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1.3. La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives

Il est possible de considérer la répression sexuelle comme l’ensemble des dispositifs sociaux, médicaux, légaux, idéologiques qui contribuent à la réduction, l’interdiction ou la régulation de la vie sexuelle. Ce qui est une manière d’induire qu’à un certain moment, la sexualité, dans cette partie du monde, a été plus ou moins libérale. En effet, elle participait, semble-t-il, à la vie active des sociétés traditionnelles dans leur ensemble.

La littérature africaine qui est née dans un contexte particulier ne propose malheureusement pas assez de textes décrivant ce passé, notamment dans le rapport de l’Homme au sexe. L’œuvre de René Maran est l’un des rares, à côté de ceux de Mongo Beti (Le Pauvre Christ de Bomba), de Yambo Ouologuem (Le Devoir de violence) et de Paul Hazoumé (Doguicimi), qui brossent un tableau saisissant de cette période en

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matière de mœurs sexuelles. Ce sont davantage des travaux de nature anthropologique et ethnographique qui ont exposé les relations existant à cette époque entre l’Africain et la sexualité.

Les ouvrages, comme celui de Maran montrent, que certaines régions d’Afrique étaient accoutumées à des pratiques sexuelles bien éloignées de la pudicité. De fait, est-il possible de se demander comment et pourquoi l’Afrique en est venue à être considérée comme une terre pudique ? Si la sexualité occupait une place aussi importante dans la vie de l’Africain ainsi que le laisse entendre le Révérend Père Supérieur (R.P.S.) dans Le

Pauvre Christ de Bomba, lui qui déclare : « Ils [les Africains] ont tous la luxure chevillée

au corps ! »361, il importe de comprendre le mécanisme par lequel la sexualité africaine a été bridée.

II-1.3.1. Au temps de la liberté sexuelle

En regard du discours colonial sur la sexualité africaine, des faits traditionnels observés et relatés par René Maran dans son texte, la représentation de l’époque précoloniale faite par Ouologuem et les travaux de Jacques Lantier, Boris de Rachewiltz et bien d’autres anthropologues… il ressort que l’Afrique a été une terre où la sexualité s’exprimait ouvertement dans de multiples groupes ethniques. La présence du sexe, les figurations sexuelles ou sensuelles lors des activités ludiques ou initiatiques irradient l’Afrique précoloniale d’un pôle à un autre. On constate chez les Hottentots, un peuple localisé au sud-ouest de l’Afrique, que les femmes se tirent réciproquement les petites lèvres de l’organe génital. Une pratique permettant le grossissement progressif de leur volume, un critère de beauté hautement apprécié par la gent masculine.

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Dans la sous-région d’Afrique centrale également, on rencontre des peuplades qui ont déployé une culture de la sexualité : l’exemple des Yaka, des Fang, des Ntoumou ou des Beti. Pour les premiers, au cours de différentes chorégraphies traditionnelles, des danseurs s’affichent arborant des masques simulant une copulation qui symbolise les générations futures et, simultanément, « la transmission de l’énergie vitale des ancêtres »362. Chez les deux autres groupes ethnolinguistiques se pratique l’Ozila, une danse de la fécondité. Durant son exécution les femmes initiées agitent leur buste nu ; celle qui donne le ton à l’instar de Yassigui’ndja dans Batouala, « s’enfonçait une corne d’antilope dans le vagin à certains moments de son spectacle »363. De même, chez les Beti, s’est développé un cérémonial spécial à l’intention du phallus. Dans le cadre de l’initiation, de jeunes garçons se regroupaient en un lieu baptisé esam so, où se trouve une myriade d’objets à résonnance sexuelle. Au centre de cet espace triomphe un énorme phallus appelé ndzom.

Ce ndzom (phallus) majestueux, accompagné par la musique des tam-tams, des balafons et des chants, était transporté, lors de la clôture de l’initiation, vers la place publique du village et les initiés devaient se tenir debout sur le ndzom et danser autour de lui, ceci devant la foule du village qui était assemblée là, tout le monde s’exaltant devant le ndzom.364

Lors du rituel du pénis chez les Beti, la liesse est palpable, l’euphorie emplit chaque case du village. On aurait dit que le ndzom chassait les malheurs exactement comme ce fut le cas chez les Romains, où se trouve le phallus, « Hic habitat felicitas »365.

