EFFETS DU RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET FAIBLE NIV EAU D’EXPLOITATION DES ENERGIES
II- SITUATION DE L’ENERGIE ELECTRIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST L’OUEST
Cette seconde partie du chapitre I traite de la situation énergétique (énergie électrique) dans l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest africain), dont les pays membres font partie de la CEDEAO. Elle fait un diagnostic du secteur de l’énergie électrique dans cette région et analyse ses différentes conséquences. Cette partie s’appuie principalement sur les rapports de l’UEMOA de 2008 sur la crise énergétique dans les pays membres.
2.1- Diagnostic
La situation de l’énergie électrique en Afrique de l’Ouest en général et dans l’espace UEMOA en particulier est caractérisée par la conjonction de plusieurs difficultés:
1. La faiblesse du taux de couverture d’électrification;
2. Le coût élevé de l’électricité ;
3. La vétusté des infrastructures de production ; 4. L’insuffisance des investissements ;
5. La faible taille des systèmes électriques ;
6. La précarité de la situation financière des opérateurs ; 7. Les faiblesses institutionnelles ;
8. La dépendance au pétrole de plus en plus cher
2.1.1-La faiblesse du taux de couverture d’électrification
Dans l’espace UEMOA, le service de l’électricité reste encore très peu accessible. Seuls 17%
de la population ont accès à l’électricité, avec un déséquilibre marqué entre les villes et les campagnes. L’accès à l’électricité reste donc un phénomène urbain, surtout accessible dans les grandes villes et accessoirement aux petites villes et villages.
La figure suivante montre le taux d’électrification dans l’espace UEMOA. Taux en milieu rural (en %)
%
10
Figure 2 : Taux d’électrification dans les pays de l’UEMO ; UEMOA, 2008
Plus de 80% de la population de l’UEMOA vit sans électricité. Les pays qui présentent les taux d’accès à l’électricité les plus élevés dans l’UEMOA sont la Côte d’Ivoire (60%) et le Sénégal (40,7%) au niveau national, 15% et 14% respectivement en milieu rural. Le Niger (7%), la Guinée Bissau (8%) et le Mali (14%) présentent des taux d’accès inférieurs à la moyenne UEMOA qui est de 17% (taux également observé au Burkina Faso).
Une des conséquences du faible niveau d’accès à l’électricité est le bas niveau de consommation d’énergie totale et par habitant en zone UEMOA qui figure parmi les plus
faibles au monde. Les pays de l’UEMOA consomment 15 fois moins d’énergie que la moyenne des pays en développement.
2.1.2-Le coût de l’électricité dans les pays de l’UEMOA est un des plus chers Le coût de l’électricité dans la zone UEMOA est plus élevé que dans la plupart des pays africains et ce pour toutes les catégories de tarification. L’électricité moyenne tension de la zone UEMOA, destinée à une clientèle d’industriels et d’entreprises d’une certaine taille, coûte 5 fois plus cher qu’en Afrique du Sud, 2 fois plus cher qu’en Tunisie et au Nigéria.
Les figures suivantes montrent les coûts de l’électricité dans les pays de l’UEMOA et d’autres pays d’Afrique.
24,6
20,1
17,1
15,2 14,9
11,7 8,3
15,9
0 10 15 20 25
Coût (en cents US / kwH)
5
Figure 3: Coûts comparés de l’électricité dans des pays de l’UEMOA ; UEMOA, 2008
0
Figure 4 : Coût de l’électricité dans des pays hors UEMOA, UEMOA, 2008
De même, les tarifs destinés aux couches sociales les plus défavorisées de la population sont les plus élevés en Afrique. Ces tarifs sont en zone UEMOA presque 2 fois plus chers que ceux pratiqués dans nombre de pays africains. A plus de 14 cents US/kWh en moyenne, ils se situent très largement au-dessus de la moyenne de tarifs sociaux pratiqués en Afrique.
