• Aucun résultat trouvé

AU SEUIL DE L’ALSACE

Le repos de Vouhenans

Comme tous les villages franc-comtois Vouhenans sent la litière : les tas de fumiers s’étalent au long des rues, devant chaque porte. Mais c’est un village. On s’y abrite sous un toit. Après six semaines d’habitation dans nos terriers, c’est un avantage inestimable. D’autant que les rigueurs de la saison commencent à se faire sentir. Le temps demeure brumeux ; par instant il tombe une pluie fine et glacée. Mais nous ne manquons pas de moyens de chauffage.

Hommes et chevaux ont été cantonnés à l’aise. On visite et on répare le matériel, les voitures, le harnachement. On pense les chevaux, on soigne leurs blessures. J’ai mon P.C. dans une salle de la Mairie. Les affaires du bureau m’absorbent peu. J’ai des loisirs. Je fais quelques inspections dans le cantonnement de mes batteries, quelques courtes promenades à cheval aux alentours du village, entre deux chutes de pluie ; je pousse parfois jusqu’à Lure pour prendre le vent auprès de l’E.M. de la 7ème Armée, où je m’entretiens avec mon camarade de promotion, le commandant Delmas, qui occupe la fonction de Chef du 3ème bureau.

Ce pays présente pour moi un intérêt particulier ; c’est sa proximité de Besançon où ma famille est de retour depuis un mois. Je ne suis qu’à trois heures d’elle en chemin de fer. Aussi m’est-il permis d’user de cette facilité. Je passe la journée du 12 à Besançon et le 16 je suis à Vesoul où ma femme vient me rejoindre jusqu’au lendemain.

D’autre part le commandement met à profit notre séjour dans la Haute-Saône pour faire exécuter aux cadres de la 66ème division une reconnaissance sur la frontière Suisse. Un matin, des automobiles viennent nous prendre dans nos cantonnements pour nous conduire d’abord à Villersexel, auprès de l’E.M. de la division, où doit nous être exposé le programme de ces reconnaissances, avant de nous hisser sur les sommets du Jura. Mes capitaines et moi prenons place dans les voitures. J’ai ordre de prendre au passage dans un cantonnement voisin, le commandant Des Plas ainsi que ses officiers. A peine sorti de Vouhenans l’auto qui m’emmène a une série de pannes. Nous piétinons. Mon conducteur témoigne d’une incompétence notoire à remettre chaque fois son moteur en marche. Chacun peste, sauf le conducteur qui me déclare humblement qu’il n’est pas du tout du métier ; il est séminariste ! Enfin, à force de patience et de persuasion, nous finissons par rejoindre dans leur village les officiers du 2ème groupe et par gagner Villersexel. Mais quand nous arrivons dans cette dernière localité la conférence est terminée et tout le monde est déjà

parti. Des instructions nous ont été laissées pour nous permettre de rejoindre les officiers du 240ème d’artillerie, par Pont-de-Roide, sur les hauteurs du Lomont. Une voiture en bon état de marche est mise à notre disposition.

Dés lors nous nous lançons à bonne allure sur l’itinéraire prescrit.

Après Pont-de-Roide nous nous engageons dans la vallée du Doubs, suivant la cluse pittoresque de St-Hippolyte. Il fait un froid vif. Il y a du givre partout ; les bois surtout en sont couverts et les minces aiguilles de glace qui par milliers brillent aux moindres branches nous font un décor d’une beauté saisissante. Lorsque, quittant la vallée du Doubs, nous gravissons les pentes de la montagne, le paysage est féerique ; nous roulons dans une forêt d’argent.

Regard sur la Suisse

Nous rejoignons sur les hauts plateaux le colonel Joly qui nous met au courant et nous trace notre travail, auquel est consacré le reste de la journée et qui se poursuivra le lendemain par une exploration de la zone frontière entre Blamont et Delle. J’aurai là l’occasion de constater les précautions prises par les Suisses le long de leur frontière barrée tout au long d’une clôture en treillage métallique et gardée, devant chaque voie de pénétration, par des postes en armes.