À l’ouest de l’Afrique, en Côte d’Ivoire notamment, vivent les Guro. Ces derniers respectent un rituel, ayant une charge éducative pour les enfants, qui leur a conféré une certaine notoriété associée à leurs prouesses sexuelles. Les Guro en effet portaient lors

362 Kayemb Uriël Nawej, Erotic Africa. La décolonisation sexuelle, op. cit., p. 112.

363

Ibid., p. 113.

364 Ibid., p. 116.

365 Le Dr Gilbert Tordjman développe l’idée qu’au temps de l’Empire romain, pour exorciser la décadence, la désolation ou la mort, les cités romaines érigent aux portes de la ville un phallus en érection. Il est par ailleurs gravé sur cette verge tendue, l’inscription : « Hic habitat felicitas », qui veut dire « Ici habite le bonheur ». (Gilbert Tordjman, La Femme et son plaisir, Paris, [Londreys, 1986] éditions du Club France Loisirs, 1987, p. 21).

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des danses traditionnelles un moulage et une tenue représentant la jouissance sexuelle. Kayemb Uriël Navej écrit :

Il est de fait que, chez ces Guros, lors de danses traditionnelles, un masque et un costume appelé le « Gban » représentait « la jouissance sexuelle ». Le danseur portant ce masque et ce costume – lequel comportait plusieurs phallus en bois – animait et amusait tout le village, il imitait souvent le comportement du babouin tout en mettant l’accent sur la performance amoureuse au cours de ses danses, lors desquelles il se roulait sur le sol en se masturbant vigoureusement.366

Cette pratique conférait à l’autostimulation sexuelle un caractère de banalité, de normalité. Les jeunes Guro n’avaient donc pas besoin de poser des questions sur la sexualité à leurs parents, tous les rudiments concernant le sexe étaient dits et transmis sur la place publique.

Dans le texte Magie et sexualité en Afrique noire. La cité magique, Jacques Lantier fait également état de quelques ethnies au sein desquelles était enseignée une certaine pédagogie sexuelle, en l’occurrence les Mau-mau. « La vie sociale des garçons commence par des séances quotidiennes de masturbation rituelle qui se tiennent à l’extérieur des villages, sous un arbre-autel consacré à cet usage. » 367

Pour comprendre que des enfants soient éduqués en ce sens et afin d’appréhender ce rapport singulier à la sexualité, il faudrait au moins avoir une idée du mythe fondateur de cette ethnie.

L’ancêtre-fondateur Kikuyu est le seigneur Mumbere, fils de l’Orgasme. Le premier homme a été créé directement par le sperme divin, sans l’intervention d’une femme. De la jouissance du dieu masturbateur, qui se passe de femme, sortit Kikuyu. Une fois mis au monde, Kikuyu fabriqua avec de l’argile une statue dans laquelle il ménagea une cavité pour y placer son pénis. Sous l’action qui s’ensuivit, la statue s’anima et devint la première femme, Moombi, celle qui crie de bonheur. Des amours de Kikuyu et de

366 Kayemb Uriël Navej, Erotic Africa. La décolonisation sexuelle, op. cit., p. 112.

367

Jacques Lantier, Magie et sexualité en Afrique noire, op. cit., p. 274. Également cité par Kayemb Uriël Nawej,

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Moombi naquirent neuf filles qui furent elles-mêmes les ancêtres des neuf clans qui existent encore au sein de la tribu des Kikuyu.368

À travers cette genèse des Gikuyu (Mau-mau), il est possible de cerner les raisons pour lesquelles le sexe est omniprésent au sein de ce groupe. Le mythe en dit plus qu’il n’en faut : la sexualité y était vie et culture. Depuis la prime enfance, les Gikuyu sont initiés au sexe ; ils ont un grand « arbre-rituel » où ils peuvent, le matin venu, faire une compétition d’éjaculation et se raconter des anecdotes salaces. La sexualité faisait partie intégrante de la vie de cette population.

