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CHAPITRE 3 MÉTHODES DE RECHERCHE

3.5 Méthode d’analyse des données et de validité des résultats

4.1.1 Similarités dans les perceptions des groupes interrogés

Au plan des convergences concernant la définition de l’AFP, il est intéressant de constater que le mot « équipe » représente le terme rassembleur le plus utilisé par tous pour décrire le partenariat famille-intervenant. D’ailleurs, un représentant d’un organisme communautaire en arrive même à réclamer qu’« (…) il faut que ça soit un travail d’équipe. Il faut que le parent exige qu’il soit en équipe ; qu’il fasse partie de l’équipe (…) ». Représentant (R)-2

D’autres propos permettent de mieux comprendre ce à quoi fait référence ce « travail d’équipe ». Premièrement, on identifie l’importance de la reconnaissance mutuelle des savoirs. Par exemple, dans une perspective de complémentarité, un intervenant mentionne la valeur ajoutée d’un échange fluide d’informations provenant des connaissances du parent en lien avec son enfant et des connaissances de l’intervenant en lien avec sa discipline :

« C’est une circulation fluide d’informations, un échange d’informations ; donc les informations provenant du parent qui a une bonne connaissance de son enfant, des impacts sur ses habitudes de vie, sur leur vie familiale, sur le développement de l’enfant. Puis, l’information de ma part comme spécialiste de ma discipline en lien avec les difficultés de l’enfant puis surtout avec les façons dont on peut aider l’enfant à se développer. » Intervenant (I)-5

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Les parents, quant à eux, abordent la considération des savoirs respectifs en ajoutant un certain souci d’établir une relation égalitaire :

« Qu’ils n’arrivent pas avec leurs grandes pratiques, qu’ils vont nous écouter. Ils vont dire que la maman est aussi importante que l’orthophoniste. Si à l’école ou dans le bureau, il dit des mots qu’il n’a jamais dits à la maison, la maman est capable de dire : ben non, ça il n’a jamais dit ça ou ça on va le travailler ou ça oui, c’est la première fois qu’il fait ça. » Parent (P)- 8

« Je suis en tant que parent, je ne suis pas une ergo, je ne suis pas un ortho non plus avec des connaissances (…) Mais je sais que je peux participer à l’équipe par contre. » P-4

Par ailleurs, la notion de responsabilité demeure un élément commun qui revient à plusieurs reprises pour décrire le « travail d’équipe ». Généralement, cet élément est abordé dans une visée de partage de responsabilités :

« Il faut que le parent s’investisse à la hauteur de ce que l’intervenant va s’investir. » Gestionnaire (G)-1

« De se mettre ensemble et de se dire OK, moi je travaille ça et puis quand je reviens, vous devez quand même avoir fait le suivi durant la semaine. » I-1 « Ce que j’entends, si l’intervenant travaille, la famille doit travailler aussi ; donc c’est dans les deux sens. » P-2

Dans tous les groupes, un consensus avec un haut degré de conviction, palpable par le ton et les propos, confirme l’intérêt de chacun à considérer le parent comme un véritable partenaire dans le continuum de soins et de services offerts aux enfants. Dans leurs descriptions, les participants utilisent, par exemple, des expressions comme « c’est un incontournable » et « c’est le premier partenaire ». Dans un même ordre d’idée, un vaste répertoire de propos recueillis reflète une réelle reconnaissance du rôle central du parent ; lequel est un acteur apparaissant comme indispensable aux résultats positifs associés aux interventions :

« Mais si le parent ne fait pas partie de la décision et ne s’implique pas, le thérapeute va ramer tout seul. » G-2

« (…) je le dis tout le temps aux parents (…) je n’ai pas le pouvoir à une fois par semaine, par exemple, de voir votre enfant et puis de faire la réelle différence. C’est vous dans la reprise du milieu ; vous comme parents (…) » I-4

« (…) c’est du 24 heures sur 24, 7 jours par semaine (…) Alors si l’intervenant voit l’enfant une heure par semaine, ça sert à rien ; il faut que l’entourage, les parents s’impliquent. » R-2

Pour compléter la description d’un partenariat parent-intervenant, tous les participants s’entendent sur l’importance de la présence d’éléments de savoir-être : respect, écoute, partage, ouverture et transparence.

Des similarités notables sont également observées dans les propos des acteurs-clés interrogés sur les retombées associées à l’AFP ; tous abordent des résultats positifs. D’ailleurs, pour une majorité de répondants, un silence s’installe lorsqu’ils sont questionnés sur les retombées négatives possibles. Après une courte réflexion, tous concluent par une absence de ce type de retombées. Pour ce qui est des retombées positives rapportées, celles-ci concernent le bien-être de l’enfant et de sa famille ainsi qu’une performance accrue du système de la santé et des services sociaux. D’abord, les parents abordent les effets du bien-être sur leur famille avec un ton libérateur et une expression de soulagement : « Tu te sens comme Ah! » et « Ça allège. ». Ils décrivent ce bien-être en mentionnant une meilleure confiance en eux-mêmes, un sentiment de valorisation, une estime de soi augmentée, une diminution du stress et une économie d’énergie. Un gestionnaire rapporte aussi son souci de contribuer à ce bien-être dans sa gestion :

« L’offre de service qu’on construit, on ne la construit pas pour nous autres et on ne la construit pas pour créer des emplois ; on la construit pour répondre aux besoins des usagers. » G-1

D’un autre côté, les participants décrivent aussi les retombées par des propos pouvant être associés aux différentes dimensions de la performance des soins et des services. Le terme « efficacité » revient dans divers propos comme l’indique un intervenant :

« C’est plus efficace. On y croit plus. Je suis plus à l’aise aussi après ça de laisser partir les parents en leur disant : je vais vous revoir dans deux semaines plutôt qu’à chaque semaine, parce que vous êtes bons, vous savez quoi faire, c’est parfait, j’ai confiance ; allez-y! » I-4

Un gestionnaire associe le partenariat à une réduction des listes d’attente et à un meilleur accès en raison d’une réponse plus juste aux besoins. Ce même gestionnaire s’explique davantage en rapportant des propos pouvant s’attribuer à des retombées en efficience :

« Il y a des retombées au niveau de l’organisation car on utilise nos ressources au bon endroit. Donc nous pouvons assurément adresser un plus grand nombre de besoins, par qu’on répond aux bons besoins. » G-1

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Également, des parents réfléchissent dans ce même ordre d’idée en mettant l’accent sur la collaboration interprofessionnelle et la coordination dans la prestation de soins et de services :

« L’efficacité aussi tu sais. Si tu es une équipe de 6, 7 qui pensent ensemble et qui trouvent des solutions, il me semble que c’est pas mal plus efficace que quand c’est toute comme dispersé.» P-7

« Je ne suis pas sûr que c’est plus cher en bout de ligne, car ça doit être tellement plus efficace ; les actions coordonnées. » P-3

Certains intervenants vont jusqu’à mentionner clairement que le partenariat demeure un impératif : « Si il n’y a pas de partenariat avec la famille, il n’y a pas de résultat. » I-3