Il en est de même pour le tarif appliqué aux tranches supérieures de consommateurs domestiques et aux petites entreprises. Là également, la moyenne UEMOA dépasse la moyenne des tarifs appliqués en Afrique. Seules les tarifications appliquées au Niger et en Côte d’Ivoire s’inscrivent dans la moyenne africaine.
Globalement, et ce pour toutes les tranches de consommation, le constat est que le consommateur d’électricité en zone UEMOA, en dépit de la faiblesse de ses revenus, paie son électricité beaucoup plus cher qu’ailleurs en Afrique et dans le reste du monde.
Le coût très élevé de l’électricité en zone UEMOA s’explique d’abord par la part prépondérante des groupes thermiques utilisant des combustibles pétroliers (46%).
En zone UEMOA, le développement d’une production thermique utilisant la ressource gaz est devenue significative (22%) au cours des dix dernières années en Côte d’Ivoire, sous l’impulsion de la découverte d’importants gisements de gaz et d’une réforme institutionnelle ayant permis l’ouverture de la production d’électricité à des producteurs privés indépendants
(IPP).L’hydroélectricité, malgré sa deuxième position avec le tiers environ de la production électrique et son avantage au plan de coût de production du kWh, est très largement sous-exploitée au regard du potentiel régional.
La figure suivante montre les différentes sources de production d’électricité dans l’espace UEMOA
Parc thermique (Pétrole)
Parc thermique (Gaz) Parc hydroélectrique Autres
1. Centrales solaires 2. Charbon (Niger) 3. Groupes électrogènes 4. Bagasse de canne à
sucre
42%
32%
22%
4%
Figure 5 : sources de production d’électricité dans l’espace UEMOA ; UEMOA, 2008
La plupart des pays de l’UEMOA, exceptés le Mali, principal bénéficiaire des projets d’hydroélectricité de l’OMVS, et la Côte d’Ivoire dont les parcs hydroélectriques représentent 50% de la puissance de production installée, dépendent en réalité quasi exclusivement du thermique. En Côte d’Ivoire par exemple, la part de l’hydroélectricité a régressé du fait de la conjonction d’une moindre pluviosité et d’un défaut d’entretien des barrages, qui ont réduit la production d’électricité d’origine hydraulique.
La figure suivante montre la distribution des sources de production d’électricité par pays de l’UEMOA en 2006.
100
Figure 6: Distribution des sources de production d’électricité ; UEMOA, 2008
La production thermique à base de produits pétroliers constitue aujourd’hui le mode de production d’électricité le plus cher au monde. En effet, à titre de comparaison, aux Etats -Unis, le thermique à base pétrole est 1,4 fois plus cher que le thermique gaz, 4 fois plus cher que le thermique charbon et 5,6 fois plus cher que le nucléaire. (UEMOA, 2008)
La prédominance de la production thermique à base de combustibles pétroliers par rapport aux autres sources d’énergie électrique, est la première explication du coût élevé de l’électricité en zone UEMOA, surtout dans ce contexte actuel de pétrole cher.
D’autres facteurs permettent d’expliquer la cherté du kWh produit et distribué dans l’UEMOA. Il s’agit notamment de la vétusté du parc de production, de transport et de distribution.
2.1.3-L’infrastructure de production et de distribution d’électricité est vétuste et pannes récurrentes et coûteuses en réparation ainsi que des niveaux élevés de consommation spécifique. En effet, l’âge du parc de production avec la moitié des groupes comptant plus de
Figure 7: Durée de vie du parc électrique dans les pays de l’UEMOA ; UEMOA, 2008
Le secteur de la Distribution qui a le plus souffert du manque d’investissement et de maintenance, engrange des taux de pertes élevés, une prévalence forte de la fraude et de graves défaillances dans le système de comptage, de facturation et de recouvrement.
La situation d’obsolescence est loin de se limiter au parc de production. Elle touche encore plus les réseaux de transport et surtout de distribution et se traduit par des niveaux élevés de pertes techniques.