Une autre pratique répandue à l’époque était l’homosexualité, aussi bien masculine que féminine. Il est vrai que certains auteurs ont affirmé dans les années 1930 que l’homosexualité a été importée en Afrique par l’Occident369. Faisant consécutivement de cette pratique le « propre des cultures très civilisées et très policées des peuples blancs »370. Dans un article au titre évocateur, « L’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours », le sociologue Charles Gueboguo entend retracer historiquement la pratique de l’homosexualité au sein de plusieurs sociétés africaines bien avant l’avènement des missions civilisatrices européennes. Il fait observer dans ses travaux que cette pratique y était non seulement présente, mais pouvait alors revêtir une fonction jouissive et/ou initiatrice. Elle était très répandue chez « les Dahomey, les Ila, les Lango, les Nama, les Siwa, les Thonga, les Ouolof, les Zandé »371, les Foulan, les Argole, les Gisu, les Luba, les Nkundo, les Mossi… la liste est loin d’être exhaustive. En guise d’exemple, Guebogo cite un groupe ethnique de l’Angola :

368 Jacques Lantier, Magie et sexualité en Afrique noire, ibid., loc. cit.

369 Le missionnaire et ethnologue suisse, Henri-Alexandre Junod, étudiant les mœurs et coutumes des populations bantoues, affirme : « deux vices très répandus dans les sociétés civilisées : onanisme et sodomie, étaient entièrement

méconnus (en Afrique chez les Bantous) avant l’arrivée de la “civilisation”. Il n’en est plus malheureusement ainsi »

(Mœurs et coutumes des Bantous, vol. I, Paris, Payot, 1936, p. 95. Cité à partir de Charles Gueboguo, « L’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours », Socio-logos, 2006. http://socio-logos.revues.org/37.

370

Thérèse Kuoh-Moukoury, Les Couples dominos. Noirs et Blancs face à l’amour, op. cit., p. 89.

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[…] dans le groupe ethnique dénommé Quimbandas, la sodomie était fréquente parmi les hommes, et les hommes ayant ces rapports sexuels avec les individus du même sexe étaient aussi désignés sous ce vocable : quimbandas. La spécificité de ce groupe ethnique était qu’ils avaient de tels rapports sexuels tout en étant habillés en femme. D’ailleurs l’une des figures la plus marquante parmi eux était le Ganga-ya-Chibanda, ou le grand prêtre, le superintendant des sacrifices rituels qui s’habillait comme une femme, même en dehors des offices religieux. Il marquait un point d’honneur à ce qu’on l’appelle : « la grand-mère ». Vu sa position sociale, tout ce qui pouvait être considéré comme un écart de conduite venant de lui était toléré par le groupe.372

À cet effet, si dans l’univers littéraire cette période de l’histoire de l’Afrique est très peu représentée, on note toutefois la présence d’un nombre considérable de pratiques sexuelles dans le peu de textes abordant les mœurs sexuelles durant ladite période, particulièrement dans Le Devoir de violence. L’homosexualité masculine y est effectivement évoquée, notamment lorsque l’auteur fait le récit de la geste de la dynastie Saïf. L’auteur décrit un ministre nommé El Hadj Abdoul Hassana, qui aurait fait emménager un éphèbe dans sa chambre373, avec qui il passe ses nuits. Ouologuem présente également Saïf Ali comme un pédéraste dans la peau374. En outre, l’auteur évoque aussi l’inceste. Ramina, mère du Saïf El Haram (empereur du Nakem au XVIe) fut mise enceinte par son fils Saïf Youssoufi375. Saïf El Haram lui-même, à la mort de son père, Saïf El Héït, épousa les quatre épouses de ce dernier :

Donc, à la mort du juste et doux Saïf El Héït (Sur lui le salut !), son fils béni Saïf El Hilal monta sur le trône impérial, mais – comble de disgrâce – pour treize jours seulement. Car Saïf El Haram, proclamant la nécessité d’un couple royal formé de la reine-mère et du fils, épousa en une même nuit les quatre femmes de son père défunt – dont sa propre mère Ramina376

L’œuvre de Ouologuem est caractérisée par un déchainement de violence et par

372 Charles Gueboguo, « L’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours », op. cit. Lire aussi au sujet de l’homosexualité en Afrique : Fabien Boulaga Eboussi (dir.), « L’homosexualité est bonne à penser »,

Terroirs, n° 1-2, 2007.

