveiller les workflows. Bonita Open Solution présente l’intérêt de pouvoir simuler l’exécution des processus en fixant les paramètres suivants : coût, durée, consommation de ressources, calendrier. Dans sa

version gratuite (Community Edition), le logiciel ne conseille pas l’utilisateur sur les op- timisations à mener (l’utilisateur doit réaliser lui-même l’analyse) et ne l’avertit donc pas sur la nécessité d’adapter les processus. Seule la version payante Performance Edition du logiciel autorise la surveillance des processus (monitoring) ainsi que la modification d’un processus en cours d’exécution (i.e. durant la phase de Run-time) en permettant de ré-exécuter une activité donnée d’un processus3.

ARIS [Scheer and Nüttgens, 2000] est une approche de modélisation de l’écosystème

de l’entreprise. Elle propose une suite d’outils qui permet de modéliser, exécuter, ana- lyser, simuler et optimiser les processus de l’entreprise. Un point intéressant de la suite ARIS est la possibilité de combiner des fragments de processus entre eux suivant les événements reçus au cours de l’exécution du workflow afin d’en déterminer la suite à la volée. D’une certaine manière, ARIS permet d’adapter le workflow en cours d’exécution mais cette approche reste déterministe car il est impossible de sortir du cadre imposé par les processus unitaires existants. Cette approche reste fortement liée à l’étude des risques et à l’établissement de processus alternatifs en vue de couvrir un maximum de branches possible.

TIBCO iProcess Suite [TIBCO, 2013] propose un panel d’outils de création et

de gestion de processus dont un logiciel de modélisation des processus, un orchestrateur ainsi que le moyen de simuler l’exécution des processus avant de les lancer en phase de production. Cette dernière fonctionnalité permet à l’utilisateur de déterminer quelles parties du processus peuvent être améliorées, de repérer les goulots d’étranglement et les manquements aux exigences en terme de coût et de qualité de service. La détection des goulots est réalisée à partir du monitoring des événements émis par les processus : l’outil avertit l’utilisateur de la présence de ces goulots. Des solutions d’adaptation des processus concernés sont alors proposées en puisant manuellement dans un recueil de processus pré-établis et qui permettent d’atteindre l’objectif concerné.

Du côté des résultats académiques, nous pouvons citer le projet européen WORK-

PAD [Catarci et al., 2011] qui permet de concevoir et développer une infrastructure

logicielle dont le but est d’être le support de la collaboration dans des situations d’ur- gence ou de catastrophes. Ce projet vise à créer des communautés de PSSs (Public Safety Systems) et de permettre aux équipes sur le terrain d’exploiter ces PSSs au moyen des technologies mobiles, de la gestion de processus et de la géo-collaboration. WORKPAD propose une infrastructure de type pair-à-pair pour connecter les acteurs de la réponse à la crise entre eux (via le réseau de communication mobile et sans fil) et assurer le bon déroulement des processus mis en jeu dans la réponse à la crise. La plateforme résul- tant de ce projet propose d’adapter dynamiquement les processus en cas de panne ou d’indisponibilité (au sens réseau) d’un des services des acteurs de la crise. La détection 3. Cf. tableau comparatif des caractéristiques des éditions de Bonita Open Solution : http://www. bonitasoft.com/products/product-comparison

de la panne est réalisée en étudiant les fichiers de log des interactions humain-service et service-service. Sur la base de cette analyse et des liens sémantiques entre les ac- teurs et les services disponibles, de nouvelles solutions de remplacement sont proposées. Concernant l’adaptation des processus, WORKPAD se concentre sur le rétablissement des nœuds déconnectés du réseau via des tâches spécifiques.

