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4.1.1. La réglementation

Sur le plan international, des codes de bon emploi ont été élaborés par l'ONU entre 1958 et 1964, concernant la construction en béton de terre stabilisée. En 1973 le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a établi un texte normatif à l'occasion du projet Cissin à Ouagadougou Burkina Faso45 , la Réunion Internationale des Laboratoires d'Essais et Recherche sur les Matériaux et les Constructions (RILEM) et le Conseil International du Bâti pour la Recherche l'Étude et la Documentation (CIB) possèdent depuis 1987 un comité technique sur la construction en terre qui élabore des recommandations et spécifications qui peuvent être adoptées comme normes46. Les seuls codes complets qui traitent spécifiquement de la construction en Bloc de terre comprimée (BTC) se trouvent en Allemagne et en Nouvelle Zélande47. D‟autres pays ont développé des recommandations ou des prescriptions, tels que le Maroc et la Côte d'Ivoire qui sont continuellement mis à jour. Aux Etats Unis la construction en adobe est intégrée aux codes nationaux de construction. Le « National Bureau of Standards » a publié plusieurs documents durant les années 1940. Pendant les années 1970 le "Uniform Building Code (UBC)" était publié au niveau national. Il a subi des modifications pour être adopté dans les différents états, ses règles concernent les briques de terre "adobe" fait à la main.

En 1982, à l'occasion du projet du "Domaine de la terre de la ville nouvelle de l'lsle d'Abeau" en France, un cahier de charges a été élaboré. Il constituait une référence pour les différents intervenants. Le centre du CRATerre à Grenoble, développe un code du BTC pour le gouvernement français qui a été achevé en 2002. Il est élaboré sur la base d‟une concertation entre 22 pays où il sera appliqué.

Les actions des organismes internationaux encouragent les pays à se lancer dans les voies de la revalorisation de l'architecture de terre.

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Ibid, p14.

45 HOUBEN Hugo, GUILLAUD Hubert. Op. cit.,p89. 46 Ibid

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4.1.2. La formation

Dans le monde, le programme Chaire UNESCO, (grâce à la coordination scientifique de l'équipe du CRATerre et la Division de l'Enseignement Supérieur de l'UNESCO en étroite collaboration avec le Getty Conservation institute (GCI) et l'ICCROM), travaille pour la diffusion du savoir scientifique de l'architecture de terre, notamment par l'implantation et le développement de la formation au niveau des universités et des centres scientifiques et techniques. Les bénéficiaires de ce programme ne cessent d'augmenter et jusqu'à présent, ils sont au nombre de treize institutions dans le monde dont cinq en Afrique; en l'occurrence, l'Afrique du sud, le Burkina Faso, le Nigeria et l'Ouganda et six sont en Amérique; une au Brésil, trois écoles en Colombie, une au Mexique et une autre au Pérou. Une seule institution se trouve en Asie, en Inde avec l‟Auroville Building Centre et enfin l'Italie accueille le seul centre d'Europe48.

Le rapport de la réunion internationale des partenaires de la Chaire UNESCO - consortium TERRA tenue à Grenoble en France; en octobre 2001 ; montre qu'il y a bien une dynamique d'enseignement supérieur et de formation professionnelle sur l'architecture de terre dans le monde.

Le centre international de la recherche en architecture de terre, "CRATerre", installé à Villefontaine en France s'adresse à tous les professionnels du bâtiment (architectes, ingénieurs, entrepreneurs et artisans) en pratiquant un programme théorique et pratique sur la production du matériau, la conception architecturale et la conservation du patrimoine architectural en terre. Cette dernière formation est dispensée avec le concours de I'ICCROM (Centre International d'Etudes sur la Conservation et la Restauration des Biens Culturels) et s'est consolidée avec le projet TERRA qui est un programme de collaboration entre plusieurs partenaires pour la recherche, la planification et l‟expérimentation, la formation et la diffusion du savoir scientifique axé principalement sur la conservation du patrimoine architectural en terre et est déclarée souvent sous les labels: architecture durable, développement durable ou bio construction49.

4.2.L'architecture de terre en Algérie

Dans ce paragraphe nous étudierons la situation de la réglementation et de la formation en architecture de terre en Algérie.

