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Situation problématique à examiner : l’évaluation formative centrée sur la rétroaction

CHAPITRE 1 LA PROBLÉMATIQUE

1.3 Situation problématique à examiner : l’évaluation formative centrée sur la rétroaction

Les nouvelles pratiques accordent une importance capitale à l’évaluation formative. Or, l’OCDE (2005) a constaté le manque de visibilité de l’évaluation formative par rapport à l’évaluation sommative. Selon cet organisme, l’évaluation sommative intéresse beaucoup plus les autorités (ministère) qui organisent les compositions et les examens scolaires. Cela incite les enseignants à « enseigner pour l’examen et les élèves sont encouragés à atteindre des objectifs de performance (réussir aux examens) aux dépens des objectifs d’apprentissage (appréhender et maîtriser de nouveaux savoirs). » (OCDE, 2005, p.4). Et pourtant, l’évaluation formative est fréquente en classe lors des interactions entre enseignant et élèves, mais aussi à travers les rétroactions fréquentes dans le cadre de l’évaluation des productions d’élèves. Dans le même ordre d’idées, Scallon (2004) souligne que dans une évaluation formative, « l’évaluation est intégrée à l’apprentissage » (p. 25). L’élève participe à l’évaluation de ses apprentissages par le biais d’une rétroaction que lui fait l’enseignant. Cette rétroaction peut être orale comme nous le verrons plus loin, mais elle peut aussi être écrite lorsqu’il s’agit d’évaluer des productions de textes d’élèves par exemple.

La rétroaction écrite tient donc une place primordiale dans le processus d’évaluation formative en ce sens qu’elle favorise la prolongation des activités d’apprentissage permettant ainsi à l’élève de mieux maîtriser les objets d’enseignement.

1.3.1 Problématique de la rétroaction écrite dans un contexte de production d’écrits L’évaluation des productions d’écrits est souvent caractérisée par une forme de rétroaction écrite appelée annotation (Durand et Chouinard, 2012). Et comme Rodet (2000) le considère, il s’agit d’un support à l’apprentissage qui, par conséquent a pour but d’aider l’élève à progresser dans ses apprentissages. En tant que tel, l’annotation revêt donc une

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importance capitale quand on sait qu’elle a une vocation communicative (Laveault, 2000). Et comme le souligne Roberge (1999, p. 2), « dans le meilleur des mondes, ce serait aussi faire comprendre à l’élève l’utilité […] des annotations faites par l’enseignant, de façon à faire progresser l’élève dans son apprentissage. ». De plus, Simard (1999) avait émis une remarque dans ce sens en ces termes : « les enseignants annotent surtout dans un but de correction, car ils signalent presque exclusivement les expressions fautives ou les passages mal formés, mais commentent rarement les réussites des élèves. » (p. 32). Le même constat est fait par Rodet (2000) qui, faisant allusion à l’annotation qui accompagne la correction d’une copie, souligne que « L’appréciation, souvent lapidaire et définitive, ne vient qu’en second pour « illustrer » la note. » (pp. 49-50). C’est donc dire que divers auteurs se sont intéressés à ce sujet, et que cette dernière est considérée comme un volet important de l’évaluation intégrée à l’apprentissage parce que susceptible de favoriser la réussite des élèves. D’où l’importance d’étudier les pratiques évaluatives des enseignants sous cet angle.

1.3.2 Pertinence sociale et scientifique et question de recherche

La pertinence sociale de notre étude se situe au niveau de la recherche de la qualité dans les enseignements-apprentissages au Sénégal. Nous estimons que l’amélioration de la qualité des apprentissages passe, entre autres par des études qui permettraient de cerner les réalités dans les classes, les façons de faire des enseignants, et, particulièrement en ce qui concerne l’évaluation. Or, l’évaluation formative à travers la pratique de la rétroaction écrite pourrait permettre une meilleure maîtrise des acquis et assurer la réussite de la majorité des élèves. Dans un contexte marqué par l’APC, l’installation de la compétence passe nécessairement par une assimilation maximale des objets d’apprentissage.

En somme, revisiter les pratiques évaluatives des enseignants dans un contexte d’évaluation formative centrée sur la rétroaction écrite pourrait contribuer sensiblement à garantir la réussite des élèves en ce sens qu’elle met les enseignants dans une posture à la fois réflexive et régulatrice de leurs façons d’évaluer au bénéfice de leurs apprenants. Nous espérons ainsi que cette recherche aura des retombées permettant aux enseignants d’adopter de nouvelles pratiques jugées efficaces afin de faire progresser leurs élèves. Certes le nombre réduit des participants n’augure pas un large partage de cette expérience. Cependant, le mérite

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aura été d’expliciter et d’expérimenter des pratiques de rétroaction au bénéfice des enseignants et au-delà des élèves.

En ce qui concerne la pertinence scientifique, cette question a été peu traitée au Sénégal. En effet, à notre connaissance, seules les études de Mboup (2003) et de Diédhiou (2013), se sont penchées sur ce sujet. Mboup (2003) a étudié les changements d’enseignement et d’évaluation chez les enseignants du secondaire après la nouvelle définition des épreuves de sciences de la vie et de la terre, à l’aune des exigences didactico-pédagogiques issues des théories et recherches récentes. Diédhiou (2013) quant à lui s’est intéressé aux manières de faire l’évaluation formative d’enseignants du secondaire dans un contexte de classe pléthorique. Cependant, ces études, comme nous le constatons, concernent généralement l’enseignement secondaire. Au niveau de l’enseignement primaire nous n’avons retrouvé aucune étude ou écrit allant dans ce sens. La pertinence scientifique de cette étude sera alors de contribuer à la recherche dans le domaine de l’évaluation des apprentissages dans le contexte spécifique de l’école primaire au Sénégal. Il s’agit là d’une opportunité qui nous est offerte pour se pencher sur un aspect de l’évaluation formative dans les classes primaires. Ce mémoire, nous l’espérons, enrichira la documentation dans le domaine de l’évaluation des productions de textes d’élèves communément appelée « correction de copies ».

Au vu de tout ce qui a été évoqué dans cette problématique, nous formulons la question de recherche comme suit :

De quelles façons des enseignants sénégalais du primaire évaluent-ils les travaux d’élèves de CM1 en production d’écrits dans une visée formative, avant et après une expérimentation de pratiques évaluatives centrées sur la rétroaction écrite?

Cette question sera explicitée à l’issue du chapitre suivant où il sera question d’abord d’élucider les concepts et théories relatifs au sujet, ensuite de faire la recension d’écrits pour revisiter les études empiriques et théoriques qui se sont penchées sur cet objet d’étude.

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CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL ET ÉTAT DE LA QUESTION.