(1) Sims, in Monteros,thèse deParis, 1864,p.198,
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-Cette femme mourut en 1872, après avoir souffert du typhus, de
la maladie de Bright. À l'autopsie, on trouvaun grand abcèsdu bas¬
sin entourant lapartie inférieure de l'utérus etcommuniquant avec la vessie.
Bien qu'avec une observation aussi incomplète il soit difficile
de se prononcer sur le rapport qui existe entre l'opérationetles
lésions trouvées à l'autopsie, ce fait soulève néanmoins une question très intéressante.
C'est de savoir la conduite àtenir dans lescasoù, au moment de pratiquerl'opération, on trouve des lésions du côtédes orga¬
nes pelviens. Il est aujourd'hui bien connu dans la pratique gynécologique, qu'il suffit parfois d'un traumatisme insignifiant (injection vaginale, toucher), pour faire éclore des accidents péritonéaux qui sont sous la dépendance d'un mauvais état des
annexes de l'utérus et comme le disait le professeur Lorain:
« Les femmes qui en sont atteintes.sonten présence d'un dan¬
ger continuel et sous le coup d'une menace de mort » (1).
Dans ces conditions donc, l'opération semble absolument contre-indiquée, car on empêche la libre issue du pus et on re¬
tient dans l'abdomen des germes qui, à un moment donné, pourront donner lieu à degras accidents. Si nous avons soulevé
cette question, à propos de cette observation de Studsgaard, il
estbien entendu que nous réservons pour plus loin l'étude des
accidents que peut produire sur un utérus sain la présence de l'urine; nous n'avions ici en vue que de mentionner les rap¬
ports quipeuvent exister entre l'occlusion des organes génitaux
et les lésions déjà existantes du petit bassin.
Tous les cas que nous avons énumérés précédemment ont été
terminés malheureusement; il n'en est cependant pas toujours
ainsi et nous devons aussi indiquer les cas où des complications péritonéales ont surgi sans donner lieu à une issue fatale.
Verneuil dans un cas eut une opérée qui présenta vers le
le 8ejour des phénomènes péritonéaux assez intenses.
(1) Lorain, Gazette desHôpitaux, 1873, p.1114.
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Observation VI
Colpocleisis. Péritonite. Guérison.
Verneuil. In Thèse Sarry. Paris, 1875,p.26.
Cettefemme,vers le 8ejourde sonopération, ressentitune douleur
extrêmement vive dans la région hépatique et tomba en syncope.
Elle revint à elle au bout d'une demi-heure et à ce moment elle se trouvadans un état voisin de l'asphyxie. La face et les extrémités
étaient froides etviolacées, la respiration anxieuse, le pouls petitet fréquent. Le cœur était normal. La sensibilité du ventre exagérée
d'une manière uniforme. Deux ou trois selles survinrent et aubout de peu de jours tous les phénomènes avaient disparu.
Pour une opérée de Cassan, il fallut ouvrir la fistule pour donner issue au pus et à l'urine et faire disparaître les phéno¬
mènespéritonéaux.
Observation VII
Occlusion vaginale. Accidents péritonéaux.
Cassan, Gazette deshôpitaux, 1872, p.754.
X...,âgéede40ans, présente le canalde l'urèthreavecuneportion
du bas-fond dela vessie détruit; enavant,on sentla face postérieure dupubis;en haut, des anfractuosités dont l'indexne sentpasle fond.
Les uretères sontdéviés. Elle insiste pourêtre opérée. L'oblitération du vagin est pratiquéepar avivement de lamuqueuse vaginale, puis
suture. Le 12ejour, j'enlève les fds, la cicatrisation est complète,
mais la malade estprise d'accidents inflammatoiresdu côté du péri¬
toine, accidents tellement graves quejerouvrela fistulepourdonner
une large issueà l'urine.
Tels sontles principaux accidents qui ont été signalés comme consécutifs à l'opération elle-même. Ils ne sont pas, en somme,
très nombreuxet ondoitremarquerqu'ils tiennentsurtout àune époque oùla chirurgie nepossédaitque peucette
antisepsie qui
fait sontriomphe aujourd'hui.