373 Yambo Ouologuem, Le Devoir de violence, op. cit., p. 22.

374 Ibid., loc. cit.

375

Ibid., p. 23.

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l’omniprésence du sexe dans ses formes les plus variées, y compris l’orgie.

Après avoir pleuré sa favorite berbéro-juive Yéhochua, Saïf Tsévi, qui était un cochon obstiné, se hâta d’épouser une sorcière négresse Lyangombé, affiliée à une corporation secrète de sorciers et de magiciens, dont l’ancêtre consacré est représenté sous les traits d’un être bisexué – pourvu d’un côté de trois phallus, et de l’autre, de trois vagins. Dans la vie privée des gens de cette corporation, qui avaient tout juste le courage d’une poule mouillée, l’hospitalité du maître de maison, s’élevant au-dessus de la tragédie commune, implique de consentir à tout tiers le droit de jouir des faveurs de ses femmes. Dans leur vie publique, de terribles sabbats sont à l’honneur, auxquels les membres se rendent la nuit, à travers la brousse, s’interpelant par des grognements imités du cri de l’hyène. Au cours des saturnales, l’inceste est licite et même recommandé, conjugué d’actes tels que sacrifices humains suivis de rapports sexuels incestueux et de coït avec les animaux : comme si, Nègre, on eût dû véritablement – ya atrash ! – n’être que sauvage. Le grand sorcier et la grande sorcière font asseoir l’assemblée à terre, jambes écartées, puis, chantant doucettement des chansons ayant trait aux organes génitaux, se mettent entièrement nus et copulent publiquement, invitant, avec la faiblesse insigne d’en pleurer de bonheur, chaque homme présent à en faire autant avec trois, quatre ou cinq femmes, plusieurs fois et avec le plus grand nombre de personnes que ses forces lui permettent d’assaillir.377

Cette Afrique, certes lointaine aujourd’hui, presque oubliée, donne justement à voir une femme aux appétits sexuels gargantuesques, emplie de passions, incontrôlables. D’où les mutilations sexuelles, dont l’objectif vise à réfréner ces pulsions sexuelles explosives. L’ethnologue britannique Sir Richard Burton, qui a mené des études considérables sur les coutumes et les sexualités en Afrique, écrit : « Tous considèrent que le désir sexuel chez la femme est dix fois plus grand que chez l’homme. Ils pratiquent l’ablation du clitoris parce que, comme l’avertit Aristote, cet organe est le siège et l’origine du désir sexuel. »378

Cette cartographie succincte de la sexualité africaine avant l’ère coloniale et peu après379, montre une Afrique hétérogène et complexe en matière de sexualité, à des

377 Ibid., p. 26-27.

378 Cité par Kayemb Uriël Nawej, Erotic Africa. La décolonisation sexuelle, op. cit., p. 161.

379 En se référant par exemple au Pauvre Christ de Bomba, une fiction dénonçant la réalité des pratiques ecclésiastiques, on observe qu’au Cameroun, même durant la période coloniale, la sexualité occupe encore une place très importante. C’est en tout cas ce qu’on peut lire à travers l’échec du catholicisme dans l’œuvre, et l’acharnement

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années-lumière de son portrait actuel. La femme – aujourd’hui soumise, reléguée au second rang, lie de la société, souvent considérée comme ayant pour seule fonction celle de la procréation – est dans l’Afrique ancienne quasiment sur la même marche que l’homme dans certaines sociétés. Sa sexualité y est vécue sans voile, sans détournement, aussi bien que celle de l’homme. Elle peut même dans certaines peuplades se marier avec plusieurs hommes380. La tradition n’y voit aucun inconvénient. A contrario, la femme polyandre relie les villages et les peuples en temps de guerre. Elle est médiatrice, et par voie de conséquence vecteur de paix selon ces sociétés. Sur l’île d’Orango, à quelques encablures de la Guinée-Bissau, sur la côte ouest de l’Afrique, les femmes accouraient vers les hommes qui leur plaisaient, et les demandaient en mariage381.

