• Aucun résultat trouvé

Les bases d’installation d’une Indication Géographique (IG) :

CHAPITRE II : LES PRODUITS DE TERROIR

3. LES SIGNES D’INDICATION

3.2. Les bases d’installation d’une Indication Géographique (IG) :

Une approche basée sur l’étude des connaissances et des procédures accumulées par l'analyse de l’origine du produit, de sa force, de son histoire et de son impact permettra d'estimer la faisabilité d'une démarche IG126.

125

Newsletter IP/09/1593, Commission européenne Agriculture et développement rural, 2010, p.2.

126 P. BARCLAY Dylan, THE BREAD TREE IN THE LAND OF EAGLES.ON THE PERTINENCE OF INSTITUTIONALISING A GEOGRAPHICAL INDICATION FOR TROPOJË CHESTNUTS – ALBANIA : AN ECOLOGICAL ECONOMICS PERSPECTIVE, Master in Development Studies, Geneva, 2010, p.15.

~ 76 ~

Trois paramètres127 sont à considérer lors de l’installation d’une Indication Géographique. Chaque étape mérite une réflexion où des questions sont posées afin de s’assurer de la pertinence et de l’efficacité de la démarche.

a) La faisabilité :

- Le cadre législatif permet-il l'institutionnalisation d'une IG ?

- Les capacités des institutions sont-elles suffisamment développées pour apposer les bases juridiques d’une IG ?

- La qualité, la réputation, les tendances du marché et la collaboration des partenaires dans la chaîne d'approvisionnement permettent-elles l'obtention d’une IG ?

b) L’intérêt :

- Quel intérêt ont les institutions dans l’instauration d’une IG ?

- Quel impact a l’IG dans l'amélioration de la qualité de vie des producteurs et des bénéficiaires ?

c) La cohérence :

- Existe-t-il une logique globale dans les politiques agricoles des pouvoirs publics ?

- Quels sont les projets en cours qui pourraient potentiellement être intégrés à l’IG en question afin d’obtenir une meilleure protection et de bénéficier des effets d’expérience ?

Pour qu’un produit alimentaire soit de qualité, il est important que la coordination entre les différents intervenants du secteur soit optimale (FILIPPI et TRIBOULET, 2008).

Pour cela il existe plusieurs signes d’identification tels que les Indications Géographiques. Ce sont des signes collectifs, publics pour des produits de tradition liés à un territoire. Leur but est de protéger et de distinguer un produit par rapport à d’autres.

127 P. BARCLAY Dylan, THE BREAD TREE IN THE LAND OF EAGLES.ON THE PERTINENCE OF INSTITUTIONALISING A GEOGRAPHICAL INDICATION FOR TROPOJË CHESTNUTS – ALBANIA : AN ECOLOGICAL ECONOMICS PERSPECTIVE, Master in Development Studies, Geneva, 2010, p.22-24.

~ 77 ~

Paradoxalement, par l’identification géographique, le signe distinctif est recherché pour espérer acquérir un avantage concurrentiel alors que l’évolution en termes de comportement du consommateur de par l’évolution de modes de consommation, les impératifs de sécurité alimentaire et de traçabilité nous mènent à une standardisation de ces produits (FILIPPI et TRIBOULET, 2008). Il appartient aux acteurs exerçant dans le domaine de trouver le juste milieu en apportant de nouvelles innovations qui distingueront leurs produits.

Comme nous venons de le citer plus haut, l’identification géographique permet d’organiser l’ensemble de la filière. Ce signe touche chacun des producteurs, industriels, distributeurs et consommateurs.

Un même produit peut comporter plusieurs signes de distinction, soit des signes privés avec les marques de producteurs et de distributeurs (MDD), soit les labels qui eux sont publics. L’essentiel est que le signe permette de garantir la qualité et de la communiquer aux consommateurs.

L’étude menée par (Ifop128, 2010) sur des français démontre que 91% des interviewés font confiance au signe officiel de qualité AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), suivi de celui du Label Rouge qui enregistre 85% et en troisième position, le label AB avec 70% des consommateurs. Par contre les consommateurs accordent beaucoup moins leur confiance à d’autres labels comme « Elu produit de l’année » qui n’est pas considéré comme un gage de qualité avec seulement 40% de part de confiance accordée. En résumé, les consommateurs ne font confiance qu’aux labels officiels de qualité (PELLICER, 2010).

Dans la plupart des secteurs il existe deux principaux marchés. Le marché des produits de masse (standard / volume) et celui des produits spécifiques (niche / valeur). Le marché de l’agroalimentaire ne déroge pas à la règle (BOURASSA, 2003-2004). C’est sur lui que se positionnent les produits de terroir.

128

~ 78 ~

Les travaux menés conjointement par l'Institut National de Recherche Agronomique (INRA) et l'Institut National de la Qualité et de l'Origine (INAO) en 2005 ont permis une définition du terroir (MEYER, 2011).

Le terroir est : « Un espace géographique délimité défini à partir d’une communauté humaine qui construit au cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques fondés sur un système d’interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Les savoir-faire mis en jeu révèlent une originalité, confèrent une typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les hommes qui y vivent. Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la seule tradition. »129.

Instaurer une IG n'est pas chose facile. Si nous examinons de plus près, nous remarquerons deux logiques différentes impératives pour le succès d'une démarche IG. Une logique sectorielle qui cherche à maximiser sa part de marché et une deuxième logique territoriale qui cherchera à regrouper les acteurs pour l'acquisition d'avantages liés à leur terroir. Les acteurs concurrents, vont devoir travailler et coordonner leurs efforts afin de créer et de maintenir l’IG.

(MEYER, 2011) nous énumère les deux (02) facteurs130 qui sont à l'origine du succès d'une IG en Europe. Ces derniers sont repris des travaux de BARJOLLE ET SILVANDER (2002) :

- facteurs liés à l'offre et la demande ; spécificité et pertinence du produit par rapport au marché,

- facteurs liés à l'organisation des acteurs ; de par leur motivation, leur coordination sur la gestion collective des spécificités du produit et de sa mise sur le marché, des aides et soutiens des institutions publiques et privées à tous les niveaux (local, régional, national et international).

129 A. MEYER, Une Indication Géographique sur l'échalote dogon comme outil pour le développement territorial : atouts et limites de la démarche, Mémoire de Mastère Spécialisé « Développement Agricole Tropical » option VALOR de l'Institut des Régions Chaudes – Montpellier Sup-Agro, Janvier 2011, p14.

130

~ 79 ~

L'instauration d'une IG est donc une affaire de groupe où tous les acteurs physiques et moraux, publics et privés se doivent de donner le meilleur d’eux- mêmes. Pour qu’une telle démarche aboutisse à un succès, les intérêts individuels doivent converger. « L'action collective résulte d'intérêts individuels à agir de la même manière »131.