CONSTRUCTION D’UN POLE IN TEGRE POUR L’ENERGIE SOLAIRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
I- Diagnostic de la filière solaire en Afrique de l’Ouest
1.1- Objectifs (politiques) mal définis
Les objectifs spécifiques de la filière solaire en Afrique de l’Ouest restent mal définis, tant à l’échelle des Etats que de la région, traduisant l’absence de vision claire et de stratégie, même si la volonté de développement est acquise à travers les récentes initiatives.
En effet, à l’échelle régionale, l’IRED (Initiative régionale pour l’énergie durable) et l’ECREEE (Centre des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique de la CEDEAO) ont affiché des objectifs généraux non spécifiques à la filière solaire.
L’IRED se fixe pour objectif « une augmentation de la proportion d’énergies renouvelables et durables dans le parc de production d’électricité : cette proportion passerait de 36% (contient la part d’hydroélectricité) en 2007 à 82% en 2030 ». Cet objectif ne précise pas la contribution que pourrait apporter la filière solaire.
De même, l’objectif de l’ECREEE reste général et ne précise pas la contribution pour la filière spécifique de l’énergie solaire : « Contribuer au développement économique, social, et environnemental de l’Afrique de l’Ouest à travers l’amélioration de l’accès aux services énergétiques, modernes, fiables et abordables, la sécurité énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie et l’impact du changement climatique sur le système énergétique. Cet objectif sera atteint à travers la promotion des marchés régionaux pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. L’objectif spécifique de l’ECREEE est de créer des conditions d’encadrement favorables et un environnement approprié pour les marchés des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, à travers les activités d’appui pour réduire les barrières existantes » (ECREEE, 2011)
1.2- Limites des actions
Le schéma synthétique de la filière de l’énergie solaire en Afrique de l’Ouest (chapitre 3) évalue la qualité des interactions entre les différentes catégories d’acteurs, en identifiant les limites de leurs actions respectives.
171 La figure suivante, qui reprend le schéma de la filière dans sa forme, insiste sur les limites des actions des acteurs de la filière solaire en Afrique de l’Ouest.
Absence de vision et de stratégie de développement de la filière de la part des pouvoirs publics. Faiblesse des subventions accordées à la recherche.
Les organisations de la société civile, les entreprises et les ménages, malgré leur volonté d’adopter les technologies solaires ne bénéficient ni de
mécanismes d’appui, ni d’un environnement fiscal incitatif
Inexistence de véritables associations jouant les rôles de diffusion de
l’information et de défense des intérêts des consommateurs.
Insuffisance des partenariats avec des entreprises et les organisations de la société civile, débouchant sur des projets concrets de diffusion des technologies solaires.
Figure 35 : Insuffisance des interactions dans la filière solaire en Afrique de l’Ouest Le tableau suivant répertorie les limites des actions des acteurs de la filière solaire en Afrique de l’Ouest.
Acteurs Limites des actions
Pouvoir public Absence de vision et de stratégie : cadre réglementaire et institutionnel non construit
Recherche Formation
Insuffisance de moyens humains, techniques et financiers ; Résultats non intégrés dans des projets de terrain
Organisations de la société civile
moyens financiers limités
Entreprises Politique fiscale non incitative Cadre juridique non incitatif
Consommateurs Absence de lobbying auprès des décideurs
Tableau 26 : Insuffisance des actions dans la filière solaire en Afrique de l’Ouest ; Enquêtes de terrain (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, 2010 – 2011)
1.3- Cloisonnement des projets
1.3.1- Analyse du cadre logique (ACL)
La quasi-totalité des agences et institutions de développement ont adopté l’analyse du cadre logique comme outil de base de leur méthodologie d’intervention pour plusieurs raisons : Selon l’UE (2002), les termes « approche du cadre logique » ou « analyse du cadre logique » se réfèrent à la fois aux phases d’analyse et de planification.
l’ACL est une technique permettant aux parties prenantes d'identifier et d'analyser les problèmes, puis de définir les objectifs à atteindre ainsi que les activités à entreprendre à cet effet. Elle sert aux planificateurs à tester la conception d'une ébauche de projets pour s'assurer de sa pertinence, de sa faisabilité et de sa viabilité. La matrice du cadre logique est l’aboutissement de L’ACL. En plus de son utilité dans la préparation des programmes et des projets, l'ACL constitue aussi un outil de gestion pour la mise en œuvre et l'évaluation. Elle sous-tend la préparation des programmes d'action et la mise en place d'un système de suivi durant la mise en œuvre, et offre un cadre d'évaluation (YODA, 2004).
1.3.2- Matrice du Cadre logique
La matrice (tableau ci-dessous) du cadre logique comporte plusieurs éléments : la hiérarchie des objectifs visés par le projet ; les facteurs externes influençant le succès du projet ; la méthode de suivi et d’évaluation du projet.
173 Hiérarchie des objectifs Indicateurs Vérification Hypothèses Objectifs globaux : qualitativement et en matière de délai Avantages directs destinés aux groupes cibles qualitativement et en matière de délai
Produits ou Services tangibles apportés par le qualitativement et en matière de délai
idem Si les résultats sont
obtenus, quelles
Si les activités ont été effectuées, quelles hypothèses doivent être confirmées pour obtenir les résultats ? Tableau 27 : Matrice de cadre logique ; YODA, 2004
1.3.3- Cloisonnement des acteurs
La plupart des projets réalisés par chacun des catégories d’acteurs (Pouvoir politique ; entreprises privées ; ONG ; Recherche) le sont suivant la méthodologie de l’ACL ou des méthodologies similaires. La figure suivante montre le cloisonnement des acteurs à travers les séparations existantes entre leurs projets (approches en silo) et l’inexistence d’une structure fédératrice ayant pour but de mutualiser l’ensemble des connaissances et des capacités produites lors de la mise en œuvre des différentes initiatives.
Diagnostic de la filière énergétique
Figure 36 : Cloisonnement des acteurs, des projets et de leurs produits