48 CRATerre-EAG, Enseigner l‟architecture de terre dans le monde, Ed CRATerre-EAG, Grenoble, 2001, p3. 49

Le Centre National d'Etudes et de Recherches Intégrées du Bâtiment (CNERIB) mène ses recherches sur l'architecture de terre depuis plus de vingt ans. Plusieurs projets ont pu voir le jour tel que le montre le tableau qui suit :

Années Réalisations

1969 la réalisation de 136 logements en pisé au village agricole de Bouhlilet à Batna.

1971 une équipe franco-belge réalise à Zéralda un groupe expérimental d'habitations rurales.

1973 30 des 300 logements du village de Moustafa ben Brahim près de Sidi Bel Abbés, réalisés en pisé.

1975 le village d‟Abadla a été construit selon le procédé de la terre remplissante.

1976 100 logements du village agricole de Felliache à Biskra sont réalisés en thoub.

1980 120 logements du village agricole de Madher à Boussaâda sont réalisés en BTS

1981 40 logements sont réalisés à Chéraga prés d'Alger en blocs de terre comprimée

1984 un prototype bioclimatique fut réalisé à Tamanrasset en blocs de terre comprimée.

1984 un prototype fut réalisé au CNERIB en blocs de terre comprimée.

1986 10 logements sont réalisés à Adrar en blocs de terre comprimée

1986 10 logements sont réalisés à Reggane en blocs de terre comprimée

1994 24 logements sont réalisés à Tamanrasset par l'office de promotion et de gestion immobilière en blocs de terre comprimée

1994 44 logements sont réalisés par l'ETR de Tamanrasset en blocs de terre comprimée

1998 un prototype en pisé fut réalisé au CNERIB

2006 Un projet intitulé « réalisation d‟un logement rural avec efficacité énergétique » est lancé au CNERIB et financé par l‟union européenne.

Tableau 1 : Les opérations de construction en terre en Algérie. Source : CNERIB.

Selon le rapport du CNERIB, l'Algérie compte plusieurs techniques se distinguant par leurs procédés de production50. Jusque-là nous n'avons pas encore rencontré d‟études spécifiques sur les techniques pratiquées en Algérie. L'ouvrage de P. Odul51 ne présente que quelques exemples et ne s'étale pas sur l'ensemble des procédés traditionnels algériens.

4.2.1. La réglementation sur la construction en terre

L‟Algérie ne dispose pas encore d'une réglementation propre à la construction en terre mais elle semble avoir établi ses bases grâce aux recommandations pour la production et la mise en œuvre des bétons de terre stabilisée approuvées en 1987. En 1988 le Centre Nationale d'Etudes et de

50 CNERIB, Conception de logements économiques à base de produits localement disponibles. Op. cit., p 01

51 ODUL Pascal, Des architectures de terre en Algérie, projet earth construction technologies appropriate to developing

Recherches Intégrées du Bâtiment (CNERIB) a publié un document intitulé « Béton de terre stabilisée" qui renferme trois parties essentielles;

Recommandations pour la production et la mise en œuvre des bétons de terre stabilisée. Guide technique du BTS (Béton de terre stabilisée).

Notice pour l'utilisation de la presse BTS.

Il se compose de deux parties essentielles; celle de la production des blocs de BTS et celle de sa mise en œuvre. L'utilisation du BTS est proposée comme alternative au « thoub » et au pisé produit localement. Cette technique nouvelle vise à améliorer la qualité de durabilité de la terre crue afin de préserver son utilisation et profiter de ses qualités thermiques.

Ce document constitue une étape importante dans le sens d'une normalisation de la construction en terre et ouvre la voie à un large usage de la construction en BTS. Il permet aussi aux services de contrôle et de suivi de superviser la réalisation et juger de la conformité des produits et des réalisations52.

Cependant pour la maîtrise de l'œuvre, la réglementation algérienne présente un désavantage dénoncé depuis bien longtemps par H. Fathy53. Elle prévoit une rémunération au pourcentage du coût d'objectif de l'ouvrage54. Cela peut constituer un obstacle pour la diffusion des techniques constructives peu onéreuses et empêcher les maîtres d'œuvres de s'initier à l'architecture de terre qui se veut économique, les réalisations avec d'autres matériaux coûteux leurs seraient plus profitables. En conclusion, nous pouvons dire que l'Algérie affiche un retard par rapport à d'autres pays qui ont élaboré leurs propres normes pour la construction en terre.

4.2.2. La formation en architecture de terre

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