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Le principal document directif offrant une vision et une stratégie de développement est le plan national de développement, où sont énoncées les priorités en matière de développement, y compris les secteurs à privilégier. De nombreux pays africains se sont dotés d’un tel plan national de développement. Étant donné son importance, déterminer la place qui est faite au commerce des services dans le plan national de développement peut être révélateur de l’intérêt qui y est attaché et de la mesure dans laquelle il a été intégré dans la vision nationale du développement.

Aux fins du présent rapport, les plans nationaux de développement de 38 pays africains ont été analysés. On a cherché à évaluer, à partir de quatre questions fondamentales, dans quelle mesure le secteur des services était considéré comme l’un des moyens d’assurer la réalisation des objectifs nationaux de développement:

a) Les services sont-ils mentionnés dans le plan national de développement?

b) Le commerce ou la libéralisation des services sont-ils mentionnés?

c) Existe-t-il un lien entre les services et les objectifs nationaux de développement?

d) Les services sont-ils rattachés à une stratégie régionale de développement?

La figure  5 indique les résultats obtenus pour les 38  plans nationaux de développement analysés. Il apparaît que les services sont considérés comme importants pour le développement par la plupart des pays africains. On voit également que les 38  pays mentionnent les services dans leur plan de développement et qu’il existe un lien entre les services et les objectifs nationaux de développement. Le commerce des services est également considéré comme important par les pays africains, puisque 37 sur 38 le mentionnent dans leur plan de développement. Toutefois, l’intégration régionale ne semble pas bénéficier de la même priorité, puisque 13 pays seulement y rattachent les services.

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Figure 5. Place accordée aux services dans les plans nationaux de développement de pays africains

Source: Secrétariat de la CNUCED.

Bien que la plupart des pays mentionnent le commerce des services ou la libéralisation des services dans leurs plans nationaux de développement, on observe des différences sensibles quant à la façon dont il est envisagé de promouvoir ou de développer ce commerce. Par exemple, quelques pays seulement mentionnent explicitement le commerce des services; la plupart n’en font mention qu’en relation avec certains secteurs. Quelques pays, comme le Congo, le Botswana, le Cameroun, le Rwanda et l’Afrique du Sud, consacrent plus de place au commerce des services, en soulignant son importance et en indiquant comment il peut contribuer au développement. Ainsi, le Plan national de développement 2030 de l’Afrique du Sud envisage le commerce des services comme un moyen d’accélérer la croissance. Il fait en particulier des services financiers et des services aux entreprises, du tourisme et de l’enseignement supérieur des secteurs prioritaires pour le pays. Il explique comment un accroissement des exportations dans ces secteurs devrait favoriser une accélération de la croissance nécessaire à la transformation économique et la création d’emplois.

Plusieurs pays soulignent également que les services de délocalisation de systèmes de gestion peuvent stimuler les exportations de services et créer des emplois. Le dixième Plan national de développement du Botswana identifie un avantage comparatif national dans des activités de services − notamment, tâches administratives courantes, saisie et analyse simple de données − pouvant utiliser une main-d’œuvre faiblement qualifiée relativement abondante. De même, dans l’objectif de devenir exportateur net de services, le Cameroun compte attirer, grâce à ses jeunes diplômés, des sociétés internationales de services tels que centres d’appel, ingénierie de logiciels, télétraitement de données, télémédecine.

Dans le même ordre d’idées, dans sa Stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté 20132018, le Rwanda considère la délocalisation de systèmes de gestion comme un moyen de créer des emplois pour les jeunes.

La Stratégie prévoit des investissements dans le secteur des services financiers qui permettraient au Rwanda de devenir un centre régional de services financiers.

En dehors de ces quelques exemples, la plupart des plans nationaux de développement ne mentionnent pas explicitement le commerce des services en tant que tel, mais donnent la priorité à certains secteurs de services qui comportent implicitement une dimension commerciale. Par exemple, le tourisme est considéré comme un secteur essentiel dans beaucoup de ces plans (par exemple, à Cabo Verde, aux Comores, au Ghana, au Kenya, au Lesotho et aux Seychelles).

Un autre secteur où l’aspect commerce des services apparaît fréquemment est

celui des transports, lorsqu’il présente une dimension internationale. Ainsi, le quatrième Plan national de développement de la Namibie fait de la logistique l’une des quatre priorités économiques et fixe pour objectif de faire du pays une plate-forme régionale de transport.

Alors que le commerce des services et un lien entre services et développement étaient mentionnés dans les plans de développement de nombre de pays africains considérés, assez peu de pays − 13 seulement sur 38 − rattachaient les services aux stratégies régionales de développement. Les plans nationaux de développement de quelques pays −  Botswana, Kenya, Rwanda et Burundi  − exposent de façon relativement détaillée des mesures traitant de différents aspects de l’intégration régionale et font spécifiquement référence aux communautés économiques régionales et à leur législation. Par exemple, le Kenya mentionne la promotion de l’intégration des services financiers au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) pour faciliter les transactions commerciales et internationales, et la circulation des capitaux est l’une des mesures mentionnées dans son plan national de développement. Le plan rwandais établit également un lien entre intégration régionale et secteurs de services.

Par exemple, la politique du Rwanda visant à faciliter la libre circulation de la main-d’œuvre qualifiée est considérée comme importante, s’étant déjà révélée fructueuse pour des secteurs comme les services financiers et les services professionnels. À cet égard, le plan évoque le Marché commun de la CAE et les règles régissant la libre circulation de la main-d’œuvre au sein de la CAE, ainsi que les dispositions relatives à la liberté du commerce des services, qui permettent à des fournisseurs de services de s’installer dans d’autres États membres de la CAE.

Certains plans de développement évoquent l’intégration régionale pour des services, des secteurs de services ou l’expansion des marchés de services sans se référer à des protocoles particuliers adoptés par des communautés économiques régionales. Un exemple en est le plan de développement du Lesotho, qui reconnaît la nécessité pour le pays de tirer parti de marchés régionaux tels que l’Union douanière d’Afrique australe et la SADC pour exporter des services, en raison de l’exiguïté de son marché intérieur. Dans quelques cas, l’intégration régionale est mentionnée en rapport avec un ou plusieurs secteurs de services, par exemple dans le Plan national de développement de Cabo Verde, qui s’intéresse à l’intégration régionale dans le sous-secteur du transport aérien. De même, la Guinée, le Libéria et le Nigéria mentionnent dans leurs plans de développement une initiative régionale en matière de transit et de facilitation des transports de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

C. BREF INVENTAIRE DES POLITIQUES

AFRICAINES RELATIVES AUX SERVICES