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Silènes, Centaures, Pygmées, nains

3. Définition des traits caractérisants

3.3.4. Silènes, Centaures, Pygmées, nains

Ces quatre catégories de personnages sont regroupées pour la discussion, car, comme nous le verrons, la calvitie des nains, pygmées et Centaures dérive de celle des Silènes.

Dans l'Antiquité grecque, les termes de pugma√o$ et n©no$ sont interchangeables105. Tous deux désignent des hommes de petite taille, sans aucune connotation ethnique. Les archéologues font actuellement la distinction entre les deux: on parle de Pygmées quand il y a contexte mythologique, à savoir la Géranomachie106, et de nains dans les autres cas. Si l'on s'en tient à cette convention, on constate que les Pygmées d'époque archaïque ne sont jamais chauves et ne se distinguent que par leur petite taille face aux grues qu'ils combattent107, les deux exceptions étant un fragment de coupe attique de 550 environ avec des Pygmées ventrus108 et un diadème en or de Ialysos de 580 environ avec des Pygmées aux proportions et déformations corporelles109 semblables à celles des nains110. Mais, dans aucune de ces représentations archaïques, on ne voit de calvitie.

Quant aux représentations de nains au 6e s., effectives ou hypothétiques111, elles ne montrent pas non plus de personnages chauves.

Musée de Tours, CVA Tours, pl. 11, 2.4). Dans le cas de cet askos, je me demande même si l'on a pas à faire à une caricature de personnage historique (l'exemple du masque de Cléon dans les Cavaliers d'Aristophane montre que de telles caricatures existaient sur scène et cette représentation peut d'ailleurs aider à se faire une idée de l'aspect de ces "portraits" comiques), qui sait, peut-être même Périclès, vu la forme très particulière du crâne du personnage représenté. Il ne s'agirait pas là de la première représentation comique d'un personnage réel, si l'on suit A. Linfert, "Zwei Versuche über antiken Witz und Esprit", RdA 1 (1977), 19-22, dans son interprétation d'une amphore d'Euthymidès à Münich (Inv. 2309, ARV 2 27, 4), où il reconnaît une parodie d'enlèvement mythologique mettant en scène la fameuse hétaire Koronis.

105 Voir Dasen, op. cit., 163; cette "interchangeabilité" se retrouve au niveau iconographique.

106 Et même dans ce cas, il semble que parfois on ait affaire à des personnages –nains ou de taille normale- déguisés: LIMC VII, 2 (1994), s.v. Pygmaioi, n°s 4.13 (Dasen), par exemple.

107 Ibid., n°s 1-7.18-19.

108 Ibid., n° 4. On a voulu voir dans cette scène des choreutes déguisés, à cause du ventre qui rappelle les danseurs ventrus de la céramique corinthienne archaïque et préfigure le costume des acteurs comiques.

109 Ibid., n° 19. Voir Dasen, op. cit., 7-15, pour la présentation et la dénomination des différents types de troubles de la croissance.

110 Pour expliquer un tel hapax iconographique, on peut signaler que l'on connaît d'autres figures de nains de ce type à la même époque, également produites en Grèce orientale et inspirées peut-être par des représentations égyptiennes (voir note suivante). Voir aussi Steingräber, art. cit., 33-36.

111 Il existe une production de statuettes de nains entre 580 et 530, qu'on attribue à des ateliers samiens et qu'on interprète comme des figurines courotrophes inspirées par les nains Patèques égyptiens, Dasen, op. cit., 200-204. 307-319, pl. 77-80. Dasen identifie d'autre part des nains sur deux vases archaïques à figures noires (op.

Une première constatation importante est donc que l'iconographie des Pygmées et des nains ne connaît pas la calvitie à l'époque archaïque. Le tableau change au 5e s., où l'on trouve de plus en plus de figurations de nains112, si réalistes cette fois qu'aucun doute n'est possible quant à leur interprétation: ils sont plus petits que les autres personnages, ont une tête assez grosse par rapport au corps, sont parfois ventrus et ont des membres disproportionnés par rapport au torse; les traits du visage sont quelquefois déformés; ils ont souvent un long sexe et sont parfois chauves. On les trouve dans des positions de subordonnés, pédagogue ou porteur113 ou, dans la majorité des cas, semble-t-il, dans un contexte de kômos114.

Cette image des nains a fortement influencé la représentation des Pygmées115, pour des raisons évidentes, dont la calvitie aux périodes plus récentes, par conséquent, dérive de celle des nains.