11 semble maintenantreconnuque sesdangers immédiats sont
àpeu près égaux à ceuxdes autresopérations. Nous avons ren¬
contré dans lesjournaux de médecinela relation de nombreux
cas d'occlusion des organes génitaux, nous n'avons pas trouvé
la relation d'autres accidents. Aussi au point devue de la com¬
paraison decette méthodeavec laméthode
directe,
nous entien¬
drons-nous aux résultats de Le Double (1) qui note sur 104 cas d'oblitération 7 morts, chiffres qu'iltrouve àpeuprèslesmêmes
pourla méthode directe. Aussi conclut-il en disant que «
l'oc¬
clusion des organes génitaux n'est pas plus dangereuse que
n'importe quelle opération faite sur les mêmes organes et dans
les mêmes conditionset enparticulierla méthode indirecte n'est
pas plus meurtrière que sa congénère, la méthode directe »
(1).
b). Inconvénients tenant à l'occlusion du vagin et àla présence de
l'utérus dansle réservoir vésical.
L'occlusion du vagin, par le fait qu'elle empêche les rappro¬
chements sexuels et la fonction importante de la fécondation, a été condamnée par nombre dechirurgiens; nous avons déjà cité l'opinion sévère de Michon; l'Académie de médecine ne futpas moins dure lorsque Vidal de Cassis fit sapremière communica¬
tion. Cependant quelques arguments peuvent bien faire pallier
une condamnation aussi sévère. Lorsqu'on voit la vie miséra¬
ble quemènentlesmalades atteintes de fistules vésico-vaginales, quand on considère l'état de malpropreté dégoûtante dans lequel elles vivent malgré tous les soins, on trouve que le pro¬
fesseur Pajot avait bien raison de dire qu'une telle malade est
morte socialement si l'art n'intervientpaseton est bien en droit
detout tenter pour soulager cesmalheureusesmême au prix de
la suppression d'une fonction physiologique aussi importante
que la reproduction.
(1) Le Double, Thèse de Paris, 1876, p. 170.
Mais en dehors de cette question, il y a d'autres considéra¬
tions à avoir, qui, quoique n'intéressant pas directement l'art chirurgical, n'en doivent pas moins peser sur la détermination
du praticien au point de vue de la vie sociale de la malade.
Enguérissant une femme d'une fistule vésico-vaginale par l'occlusion vulvaire ou vaginale, n'afflige-t-on pas cette malade
d'une autre infirmité aussi gênante que la première ? On peut
bien invoquer que chez plusieurs de ces femmes,par le fait
même des lésions des organes génitaux, la copulation et la
fécondation étaientimpossibles et que dans le cas contraire une nouvelle grossesse n'aurait souvent pour résultat que d'exposer
la vie de la mèresans pouvoir lui donner un enfantà terme et vivant. Mais dans sa situation elle conserve l'espoir de guérir,
tandis que du jour oùl'opération estfaite et dans les conditions
les plus désavantageuses, elle sait que sa vie génitale est abso¬
lument finie comme épouse. Et certes, le mari a bien droit à quelques considérations dans cette affaire. C'est là une question
fort importante et dans la thèse de Le Double on trouve à ce
sujet une observation très intéressante.
Observation VIII
Colpocleisis. Réfection d'un vagin.
Simon. InthèseLe Double.
Simon avait oblitéré le vagin à une femme. L'opérée, menacée du divorce par son mari, vinttrouverSimon etle supplia de lui aggran-dir le vagin. Le chirurgien se prêta à cette hardie tentative, au moyen d'une incision transversale ; il détacha du rectumla partie
rétrécie duvagin et dansle fond de l'incision il fixa un lambeau de
muqueuse enlevé dans le voisinage. Laprofondeur du canal vaginal
fut ainsi augmentée de 0,m 015, il n'y eut pas d'accidents et la femme s'en retourna heureuse, délivrée de toute crainte.
Sans aller aussi loincommeconséquence, cette opérationa pu, dans certains cas, être cause de troubles dans les ménages, et