On étudie sur place les dispositions à prendre au cas d’une irruption des forces allemandes par la région de Porrentruy. Les plans ont été établis par l’E.M. d’un C.A. qui stationne en réserve à Villersexel. Il parait que toutes les Divisions qui viennent tour à tour se reposer dans la Haute-Saône sont appelées à faire exécuter par leurs cadres semblables reconnaissances.

Sage précaution, sans doute. Une violation de la neutralité Suisse par les Allemands est donc regardée comme possible par notre haut commandement.

Cette question qui me préoccupe depuis un an, à cause du danger qui pourrait de ce fait menacer ma famille à Besançon, prend à mes yeux une acuité plus vive que jamais. A Villersexel je me suis renseigné auprès de l’E.M. sur les raisons de croire à une attaque par la Suisse. Mais on m’a déclaré qu’on ne savait rien. On a étudié l’éventualité pour ne pas être pris au dépourvu ; c’est tout.



Ronchamp

Cependant notre période de repos à Vouhenans prend bientôt fin. Le 19 novembre mon groupe est mis en route pour aller cantonner à Ronchamp, sur la route de Lure à Belfort. La 66ème division va-t-elle entrer en secteur dans les Vosges ? On le dit. Il est assez normal pour des

chasseurs alpins de passer l’hiver en montagne. La division ne l’a-t-elle pas déjà fait l’an passé ?

Au cours de cette première étape, tandis que je marche à cheval en queue de ma colonne, comme j’aime le faire souvent, je suis doublé par une limousine qui arbore le fanion tricolore cravaté. Je devine la présence du général de Boissoudy commandant la 2ème armée, venant de son Q.G. de Lure. Mais l’auto est déjà passée et s’éloigne rapidement le long de ma colonne. Le Général n’a pas paru me voir au passage. Je regrette que le hasard de cette rencontre ne m’ait pas fourni l’occasion de l’aborder et de me rappeler au souvenir d’un chef que j’ai eu autrefois la bonne fortune de connaître. Je le regrette bien plus quelques instants après, lorsque, ayant repris place en tête de ma colonne, j’apprends des officiers qui guident la marche que le général de Boissoudy s’est enquis auprès d’eux du nom du Commandant du groupe et qu’il les a chargés de me transmettre ses compliments sur la belle tenue de mes batteries.

Le cantonnement à Ronchamp est médiocre. C’est une localité industrielle, noire des fumées d’usine, au sol couvert de scories. Les hommes sont cantonnés par petites fractions. Mes chevaux sont mal abrités dans les hangars. L’aspect des lieux est rendu moins séduisant encore par la pluie qui tombe tout l’après-midi. Aucun ordre n’est donné pour le lendemain. Nous restons à Ronchamp dans l’incertitude de notre destination définitive.

Le bruit court que les divisions françaises sont enlevées en chemin de fer et dirigées sur l’Italie, sous les ordres du général Fayolle, pour voler au secours de nos alliés italiens qui ont subi un désastre à Caporetto et se sont repliés derrière le Tagliamento. On dit que leur situation est très critique. Je me demande si l’arrêt subit de notre division dans sa marche vers les Vosges n’est pas en rapport avec ces événements. Nous destine-t-on à entrer dans la cdestine-t-onstitutidestine-t-on des renforts envoyés sur le frdestine-t-ont italien ?

Une heureuse diversion se produit à ce moment au sein de la 66ème division. C’est une soirée théâtrale donnée par le 46ème bataillon de chasseurs dans une localité voisine : on y fait entendre des chansons d’actualité, pleines de verve ; on y joue une revue, enlevée avec entrain ; il y a beaucoup d’humour mais aussi quelques allusions un peu ironique à l’adresse de quelques chefs, ce qui ne parait pas très goûté et jette un froid sur la fin du spectacle.