Mais, si la calvitie n'appartient pas à l'origine à l'iconographie de ces petits personnages, comment faut-il l'expliquer ? Il semblerait, comme l'a bien vu V. Dasen, qu'on ait de nouveau affaire à un emprunt iconographique. En effet, la calvitie et la barbe sont des éléments que les nains connaissent aussi, mais qui ne sont pas plus courants chez eux que chez les autres hommes. De même, le type au nez camus et lèvres épaisses (achondroplastique116) existe, mais tous les nains n'ont pas ces traits physiques, alors que dans l'iconographie attique classique, ils sont le plus souvent représentés ainsi. Calvitie, barbe et type achondroplastique ne constituent pas à proprement parler un fait médical, mais une convention iconographique pour suggérer l'affinité des nains avec le monde dionysiaque et les Satyres. Ces derniers ont en effet les mêmes traits faciaux, sont toujours barbus117 (avec une barbe plus fournie, certes) et chauves. Un autre élément physique commun serait, d'après Dasen, le sexe, presque toujours disproportionné chez les nains (qui ne sont par ailleurs pas ithyphalliques). Mais dans ce cas, le rapprochement n'est plus pertinent (il aurait pu l'être au 6e s., où, effectivement, les Satyres – ou Silènes – sont ithyphalliques), puisque le sexe des Satyres, même lorsqu'il est représenté en érection, n'est jamais disproportionné dans la céramique du 5e s. On pourrait arguer que la

cit., 220 et 288, d 1 et d 2), tout en reconnaissant la difficulté d'une telle interprétation, due aux conventions picturales pouvant réduire la taille de certains personnages, sans que pour autant on ait affaire à des nains.

112 Dasen, op. cit., 288-290, n°s 3-23.

113 Pédagogue: Dasen, op. cit., pl. 46, 1.2. Porteur: ibid., pl. 45.

114 Ibid., pl. 42. 47, 1. 48, 2. 50, etc.

115 LIMC VII, 2 (1994), Pygmaioi, n°s 8-17. 20bis et suivants.

116 Dasen, op. cit., 14.

117 Au 5e s.

vue seulement d'un sexe trop long devait faire penser aux Satyres, mais je pense que l'allusion au théâtre comique était là beaucoup plus immédiate118. Quoiqu'il en soit, un élément supplémentaire rapprochant les nains des Satyres est le contexte dionysiaque: la plupart des représentations de nains les montrent dans un contexte symposiaque ou comastique, en train de danser. Leur présence dans le monde dionysiaque serait due à l'association existant déjà à l'époque archaïque entre les nains et la fertilité119. La similitude de comportement pourrait être – avec la similitude physique – à l'origine de l'assimilation des nains aux Satyres120. Ce qu'il faut retenir, c'est que la calvitie des nains est une convention iconographique due à leur proximité avec les Satyres ou visant à la mettre en évidence. On ne peut exclure ici que cette calvitie ait été utilisée dans le but de ridiculiser, puisqu'au 5e s. le Satyre est devenu effectivement un personnage "comique", par le théâtre. Mais, on ne peut exclure non plus que la proximité avec les Satyres ait été (également ?) perçue comme une "démonisation", donc ait eu une signification positive.

En bref, dans le cas des nains comme des pygmées, la calvitie n'est pas utilisée en premier lieu comme un trait caractérisant le grand âge ou un aspect ridicule, mais dérive de leur proximité avec les Satyres et constitue un phénomène tardif par rapport à l'apparition du trait caractérisant "calvitie".

Les Centaures constituent un autre groupe de personnages représentés chauves. C'est d'ailleurs à partir des Centaures des métopes du Parthénon que Schweitzer a rédigé l'étude sur l'origine du portrait grec déjà citée, qui veut assimiler traits réalistes et connotation négative121.

118 Dasen, op. cit., 236 discute de cette particularité iconographique des nains. Dans les deux cas (allusion au sexe des Satyres ou au théâtre), le contexte reste dionysiaque.

119 Ibid. et Steingräber, art. cit. (n. 100), 38-39, qui met en avant le caractère chtonien des nains et êtres apparentés, et de ce fait leur rôle apotropaïque, ainsi que leur lien avec la fertilité.

120 On peut signaler qu'en Egypte, par exemple, les nains sont souvent des danseurs sacrés, Dasen, op. cit., 122 et Steingräber, art. cit., 39; en Grèce, on trouve de nombreux dieux ou démons-nains, comme les Cercopes, les Telchines et les Cabires: on pourrait donc arguer que les nains sont peut-être dès le départ investis d'une connotation sacrée. Si l'on s'en tient à des raisons plus terre à terre, on peut aussi penser que dans l'Antiquité grecque comme au Moyen-Age, les nains n'avaient d'autres ressources pour gagner leur vie que de participer à des spectacles, le plus souvent comiques, et que c'est à ce niveau que se fait l'assimilation avec les Satyres.