Cette impétuosité sexuelle dans l’Afrique d’antan, manifeste dans la diversité des orientations sexuelles, la multiplicité de pratiques, l’hymne à la beauté corporelle, aux plaisirs sensuels, aux organes génitaux, s’est effondrée tel un château de sable emporté par la marée de la colonisation islamique, chrétienne, en somme par le contact avec l’Autre. Cette culture a été déniée, dépréciée, dévalorisée, réprimée, accusée de tous les maux : impiété, impudicité, impureté, iniquité, obscénité, péché, saleté... En fait, l’église, aidée par l’administration coloniale, a agi de manière répressive sur les

de l’église contre les pratiques comme la polygamie. De plus, on atteste l’existence de multiples rites et pratiques à caractère sexuel à l’époque coloniale : la polygamie, l’hospitalité sexuelle, la polyandrie, le Bwiti, le Mwiri, etc.

380 Jusqu’au XXe siècle encore, la polyandrie est pratiquée au Nigéria, entre autres chez les Abisis. En République Démocratique du Congo, dans le centre du Kasaï occidental et le centre-ouest du Bandundu, se trouve une ethnie nommée Bashilélé. Les femmes de ce groupe pouvaient avoir, avant l’arrivée des Européens, plusieurs époux ou concubins. Après l’indépendance du Congo, il est à noter que certains hommes ont milité pour l’exhumation de cette coutume. Cette tradition est encore pratiquée au Congo, mais de façon sporadique. (Kayemb Uriël Nawej, Erotic

Africa. La décolonisation sexuelle, op. cit., p. 178).

381 Si la pratique a quasiment disparu dans cette contrée, des poches de résistances subsistent. Par ailleurs, les personnes âgées, nostalgiques de cette société disparue et outrées par l’escalade des divorces, pourfendent les générations actuelles, en qui ils ne retrouvent plus les valeurs ancestrales. Pour elles, le choix des femmes est plus stable, d’où, dans la société d’antan, les divorces étaient d’une extrême rareté. Selon Kayemb Uriël Nawej, ces personnes âgées se plaignent aujourd’hui et disent « que le monde est à l’envers, que plus rien de va, que ce sont maintenant les jeunes hommes qui courent après les jeunes femmes, au lieu d’attendre que les femmes viennent vers eux. Ils disent qu’eux encore, à leurs jeunes âges, ils avaient appris à prendre grand soin de leur physique, à bien danser, à être des poètes, à développer les arts, ceci dans le but d’être le plus séduisant possible, afin d’attirer le plus grand nombre de femmes » (Ibid., p. 179).

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coutumes et valeurs africaines anciennes, comme elle procéda avec les mœurs dans la Rome antique, héritière de la Grèce qui, elle-même, emprunta pour beaucoup à l’Égypte antique.

II-1.3.2. De la Rome antique à l’Afrique noire : la répression des mœurs sexuelles

La Grèce a été très connue pour sa conception de la sexualité, ses cultes orgiaques adressés à des dieux comme Dionysos. La femme y est adulée, le plaisir des sens aussi. La Rome impériale sera plus tard influencée par cette représentation, notamment de l’ivresse sexuelle ainsi que le dépeint le Dr Tordjman :

En Grèce antique, le culte de Dionysos supplante celui d’Aphrodite, comme le culte de Bacchus celui de Vénus dans la Rome impériale. Ce n’est pas que le Dieu du Vin semble plus indiqué pour célébrer la fécondité de la nature et le renouveau des saisons. Mais, mieux que la prêtresse de l’amour, il catalyse la libre expression des pulsions sexuelles par les effluves de l’alcool.382

Le corps social romain connaît de grandes mutations qui vont libérer de plus belle les approches des Hommes au sexe et au plaisir qu’il procure, permettant ainsi aux femmes de s’exprimer. La femme romaine « parvient à imposer son droit à l’éducation, et participe à la vie sociale, politique, artistique et intellectuelle de la cité. »383 Selon le Dr Gilbert Tordjman :

Elle ne vit plus sous le joug tyrannique de l’époux depuis que la loi lui a concédé la gestion de sa fortune. Les divorces se multiplient pour les motifs les plus futiles. Ils sont