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Après avoir connu une forme aboutie, - en tout cas dans les plans d’aménagement - au milieu des années 1990, la Ceinture verte a manqué de disparaître dans le document de planification

régional, principalement pour des raisons politiques. Au départ centrés sur les enjeux récréatifs,

les documents successifs tendent à reconnaître de plus en plus de multifonctionnalité aux

espaces composant la Ceinture verte. La thématique agricole fait son entrée dans le SDAURIF

de 1976, mais elle tient pendant longtemps une place peu importante parmi les préoccupations

régionales, les documents de planification mettant d’abord l’accent sur le développement des

grandes infrastructures urbaines. La question de l’agriculture prend ensuite une place de plus

en plus grande, notamment à partir de 2008. Suivant les préoccupations environnementales des

dernières décennies, les questions de biodiversité et de richesse écologique commencent à être

introduites dans le Plan vert en 1995.

Figure II.11. Chronologie de la prise en compte de la préservation des espaces végétalisés en

Île-de-France. Réalisation : Morgane Flégeau

II. Sur quels éléments concrets la Ceinture verte

s’appuie-t-elle ?

La Ceinture verte d’Île-de-France a été tardivement mise en place, sur un espace à mi-chemin

entre urbain et rural et sans être accompagnée de mesures coercitives. Elle n’a pas été reconnue

comme un élément important de l’aménagement francilien, mais ce dispositif possède toutefois

une certaine existence à travers l’action de l’institution régionale et elle s’appuie aujourd’hui

sur un certain nombre de périmètres de protection et d’actions que la Région tente de mener en

cohérence avec sa volonté de maintenir un réseau d’espaces ouverts protégés.

qui se révèle être l’acteur clé pour tenter de concrétiser la Ceinture verte. L’Agence des Espaces

Verts (AEV) est ainsi chargée de conduire la politique de maintien et de préservation de ces

espaces boisés, agricoles et naturels. Elle est dotée dès le départ d’un outil foncier, le Périmètre

Régional d’Intervention Foncière (PRIF), qui lui permet d’acquérir des terrains non urbanisés,

en particulier les espaces boisés, afin de constituer une ceinture d’espaces non urbanisés autour

de Paris, notamment dans le but de les ouvrir au public. La politique de cet organisme est

d’acquérir un patrimoine foncier et ce, particulièrement dans les secteurs peu fournis en espaces

de nature ou en espaces verts. Les PRIF sont les seuls dispositifs permettant de porter la

politique de Ceinture verte et de l’ancrer concrètement dans le territoire francilien. L’AEV

conduit ses acquisitions foncières au cas par cas, localement et sans lien avec une décision

politique ou réglementaire à l’échelle de la région. Cette intervention foncière se fait sur les

espaces forestiers et agricoles. Elle est aussi consacrée à des projets de parcs urbains, comme à

la Butte Pinson (voir chapitre IX). L’AEV possède des terrains à l’échelle de l’ensemble de la

Région, cependant la plupart de ses acquisitions sont réalisées dans l’espace de la Ceinture verte

En 2014, l’organisme revendiquait l’acquisition de 55 PRIF dans l’ensemble du territoire

francilien, correspondant au total à 14 188 hectares environ de terres protégées de

l’urbanisation

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.

La procédure d’acquisition du PRIF est spécifique, réalisée à l’amiable, le plus souvent

avec les collectivités locales. Leur mise en place se fait sur un temps long. L’AEV doit, en

général, acquérir parcelle par parcelle afin de constituer un domaine d’une certaine superficie.

Pour les PRIF à caractère agricole, une convention a été passée entre la SAFER

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Île-de-France

et l’AEV en 2008 afin de mener une politique foncière cohérente (C

LAVEL

et al., 2010). La

SAFER possède plusieurs motifs d’intervention partagés avec l’AEV, en particulier

l’installation et le maintien d’un agriculteur, l’agrandissement des parcelles, la régulation du

marché foncier et la préservation d’un espace paysager. Le partenariat entre les deux

organismes s’articule autour d’une veille foncière, assurée par la SAFER. Ce système permet

d’éviter la vente spéculative des terrains en utilisant la possibilité de préemption par la SAFER

et il donne l’opportunité à l’AEV de se prononcer sur son éventuelle acquisition. L’AEV

cherche à jouer au travers de ce système un rôle de régulation du marché foncier agricole.

L’autre objectif est l’installation d’agriculteurs par le biais de location de terrains avec des baux

ruraux de long terme, en favorisant lorsque c’est possible l’agriculture biologique

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.

30 http://www.aev-iledefrance.fr/l-aev/qui-sommes-nous/les-chiffres-cles

31 L’acronyme SAFER correspond aux sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural.

Carte II.1. Localisation des PRIF en Île-de-France en 2014. Réalisation : Morgane Flégeau (2017),

Source : Data.gouv (2016)

II.2. La complexité du jeu d’acteurs en Ceinture verte

Les outils fournis pour la politique de Ceinture verte pour préserver les espaces de nature sont

minces. La Région s’appuie donc sur un réseau de partenaires qui possèdent, eux, des outils

réglementaires, non spécifiques eux non plus, à la Ceinture verte, mais qui permettent une

action sur cet espace, appuyant ainsi la politique foncière de l’AEV. Chacun de ces acteurs

valorise ces espaces non-bâtis selon sa propre politique et renforce indirectement la politique

régionale des espaces verts. On peut citer ici la Société d’aménagement foncier et

d’établissement rural (SAFER), l’Office National des Forêts (ONF), l’État, les départements

au travers de la politique des espaces naturels sensibles (ENS) et les communes. L’État

contractualise également avec les syndicats de communes autour des PNR. Les PNR sont

eux-mêmes des structures décisionnaires puisqu’ils élaborent leurs propres règles sous forme de

contrat sur les territoires qu’ils recouvrent. Chaque commune a sa propre politique d’espaces

verts publics. L’ONF gère les forêts domaniales. Il existe aussi des réserves de nature de

citoyens est faible, même si ceux-ci peuvent peser dans les décisions communales et la

concertation des projets. Si elle persiste par l’action de la Région, au travers de l’AEV, la

Ceinture verte ne bénéficie d’aucune force réglementaire et elle est totalement méconnue des

citoyens, parfois même des élus locaux. Dans les dernières décennies apparaissent de nouvelles

façons de prendre en compte les espaces libres d’urbanisation. Ces outils sont soit consacrés à

un mode d’occupation du sol spécifique soit, ne sont pas le support des mêmes fonctions :

récréatives, paysagères, environnementales ou économiques.

Tableau II.1. Acteurs et modalités d’intervention dans la politique de constitution de la Ceinture verte.

Réalisation : Morgane Flégeau (2016)

II.3. Des espaces sanctuarisés en Ceinture verte

Bien qu’en France, l’éventail des mesures de protection et de conservation soit beaucoup plus