Pour S. Pfisterer-Haas, "Die bronzenen Zwergentänzer", in: G. Hellenkemper Salias - H. H. von Prittwitz und Gaffron - G. Bauchhenss (ed.), Das Wrack. Der antike Schiffsfund von Mahdia, Catalogue d'exposition Bonn (1994), Vol. 1, 483-504, les nains auraient été au 5e s. à Athènes des entertainers ou bouffons professionnels dans le contexte du symposion, des esclaves de luxe, exhibés par leurs maîtres comme symbole de leur statut social, cf. aussi Steingräber, ibid.

121 B. Schweitzer, art. cit., 138-167.

Pour les Centaures, comme pour les nains et Pygmées, il s'agit de déterminer si la calvitie fait partie intégrante de l'iconographie de ce type dès l'origine. Le but n'est pas ici de refaire une étude sur l'iconographie des Centaures122. Je me bornerai donc à relever quelques points.

Une première constatation concernant l'iconographie des Centaures est que ces derniers sont rarement chauves avant la fin de l'époque archaïque. Evidemment, il est difficile de se prononcer pour quelques représentations de la céramique géométrique123, mais d'autres illustrations plus précises, ainsi que des terres cuites nous montrent bien que les Centaures sont conçus à la base comme des êtres chevelus (et barbus) 124. Il faut attendre la fin du 6e s.

pour voir apparaître des Centaures chauves, dans la céramique attique à figures rouges125 – puis à figures noires126 (sic) – et le milieu du premier quart du 5e s. pour que le type s'impose dans l'imagerie127.

L'influence de l'Attique sur l'iconographie du Centaure aurait été prépondérante, puisque pour M. Leventopoulou128 comme pour B. Schiffler, les traits des Centaures ont été influencés dès le deuxième quart du 6e s. par ceux des Silènes, dont le type serait apparu vers 600 environ à Athènes. On observe en effet à ce moment-là une transformation des traits du visage des Centaures, qui, de à peu près humains, mais avec des cheveux et barbes broussailleux, deviennent effectivement "silénesques", au nez camus et aux oreilles chevalines. Ce type ne s'impose pourtant pas au détriment de l'autre et on trouve même un type hybride, avec profil humain, mais oreilles de cheval. L'adoption de ces traits chez les Centaures serait due à une volonté d'accentuer le côté sauvage de ces êtres129. De même, à la fin du 6e s., l'adoption de la calvitie pour les Centaures se fait en Attique, et comme le reconnaît très justement Schiffler, ce trait est aussi hérité des Silènes: il constitue "ein typisierendes Merkmal, das beim

122 Sur l'iconographie des Centaures: LIMC VIII, 1 (1997), s.v. Kentauroi et Kentaurides, 700-702 (Leventopoulou) et 702-703 (Palaiokrassa); B. Schiffler, Die Typologie des Kentauren in der antiken Kunst vom 10. bis zum Ende des 4. Jhs.v. Chr., Archäologische Studien 4 (1976).

123 Ibid., pl. 1, A 9.

124 LIMC VIII, 2 (1997), s.v. Kentauroi et Kentaurides, n°s 3 et 6, 20 et 22 (Leventopoulou – Palaiokrassa);

Schiffler, op. cit., pl. 5, A-S 1.

125 Par exemple: LIMC, ibid., n° 362.

126 Ibid., n° 139.

127 Ibid., n° 186; le Centaure chevelu constitue une exception qui subsiste cependant (ibid., n° 184). Le type du Centaure évoluera au second classicisme, parallèlement au type du Satyre.

128 Ibid., 702.

129 Ibid.

Kentauren nicht das Alter, sondern die Hässlichkeit betonen soll"130, une affirmation quelque peu incorrecte, puisqu'il arrive que la calvitie caractérise l'âge d'un Centaure et qu'on ne peut déterminer précisément la raison de l'adoption des traits silénesques. On connaît en effet un

