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CHAPITRE IV : Les risques sanitaires en forets métropolitaines

IV.3 Les risques dus à la faune forestière

IV.3.2 Serpents

Couleuvres et Vipères

En France métropolitaine, seules 9 espèces de couleuvres et 4 de vipères sont recensées. Les couleuvres sont dites aglyphes c’est-à-dire qu’elles possèdent des dents pleines dépourvues de glande venimeuse (Figure 25). Leur morsure n’entraine donc pas d’envenimation mais un risque d’infection dû à leur flore buccale bactérienne. Seule la couleuvre de Montpellier

Malpolon monspessulanus est opistoglyphe (Figure 25). Ses crochets se situent en arrière du

maxillaire et sont creusés d’un sillon. Il y a donc présence de glande venimeuse avec un venin hémotoxique. Cette configuration rend quasi impossible l’envenimation. (270) Les vipères sont dites solénoglyphes (Figure 25). Les crochets mobiles sont présents en avant du maxillaire et reliés aux glandes venimeuses inoculant un venin hémotoxique et nécrosant.

Aglyphe (pas de crochet) Opistoglyphe (crochets en arrière) Solénoglyphe (crochets mobiles en avant)

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Les espèces présentes en métropole sont les suivantes (Figure 26) :

 La vipère aspic Vipera aspis, présente en France hors Haut de France  La vipère péliade Vipera berus, présente en France

 La vipère de Seoane/Vipère des Pyrénées Vipera seoanei présente dans les Pyrénées Atlantiques

 La vipère d’Orsini Vipera ursinii, peu venimeuse, présente principalement dans le Vaucluse et des Alpes de Haute-Provence

Différents critères permettent de différencier les couleuvres des vipères. Néanmoins leur vitesse associée à l’anxiété d’être face à des serpents diminuent les chances de les identifier.

Tableau 21 : Critères de différenciation vipères/couleuvres (270)

Critères de

différenciation Couleuvre Vipère

Tête Arrondie Triangulaire

Museau Retroussé Arrondi

Yeux Pupille ronde Pupille fendue

verticalement Ecailles au-dessus de

la tête

9 écailles larges Nombreuses et petites Rangées d’écailles

entre œil et écailles labiales 0 1-2 Taille Jusqu’à 2 m, queue fine Moins de 75 cm, queue courte

Comportement Agressive Peureuse

Morsure Marque semi-circulaire Marque en forme de croc Dangerosité Sans danger venimeux Venimeux

Vipère aspic Vipera aspis Vipère péliade Vipera berus

Vipère Seoane Vipera seoanei Vipère d’Orsinii Vipera ursinii

123 Précautions

Les vipères ne sont pas agressives et préfèrent fuir ou se camoufler à l’approche d’humains. Les débuts de saisons ou de matinées sont plus propices aux attaques, les vipères engourdies n’ayant pas le temps de partir par manque d’agilité et de rapidité. Afin d’éviter une morsure, ne pas les surprendre mais toujours marcher en s’annonçant grâce au bruit et aux vibrations émises dans le sol. Toujours observer le placement de ses mains et de ses pieds et privilégier des vêtements couvrant les extrémités comme des chaussures rigides et des chaussettes ou guêtres retroussées protégeant les chevilles et mollets. Si une rencontre avec un serpent a lieu, rester calme et reculer sans faire de gestes brusques tout en lui laissant la place de partir.

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Soins des morsures

Lors d’une morsure de serpent, il est important d’identifier s’il s’agit d’une couleuvre ou d’une vipère pour connaitre le risque encouru par la victime. La trace laissée par la morsure pourra être un indice pour l’identification. Les symptômes d’envenimation locaux apparaissent dans les premières minutes alors que les généraux apparaissent en plusieurs heures. Rappelons que 50% sont des morsures d'intimidation c’est à dire des morsures blanches sans injection de venin. Pour autant, mieux vaut prendre ses précautions et se rendre au service hospitalier le plus proche, ne serait-ce que pour un suivi.

L’envenimation entraine un syndrome vipérin plus ou moins important en fonction de la quantité de venin injecté, de sa dangerosité et des caractéristiques physiologiques de la victime (enfant, hypertension, allergie etc.). On peut les classer en grades allant de 0 à 3 (Tableau 22). (270)

Tableau 22 : Grades d'envenimation et symptomatologie (270)

Grade Envenimation Symptomatologie

0 Absente Marque de crochets. Pas d’œdème ni réaction locale 1 Minime Œdème local sans signes généraux

2 modérée Œdème régional et/ou signes généraux peu intenses : hypotension passagère, vomissement, diarrhée

3 Grave Œdème extensif atteignant le tronc et/ou signes généraux sévères : hypotension prolongée, choc, hémorragies…

L’envenimation vipérine est souvent composée de syndromes inflammatoires, nécrotiques et hématologiques associant douleurs, œdème, troubles cutanés et nécrose. La douleur est immédiate, vive parfois syncopale et irradie rapidement vers la racine du membre en précédant les autres symptômes inflammatoires. L'œdème apparaît moins d'une demi-heure

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après la morsure pour se stabiliser en 2 à 6 heures. Il est volumineux, dur et tendu. Les troubles cutanés sont essentiellement liés à l'importance de l'œdème et à l'existence d'un syndrome hémorragique avec, pétéchies, purpura, phlyctènes ou ecchymoses. Ces dernières constituent un signe prédictif de gravité. (270)

Les gestes à faire sont les suivants :

 Allonger la victime en plaçant la partie mordue plus basse que le reste du corps  Rassurer la victime pour diminuer son anxiété et son rythme cardiaque et donc

diminuer la progression du venin

 Désinfecter la plaie à l’eau, au savon et antiseptique  Oter bagues, montres et accessoires pouvant serrer

 Couvrir le membre mordu d’une bande en la posant de la racine vers l’extrémité du membre sans trop la serrer

 Organiser un transport vers l’hôpital. Les gestes à ne pas faire sont les suivants :

 Sucer la morsure, la brûler, l’inciser, mettre un garrot  Capturer le serpent pour identification

 Injecter sur place un sérum anti-venin, des corticoïdes ou héparine sous cutanée  Donner de l’acide acétylsalicylique, contre indiquée car risque hémorragique.

En France, l’Aspivenin® sur nos serpents n’a pas démontré d’efficacité réelle, son utilisation est donc limitée. Le sérum anti-venin ne doit être injecté qu’à l’hôpital entouré par les professionnels de santé en fonction de l’état du patient et de ses analyses biologiques. La pierre noire des Pères blancs utilisée majoritairement en Afrique sur des espèces mortelles peut être utilisée mais aucune étude scientifique n’a prouvé son efficacité thérapeutique. Elle serait composée d’un os limé et carbonisé puis chauffé dans du lait et des plantes puis laissé reposer. Sa forte porosité aspirerait le venin. (04)(142)(270)

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