Le 26 novembre, sans savoir pourquoi, mon groupe est ramené à Vouhenans. Toute la division revient occuper sa précédente zone de repos entre Lure et Villersexel. Je me perds en conjectures sur les raisons de ces

mouvements de tiroir. Aucune intervention de notre part ne semble pourtant imminente car les permissions continuent à être accordées. Justement mon tour revient. Je pars pour Besançon le 28 novembre, et cette fois pour dix jours, en raison des deux jours supplémentaires que me vaut ma nouvelle citation.

La crainte d’une invasion allemande par le Suisse ne cesse de me hanter. Je constate que cette crainte persiste dans la population bisontine.

On ne s’alarme pas cependant. Au surplus ma femme se sent un peu plus rassurée par la présence auprès d’elle de mon frère Marcel, qui, rentré de Salonique au cours de l’été, a été affecté au dépôt du 5ème régiment d’artillerie à Besançon d’abord, puis détaché au centre d’instruction de Dôle. Il vient la voir très souvent. Il me semble que si un danger menaçait la frontière du Jura, il la préviendrait à temps et en tout cas lui faciliterait son départ. Nous passons, ma femme et moi la journée du 4 décembre à Dôle afin d’y voir mon frère. Mes enfants sont en classe. J’ai plaisir à voir qu’ils poursuivent convenablement leur instruction et à constater leurs progrès.



L’entrée en Alsace à travers les Vosges

Vers la fin de ma permission, je suis avisé que mon groupe quitte Vouhenans et que je pourrai le rejoindre le 12 décembre à Thiefosse, dans la vallée de la Moselotte, qu’il m’est loisible d’atteindre par voie ferrée. Le défaut de correspondance des trains m’obligera à consacrer une journée entière à ce voyage, par Vesoul et Epinal.

Je débarque à Thiefosse le 12 à la nuit. Mes adjoints me reçoivent, m’indiquent mon logement et me communiquent les ordres pour le lendemain. la 66ème division se rend dans les Vosges. Le 240ème forme deux colonnes : le 1er groupe doit franchir la crête des Vosges au col d’Oderen, les deux autres groupes, qui stationnent dans la vallée de la Moselle, passant par le col de Bussang. D’autre part je suis avisé que mon Colonel m’a chargé de remettre à mon personnel les croix de guerre attribuées à la suite de nos combats de la Malmaison.

L’étape du 13 s’effectue par un beau temps. Le froid n’est pas très vif et la montagne couronnée de sapins nous offre ses horizons éternellement verts. Mais la montée est longue jusqu’au col et exige des précautions. La route, qui remonte d’abord la vallée de la Moselotte jusqu’aux abords de Cornimont, s’élève ensuite rapidement par Ventron pour atteindre l’altitude de 885 m. Je fais fréquemment marcher à pied

chevaux. J’ai décidé, chemin faisant, de procéder à une cérémonie au passage du col d’Oderen pour remettre les croix de guerre à mes braves.

C’est là que nous allons franchir l’ancienne frontière et pénétrer sur le versant alsacien. Je tiens à le souligner aux yeux de mes hommes, et à saluer avec eux cette terre d’Alsace en partie reconquise, dont nous souhaitons le retour définitif à la mère patrie. C’est au seuil de l’Alsace que je veux épingler sur les poitrines les croix qui me sont confiées, comme pour la prendre à témoin de la bravoure de ceux qui à leur tour viennent la défendre.

Arrivé au col, je fais faire halte. Laissant auprès des chevaux le personnel strictement suffisant à leur garde, je rassemble en tête du groupe les officiers, les gradés, les canonniers. Je fais présenter les armes, ouvrir le ban, j’adresse en quelques mots notre salut fraternel à l’Alsace, puis je distribue les décorations aux élus en les faisant accompagner de la lecture de chaque citation. A l’émotion que je vois peinte sur les visages, je sens que mes paroles ont été comprises. Mon geste a porté. Nous pouvons maintenant entrer en Alsace, chacun est prêt à y faire son devoir.