Le projet européen CRISIS [Rooney, 2011] cherche à développer une plateforme de simulation pour de l’entraînement à la demande à destination des équipes de pre- miers secours et des gestionnaires de crise. Elle propose des cas d’entraînement réalistes (évacuation de stade, attaque terroriste dans un aéroport) et des niveaux de difficultés différents. La plateforme CRISIS est un support à la prise de décision sous conditions d’incertitude. Ces incertitudes peuvent varier suivant trois dimensions (augmentant ou diminuant la difficulté de la simulation) : la complexité de l’événement décrivant la si- tuation, le nombre total d’événements et la probabilité de survenue de l’événement. Elle n’orchestre pas réellement les workflows et se concentre sur la prise de décision face à de nouveaux risques ou de nouvelles incertitudes. Cependant, la dimension de gestion de la connaissance et de retour d’expérience que présente la plateforme peut la positionner comme un outil d’adaptation a posteriori des processus de réponse à la crise.

Concernant la partie détection (une des composantes de l’agilité), le projet PRONTO [Marterer et al., 2012] vise à collecter puis déduire des événements complexes à partir de flux d’événements afin d’analyser les données dans des opérations de secours lors de situations de crise. Les événements proviennent du terrain : capteurs sur site, capteurs embarqués sur des véhicules ou des personnels d’intervention (position GPS, vitesse de déplacement), appels téléphoniques ou radio, images des caméras de surveillance. Ce projet fournit notamment un outil doté d’une interface web présentant une carte des opérations en cours (découpées en sections). Elle donne ainsi aux décideurs une image compréhensible de la situation de crise (d’un point de vue opérationnel) et permet de vi- sualiser la localisation de leurs ressources ainsi que les événements associés (section créée, véhicule arrivé, véhicule entrant dans une section d’opérations, etc.). D’autres informa- tions sont visibles comme les risques météorologiques (alerte orage, alerte pluie) pour la région des opérations. Le but recherché de PRONTO n’est pas de gérer l’exécution des workflows mais de fournir un support d’aide à la décision en analysant les événements entrants et en mettant en valeur les situations intéressantes pour la cellule de crise. Il diffère de CRISIS dans le sens où il n’a pas pour but d’être un support d’entraînement mais une véritable application de terrain.

Le projet PACHUBE [Haque, 2004] s’intéresse également au contexte4 et aux don-

nées permettant de mettre à jour ce contexte. PACHUBE est une sorte de place de marché regroupant les données émises par des capteurs en temps réel et les met à dis- 4. Le contexte est représenté par toute information susceptible de caractériser la situation d’un sujet ou d’un système qui est considéré comme pertinent au regard de l’interaction entre l’utilisateur et l’application, incluant l’utilisateur et l’application eux-mêmes [Dey, 2001].

position des utilisateurs via Internet. Si ce projet ne s’intéresse pas à la gestion des processus collaboratifs et à leur adaptation au contexte, il montre l’intérêt croissant des problématiques type Internet Of Things [Atzori et al., 2010] où l’enjeu majeur est la collecte d’informations émises par des moyens variés (capteurs, personnes, réseaux so- ciaux) afin d’obtenir l’image la plus fidèle et pertinente possible du contexte dans lequel un système évolue et détecter des situations intéressantes (risques, opportunités, etc.). PACHUBE a été racheté en 2011 par la société LogMeIn et s’appelle désormais Xively. Enfin, le projet européen PLAY [PLAY, 2010] propose une plateforme permettant non seulement l’exécution de workflows collaboratifs mais aussi la détection de risques et opportunités pour la collaboration. Cette détection est réalisée via une collecte et déduction d’événements, la plateforme jouant ainsi le rôle d’une place de marché en mettant à disposition des utilisateurs les données provenant d’événements émis par des capteurs, des réseaux sociaux, etc. PLAY fournit également un service d’adaptation des workflows appelé SAN (Situation-Action-Networks) [Verginadis et al., 2012]. Le principe de fonctionnement du SAN repose sur la décomposition des objectifs du processus en arbre. Si un objectif ne peut être atteint à cause d’une variation du contexte empêchant l’exécution de l’activité concernée, alors une autre activité est proposée. La proposition d’adaptation se fait grâce à une base de connaissances en cherchant l’activité la plus proche de celle à remplacer.