"vieux Centaure", qui se distingue des Centaures un peu à la façon des Silènes et du "vieux Silène", mais qui a un nom propre, Pholos. S'il n'est pas systématiquement représenté comme plus vieux que ses compagnons, on le trouve cependant caractérisé comme tel en quelques occasions, soit par des cheveux blancs, comme sur une coupe du Peintre C à Paris131, datée de 560-550, ou justement par la calvitie, comme sur un canthare béotien daté du milieu du 6e s.132 Mais cela reste assez rare et l'on peut même mentionner l'existence d'un exemple où l'on voit le contraire. En effet, sur une kylix à figures rouges du Peintre H.P. de 510133, un Pholos au profil humain est étendu aux côtés d'Héraklès pour le symposion, aussi chevelu et légèrement plus barbu que son compagnon héroïque, alors que "les Centaures" aux traits silénesques sont chauves. Quant à l'hypothèse que les Centaures ont adopté des traits iconographiques des Silènes, elle est tout à fait plausible, mais il faudrait l'affiner un peu. En effet, on peut observer sur le vase François déjà que les corps des Silènes représentés dans le cortège de Dionysos sont identiques à la partie "antérieure" des Centaures de la Centauromachie thessalienne (à l'exception du sexe): jambes, queue et oreilles chevalines, mais pas de trace du nez camus cité par Schiffler134, ni chez les uns, ni chez les autres135. On se demande dans quel sens se fait l'influence iconographique dans la céramique attique, étant donné que les Centaures sont déjà représentés au siècle précédent, tandis que les seules figures de Silènes plus anciennes restent assez hypothétiques136, d'autant plus que les Silènes de Cleitias ont des jambes et sabots de

130 Schiffler, op. cit., 166; tandis que H. Bulle, Die Silene in der archaischen Kunst der Griechen (1893), 15, observant également que les Centaures deviennent chauves à la suite des Silènes et parce que leurs traits de visage sont calqués sur ceux de ces derniers, constate que cette calvitie n'est pas liée à leur nature.

131 Fragment de coupe attique à figures noires, Paris C 10239, H. A. G. Brijder, op. cit., pl. 10g.

132 Canthare béotien à figures noires, Munich 7740, LIMC VIII, 2 (1997), s.v. Kentauroi et Kentaurides, n° 253 (Leventopoulou – Palaiokrassa), avec Héraklès et les Centaures: le plus proche d'Héraklès n'est pas chauve (la ligne de frange haute se retrouve sur l'autre face du vase pour les cavaliers), mais celui qui est au centre du groupe de trois l'est, on voit très nettement la ligne de frange formant une courbe revenant en arrière sur le haut du front.

133 ARV 2 454. LIMC VIII, 2 (1997), s.v. Kentauroi et Kentaurides, n° 262.

134 Schiffler, ibid.

135 Notons cependant que si le nez camus n'est pas une règle, il caractérise dès le début du 6e s. certaines représentations de Silènes, cf. par exemple un fragment à figures noires de Lindos, C. Blinkenberg, Lindos.

Fouilles de l'Acropole, 1902-1914 (1931), Vol. 2, pl. 127, n° 2629.

136 Petits démons sous les anses du cratère protoattique, Berlin 31573, Ram-Jug Painter, CVA 1, pl. 18-21.

cheval, une caractéristique qu'ils perdront par la suite. A part peut-être le Nessos de l'amphore éponyme du Peintre de Nessos137, dont le profil montre un nez qu'on pourrait considérer comme retroussé, les nez des Centaures restent pointus, quoique parfois en trompette138, pendant presque toute la première moitié du 6e s; ce type de profil se retrouve pour la plupart des représentations de Silènes de la même période. L'iconographie des ces deux groupes de figures semble donc étroitement liée dans l'art attique dès la fin du premier quart du 6e s., et le sens dans lequel joue l'influence pour commencer importe finalement peu. Il n'est pas étonnant par conséquent que lors de l'adoption du type du Silène chauve dans l'iconographie attique, ce schéma caractérise aussi les Centaures, puisque les bustes des uns sont identiques aux bustes des autres, comme on peut le constater par exemple chez Epictète, sur deux kylikes à Londres et sur le marché139, ou chez Phintias140.

La calvitie des Centaures dérive donc de leur association iconographique, ancienne déjà, avec les Silènes. Il faut en déduire que les affinités de ces deux groupes de figures on été fortement perçues dès l'époque archaïque, affinités qui consistent d'abord en une même nature mi-humaine, mi-équine141, dans la pluralité anonyme qu'ils partagent avec d'autres figures de la nature (les nymphes par exemple), dans le type d'habitat ensuite, dans l'amour du vin enfin, qui rend lascifs et fait redevenir entièrement bestiaux les uns comme les autres142.

Toutes les figures étudiées plus haut, Pygmées, nains et Centaures ont acquis à un moment donné leur calvitie en raison de leur affinité avec les Silènes. On comprend donc qu'il devient important dans le cas de ces derniers de tenter de déterminer la ou les raisons de leur

"coiffure" particulière, si cela est possible, afin de statuer sur la signification de la calvitie.