Notre route se poursuit ensuite sans peine. Il n’y a plus qu’à se laisser glisser par les lacets rapides qui descendent vers la vallée de la Thür.

Nous atteignons celle-ci à Krüth. L’ordre de stationnement m’assigne mon cantonnement à Mollau, ce qui nous conduit à descendre encore le long de la Thür jusqu’à Wesserling pour remonter ensuite légèrement sur les pentes à l’ouest de la rivière. Nous resterons en réserve de secteur à Mollau, tandis que les 2ème et 3ème groupe venus par la grande route plus directe de Bussang vont prendre position sur le front des Vosges. Le P.C. du 240ème s’établit à Willer et celui de la division à St-Amarin, tous deux dans la vallée de la Thür. Cette vallée est l’artère vitale de la contrée, la seule grande voie qui, des débouchés des cols de Bussang et d’Oderen, conduit à travers le massif vosgien à la plaine de l’Alsace, par St-Amarin, Willer, Thann. Toutes les localités s’échelonnent le long de cette vallée. Les rares petits villages qui s’en écartent paraissent déshérités.

Mollau, le curé, les écoles.

Mollau est de ce nombre. La population, toute rurale, se montre peu. On y a l’impression d’être à cent lieues de toute activité humaine, alors que dans la vallée de la Thür s’est concentrée la vie, entretenue par une population laborieuse et aisée, aux demeures hospitalières, par les multiples industries que la rivière alimente, par les troupes qui foisonnent.

Et comme pour rendre le contraste plus frappant, tout près de nous, les puissantes usines de Wesserling s’essoufflent nuit et jour dans le halètement de leurs forges.

Malgré l’exiguïté du village, les ressources sont suffisantes pour y cantonner mon groupe dans de bonnes conditions, d’autant plus que je peux loger une fraction au village voisin, à Storkensohn, et que la 22ème batterie est bientôt détachée à Bussang au centre d’instruction divisionnaire. Mes ravitaillements s’opèrent par la grande route du col de Bussang, qui passe tout près, à Urbes, et qui est doublée d’un téléférique.

La discrétion exagérée des habitants, ou pour mieux dire leur complet effacement, reste pour moi une énigme. On dirait qu’ils nous évitent. Même dans la maison que j’habite et où nous prenons nos repas, les bonnes gens passent comme des ombres muettes, laissant à notre disposition tout le nécessaire, mais peu désireuses à coup sûr de s’entretenir avec nous. Les souvenirs de mon premier séjour en Alsace, en août 1914, me reviennent en mémoire. J’ai vu à cette époque la population alsacienne rendue très prudente dans ses rapports avec nous, par la présence des agents allemands qui pullulaient ; mais je n’ai pu m’y tromper ; les enthousiasmes qui ont jailli à Mulhouse, à l’entrée des Français nous ont révélé le cœur des Alsaciens ; j’ai compris, par la suite, aux représailles exercées par les Allemands, lors de leur retour dans cette ville, combien les habitants étaient fondés à dissimuler leurs sentiments à notre égard, surtout dans les villages où leurs gestes étaient plus facilement repérables. Mais aujourd’hui ! après plus de trois ans d’occupation par les troupes françaises, les agents à la solde du Reich ont depuis longtemps été chassés, l’administration est française sur cette terre reconquise ; des rapports exempts de toute contrainte auraient dû s’établir entre la population et nous.

Croit-on encore au retour possible des Allemands ?



Cette attitude me parait étrange. Un fait la souligne, trois jours après notre arrivée. C’est un dimanche. J’assiste à la messe du village.

L’église est remplie, au point que je suis surpris de voir réunie une telle foule de paroissiens dont je ne soupçonnais par le présence dans la localité.

