• Aucun résultat trouvé

PALMERAIES MODERNES EN ALGERIE

3. SITUATION DE LA FILIERE PHOENICICOLE EN ALGERIE

Comme le titre l’indique, nous allons à présent parler de la situation et de l’état des lieux de l’activité phoenicicole en Algérie afin de ressortir les principaux obstacles et défis au développement qu’endure le secteur ainsi que ses opérateurs. Le résumé de l’intervention de Monsieur BARA nous donnera un très bon aperçu. D’un point de vue positif nous verrons les effets du programme PNDA sur la plantation et la production de dattes en Algérie. L’exemple de la Tunisie nous permettra quant à lui de comprendre le décalage qui s’est produit entre les deux pays en matière d’exportation de dattes et le succès de plus en plus grandissant de la datte tunisienne sur celle algérienne.

3.1. Les principaux obstacles et défis au développement du secteur phoenicicole en Algérie :

L’intervention de (BARA, 2011), parlementaire et chef d’entreprise dans la wilaya d’El Oued, au premier colloque national sur les économies de la filière datte algérienne nous paraît être un excellent résumé de la situation du secteur phoenicicole d’El Oued. Il en est de même pour l’ensemble du territoire national.

BARA dans sa communication a mis l’accent sur les différents problèmes en amont et en aval liés à l’activité phoenicicole de la production à la commercialisation, en passant par la récolte et le conditionnement.

Ces différents problèmes et obstacles qui nuisent au développement du secteur de la datte sont divisés en (05) cinq points essentiels :

~ 125 ~

a) La production :

- Le phénomène de remontée des eaux déjà évoqué plus haut,

- La monoculture qui induit la disparition de variétés importantes avec un potentiel commercial non négligeable,

- De nouvelles cultures au détriment de la datte telle que la pomme de terre, qui rapportent plus aux petits producteurs,

- L’utilisation de certains intrants non acceptés par les principaux importateurs (UE, USA) de la datte algérienne et qui nuit considérablement au processus d’export.

- Notons au final un manque considérable de formation et d’information des producteurs, conditionneurs qui pour la majorité du temps sont livrés à eux mêmes.

b) La collecte :

- Inexistence de réseaux de collecte structurés (centres de collecte de proximité), ni de groupement de producteurs.

c) Le conditionnement :

- Principal défi, la chaîne de froid ou plutôt les structures de chambres froides très en dessous des impératifs.

- Le conditionnement est le plus souvent effectué de manière traditionnelle. Il est très inférieur aux capacités de production et se limite le plus souvent aux variétés exportables telles que la Deglet Nour (BENZOUICHE, 2011).

Remarque :

Ce problème qui existe depuis toujours n’a été accentué à notre avis que par la discordance des deux cycles, lunaire (mois de Ramadan) qui enregistre la consommation la plus élevée sur l’année et saisonnier (maturation de la datte) qui lui, est fixe selon les variétés à partir de la septembre et pour la Deglet Nour la mi-octobre.

~ 126 ~

Quand la récolte de dattes coïncidait avec le mois sacré du ramadhan, les plus gros volumes étaient directement vendus ne posant pas de problèmes de stockage (travail à flux tendu). Petit à petit le décalage s’est conforté à en stocker durant presque les 12 mois de l’année. Rappelons que ce cycle lunaire est d’environ 32 ans. Néanmoins cela ne justifie pas le manque infrastructurel et les manquements des acteurs publics et privés.

d) La normalisation :

- Les démarches de normalisation (exemple : HACCP) et de certification (datte bio) ont un coût très élevé qui ne peut être supporté par les producteurs et les petites structures de conditionnement car non organisés en groupement, ils sont fragiles.

- Le non-respect des normes comme pour l’utilisation de pesticides et autres entrave le développement de l’activité export. Par exemple aux Etats-Unis d’Amérique, il serait imprudent de ne pas connaître les deux autorités195

en la matière l’USDA (département américain de l’agriculture) et la FDA (agence fédérale en charge des produits alimentaires et médicaments) (HADDOUD, 2011).

e) La promotion et la communication à l’international (Le marketing) :

- Absence des acteurs algériens aux grands évènements et salons internationaux pour les raisons citées plus haut.

Remarque :

Tout porte à croire que l’Algérie n’est pas un pays exportateur de dattes mais plutôt un pays dont on importe de la datte. Sa non-participation à ce genre d’événements la place dans une position très fragile et délicate. Si, un jour, pour une raison ou une autre ses principaux clients décidaient d’opter pour un autre produit, un autre pays, cela

195 S. BERKOUK, " Avec 50 millions de dollars d’exportation seulement. Les dattes, l’arbre qui cache la forêt", El Watan Economie, du 23 au 29 mai 2011, Algérie, p.4.

~ 127 ~

nuirait considérablement à ses exportations. L’effort de diversification, d’élargissement du portefeuille client n’est malheureusement pas entrepris.

3.2. Effets du programme PNDA (Plan National du Développement Agricole) sur la plantation et la production de dattes :

Le programme du PNDA a eu une un effet positif sur l’élargissement de la superficie agricole du secteur phoenicicole et par conséquence sur la production de dattes en Algérie. Il a eu un succès important puisque toutes les prévisions ont été largement dépassées.

Un fonds de plus de 2 milliards de dollars US est issu de la manne pétrolière au profit du développement agricole (BENALI, 2011).

Dans la période 2000-2006, la superficie effective phoenicicole a atteint 154.38 mille hectares alors qu’elle n’était que de 101.82 mille hectares en 2000, soit une augmentation de 51.62%.

Ce programme a principalement touché sept196 wilayas du sud algérien, trois197 variétés de dattes.

a) Du point de vue du nombre de palmiers plantés :

- Il était de 11.901 millions de palmiers En 2000, pour atteindre 17.034 millions en 2006. Soit une augmentation de 43.13%.

b) Du point de vue de la variété :

- La Deglet Nour : Cette variété stratégico-commerciale est passée de 4.37 millions de dattiers en 2000 à 5.198 millions en 2006. Une remontée de plus de 18.94%.

196 Biskra, El Oued, Adrar, Ouargla, Ghardaïa, Bechar et Tamanrasset.

197

~ 128 ~

Cela démontre tout l’intérêt apporté à cette variété et nous conforte dans notre hypothèse que la Deglet Nour réunit toutes les exigences - ou presque- pour sa labellisation. Nous y reviendrons plus loin.

- Ghars : il est passé de 2.314 millions de palmiers en 2000 pour atteindre 2.675 millions en 2006.

- La Degla Beida (Blanche) : Une large augmentation de près de 51% puisque la variété est passée de 5.221 millions de palmiers à 7.884 millions.

Remarque :

L’effet de l’augmentation quantitative qu’a connu le secteur phoenicicole, ne sera effectif qu’après que le jeune palmier se développe et entre dans ce que nous pouvons appeler la période « plein régime ». Bien entretenu, un palmier peut produire 100 Kg de dattes voire plus pendant une période allant de 100 à 200 ans.

Le tableau suivant présente les superficies plantées pour chaque wilaya ainsi que le nombre de palmiers en millions.

Tableau 05 : Inventaire du patrimoine phoenicicole algérien en 2005.

Source : Tableau réalisé par nos soins à partir du document de l’auteur (BENALI, 2011).

WILAYA SUPERFICIE

(hectare)

NOMBRE DE