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biodiversité se révèle dans cette demande de paysage et de reconnexion à la nature (B

LANC

,

2010b). Elle est accompagnée, ou devancée par les acteurs politiques, scientifiques et

médiatiques. Dans cette optique, les espaces végétalisés se doivent d’être multifonctionnels.

IV. Le territoire, l’habiter et l’aménagé

Notion à la fois sociale, juridique, culturelle et affective, le territoire peut être entendu dans

différentes acceptions. Il est à la croisée entre l’idéel et le matériel (E

LISSALDE

, 2002). Le

territoire n’est pas synonyme d’espace, nous prenons soin dans ces lignes de ne pas considérer

d’emblée la Ceinture verte comme un territoire. Deux des acceptions de ce terme nous

intéressent dans cette thèse : celle du territoire vécu qui renvoie à la géographie sociale et celle

du territoire de l’aménagement et de l’action publique. S’ajoute à cela ce que l’on pourrait

appeler les territoires de projet au travers de la notion des « territoires de l’action publique »

(O

FFNER

, 2006). Si la question du territoire a envahi les sphères politiques et médiatiques

jusqu’à devenir un terme de communication politique, il reste opérant pour appréhender notre

question de recherche.

IV.1. Le territoire et l’habiter

Le territoire correspond d’abord à l’espace vécu par les individus, l’espace des pratiques et des

représentations. Il correspond à l’espace habité, par les résidents et par les touristes et il renvoie

à la question de l’habiter. Dans son acception simple, les géographies s’accordent pour

considérer le territoire comme l’espace approprié (B

RUNET

, 2006). Il est à la fois un espace

vécu, faisant intervenir les sentiments d’appartenance et d’appropriation par les habitants, mais

il est aussi une notion juridique renvoyant à des dimensions politiques et administratifs. Dans

cette acception, il fait référence au pouvoir d’un État sur un espace qu’il aménage (D

I

M

EO

,

2013). Ces deux acceptions, territoire vécu et territoire administratif, sont liées puisque le

territoire comme « projection » de l’aménagement (B

RUNET

, 2006) et de la gestion d’un groupe

social, participe au sentiment d’appartenance collective. La construction du territoire se fait sur

un ou plusieurs lieux donnés (D

I

M

EO

, 1998). Les habitants peuvent ainsi avoir plusieurs lieux

de vie, qui constituent eux-mêmes leur territoire de vie. Ainsi, le territoire peut aussi être

synonyme d’espace vécu. Lieu et territoires forment deux catégories d’analyse de l’habiter

(L

AZZAROTTI

, 2006). D’une part, chaque territoire est circonscrit dans l’espace, ce qui explique

qu’il y ait discontinuité avec ce qui est en dehors. Mais la discontinuité se retrouve aussi entre

les lieux au sein d’un même territoire. Ces limites constituent un aspect important de l’espace

individus. La publicisation des espaces végétalisés, sous la pression de la demande de nature,

entre en conflit avec le caractère privé de ces espaces (B

ANOS

etS

ABATIER

, 2011).

IV.2. Territoire, mise en valeur et aménagement

Le territoire est aussi un élément du maillage de gestion de l’espace, comme une production à

partir de l’espace mettant en jeu des rapports de pouvoir. En cela, ce concept renvoie au contrôle

de l’espace (D

I

M

EO

, 2013). Il s’inscrit dans l’espace et dans le temps. Les acteurs aménagent

et mettent en valeur le territoire au travers de leurs actions, par le biais de leurs projets avec des

objectifs, qui sont aussi fonctions de leurs capacités. La variété de ces interventions, parfois

concomitantes mais parfois aussi contradictoires donnent lieu à des arrangements territoriaux,

mouvants dans le temps et dans l’espace.

IV.2.1. Mise en valeur et aménagement

Le terme de mise en valeur, ou celui de valorisation, est polysémique. Il va du sens habituel

d’appropriation à celui de mise en culture ou en exploitation, insistant là sur le caractère

profitable aux sociétés humaines. On retiendra dans le cadre de ce travail une signification, plus

littérale et extensive, mise en avant par Roger B

RUNET

(2006), évoquant la valorisation d’un

site ou bien d’une situation consistent à « [...] en tirer parti en y créant des activités, des usages

nouveaux, qui créent de nouvelles valeurs ». C’est bien le fait d’installer de nouveaux usages

et d’accorder une valeur aux espaces végétaux qui nous intéresse ici et qui permet de réfléchir

à l’appropriation par les habitants ou à l’usage que les aménageurs veulent leur attribuer. Dans

une perspective dynamique, les espaces végétalisés gagnent de nouvelles pratiques et activités

ou au contraire, en perdent. Il en résulte, dans ce deuxième cas, un délaissement, un abandon,

une désappropriation du lieu. Cette mise en valeur peut être le fait de plusieurs types d’acteurs.

Habitants, acteurs privés, acteurs institutionnels sont tous susceptibles de créer de nouvelles

activités ou valeurs, celles-ci pouvant être uniques ou plurielles, être complémentaires ou bien

contradictoires. Si la valorisation d’un espace est le fait d’un acteur institutionnel, il s’agira

d’un aménagement. L’aménagement est en effet défini de façon assez restrictive, par Roger

B

RUNET

(2006), comme l’« action volontaire et réfléchie d’une collectivité sur son territoire »,

l’échelle d’intervention pouvant varier du niveau local au niveau régional et national. Pierre

M

ERLIN

et Françoise C

HOAY

(2000) insistent dans leur Dictionnaire de l’urbanisme et de

l’aménagement sur la dimension volontariste et sur l’impulsion des pouvoirs publics vis-à-vis

de l’action portée sur le territoire. Elle nécessite la mobilisation des acteurs à l’échelle

concernée et suppose une planification de l’espace. Cette définition paraît univoque. Or, il

existe plusieurs manières d’aménager les espaces. De multiples acteurs interviennent, parfois

de façon contradictoire. D’une part, entre les différents échelons, du local au national et ensuite,

entre un aménagement « officiel » et les interventions, parfois informelles, des acteurs privés.

IV.2.2. La valeur des espaces

Il est également nécessaire de définir le terme de « valeur ». Les valeurs peuvent correspondre

à des idées, des affects, des principes auxquels les individus sont attachés. La valeur peut aussi

s’appréhender en termes économiques. Dans ce travail, nous avons préféré écarter les questions

de quantification de la valeur économique et foncière, faute de temps et de la lourdeur du

dispositif que cela supposerait. Cette notion est centrale pour l’ensemble des sciences sociales.

Ces valeurs influencent les choix qui sont faits par les individus et notamment sur le plan

spatial. Les valeurs se hiérarchisent et s’organisent en systèmes en fonction des individus et des

contextes sociaux dans lesquels ces individus se situent. Jacques L

EVY

et Michel L

USSAULT

,

dans leur Dictionnaire de géographie et de l'espace des sociétés (2013), invitent, dans un