137 Amphore attique à figures noires, Athènes 1002, ABV 4-5, 1, Paralipomena 2, 6.

138 LIMC VIII, 2 (1997), s.v. Kentauroi et Kentaurides, n° 99 (Leventopoulou – Palaiokrassa).

139 Londres E 35, ARV 2 74, 38, avec un kômos de Satyres sur une face; Kunst der klassischen Antike, Exposition MuM Zürich 1975, n° 12, avec la Centauromachie du Pholoé sur une face (à noter qu'ici la calvitie pourrait être utilisée comme trait caractérisant l'âge).

140 Kylix attique à figures rouges, Karlsruhe, Badisches Landesmuseum 63.104, ARV 2 1700, 12ter, avec un Satyre sur chaque face et un Centaure dans le médaillon.

141 Si les Centaures sont clairement des hommes-chevaux, la part des choses est moins claire pour les Silènes, qu'on a vus aussi comme des hommes-ânes, F. Lissarrague, "Les satyres et le monde animal", in: J.

Christiansen - T. Melander (ed.), Proceedings of the 3rd Symposium on Ancient Greek and Related Pottery, Copenhagen 1987 (1988), 335-336; id., "De la sexualité des Satyres", Métis 2 (1987), 63-64.

142 La proximité Silène-Centaure est également traduite en termes de parenté, puisque selon Apollodore (Bibl. 2, 83), les parents du Centaure Pholos seraient un Silène et une Dryade du Mont Pholoé en Arcadie.

Le problème de l'origine et de la constitution de l'iconographie des Silènes est complexe et pourrait faire l'objet d'une thèse en soi; je me bornerai donc à en faire une esquisse, pour les besoins de cette enquête. Avant de procéder, je pense qu'il est utile de faire une petite mise au point lexicale. En effet, au cours des pages qui précèdent, les deux termes connus depuis l'Antiquité pour les figures dont il est question ici, Silène et Satyre, ont été évoqués. A ce propos, les usages diffèrent: certains disent seulement Satyres, d'autres utilisent les deux appellations comme des synonymes bienvenus pour éviter les répétitions, mais aucun consensus n'existe pour l'usage de ces noms143. Pour d'autres encore, la différence est géographique: Satyre serait un nom péloponnésien et Silène un nom ionien pour désigner les mêmes êtres, proches de la nature et des nymphes144; on en veut pour preuve que le nom des Silènes est attesté sur la céramique attique145 tandis que pour Hésiode146 les Satyres étaient les enfants du péloponnésien Phoroneus; de plus, l' "inventeur" du drame satyrique, Pratinas, aurait été originaire du Péloponnèse et aurait importé à Athènes la dénomination de sa région d'origine pour les Silènes attiques147. Pour d'autres, la disctinction est plus radicale, puisque ces termes désigneraient des personnages de même nature, certes, mais à l'aspect différent: les Silènes auraient toujours des traits "équins", tandis que les Satyres seraient plus proches du bouc148.

Les auteurs qui faisaient la différence dans l'Antiquité appartiennent à une époque bien plus tardive que celle qui nous occupe; ils distinguaient les Silènes des Satyres par l'âge: les Silènes seraient des vieux Satyres149, une confusion due, selon Brommer, aux personnages du drame satyrique, où Papposilène est accompagné de ses enfants, désignés comme des

143 G. M. Hedreen, "Silens, Nymphs and Maenads", JHS 114 (1994), 47, note 7, préfère utiliser pour l'époque archaïque le terme de Silène, car c'est le seul attesté pour cette période (inscriptions sur le vase François), même s'il considère les deux termes de Silènes et Satyres comme des synonymes, une équivalence que l'on retrouve chez F. Brommer, Satyroi (1937), 2-5 et T. H. Carpenter, Dionysian Imagery in Archaic Greek Art: Its Development in Black-Figure Vase Painting (1986), 19, n°s 31. 76-79.

143 G. M. Hedreen, "Silens, Nymphs and Maenads", JHS 114 (1994), 47, note 7, préfère utiliser pour l'époque archaïque le terme de Silène, car c'est le seul attesté pour cette période (inscriptions sur le vase François), même s'il considère les deux termes de Silènes et Satyres comme des synonymes, une équivalence que l'on retrouve chez F. Brommer, Satyroi (1937), 2-5 et T. H. Carpenter, Dionysian Imagery in Archaic Greek Art: Its Development in Black-Figure Vase Painting (1986), 19, n°s 31. 76-79.

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