Je remarque aussi qu’à l’assistance se mêlent un grand nombre de mes militaires, qui en particulier garnissent à eux seuls, dans le fond de l’église, un bon tiers de la nef. Le curé, qui officie, monte en chaire, lit l’évangile d’abord en français, puis le répète en allemand. Après quoi, il commence à prêcher en allemand encore. J’écoute, quelques instants. Puis il devient évident que nous n’entendrons pas reprendre le discours en français. Alors, pourquoi l’usage exclusif de la langue allemande dans son sermon ? La grande majorité des paroissiens entend certainement le français ? et nous ? nous, les militaires qui sommes là, et dont la quasi-totalité à coup sûr ne comprend pas l’allemand ? Comptons-nous donc pour rien ? Nous ne

sommes pourtant pas des touristes de passage dans cette église. Nous y venons avec notre foi chrétienne, nous aussi et en outre nous y venons en représentants de la France, la patrie retrouvée, et en soldats de France prêts au sacrifice. Demain peut-être certains d’entre nous trouverons la mort pour réaliser le vœu si longtemps contenu de l’Alsace. Et c’est là l’accueil que ce prêtre nous réserve !

Je suis choqué, douloureusement choqué. Je ne puis entendre plus longtemps ce sermon en allemand. Je sors de l’église et n’y rentrerai que lorsque le prêtre remontera à l’autel.

Après l’office je convoque mon petit aumônier du groupe, qui a assisté à la messe, dans le chœur, et qui par conséquent a tout vu. Je tiens à savoir ce qu’on en pense.

- Mon Commandant, me dit-il, M. le Curé n’a pas eu le moindre doute sur la raison de votre sortie. Il pense que vous avez été vexé d’entendre prêcher en allemand et il m’a déclaré qu’à cette pensée il avait été troublé pendant toute la suite de la messe. Mais il m’a expliqué qu’il était obligé d’agir ainsi, parce qu’il ne possédait pas suffisamment l’usage de la langue française pour pouvoir improviser. Je crois qu’il serait heureux de vous l’exposer lui-même. Vous devriez aller le voir afin de dissiper toute équivoque.

J’ai le soir même au presbytère, un entretien avec le Curé. Je ne lui cache pas la désagréable surprise qu’il m’a causée le matin.

- Mais, M. le Commandant, l’allemand est pour nous tous ici la langue dans laquelle nous sommes habitués à penser et à nous exprimer ; c’est la langue maternelle.

- Officielle, répliqué-je. La langue maternelle serait bien plutôt le dialecte alsacien, n’est-ce-pas ? Mais la plupart de vos paroissiens comprennent le français ? Pourquoi ne pas employer le français qui fut autrefois la langue du pays et qui le deviendra de nouveau, j’espère.

- Je ne manie pas assez bien la langue française. Je craindrais de ne pas traduire fidèlement ma pensée.

Je lui parle de nos soldats, de leurs efforts, des encouragements dont ils ont besoin. Il ne me semble pas que ce sujet l’intéresse particulièrement. Je l’interroge sur les sentiments de la population, les traditions françaises conservées en Alsace, les vexations subies sous l’administration allemande. Je remarque combien ses réponses sont

enveloppées de réticences. On dirait qu’il a peur de se compromettre. Je m’efforce cependant de le mettre à l’aise, de lui montrer que je suis sans parti-pris. Peu à peu il s’abandonne avec plus de confiance ; il me développe, d’ailleurs dans un français très correct, son opinion sur ces sujets, mais une opinion que préoccupe tout naturellement la question du culte . Et à mesure qu’il parle, la lumière se fait en moi. Il y a un mot qu’il ne prononce pas, mais qui est en l’air : l’anticléricalisme, dont on accuse la

enveloppées de réticences. On dirait qu’il a peur de se compromettre. Je m’efforce cependant de le mettre à l’aise, de lui montrer que je suis sans parti-pris. Peu à peu il s’abandonne avec plus de confiance ; il me développe, d’ailleurs dans un français très correct, son opinion sur ces sujets, mais une opinion que préoccupe tout naturellement la question du culte . Et à mesure qu’il parle, la lumière se fait en moi. Il y a un mot qu’il ne prononce pas, mais qui est en l’air : l’anticléricalisme, dont on accuse la